Je me souviens très bien d’avoir eu conscience, quand Twitter et Facebook ont commencé à prendre de plus en plus de place dans la vie en ligne des gens et dans la mienne, de l’impact que ça a eu sur les blogs, et surtout les commentaires. Notre énergie rédactionnelle et interactionnelle s’est trouvée happée par les plateformes, et nos blogs en ont fait les frais.
Laissant de côté la traumatisme de la suspension de mon compte facebook et de la perte probable de près de deux décennies de données, c’est clair que cette semaine sans facebook (on y est là, à l’heure près!) a donné un grand coup d’accélérateur à un mouvement intérieur qui prenait de l’ampleur: tenter de revenir au web ouvert et indépendant, humain et authentique, qui m’est cher depuis plus de 25 ans. Donc j’écris sur mon blog, parce qu’au moins ici je suis chez moi et c’est moi qui ai les clés et le titre de propriété, je réapparais sur d’autres plates-formes, je réfléchis à l’avenir de ma présence en ligne.
Toutes ces dernières années, je suis toujours surprise quand j’écris ici que je réalise qu’il y a des gens qui me lisent encore. Merci d’être là. Et des fois, il y a des gens qui commentent. Comme Olivier. Olivier qui a un blog, et qui comme tant d’entre nous, se dit “j’aimerais y écrire plus“. Du coup, je suis allée y faire un tour. J’ai lu quelques articles, et répondu. Laissé un commentaire. Vous savez qu’au début, il n’y avait pas de commentaires sur les blogs? Ni sur celui-ci. C’est dur à croire parce que ça fait tellement partie de notre “définition” du blog, les commentaires – mais en fait, au début, il n’y en avait pas. Quand on avait quelque chose à répondre, on faisait un lien vers le billet original, et on écrivait ce qu’on avait à dire sur notre blog. L’interaction était moins immédiate, moins publique. Mais ce qu’on écrivait restait chez nous.
La première étape, ça a été les fils de commentaires sous les articles de blog. Avec un effet collatéral: le blogueur qui vire sa publi et tous les commentaires avec. Plus ou moins de grogne. Il y a du des outils comme coComment et Disqus (qui est toujours en place, sur Blogger par exemple). Mais surtout, il y a eu la deuxième étape, les réseaux – Twitter, Facebook, mais il y en a d’autres qui ont déjà passé de vie à trépas – qui ont vu une accélération de l’interaction et des échanges, toujours plus sur la place publique, toujours plus éloignés du contenu dont on parle, et toujours moins entre nos mains. Les milliers d’échanges que j’ai eus sur Facebook au sujet de tel ou tel article, telle ou telle publication, qu’elle soit quelque part sur le web ou postée directement sur la plateforme, maintenant expédiés vers le néant par les robots en charge de la plateforme, en témoignent.
En mémoire du “bon vieux temps” du début des blogs, je vais reproduire ci-dessous ce que j’ai écrit dans les commentaires d’Olivier, avec lien vers ses articles originaux. Peut-être que ça vous donnera envie d’arrêter de scroller quelques secondes (c’est pas un jugement, je sais combien c’est conçu pour qu’on le fasse “malgré nous”) pour les lire.
Bon, j’arrive tard à la fête, mais j’y suis! Ça fait longtemps que je ne regarde presque plus de films, après m’être fait un orgie Marvel à un moment ces dernières années. Pas parce que je n’ai pas envie, mais parce que je croule sous la pile énorme des choses à faire et des envies à poursuivre, et bloquer du temps pour me poser devant un film (même une série!) est compliqué pour moi. Pas par manque de volonté, mais disons par excès d’hyperactivité. Même depuis mon accident, alors que justement je devrais passer un peu plus de temps à glandouiller (c’est pas bien de passer la journée entière sur Netflix, mais s’envoyer un film ou une série de temps en temps, vu où j’en suis, ce serait pas mal).
Souvent, quand je me dis, ok je regarde un film, je ne sais pas lequel regarder. Parce que comme avec le reste, il y a un tel backlog de choses à voir que ça me paralyse. Je sais que j’ai raté tellement de bon films ces 15 dernières années. Comme avec la lecture, d’ailleurs, ma tendance naturelle c’est d’aller vers des genres “faciles et entertaining” pour moi: SF pour la lecture, Marvel et SF pour les films. Mais chaque fois que je lis ou regarde autre chose, ça me fait monstre plaisir. Le fameux décalage entre ce qu’on pense nous plaira, et ce qui nous plaira. Donc j’aime bien cette idée, prendre les top x et commencer par là. Je note 🙂
Team vaccin ici aussi, depuis 2009 et la “Grippe A”! Je ne crois pas avoir eu la grippe adulte, par contre je suis une abonnée aux infections respiratoires. L’hiver 2023-2024 j’en ai enchaîné six entre début novembre et l’Ascension. J’ai quand même fini en consultation d’immunologie, rien de grave, suspicion de petite immunodéficience et terrain allergique (ça semble aller beaucoup mieux depuis que je suis sous anthistaminiques en continu, je n’ai d’ailleurs plus le nez qui coule en permanence, c’est magique!)
