Encore au sujet de Facebook [fr]

[en] An answer to Carlos's comment on my last post. The "interesting things" I'm waiting for us to be able to do with the new Facebook "friend lists" is to use them for sharing and privacy purposes.

[Carlos](http://blog.osez.ch/) a laissé [un commentaire tout à fait pertinent](http://climbtothestars.org/archives/2008/01/09/facebook-foire-aux-applications/#comment-368971) à [mon dernier billet au sujet de Facebook](http://climbtothestars.org/archives/2008/01/09/facebook-foire-aux-applications/), et j’aimerais y répondre ici.

Tout d’abord, Carlos, merci pour ton commentaire — et ça me fait plaisir de voir que tu es d’accord avec moi sur l’ensemble. Voici quelques points de ton commentaire auquel j’aimerais répondre plus précisément:

> Même si myspace est à la ramasse, facebook ne va pas beaucoup plus loin, le seul + notable c’est d’avoir l’identité réelle des gens (pour autant qu’on joue le jeu) à la place de pseudos.

En ce qui concerne l’identité réelle, c’est plus que “jouer le jeu” qui est attendu de nous. Facebook a viré des gens qui utilisaient des pseudonymes — demande à kittenfluff sur Seesmic — et surtout, toute l’idée de Facebook étant de te connecter avec *les gens que tu connais déjà*, c’est un peu dur pour eux de te trouver si tu n’utilises pas ton identité officielle.

> Si tu en as l’occasion, je serais très intéressé d’avoir ton point de vue et de voir se developper ta dernière phrase “qu’on puissse faire quelque chose d’utile avec sa liste d’amis”.

*Oops. Voir plus bas. Les paragraphes qui suivent ne répondent pas vraiment à la question de Carlos. Voyez après le passage en gras pour la vraie réponse. Mea culpa.*

“Faire quelque chose d’utile avec sa liste d’amis:” c’est justement, à mon avis, utiliser facebook pour partager des faits ou actions réels, et agir sur la réalité. C’est la “réalité” qui est la clé, ici. Alors bien sûr, il n’y a pas que Facebook pour faire ça.

Tout réseau social le permet. Les blogs sont un réseau social, donc la structure est très libre. Avec mon blog, je partage avec mon réseau (les gens qui me lisent) mes pensées ou parfois les événements de ma vie. Idem avec Twitter. Idem avec Dopplr, Seesmic, etc.

Facebook permet de concentrer tous ces petits “actes de la vie numérique” en un seul endroit. Alors, bien entendu, mon blog aussi. Si tu regardes les sidebars, j’essaie d’y fourrer tout: mes [liens del.icio.us](http://del.icio.us/steph), [Twitter](http://twitter.com/stephtara), [mes photos](http://flickr.com/photos/bunny), mon [deuxième blog](http://steph.wordpress.com)… et j’en passe. Résultat — on me le fait assez remarquer: c’est trop chargé. C’est pas fait pour ça. Je pense que 90% des gens qui passent par ici ignorent le contenu de mes sidebars. Je les laisse car je pense que ça peut avoir une valeur pour la personne qui débarque ici pour la première fois — mais clairement, c’est pas fait pour ça.

Sur Facebook, par contre, alors oui — c’est fait pour ça. C’est Facebook qui va se charger de rendre “les dernières nouvelles de mon monde” plus digest pour mes contacts. C’est un super-aggrégateur de news, si on veut.

D’un certain côté, il n’y a rien de révolutionnaire à ça. C’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de ces “outils web2.0”. Prends Twitter, par exemple: il y a des clones partout, mais pourtant, c’est toujours Twitter qui occupe le devant de la scène. Pas nécessairement pour cause de suprématie technique, mais à cause de la communauté qui s’y trouve. Je ne vais pas quitter Twitter pour un concurrent, car tous mes amis s’y trouvent. Idem pour MySpace, idem pour [Skyblog](http://sbooth.skyrock.com) chez les ados francophones. On reste à cause des gens.

Et Facebook bénéficie aussi de cette dynamique. A un moment donné, Facebook a passé le “[Tipping Point](http://www.gladwell.com/tippingpoint/index.html)” (un livre à lire, en passant) — et on va sur Facebook car “tout le monde” est sur Facebook. On va pas sur Facebook pour pouvoir jouer aux Vampires ou même au Scrabble, on y va car les gens qu’on connaît y sont déjà, et qu’on pourra donc partager avec eux facilement les nouvelles de notre monde, et organiser des sorties Karaoké ou des journées comme le [Website Pro Day](http://climbtothestars.org/archives/2007/12/14/website-pro-day-deuxieme/). Faire quelque chose d’utile avec sa liste d’amis, c’est ça.

