Rendre visibles ses articles de blog, c’est galère [fr]

[en] Yep, making your blog articles visible sucks -- so does making anything visible.

Bon, pis les blogs? “Galère pour rendre visibles ses articles de blog,” me dit-elle. Je crois que c’est comme pour tout. On est vraiment sur-sollicités. Tout le monde et toutes les marques sont sur Facebook. C’est la surenchère du “comment faire pour que les gens remarquent ce que je fais”. Parce que oui, faut faire bien, être pertinent, répondre à un besoin chez l’autre… mais s’il ne sait pas qu’on existe, tout ça, c’est inutile!

Je ne dis rien de nouveau. C’est pour ça qu’on a la pub. On est tous dans une grande foule à tenter de se faire entendre. Ou voir. Le premier qui monte sur la table ou les épaules de quelqu’un, on va le voir. Mais si tout le monde le fait, on ne voit plus personne.

La solution? Perso, je pense qu’on va “en revenir” un peu, de cette surenchère à capter l’attention de tous. Quand tout le monde vous crie dans les oreilles, celui qui vous donne un petit billet réussira à se faire entendre. C’est ce qu’on disait au début du web, ce que disait le Cluetrain: on est pas des “eyeballs”, on est pas des nombres, on en marre qu’on nous objectifie pour nous vendre des trucs.

Et j’ai l’impression, de plus en plus, qu’online est devenu ce qu’était avant offline. Exemple bête, les infos. J’ai arrêté de regarder les infos il y a des années parce que ça ne faisait que me rendre plus anxieuse. Maintenant les infos sont partout sur Facebook et Twitter. La pub aussi.

Alors, moi, je crois (et j’insiste sur “croire”, c’est une croyance) qu’on va finir par revenir au fondamental: aux gens, aux relations. Quand on est saturé d’infos, et qu’on réalise qu’on ne peut pas leur faire confiance (Fake News anybody?) on va finir par recommencer à demander à son voisin ce qu’il en pense.

Retour au personnel, au relationnel. (C’est de ça que j’ai causé mardi à Genève, d’ailleurs.)

Alors, le blog? Le blog reste (j’en suis persuadée) l’endroit par excellence pour une communication humaine un peu plus développée et moins réactive que les commentaires Facebook. La discussion c’est bien, et utile, et nécessaire, mais des fois c’est bien de réfléchir un peu plus tranquillement dans son coin.

Son problème, c’est la distribution, et c’est là qu’il est “comme tout le reste”. Faut avoir un réseau de malade sur Facebook, Instagram, Twitter, et ailleurs. Faut savoir présenter les choses de façon accrocheuse pour capter l’attention du facebookeur décérébré (je sais, j’en suis aussi), qu’il clique et qu’il lise (et ne se contente pas juste de partager, ou pire, d’ignorer). D’ailleurs, je mets maintenant des photos à mes articles, même si elles n’ont rien à voir. Sinon, ils n’existent même pas, dans l’écosystème de distribution Twitter-Facebook-Linkedin.

Le chat qui miaule bien fort obtient les croquettes…

Les lecteurs RSS sont quand même bien morts avec Google Reader.

Le revers (positif) de la médaille, c’est l’e-mail. Avec la démocratisation des outils sociaux, notre e-mail s’est quand même un peu vidé de toutes sortes d’activités qui fonctionnent mieux sur Facebook et consorts. Je ne sais pas vous, mais pour ma part, je ne croule pas sous les mails. Les humains ont appris à utiliser des filtres (pas tous, ok, mais quand même), Gmail a commencé à regrouper nos longs échanges en conversations, et les boîtes de réception sont de plus en plus intelligentes.

L’e-mail, qu’on a voulu mort il y a des années (je me souviens de quelques interviews, dont une, j’étais sur le quai de la gare de St-Prex, marrant comme ça marche la mémoire, bref, on essayait de me faire dire que l’e-mail c’était fini, non mais tu rêves), c’est un certain retour à ces messages de moi à toi, en privé, loin de tout le bruit et des sollicitations. C’est pas pour rien que les newsletters reprennent du poil de la bête.

