Aimer, perdre [en]

Si l’attachement et la confiance te viennent difficilement, alors toute séparation est atroce, car elle risque de te laisser irrémédiablement seule.

Si pour être aimée tu dois à  chaque fois abdiquer une partie de toi-même, alors il est normal que cela te fasse peur et mal. Il est normal que tu ne t’attaches pas, que tu refuses de renoncer à  une part de toi.

Si donc être aimée se paie pour toi à  ce prix, la perte de cet amour qui n’est pourtant pas celui que tu voudrais ne peut que te déchirer.

Vie [fr]

Je ne suis pas au monde pour quelque chose ou pour quelqu’un. C’est la Vie qui est là  pour moi.

Love and Writing Project [en]

Script continue à  écrire sur le Love and Writing Project. J’espère que tu ne m’en veux pas de t’emprunter le titre. Et oui, je vais bientôt l’écrire, cette bafouille sur l’intertextualité.

Je ne suis pas certaine qu’avoir reçu beaucoup d’amour soit une condition nécessaire pour pouvoir s’aimer soi-même. Je crois au contraire que plus l’amour nous a manqué, plus il est important de trouver une personne de confiance absolue pour nous le donner: nous-même.

Je pense qu’une personne ayant reçu beaucoup d’amour inconditionnel depuis toujours n’aura pas trop de peine à  s’aimer: on lui aura montré mainte et mainte fois qu’elle est lovable, et s’aimer lui viendra naturellement.

S’aimer soi-même, ce n’est pas non plus un moyen de s’enfoncer dans la solitude. Je crois que c’est plutôt un moyen d’en sortir. Parce qu’en apprenant à  s’aimer, à  se sentir lovable, on apprend aussi à  créer des liens avec autrui.

J’utilise “lovable” parce que c’est beaucoup plus parlant que “aimable”. Quoique— “aime-able” pourrait peut-être faire l’affaire…

C’est vrai en revanche que si l’on ne dépend plus de l’autre pour recevoir de l’amour, cela rend la solitude possible. La solitude saine, pas celle qui fait mal et dans laquelle on se retranche pour éviter la vie.

C’est vrai que même si on s’aime, j’imagine qu’il peut y avoir des jours où l’on s’aime moins. Mais si au fond on s’aime vraiment, alors peut-être que ces jours-là , la chute est moins grande: on s’aime moins moins (mais oui, c’est comme “plus je pédale moins vite, moins j’avance plus fort”). On ne se retrouve pas au fond d’un abîme d’abandon universel. Et c’est peut-être cela qui nous indique vraiment à  quel point on s’aime.

Et l’écriture? Moi je renverserais la chose: je dirais plutôt que si l’on a tant besoin d’écrire, c’est qu’on a ce trou d’amour au fond de nous. Je ne pense pas qu’on a besoin d’amour parce qu’on écrit. Ce serait plutôt le contraire (s’il fallait décider d’un sens). Ou bien ça n’a rien à  voir?

Si j’écris, est-ce pour remplir ce trou? Trouver à  travers les mots l’amour qui me manque? Sublimer cette douleur? Je me souviens qu’avec Steph, un jour il y a déjà  longtemps de cela, on parlait du rapport entre souffrance et création. Douleur et art. On se demandait s’il y avait des artistes qui ne souffraient pas, quelque part au fond. Et je crois qu’on avait répondu “non”.

Y a-t-il des êtres humains qui ne souffrent pas? Y a-t-il une douleur existentielle indépassable? Tous les hommes sont-ils des artistes en puissance? Ce besoin viscéral de création disparaîtrait-il si l’on était profondément heureux?

Je pense qu’on doit pouvoir vivre heureux. Et pour le moment, je vois que le chemin pour y parvenir c’est d’apprendre à  s’aimer, et de faire taire les questions qui paralysent. Pas les bonnes, celles qui font avancer. Celles qui font qu’on ne fait pas. Celles qui font qu’on reste à  se poser des questions au lieu de vivre.

911: Coping [en]

I’ve just finished filling in the second part of the Coping with the Stress of the Terrorist Attacks survey. I thought I’d share with you my answer to the last question, which asks us to tell our story of the attacks.

Please bear in mind that this was written as it came, and that I’m not posting this to start a heated discussion about what I’m saying here.

Let’s first say I have lived through the terrorist attacks from a distance. I learnt of them on the Internet just when they happened – the net was slow and I saw a notice on a friend’s site. We were a party of people in India, and I broke the news to the group.

My biggest fear was in the American reaction. I was listening to Bush’s speeches and couldn’t believe what he was saying. At some point, I was wondering if we would have to rush back to Europe if things got bad. Pretty fast though, things seemed to “cool down” (as far as a possible rash “nuclear bomb” reaction was concerned).

I watched the news a lot during the next week or two. The financial news too. It was the first time in my life I was following something so closely, and the first time I was following financial news. I was worried about the effects on the economy.

Back in Switzerland after a few weeks, Swissair went bankrupt. It was a pretty big blow for people over here – though I don’t know anyone who was personally touched by it. Still, it was a concrete “close to us” consequence of the terrorist attacks.

Without wanting to remove any of the horror and tragedy of the attacks, I was (and still am) revolted by the US reaction to them. I tend to think that they are not attacking the root of the problem, not seeing what responsibility they have in the situation, and playing “we good, they bad” like always. I tend to side with Chomsky and his criticism of American foreign politics. I don’t consider myself anti-american, though. I have nothing against americans because they are americans, and I have american friends. The politics and government just get on my nerves. And it angers me too to be tagged “anti-american” because I dare show criticism.