**Mince, je viens de réaliser que je ne suis pas en train de répondre à ta question, que je viens de comprendre à l’instant.** Je ne suis pas encore réveillée, j’ai une excuse 😉 — désolée d’avoir réexpliqué tout ceci, que je réalise en fait que tu comprenais déjà. Arghl. Avec un peu de chance ce sera utile à d’autres!

Je reprends ta question, donc. **Faire quelque chose d’utile avec ses listes d’amis**, ces listes que Facebook nous permet de définir, quoiqu’un peu maladroitement. **La** chose utile, c’est de pouvoir utiliser ces listes pour gérer des droits d’accès. Par exemple: “les gens étiquetés ‘collègues’ n’ont pas accès à mes ‘status changes’ ou à l’album de photos ‘soirées’, sauf s’ils sont aussi étiquetés ‘amis'”. Ou bien: “mes ‘copines du jeudi’ ont accès à une série d’articles un peu salaces, mais personne d’autre”.

Tu vois l’idée? (C’est plus court et simple que ma “fausse réponse”, hein…)

> On nous a présenté de belles choses du côté de [l’OpenSocial](http://code.google.com/apis/opensocial) qui permettra à un maximum de services tiers de s’intégrer aux profils et surtout de créer le lien entre les différentes communautés, mais on dirait que ça prend plus de temps que prévu.

> Vu les intérêts en jeu, je me demande jusqu’à quel point le mot “open” est bien choisi.

Ah, OpenSocial. Regarde du côté de [Social Network Portability](http://microformats.org/wiki/social-network-portability), une initiative partie du mouvement des [microformats](http://microformats.org/wiki/Main_Page-fr). OpenSocial va dans cette direction, mais il ne faut pas attendre de miracles pour tout de suite. Ces choses prennent du temps. Quand OpenSocial a été présenté, c’était quelque chose sur papier. Il faut maintenant que les divers acteurs l’implémentent, et suivant qui… ça va pas se faire demain.

Donc, je pense que là tu es un peu injuste et impatient 😉 mais si tu veux développer plus loin ta pensée à ce sujet, je te lirai avec intérêt. (J’avoue qu’en plus j’ai suivi d’assez loin la saga OpenSocial, laissant à d’autres le soin de s’en occuper.)

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Facebook, foire aux applications [fr]

[en] Facebook has become a gigantic app-fest, and I regret it. Many newcomers around me see only that, and fail to understand where Facebook's real value lies. Not in the Vampires, Superwalls, or Secret Crushes. But in the network of people you have there, and what you can do with them: plan events, share online doings, or discover more about them.

Facebook se répand comme une trainée de poudre en Suisse Romande. J’y retrouve donc des amis “offline” qui souvent, m’avouent ne pas trop y comprendre. Ils reçoivent des tas d’invitations pour toutes sortes de choses, qu’ils acceptent, passent plus loin — mais pour être honnête, ça lasse vite, ce genre de jeu.

Facebook | Confirm Requests

Quand je lis des articles dans la presse au sujet de Facebook, même topo: tout est centré sur les fameuses applications, qui permettent de jouer aux Vampires, de comparer ses goûts musicaux, et de découvrir qui a secrètement flashé sur nous. Mais que se passe-t-il donc? Est-ce si superficiel que ça, Facebook?

Même si Facebook est devenu célèbre (médiatiquement) dans un deuxième temps grâce à sa plate-forme d’applications, ce n’est pas ce qui m’a attirée vers ce réseau social. J’y étais “avant les apps”, moi 😉

Facebook, c’est tout d’abord un splendide carnet d’adresses des toutes mes connaissances (moins celles qui résistent encore et toujours à l’envahisseur, bien entendu). Un “facebook”, littéralement: un carnet de visages, un répertoire de mes amis et d’informations à leur sujet.

C’est ensuite un endroit où je peux faire circuler l’essentiel de mes activités numériques: j’y centralise des alertes concernant la publication de billets (comme celui-ci), mes [tweets](http://twitter.com/stephtara), et quelques mots d’humeur parfois un peu plus privés.

En retour, si mes amis font de même, Facebook me fournit via mon “News Feed” les nouvelles de mon monde. Qui a publié quoi, qui est où, qui a rejoint quel groupe. Bref, un condensé de nouvelles provenant de mon réseau social. Et Facebook fait ça intelligemment: je peux lui dire quel genre d’informations je préfère voir, et lesquelles m’indiffèrent. Je peux choisir de mettre en avant certaines personnes, recevant un plus grand nombre de leurs nouvelles — ou moins, pour d’autres. Et maintenant, je peux même indiquer, pour chaque information publiée dans mon News Feed, si je suis contente ou non que Facebook me l’ai servie.

