Internet et la mort: plus qu'une vitre brisée [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Après ma chronique sur la théorie de la vitre brisée il y a deux semaines, je n’avais honnêtement pas l’intention de vous faire faux bond à nouveau. La mort de mon chat, fidèle compagnon de ces dix dernières années, a quelque peu coupé court à mes bonnes intentions.

Bagha peeking out 1

Ce deuil me fait prendre conscience d’une dimension de complication qu’ajoute internet en pareille circonstance. Mon chat n’était pas juste présent dans mon appartement. Vadrouilleur, il était connu dans tout le quartier, et passait aussi ses journées à l’eclau, dans mon espace coworking. Mais en plus de ça, il était connu sur internet. Un compte Twitter, une page Facebook, un compte Catster comprenant un blog, des myriades dephotos et d’articles sur mon blog.

Alors OK, je suis une mamy à chat et je suis très présente sur internet, mais n’empêche: en plus des gamelles et des bouts de ficelle devenus inutiles, de l’appartement vide et des soirées télé sans ronron, il reste toute cette présence numérique devant laquelle je me trouve un peu démunie.

Que faire du compte Twitter? Est-ce que Bagha va utiliser sa page Facebook pour envoyer des bons mots de l’au-delà des chats à ceux qui l’ont connu? Dans les jours, semaines et mois qui viennent, il y a aura des profils à récrire, des sites web à modifier — en plus de toutes les annonces déjà faites pour informer ceux qui le connaissaient (souvent sans l’avoir rencontré) de la triste nouvelle.

Mais au-delà de cette mort féline, je pense aux conséquences de nos présences en ligne quand notre heure sera arrivée. Qui aura accès à nos comptes? Je martèle qu’il ne faut pas partager ses mots de passe, oui, mais quand on ne sera plus là? Je me dis que je vais sérieusement jeter un oeil aux services comme La Vie d’Après

Sur ce, je vous prie de me pardonner pour cette chronique pas très festive. Bonne année à tous, et je vous retrouverai à mon retour d’Inde, quelque part en février.