In a nutshell, my feelings now towards September 11 are directed more against american politics in general. I think the shock of the attack itself is over – I had never been to New York, didn’t know anybody in the WTC, and don’t personally know anyone who was directly touched by what happened.

It’s revolting to kill civilians by crashing planes into buildings, but some of the actions of the US outside their borders are just as revolting (the pharmaceutical plant in Sudan and the Afghan refugees – the so-called “collateral” damage).

All this leaves me with the feeling that the world of politics is rotten and full of deceit. But I still think we can live in this world.

Observatrice suisse tuée à Hébron [en]

Je viens d’apprendre l’identité de la suissesse tuée mardi en Cisjordanie. Du coup, mes problèmes de “claustrophobie” me paraissent bien futiles.

Je connaissais un tout petit peu Catherine. On se saluait quand on se croisait dans les couloirs de l’uni, et on s’arrêtait quelques minutes pour bavarder. Pas plus que ça, mais quand même. Elle existait, marchait, respirait et souriait dans mon monde — alors que pour la plupart des gens, elle n’existait simplement pas avant de mourir.

Je connais un peu mieux sa soeur: on a fait les scouts ensemble durant quelques années, on a étudié en partie dans les mêmes bâtiments et on habitait tout près l’une de l’autre avant que je parte en Inde. On a mangé quelques fois ensemble après s’être croisées par hasard en ville, et on a même poussé une fois jusqu’à Genève pour voir une exposition sur Nicolas Bouvier. Elle m’avait invitée à son anniversaire dans son joli appartement tout entouré de balcon. J’avoue qu’on s’est perdues de vue depuis mon départ de Suisse.

Je crois que l’esprit humain résiste à l’idée de la mort. En tous cas le mien, il résiste beaucoup. L’idée qu’on puisse être et tout d’un coup ne pas être, je trouve ça proprement im-pensable. La mort c’est aussi le temps des regrets, des “si j’avais su”, des “trop tard”, de la perte irrévocable… Mais bon, je ne vais pas m’étaler en platitudes philosophiques comme j’en ai l’habitude.

Laure: je pense bien à  toi, un peu bêtement, mais honnêtement. Et je ne sais pas quoi dire. Sauf que je sais que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vues, et que je vais t’écrire un petite carte pour te dire qu’aujourd’hui je pense bien à toi — du mieux que je peux.

Et qu’ils n’avaient pas à tuer ta soeur.

Claustrophobie [en]

Il y a cet immeuble qui pousse devant mon balcon et ça m’embête énormément.

Photo d'un bâtiment en construction devant mon balcon

Je ne vois bientôt plus le ciel quand je suis à  mon bureau. L’espace autour de mon appartement a rétréci et on est en train de me voler ma lumière.

J’enrage d’impuissance.

Je voudrais leur crier d’arrêter de construire, leur hurler que je ne vais pas pouvoir vivre comme ça, sans l’espace et les montagnes devant ma fenêtre. Que tout s’arrête, là , maintenant, comme c’est — ou plutôt, comme c’était il y a un mois, quand l’immeuble n’était encore qu’un grand trou.

Je ne peux que regarder l’espace se combler de briques rouges, chaque jour un peu plus haut, jusqu’à  m’emprisonner complètement.

Je ne veux pas déménager. Mais comment vais-je pouvoir survivre à  ça?

Trip News [en]

By popular request (Anita) here are a few random notes for my English readers about these last weeks.

First of all, exams. They went ok. Results coming on Thursday should not give me any nasty surprises. It’s worth to note that I not only performed satisfactorily, but also almost had a nice time taking them.

Then, the trip. As always, I really enjoyed being in Birmingham and seeing my “adopted” family. The highlight of my stay was the trip to London, going to see Alan Rickman in Private Lives. The play will be showing in Broadway between April and September – if you have a chance to go there, it’s a must see.

Last topic: my dissertation. Let’s say a rough title is Martial Arts as a Spiritual Practice in the Western World. I’m busy hunting for the relevant literature – if you know of anything interesting, feel free to mail me. I’ve put up some stuff in the bookmarks.

Inondation [en]

J’ai envie d’écrire depuis plusieurs jours. Ma vie a été pleine, tant que je n’ai presque pas allumé l’ordinateur. Pleine de gens aussi, et j’ai besoin de solitude pour écrire. Mais je ne m’en plains pas.

J’ai beaucoup à  dire, mais je suis bien trop fatiguée pour le faire. Les jours à  venir ne me laisseront pas non plus de répit. Il va donc falloir que je déverse tout ça en version abrégée.

Les examens se sont bien passés – j’attends les résultats. J’aurais voulu m’étaler sur le plaisir retrouvé de l’étude, dont j’avais perdu le goût depuis longtemps. Dire aussi le départ en Angleterre, les jours passés dans ma famille adoptive (ou adoptée?) de Birmingham, le voyage à  Londres, les frissons durant la pièce, l’avion du retour presque raté après un trajet en train interminable… Le cinéma, les discussions, les repas, le verre de Martini, la robe, la chaleur, ce mot de sept lettres en “A” avec lequel la petite famille apprend à  vivre, le dentifrice d’Akirno, ses pleurs et ses rires…

Le retour au travail un peu mouvementé, mon chat qui sent bon, la bibliothèque de l’université quand il n’y a plus que moi dedans, les livres dans ma valise, la fatigue d’avoir vraiment vécu.

Vous voyez, je n’arrive pas à  vous raconter. Il faudrait dire aussi les grands changements que subit ma vie ces jours, les décisions qui sont en train de se prendre, les prises de conscience et le sol sous mes pas. Ça viendra, mais d’abord, il me faut manger et dormir.

Rêve [en]

Ce matin, un rêve a refusé de me laisser tranquille. Je l’ai attrapé et collé sur du papier: Fantôme!