[en] Believe it or not, I'm in the papers again! Here are also some thoughts on the influence the internet (e-mail and blogs) has on the way journalists work, and on the "interview" format often used by the press.
Si vous n’avez pas encore acheté Le Matin Dimanche, il est encore temps. On y trouve une interview (oui je sais, les journalistes, ça devient un peu une habitude) de ma petite personne sur les blogs et les ados (ça devient aussi une habitude…). Mention spéciale au photographe qui souffrait assez violemment du rhume des foins.
Cette interview accompagne un article sur la problématique des sites web racistes, parmi lesquels on trouve également des blogs d’adolescents. On déplorera bien entendu qu’une fois encore, la presse s’intéresse au côté “sombre” ou “alarmant” des blogs. Je tiens tout de même à mettre un bémol à cette réaction, pour une fois.
En effet, il est normal que la presse parle de “ce qui ne va pas”. C’est ainsi qu’elle fonctionne, ce n’est pas propre à la question des blogs. J’irai même plus loin, ce n’est pas propre à la presse: on m’avait reproché de ne mettre en avant dans mes aventures indiennes que les aspects négatifs de mon expérience. En discutant avec une amie, j’avais compris que si mauvais moments font les meilleurs souvenirs, ceux que l’on raconte, c’est parce que les mésaventures se prêtent mieux à être racontées, tout simplement. Si l’on ramène ceci à la presse, ce qui est positif dans la vie et dans le monde, c’est le plus souvent ce qui est sans histoires — comment donc le raconter?
Donc, oui, encore un article “négatif” sur les blogs, mais c’est normal (bien qu’un peu regrettable) que la majorité des mentions du blog dans la presse concerne les domaines où il pose problème.
Pour en venir à l’interview proprement dite, je remercie grandement le journaliste Ivan Radja de m’avoir donné l’occasion de la relire avant publication. Comme il me le disait au téléphone, internet à rendu le travail des journalistes de plus en plus pénible, puisque tout un chacun veut maintenant pouvoir relire les articles où il est question de lui (moi la première!) et pinailler sur l’utilisation de tel ou tel terme. C’est vrai, c’est pas marrant. Mais d’un autre côté, cela oblige à faire son travail proprement.
Comme je le dis de temps un temps, un effet qu’a la généralistation des blogs (et la démocratisation de l’expression qui va avec), c’est de pousser les différentes institutions maniant la parole publique à plus de transparence — et la presse en fait partie. On ne peut pas écrire n’importe quoi sans que les gens impliqués aient l’occasion de réagir, et avec moins de limites que celles imposées par le traditionnel courrier des lecteurs.
Donc, oui, je conviens que “l’opération relecture” que permet facilement internet rajoute une étape au travail du journaliste, et que les “clients difficiles” doivent rendre la rédaction d’un article pénible. En même temps, c’est aussi une garantie pour la personne interviewée qu’elle se retrouvera dans les paroles qu’on lui attribue, et dans l’ensemble, il me semble que cela pousse à une plus grande qualité d’article.
Comme j’ai tenté de l’expliquer à mes élèves lors de notre travail en classe sur l’interview, celle-ci est très souvent la reconstruction d’une conversation. Sa forme donne l’impression d’un dialogue en questions-réponses, quand le plus souvent, il s’agit de la mise en scène d’une conversation plus libre. Il faut donc garder à l’esprit, lorsque l’on lit une interview, qu’il ne s’agit pas d’une reproduction fidèle des paroles de la personne interviewée, mais d’un format pratique pour présenter un certain nombre d’informations. Certaines interviews par e-mail font exception — celle que j’ai accordée à Tarik Essaadi, par exemple, reproduit fidèlement tout ce que je lui ai écrit. Cette “construction” de l’interview n’est pas un problème lorsqu’on en est conscient (elle est propre au genre), mais elle peut l’être si les lecteurs prennent au mot chaque parole reproduite dans l’interview.
Pour en venir, donc, à l’interview qui nous intéresse maintenant: dans le fond, le journaliste a bien su reproduire ma position. Dans la forme, il y a bien entendu quelques imprécisions, ce qui est inévitable dans ce genre d’exercice. (Il faut garder à l’esprit que nous avons parlé près de 30 minutes, et que la place consacrée à l’interview sur la page est limitée! On n’échappe pas à certains raccourcis.) En particulier pour quelqu’un comme moi qui aime expliquer sa position en long, en large, et en travers, qui craint un peu pathologiquement d’être mal interprétée ou que ses paroles soient plus radicales que les nuances de sa pensée, il y aurait des pages de commentaire à écrire pour chaque ligne de n’importe quelle interview (bon, j’exagère un peu, quand même…) Je vais m’abstenir, parce que je pense que mes commentaires concerneraient des aspects de surface, et qu’ils n’ajouteraient pas grand-chose à ce qui a été dit. Je demanderais simplement à mes lecteurs d’avoir à l’esprit ce que j’ai précisé plus haut, si ce que je dis dans l’interview les heurte!
Le mot de la fin, si tout ce que vous avez déjà lu ne vous décourage pas, sera publicitaire (maintenant que tout le monde sait qu’il n’y a que l’argent qui m’intéresse, je peux me lâcher): je donne des conférences sur les weblogs, que ce soit pour des ados (intervention ou prévention dans des classes ou associations), des enseignants, des responsables, ou encore des parents. N’hésitez pas à me contacter à ce sujet!
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Par rapport au fait de soumettre les articles ou non: bien sûr, relire ces citations est un droit.
Cependant, journaliste est un métier. Si tu vas au resto, tu ne vas pas en cuisine surveiller ce qui se passe. Certains journalistes commettent parfois des erreurs, mais ce n’est évidemment pas la majorité. C’est d’eux dont on parle le plus, on ne parle que de ce qui ne va pas…
En général, donner un article à relire ne pose pas de problèmes, sauf quand tu tombes sur des pinioteurs qui te font changer chaque mot (dans ce cas là , qu’ils écrivent des lettres de lecteurs), sur des gens qui veulent carrément te faire changer des faits, des interprétations, voire, comme ça m’est arrivé récemment, quand tu tombes sur des gens qui, volontairement ou non, laissent tes articles traîner sous les yeux de journalistes d’autres rédactions.
ouille, ça t’est arrivé à toi, ce genre de mésaventure?
Oui oui, un type m’a demandé de lui soumettre un article et le lendemain, un autre journal du coin sortait un papier qui ressemblait trop au mien pour que ce soit une pure coïncidence. Ca énerve.
pas cool, en effet…
Encourager l’achat du matin, quand même, il y a des limites. A cette même limite, on trouve le conseil de plutôt aller le voler dans les caissettes surveillées. Reste à pencher d’un côté ou de l’autre.