Sam 2 [fr]

[en] Writing exercise: character Sam.

Sam émerge bien trop tôt pour un lendemain d’hier. Il faut dire que c’est toujours trop tôt, les lendemains d’hier. Mais bon, il faut bien.

Il met la tête sous le duvet en espérant sombrer à nouveau, mais un léger malaise l’en empêche. Un rêve étrange… mais non, ce n’était pas un rêve! Ou bien? Dans son demi-sommeil, Sam n’est pas sûr, et ça le dérange profondément.

Il rampe hors du lit et se met sous la douche, le temps de se réveiller complètement (aussi complètement que le permet un lendemain d’hier).

Elle est un peu embêtée parce que clairement, Sam va très bientôt être en relativement pleine possession de ses moyens, aller vérifier que toute trace du Great Escape a bien disparu… et là, comment il va réagir? Et quand il comprendra que ses amis n’ont jamais entendu parler de l’endroit, qu’est-ce qu’il fera? Est-ce qu’il va paniquer? Se faire interner à Cery? Penser que ses amis lui font un coup tordu? Remettre en question sa conception du monde pour admettre qu’un lieu puisse disparaître du centre de Lausanne et de tous les cerveaux avoisinants, sauf le sien?

Elle qui craint parfois l’absence d’inspiration, la voilà bien évidemment face à l’embarras du choix. Eh oui, il suffisait de se concentrer sur les personnages, et l’histoire déboule. Enfin, les histoires possibles. Quelque chose.

Cette histoire de Great Escape le préoccupe.

Elle se rend compte qu’elle n’a pas vraiment décidé quel jour on était. Dans la première partie, elle a dit “week-end” — vendredi ou samedi soir, on est donc samedi ou dimanche matin. Lequel des deux? Est-ce important? C’est clair que si on est samedi, il va traverser le marché à la Riponne, et il y aura du monde en ville. Dimanche ce sera désert. Donc ça change la donne. Elle le voit bien traverser la ville relativement déserte du dimanche matin pour aller vérifier si son bar a bien disparu.

Mais s’il n’est sorti que le samedi, qu’a-t-il fait vendredi? S’il était au Great la veille de la disparition, il aurait sûrement réagi plus fortement le soir même. Elle décide que c’est donc dimanche matin, et il n’est pas sorti vendredi. Il y a quantité d’explications à ça, et l’histoire n’a pas besoin de les donner, mais vu que ce qui l’intéresse ici c’est Sam, il y aurait là l’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui.

Habillé en vitesse, il traverse la ville déserte et se rend sur la terrasse surplombant la Riponne. Il n’a pas rêvé, en effet: toute indication de l’existence du Great a disparu, et les grandes portes semblent fermées sur une absence. Un air abandonné.

Si elle n’était pas au lit avec la crève, elle traverserait elle aussi la ville déserte de ce jeudi de l’Ascension pour aller sur la terrasse surplombant la Riponne et observer l’entrée du Great, afin d’en avoir une vision claire et nette pour en parler.

C’est un peu tôt pour appeler Roger ou ses autres camarades de sortie, mais vive le SMS! Il envoie un mot sur Twitter, aussi. Histoire de savoir si quelqu’un sait quand/pourquoi le Great a fermé.

Bon, elle ne va pas faire suivre à son pauvre lecteur le dimanche de Sam, minute par minute. Il est temps pour une petite ellipse.

Le soir arrivé, Sam est assez déstabilisé par les réponses reçues à ses divers messages pour être carrément inquiet. “Quel Great? Tu parles de quoi? C’est quoi le Great? Je ne sais pas, je connais pas!” Il se demande quand même un peu si c’est son cerveau qui lui joue des tours (c’est quand même plus plausible que l’amnésie généralisée qui semble toucher les habitués du Great) mais il ne se sent pas particulièrement instable ou déconnecté de la réalité. Bon, ça ne veut rien dire, au fond: une des caractéristiques de la folie est quand même qu’on croit à sa folie.

Bref, Sam est perturbé — et assez perturbé pour appeler Greta pour demander à la voir. Il évite d’appeler Greta, en général. Ça ne l’aide pas vraiment, de la revoir. Mais il faut avouer qu’elle est une des seules personnes avec qui il se voit parler de… ça. Ils se donnent rendez-vous au café en bas de chez lui.

Greta 1 [fr]

[en] Writing exercise. Character Greta.

Elle décide que sa deuxième aventure sera avec Greta. Sophie, ce sera pour après. Elle l’a tout juste effleurée, Greta, l’ex de Sam. Avec un nom pareil, elle doit être suisse-allemande, mais non, elle décide que ses parents l’auront nommée ainsi à cause de Greta Garbo.

