D'où vient cette idée de livre? [en]

[fr] An attempt to start book-writing. How I came to the field of teenagers and online culture, and what questions the book will try to address.

L’obstacle majeur pour l’accomplissement d’une tâche est souvent simplement de se mettre au travail. Il en va de même pour l’écriture. Il m’a fallu près d’un an pour commencer à écrire mon mémoire, et un peu plus d’un mois pour en achever la rédaction lorsque je m’y suis finalement mise. J’ai appris et compris, à cette occasion, qu’écrire n’importe quoi c’est déjà commencer. En particulier, raconter comment on est bloqué et ce dont on voudrait parler si on parvenait seulement à écrire, c’est déjà un excellent pas en avant.

Au milieu du mois d’octobre passé, j’ai réalisé que j’avais la matière nécessaire pour écrire ce fameux livre dont j’avais toujours dit que je l’écrirais un jour, mais que je n’avais aucune idée de quoi il parlerait et que dans tous les cas, je n’étais pas prête à me lancer dans une opération de cette envergure. Depuis, j’ai fait un plan, j’y ai beaucoup pensé, j’en ai beaucoup parlé, j’ai pris la décision ferme de l’écrire, et je l’ai annoncé sur mon blog. Mais je n’ai pas écrit une seule ligne.

Oh, c’est clair : début d’une vie professionnelle indépendante, les mains qui font mal, quarante-six mille autres projets… Plein de bonnes raisons objectives, mais surtout, il faut bien l’avouer, une bonne vieille trouille de me jeter à l’eau. Maintenant, le Dragon est installé sur mon Mac, je suis en Angleterre pendant deux semaines, et il n’y a donc aucune raison objective de ne pas commencer.

Donc, je commence. Et je commence par vous expliquer ce qui m’a mené à écrire ce livre, dans l’espoir que cela éclairera — et me permettra de clarifier — la problématique que je désire aborder et le traitement que j’en ferai.

Début 2004, suite à mon apparition à l’émission télévisée Mise au Point, on m’a demandé pour la première fois de venir faire une conférence dans une école. Il s’agissait de parler à une classe d’élèves et de leur expliquer ce qu’étaient les blogs, à quoi ils pouvaient servir et surtout, de les rendre attentifs au fait qu’il y a des limites à ce que l’on peut publier sur Internet. L’école en question s’était en effet retrouvée confrontée à quelques débordements de ce côté-là et à l’incompréhension des élèves (leurs protestations vigoureuses, même) lorsqu’il lui avait fallu intervenir.

Durant les mois qui précédaient, jeune enseignante, j’avais en effet découvert les élans blogueurs de mes élèves, et par extension, ceux de toute une population adolescente que j’avais largement ignorée jusque-là. J’avais commencé à m’y intéresser et j’avais déjà tiré quelques conclusions concernant les causes des incidents dont les médias se régalaient, et qui impliquaient des publications d’adolescents sur des blogs. Quelques problèmes de cette nature auxquels j’avais été directement confrontée avec mes élèves de l’époque m’avaient aussi donné une expérience personnelle de la situation.

Ma première conférence en milieu scolaire a été extrêmement bien reçue. On m’a demandé d’en faire une deuxième, puis une troisième. D’autres établissements scolaires m’ont contactée. J’ai commencé à parler non seulement aux élèves, mais également aux enseignants et aux parents. Et les conférences, ça va dans les deux sens. Je viens pour donner quelque chose, mais en retour, il y a toujours des conversations, de nouvelles personnes à rencontrer, des histoires à entendre, bref, des choses à apprendre pour moi.

En parallèle, les médias ont commencé à faire appel à moi régulièrement pour toutes sortes de sujets touchant aux blogs, mais principalement (au début en tout cas) dès qu’il s’agissait de blogs et d’adolescents. Prof et blogueuse assez en vue, c’était visiblement un mélange détonnant.

Au fil de mes contacts avec le monde des gens qui connaissent mal les blogs, j’ai pris conscience que beaucoup de choses qui pour moi relevaient du sens commun n’allaient en fait pas du tout de soi. J’ai réalisé que j’avais des choses à dire, et même des tas de choses à dire, et que ces choses étaient utiles à autrui. En fait, j’ai pris conscience que nous étions face à un problème à grande échelle, touchant une génération d’adolescents et de parents, ainsi que les éducateurs, et que j’étais en train d’y proposer des solutions. Les solutions que je proposais étaient bien modestes : il s’agissait simplement d’informer chacun selon ses besoins et préoccupations, de leur communiquer ce que je savais et j’avais compris de cette culture numérique, celle des blogs, du chat, de l’Internet vivant, et de l’impact que cette culture était en train d’avoir sur notre société.

Voilà donc de quoi je veux parler dans ce livre. Quel est ce problème exactement ? Que peut-on dire de ses causes ? Quelles sont les conséquences que nous voyons aujourd’hui ? Que peut-on faire, que doit-on faire pour y remédier ? Je vais essayer de répondre à ces questions dans les grandes lignes lors de mon prochain billet.

One thought on “D'où vient cette idée de livre? [en]

  1. J’aime bien ta description super basique de comment commencer à écrire, c’est vraiment le premier pas qui compte, peu importe sa forme.
    C’est génial que tu te lances et je me réjouis de lire ton livre 🙂

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