Ce fameux hiver, j’ai un syndrome post-viral après une des infections (qui n’était probablement pas le covid, le covid j’ai eu après, mais c’était peut-être aussi la première infection de novembre; bref). En effet, près de 3 semaines à me trainer. Je suis suffisamment souvent malade pour savoir comment ça va, chez moi, quels symptômes quel jour, comment ça évolue, combien de jours de travail je rate (car c’est systématique… tu me colles 37.1 de température je suis inutile). En gros, ça me bouffe une semaine, dix jours, puis je vais de nouveau bien, avec une toux qui traine encore et encore.
Mais pas là. Là, au bout de dix jours, non seulement je toussais toujours, mais j’étais totalement à plat. Je me souviens être sortie me balader une vingtaine de minute dans le quartier, au pas de l’oie (instruction du médecin, faut mettre le nez dehors quand même un peu). Et je suis rentrée, je me suis posée sur le canapé, et j’ai dormi une heure. Jamais ça ne m’était arrivé, ce genre de chose.
En bonne geek j’avais déjà quelques infos car j’avais suivi ce qu’on savait du covid long (j’y ai échappé jusqu’ici, mais c’était et ça reste ma hantise), et j’ai fouiné encore un peu, et eu confirmation: il ne faut pas se pousser, en cas de fatigue post-virale. Il faut respecter la fatigue et se donner du repos. Quand on se pousse, ça prend plus long, et c’est là que ça courte aussi un risque de se chroniciser.
Ça va à contre-sens de mon fonctionnement, ça, de s’écouter et ne pas se pousser. Mais j’ai fait. (Et depuis mon accident j’ai encore pu bien mettre en pratique, et je continue – heureusement que j’ai eu l’entrainement de l’hiver d’avant pour apprendre les bases.)
Et ce que j’ai trouvé incroyable, c’est que la “sortie” de cet état s’est faite extrêmement rapidement. Qu’on s’entende, l’état a duré, mais un jour, alors que je me trainouillais toujours de la même manière, j’étais en train de remonter les escaliers entre l’espace coworking et chez moi quand j’ai réalisé… que j’étais en train de retrouver ma vitesse habituelle. Et en l’espace de quelques heures, j’exagère pas, j’ai quasi retrouvé mon état normal. Ça m’a vraiment fait le même effet que lorsqu’en vélo électrique je suis par erreur en mode assistance “sport” (plus bas que d’habitude) et que je passe en “turbo” (le mode avec max d’assistance, habituel).
Depuis, j’ai pu constater que dès que j’avais un peu de fièvre, je le sentais en fait très bien. Si monter les escaliers est un effort physique qui me coûte, c’est signe de quelque chose. Parce qu’en temps normal je monte ces escaliers rapidement, deux à deux souvent, comme une petite gazelle (même si je ne ressemble plus à une gazelle depuis longtemps).
Vous avez toujours votre blog? Manifestez-vous dans les commentaires – ou dans un billet!
Merci pour tes encouragements ! J’aime bien cette idée de récupérer des commentaires pour en faire un article. “A l’époque”, il me semble avoir récupéré des tweets échangés avec une autre personne pour en faire un article.
Pour les films, je compatis. Tout fonctionne par périodes, pour moi. J’ai été un peu obsédé par les “classiques” et les listes (IMDb et autres). Parfois, j’ai juste envie de regarder quelque chose de divertissant. Des films d’horreur. Quelque chose que je ne suis pas “censé” regarder. Parfois, je fonctionne par réalisateur. Je découvre Paul Thomas Anderson. Je trouve un ou deux de ses films cool. Donc j’ai envie de voir le reste de sa filmographie.
J’essaie de plus en plus d’écouter mes besoins et mes désirs du moment. Plutôt que de m’imposer des films à regarder.
Ce qui a été le plus libérateur pour moi, je pense, c’est de réaliser que je n’ai pas à regarder un film du début à la fin. Je peux le regarder en deux fois. Ou en 10 fois. Evidemment, c’est “moins bien” que de le regarder en une seule fois, mais ça n’est pas si grave non plus.
Cela me rappelle les “droits imprescriptibles du lecteur” de Daniel Pennac :
“1. Le droit de ne pas lire
2. Le droit de sauter des pages
3. Le droit de ne pas finir un livre
4. Le droit de relire
5. Le droit de lire n’importe quoi
6. Le droit au bovarysme (c’est-à-dire à vivre les personnages et les histoires comme si elles étaient réelles, à se laisser emporter par l’illusion romanesque)
7. Le droit de lire n’importe où
8. Le droit de grappiller (picorer des passages ici et là sans suivre l’ordre)
9. Le droit de lire à haute voix
10. Le droit de nous taire (ne pas avoir à justifier ce que l’on lit, ni en parler après)”