Donc, assurez-vous qu’on puisse s’abonner à votre blog par e-mail. J’adore le blog de Sylvie. Mais si je n’étais pas abonnée par e-mail, je raterais beaucoup d’articles. L’e-mail, je sais que je le regarde. Au moins le titre. Les réseaux sociaux, c’est pas fait pour tout voir. C’est conçu pour faire remonter les voix les plus fortes, et ce sont elles qu’on finit par entendre. On y a beaucoup cru (je me mets dedans), mais ça a des effets vachement pervers, mine de rien.

Donc oui, rendre son blog visible, c’est la galère. Rendre n’importe quoi visible, en fait.

Il y a certainement des choses à redire concernant les idées que j’émets ici. J’ai écrit tout ça d’une humeur un peu “coup de gueule” qui reflète aussi où j’en suis par rapport à tout ça. Si vous avez des objections ou des avis différents, je serai ravie de les entendre.

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6 thoughts on “Rendre visibles ses articles de blog, c’est galère [fr]

  1. Hello,
    Juste quelques remarques: “C’est pas pour rien que les newsletters reprennent du poil de la bête.”
    Je pense que c’est surtout parce que les spécialistes du webmarketing on décrété un jour que c’était LA manière de toucher un public. Du coup, des plugins sont apparus pour rendre facile l’inscription. Parfois, on s’y abonne juste lassé par le popup d’invitation. Les lit-on? C’est autre chose!

    Les flux RSS n’ont jamais vraiment pris dans le grand public, j’ai essayé maintes fois de convaincre autour de moi, jamais marché, sauf pour ceux qui font réellement de la veille. Ils sont rares.
    Alors Facebook devient le nouveau lecteur de flux RSS. Il suffit d’aimer la page et hop, on pourra peut-être lire les articles publiés automatiquement. Les lit-on tous? Non, bien évidemment.
    Et Twitter aussi fonctionne comme un lecteur de flux RSS, il suffit de faire des listes. Mais comme tout est envahi par les faux comptes, les algorithmes, le sponsoring, va falloir trouver autre chose!

    Et comme il y a des bars pour tout, je parie sur l’apparition des “bars à conversation”, qui s’appelaient autrefois “Cafés du commerce” 😉

  2. Hello Stephanie ! Depuis le temps que je dévore ton blog, il est plus que temps pour moi de prendre la plume. J’adore quand tu parles de blogging, ton avis me donne toujours pas mal de grain à moudre.

    Rendre visibles ses articles de blog… ou pas ? Mon amie Eliness a décidé de rendre impossible l’indexage de son site dans les moteurs de recherche, car elle tient à l’intimité de son blog, et s’est sentie par ailleurs trahie par Facebook (je te laisse lire son billet : http://www.hypothermia.fr/2017/02/nom-de-plume/).

    De mon côté, non contente de redonner vie à mon blog personnel, en marge de mon blog pro qui avait pourtant une certaine audience, j’ai également décidé de publier certains billets de façon « semi-privée », en ne donnant l’accès qu’à mes ami·e·s proches et autres personnes de confiance, via un compte utilisateur.

    C’est ma façon à moi de me libérer de la pression qui avait progressivement écrasé ma spontanéité et ma joie de bloguer. Et c’est aussi une façon de nouer ou de renouer des liens avec des personnes que j’estime et avec qui j’ai vraiment envie de discuter. Façon aussi de recréer un petit boudoir, un petit salon, à l’abris de la foule massée sur les réseaux sociaux.

    J’ai retrouvé un semblant de sérénité depuis que j’ai pris ces décisions. Je n’ai pas fait « de pub » pour mon blog perso sur mon blog pro ni sur mes profils publics présents sur les réseaux sociaux : pour moi, ce sont deux mondes à part.

    Je connais trop bien les inconvénients d’être très, trop visible pour avoir envie de repasser par là.

  3. Michelle: je ne pense pas que le succès des newsletters soit dû aux pros du webmarketing. Ils vendaient leur salade déjà il y a dix ans. Et je ne pense pas aux pop-ups insupportables qui nous tiennent la jambe pour qu’on s’inscrive. Je pense aux newsletters qu’on a vraiment choisies de recevoir et qu’on attend donc de pouvoir lire. Idem pour les blogs. Si je m’inscris pour recevoir un blog par e-mail, ce n’est pas parce que je cède au pop-up, mais parce que je le veux vraiment.

