Script continue à écrire sur le Love and Writing Project. J’espère que tu ne m’en veux pas de t’emprunter le titre. Et oui, je vais bientôt l’écrire, cette bafouille sur l’intertextualité.
Je ne suis pas certaine qu’avoir reçu beaucoup d’amour soit une condition nécessaire pour pouvoir s’aimer soi-même. Je crois au contraire que plus l’amour nous a manqué, plus il est important de trouver une personne de confiance absolue pour nous le donner: nous-même.
Je pense qu’une personne ayant reçu beaucoup d’amour inconditionnel depuis toujours n’aura pas trop de peine à s’aimer: on lui aura montré mainte et mainte fois qu’elle est lovable, et s’aimer lui viendra naturellement.
S’aimer soi-même, ce n’est pas non plus un moyen de s’enfoncer dans la solitude. Je crois que c’est plutôt un moyen d’en sortir. Parce qu’en apprenant à s’aimer, à se sentir lovable, on apprend aussi à créer des liens avec autrui.
J’utilise “lovable” parce que c’est beaucoup plus parlant que “aimable”. Quoique— “aime-able” pourrait peut-être faire l’affaire…
C’est vrai en revanche que si l’on ne dépend plus de l’autre pour recevoir de l’amour, cela rend la solitude possible. La solitude saine, pas celle qui fait mal et dans laquelle on se retranche pour éviter la vie.
C’est vrai que même si on s’aime, j’imagine qu’il peut y avoir des jours où l’on s’aime moins. Mais si au fond on s’aime vraiment, alors peut-être que ces jours-là , la chute est moins grande: on s’aime moins moins (mais oui, c’est comme “plus je pédale moins vite, moins j’avance plus fort”). On ne se retrouve pas au fond d’un abîme d’abandon universel. Et c’est peut-être cela qui nous indique vraiment à quel point on s’aime.
Et l’écriture? Moi je renverserais la chose: je dirais plutôt que si l’on a tant besoin d’écrire, c’est qu’on a ce trou d’amour au fond de nous. Je ne pense pas qu’on a besoin d’amour parce qu’on écrit. Ce serait plutôt le contraire (s’il fallait décider d’un sens). Ou bien ça n’a rien à voir?
Si j’écris, est-ce pour remplir ce trou? Trouver à travers les mots l’amour qui me manque? Sublimer cette douleur? Je me souviens qu’avec Steph, un jour il y a déjà longtemps de cela, on parlait du rapport entre souffrance et création. Douleur et art. On se demandait s’il y avait des artistes qui ne souffraient pas, quelque part au fond. Et je crois qu’on avait répondu “non”.
Y a-t-il des êtres humains qui ne souffrent pas? Y a-t-il une douleur existentielle indépassable? Tous les hommes sont-ils des artistes en puissance? Ce besoin viscéral de création disparaîtrait-il si l’on était profondément heureux?
Je pense qu’on doit pouvoir vivre heureux. Et pour le moment, je vois que le chemin pour y parvenir c’est d’apprendre à s’aimer, et de faire taire les questions qui paralysent. Pas les bonnes, celles qui font avancer. Celles qui font qu’on ne fait pas. Celles qui font qu’on reste à se poser des questions au lieu de vivre.
Similar Posts:
- Aimer [en] (2002)
- Douleur, pensée, dictée [en] (2002)
- Aimer, perdre [en] (2002)
- Des mots perdus sur un clavier [en] (2021)
- C'est les vacances… [en] (2004)
- 15 décembre : Paris ? [en] (2002)
- Larmes virtuelles [en] (2020)
- Désapprendre la peur [en] (2020)
- Méditation pendulaire [en] (2018)
- Aimer écrire [en] (2017)
cf Caterina sur un sujet voisin de la douleur et l’art
http://www.caterina.net/2002_01_01_archive.html#8893904
Si je me base sur mon experience de createur du dimanche, on peut tres
bien creer pour le plaisir d’aligner trois mots qui vont bien ensembre,
tres bien ensembles,
pour le plaisir de mettre en prison cette sacree lumiere,
pour le plaisir de voir un corps onduler au son des quelques notes que
mes doigts arrachent du piano, un sourire se dessiner sur son visage quand
elle trouve mon mot bon.