Greta est enseignante. Elle est plus jeune que Sam de quelques années. Elle aime beaucoup son métier, même si elle travaille beaucoup. Les premières années ont été dures, comme souvent dans l’enseignement, mais maintenant ça roule, comme on dit. Elle enseigne dans le secondaire dans les environs de Lausanne. Assez près pour que ce ne soit pas trop loin, et assez loin pour que ce ne soit pas trop près. C’est important, quand on veut éviter de croiser des parents d’élèves à la Migros du coin.

Greta habite avec son ami tout en haut d’un immeuble du centre de Lausanne. Ils y ont emménagé il y a six mois environ. La vue y est magnifique, et les soirs d’été, elle aime préparer ses cours sur le balcon en regardant les voiles blanches se déplacer doucement sur le lac, avec un thé et une cigarette.

Raphaël finit le travail bien plus tard qu’elle — elle a donc quelques heures en solitaire avant qu’il arrive, qu’elle met à profit pour abattre le travail qui lui demande le plus de concentration. Parfois, quand elle a pu prendre de l’avance, elle voit une copine ou prend un bain avec un bon bouquin. Mais la plupart du temps, il y a à faire.

Là, elle trouve qu’on commence un peu à cerner Greta. Il faut qu’il lui arrive quelque chose. De l’action! Hier, elle s’était dit qu’elle confronterait chacun des personnages de cette aventure littéraire à la disparition (vécue par eux uniquement) d’un lieu qui leur est cher. Elle n’a aucune idée comment diable elle pourra expliquer ça, mais ça n’est pas grave. L’important, ici, c’est de faire vivre un ou des personnages.

Elle s’était dit, d’ailleurs, que ce serait marrant, pour Sophie, de faire disparaître le Cook plutôt que le Great. Après ça va faire un méli-mélo de fils narratifs… Elle y réfléchira demain.

Greta, elle n’a pas vraiment de lieu favori, jusqu’à maintenant. Il faudrait lui en donner un. Ah! Ça y est, elle a trouvé.

Chaque jour, en sortant de l’école, elle s’arrête à un petit kiosque sur la route. Elle s’y achète un Twix, et parfois un paquet de cigarettes. Le Twix, c’est sa petite douceur de sortie de classe. Les cigarettes, la dépendance qu’elle n’arrive pas à vaincre, même si elle a beaucoup diminué depuis qu’elle est avec Raphaël.

Tiens, là aussi, elle qui ne fume pas, elle se dit qu’il faut qu’elle demande à ses copines fumeuses comment ça marche, l’achat de cigarettes. Celles qui fument un paquet par jour, elles passent tous les jours en acheter un? Ou bien elles achètent des cartouches? Elle n’en a pas la moindre idée. C’est ça, quand on veut mettre en scène des personnages crédibles qui ne sont pas comme soi. Il faut se renseigner!

Bref, Greta achète ses paquets de clopes au compte-gouttes. Si c’est un comportement “anormal”, elle trouvera bien comment l’expliquer!

Aujourd’hui, c’est mardi. Greta finit à trois heures. Elle embarque ses affaires, passe en vitesse à la salle des maîtres faire des photocopies pour demain, puis se met en route.

Encore une fois, si elle était vraiment en train d’écrire une histoire, elle intervertirait certainement les deux derniers paragraphes sur Greta. Inutile de raconter son habitude journalière avant que l’histoire ait amené Greta devant le fameux kiosque — ou en tous cas, dans sa direction.

Comme chaque jour en sortant de l’école, Greta met le cap sur le petit kiosque où elle s’achète un Twix à grignoter sur le chemin. Un peu de sucre après une longue journée, ça passe bien. Seulement aujourd’hui, le kiosque semble fermé. Le store est baissé, pas de manchettes sur la devanture. Elle arrive devant, et cherche des yeux un message ou petit mot qui expliquerait cette étrange fermeture.

Rien. Elle demandera demain à la tenancière du kiosque. Elle espère que rien de grave n’est arrivé.

Un peu frustrée et hypoglycémique, elle continue son chemin pour prendre le train. Il y a un Selecta à la gare qui prendra soin de son hypoglycémie. Pour les clopes, elle évitera de forcer dessus ce soir. Il ne lui en reste plus beaucoup. Mais ça ira.

Voilà, Greta, elle s’est pas posé quarante-six mille questions. Bon, il faut dire qu’à la différence de Sam, elle ne s’attendait pas à trouver là des gens qu’elle côtoie régulièrement — hormis la dame du kiosque. Elle se dit que ça deviendra plus intéressant pour Greta quand ça fera plusieurs jours que le kiosque est fermé. Là, elle va franchement commencer à se poser des colles.

En attendant, elle fatigue, mais se dit que c’est déjà un bon début, cette histoire de Greta. Deux soirs, deux personnages, et presque un vague début d’histoire qui se dessine! Que demande le peuple 🙂