    La raison pour laquelle Facebook et Twitter ne peuvent tenir lieu de lecteur RSS c’est qu’ils sont trop chargés (et sur Facebook, il y a le fichu algorithme). Un lecteur RSS c’était “juste ce que je veux lire”. Avec des systèmes pour trier, classer, prioriser. Twitter et Facebook c’est “the firehose” — tu es arrosée de ce que ça envoie juste maintenant, mais les trucs d’hier, tu oublies. Pour moi c’est fondamentalement différent.

  4. Merci kReEsTaL! Toujours sympa de rencontrer une nouvelle lectrice. Je suis allée faire un (trop) rapide saut sur ton blog, et j’ai lu ce que tu dis à propos de la “renaissance 2017” de ton blog – j’adore! C’est aussi pour ça que je continue à bloguer, peu importe les stats.

    Et oui, ce que tu dis est important. On n’écrit pas forcément pour les stats, déjà, et aussi, le blog peut permettre de retrouver un peu de calme à l’abri de l’émeute sur les réseaux sociaux. Je ne sais plus, maintenant, si j’en ai parlé, mais à un moment donné j’ai pris conscience que je me sentais moins “exposée” sur mon blog que sur Facebook. J’étais à l’aise de dire des trucs ici que je n’étais pas prête à mettre sur Facebook. Parce que c’est tellement réactif, parce que tout le monde est là, parce que c’est tellement visible.

    Ici, je laisse les moteurs de recherche, je partage parfois sur les réseaux sociaux, mais je ne fais pas véritablement d’efforts pour rendre visible ce que je fais. Je ne l’ai jamais vraiment fait, en fait, et c’est bien ce dont je suis en train de faire les frais professionnellement, maintenant que ma petite “bulle” semble avoir pété. Ça ne me dérange pas d’être sûr scène sous les projos, mais je ne veux pas me battre pour.

    J’ai trouvé aussi ce côté boudoir, comme tu dis, avec ma newsletter. 120 inscrits à tout casser, j’ai vraiment l’impression d’écrire à un groupe de “proches”, et j’y écris d’ailleurs des choses que je n’écrirais pas même sur le blog. Comme quoi, avec cette course à la visibilité, on finit, comme tu en témoignes, à rechercher plus d’ombre. Marre de prendre des coups de soleil!

  5. Merci pour ta réponse, Stephanie ! Tu m’as convaincue de m’abonner à ta newsletter, dont j’ai un peu parcouru les archives.

    Pour en revenir à l’exposition de soi, j’aime beaucoup ta métaphore des coups de soleil. Ça me parle ! (Et je ne dis pas ça uniquement parce que ma peau est blanche comme un cachet d’aspirine.)

    Quant à rendre visible sur le net ce que l’on fait avec pour objectif d’être davantage visible commercialement, j’avoue que je ne suis pas confrontée à cette problématique pour le moment, n’étant pas freelance. Mais, en tant que personne qui cherche actuellement du boulot, je note que ma visibilité professionnelle a chuté de manière vertigineuse depuis que j’ai cessé d’utiliser Twitter publiquement, l’été dernier.

    De ton côté, tu sembles très actives niveau ateliers et conférences ; je pense que cela a beaucoup plus de valeur que des milliers de followers sur les réseaux sociaux, car en étant sur scène tu es déjà en train de démontrer ce que tu sais faire professionnellement. Pour moi c’est plus percutant et convaincant que de partager des liens sur Twitter (pour caricaturer). Sans parler des rencontres auxquelles le fait de prendre la parole en public, « en vrai », donne lieu.

    Pour ma part, je m’autorise cette période entre parenthèses, à l’ombre, le temps de recouvrer mes forces et surtout mon enthousiasme et mon envie de partager. Pour l’heure je suis encore en mode « chat échaudé craint l’eau froide » – pour continuer à filer la métaphore de la chaleur 🙂

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