Des fois, il y a des choses sur lesquelles on change d’avis. Parfois, ça se fait graduellement, presque insensiblement. Un jour, au détour d’un chemin, on se rend compte qu’on ne pense plus comme avant. Mais depuis quand? Et parfois, ça se fait quasi instantanément, à une occasion précise, qui fait déménager notre avis dans l’appartement d’à côté ou la maison d’en face.
Au début de la pandémie, quand tout s’est arrêté, un des enjeux était le soutien à la culture. Je me souviens très clairement de quelqu’un (mais qui?), quelque part (mais où?), qui disait quelque chose de cet ordre: que ceux qui pensent que les artistes et acteurs culturels n’avaient qu’à faire un autre travail, au lieu “de leur kif”, peut-être même un “vrai travail”, pour gagner leur vie, se voient dès à présent entièrement privés de musique, de films, de lecture, et de concerts… histoire de voir si les productions culturelles et artistiques sont si “facultatives” que ça dans la vie, et pour notre société.
J’avoue m’être sentie un peu honteuse, parce que je me suis reconnue un peu là-dedans. Non pas que je pensais (ou aie jamais pensé) que la culture et l’art ne méritaient pas d’être soutenus. Mais parce que mine de rien, je trouvais quand même que l’ambition de “vivre de son art”, surtout dans notre petit coin du monde, eh bien, ce n’était pas très réaliste, et que les gens feraient mieux de lâcher un peu leurs rêves de grandeur et d’accepter que leur activité artistique resterait quelque chose de non-profitable, d’accessoire. On fait de l’art parce qu’on aime ça, finalement. Tout le monde ne peut pas être une superstar.
Mouais. Je suis pas super fière en écrivant ça aujourd’hui.
Sans être une passionnée absolue de culture, comme beaucoup de monde, j’aime aller au cinéma, voir un concert de temps en temps, lire un livre, écouter de la musique, chanter, regarder mes séries et même, pourquoi pas, aller à une expo. Ce que j’apprécie n’a pas toujours été produit par quelqu’un qui “arrive à en vivre”. Et on connaît tous les histoires des créateurs au succès aujourd’hui interplanétaire, mais qui ont galéré à se faire reconnaître ou entendre durant des années, et même parfois de tout leur vivant. S’ils ne s’étaient pas accrochés à leurs rêves, pendant qu’ils étaient dans l’ombre, ils ne rempliraient pas des stades aujourd’hui et ne verraient pas leurs livres transformés en films.
Le travail des acteurs culturels est important et mérite plus de reconnaissance et de valorisation. Il n’est pas normal que ceux qui animent nos loisirs, nos moments de détente, qui donnent une couleur à notre quotidien ou font vibrer d’émotion les moments importants de nos vies soient pris dans un modèle économique où ils arrivent à peine à joindre les deux bouts, à moins de percer et de basculer (en tous cas de l’extérieur ça ressemble à ça) dans le monde surréaliste du succès.
Tout ceci est très certainement un peu simpliste, comme analyse. Je n’ai pas tellement de solutions à offrir, juste une prise de conscience – et un respect croissant pour celles et ceux qui prennent la peine de créer, inlassablement.
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