IUCAA, 17 Août 01, 23h00
Il est certain que je ne suis pas en train de suivre le sage précepte qui recommande de faire une seule chose par jour en Inde. J’en fais quatre ou cinq, je passe mes journées à courir, et je m’épuise. Je ne peux pas continuer comme ça, je vais finir par tomber à plat ventre au milieu de la route.
J’ai aussi des piles de choses à écrire. L’Inde semble me faire cet effet – ou alors c’est simplement la rupture de la routine. Toujours est-il que j’ai mille choses à dire, je pourrais presque en faire un livre. Mais le soir, je suis tellement fatiguée et j’ai la tête tellement pleine que les mots ne viennent plus et qu’il me tarde de dormir.
J’ai rencontré aujourd’hui un journaliste du “Times of India”, qui voudrait peut-être m’interviewer. J’ai donné mon accord de principe, j’ai pris sa carte, et je lui ai dit où il pouvait me trouver.
Après lui avoir dit au revoir, je me suis retrouvée dans ses souliers, imaginant ses motivations possibles. Quand quelqu’un fait un pas vers moi en Inde, je me demande toujours si il n’y a pas quelque part des motivations cachées moins honorables chez l’autre – argent, prestige qu’apporte avec lui l’étranger, sexe facile. Tout le monde n’est pas comme ça, c’est clair, mais ce genre “d’approche” arrive assez souvent pour qu’on apprenne vite à se méfier un peu de tout le monde a priori.
Je suis bien moins méfiante qu’au début de mes expériences indiennes, mais bon, ce n’est pas tous les jours qu’un inconnu s’arrête vers moi alors que je marche le long de la route, propose de me prendre en stop sur son scooter jusqu’au stand des rickshaws, et désire ensuite me voir pour un éventuel interview.
Nous avions parlé ensemble deux minutes; tout ce qu’il savait de moi était que je me promenais à l’université en sari, que j’étudiais les lettres, que j’avais habité ici et que j’apprenais le hindi.
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