Facebook News Feed

Mais là où Facebook bat tous les autres réseaux, c’est pour la gestion des événements. Il est hyper facile de mettre sur pied un événement et d’y inviter ses amis. Je l’ai fait pour [WPD et WoWiPAD](http://climbtothestars.org/archives/2007/12/17/wwpad-wpd/). On peut aussi facilement mettre en avant un billet publié, un événement, ou une photo en les partageant, soit sur son profil, soit en privé via un message à un ami ou plusieurs.

Ça me désole de voir que pour tant de monde, Facebook se résume à une “foire aux applications”. Il faut dire que la plupart sont bien conçues, vous invitant sans arrière-pensée à spammer vos amis pour qu’eux aussi aient un Superwall et un Funwall (j’en peux plus de ces deux, arrêtez, s’il vous plaît). Oui, bien sûr, c’est nul, toutes ces applications. La plupart n’ont aucun intérêt ou presque.

On retiendra tout de même: Scrabulous, pour jouer au Scrabble (en français aussi!), Books, pour partager vos lectures, et si vous utilisez des services comme Twitter, Dopplr, Pownce, Flickr — installez sans hésiter les applications Facebook qui y correspondent.

Si vous débarquez sur Facebook, souvenez-vous: l’intérêt n’est pas dans l’accumulation des applications diverses sur votre profil, qui finira par ressembler à un sapin de Noël surchargé et bariolé. Facebook, c’est avant tout un lieu de contact avec ceux que vous connaissez, de près ou de loin selon vos goûts. Alors oui, ce contact peut être ludique (certaines applications le sont) — mais il ne faut pas aller par-dessus-bord non plus.

Ah, les fameux “friends”. Sur internet, dès qu’on se connaît, on est amis, n’est-ce pas? C’est peut-être vrai dans les premiers élans de découverte d’un nouveau réseau social, mais quand on commence à avoir quelques centaines “d’amis”, le terme perd son sens. Et si on est quelqu’un de sociable, dont le réseau est passablement présent sur internet (comme moi), on y arrive vite, aux quelques centaines de contacts. Notez que je dis “contacts”.

C’est pour ça que cette nouvelle fonctionnalité de Facebook, qui permet de [faire des listes d’amis](http://blog.facebook.com/blog.php?post=7831767130), est un pas en avant super important. J’en ai parlé longuement en anglais: nous avons besoin de pouvoir [contrôler plus finement ce que nous dévoilons](http://climbtothestars.org/archives/2007/09/16/ethics-and-privacy-in-the-digital-age/) de notre sphère privée. En d’autres mots, nous avons besoin de pouvoir [apporter une structure à nos réseaux sociaux en ligne](http://climbtothestars.org/archives/2007/08/16/we-need-structured-portable-social-networks-spsn/) — car notre réseau social a une structure. Tous ne sont pas égaux, parmi ceux que l’on connaît. Il y a les amis proches, la famille, les collègues — ceux avec qui on va manger à midi, mais aussi ceux à qui on ne parle presque pas, les copines du jeudi soir, les amis d’école perdus de vue, les personnes qu’on aimerait mieux connaître… etc. On retrouve ce besoin dans [l’histoire récente au sujet de Google Reader](http://climbtothestars.org/archives/2008/01/04/desinformation-en-20-secondes-google-reader/): on veut [plus de granularité](http://climbtothestars.org/archives/2007/12/26/granular-privacy-control-gpc/) pour ce qui est “privé”. Pour le moment, c’est un peu tout ou rien. Soit c’est privé, soit c’est public.

Un jour, et c’est ce que j’essayais d’expliquer [dans le Grand 8 du 1er janvier](http://info.rsr.ch/fr/rendez-vous/Les_hackers_informatiques_ne_sont_pas_forcement_mauvais.html?siteSect=1001&sid=8581901&cKey=1199111430000&bcItemName=le_grand_8&broadcastId=545429&broadcastItemId=8486271&rubricId=8888&programId=110451&bcItemName=le_grand_8), on pourra régler finement qui a accès à quoi dans ce que l’on publie, en fonction de comment on “classifie” (bien mauvais terme, je vois plutôt ça se passer avec des tags) les gens de notre réseau. Alors certes, on n’en est pas là avec Facebook. Pour le moment, vos “listes d’amis” vous permettent simplement de les inviter en bloc ou de leur envoyer un message commun facilement. L’interface pour placer les personnes dans les listes est également trop encombrante. Mais c’est un pas dans la bonne direction.

J’attends, retenant mon souffle, qu’on puisse faire quelque chose d’utile avec ces “listes d’amis”. Si Facebook rate cette coche, qu’importe — un autre réseau social le fera. Et croyez-moi, celui qui implémentera ce genre de fonctionnalité correctement aura une bonne longueur d’avance sur les autres.

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