Je viens de faire péniblement le tour du dernier numéro de L’auditoire, le journal des étudiantEs de Lausanne. Je ne parlerai pas des articles, dont certains commencent franchement à ne plus valoir le papier (recyclé) sur lequel ils sont imprimés, mais des abérrations typographiques supposées faire avancer la cause de la femme.
Il s’agit, vous l’aurez compris, de l’introduction de majuscules au milieu des mots comme dans “étudiantEs”, et de l’utilisation systématique d’expressions comme “il·elle” ou “attentif·ves” – procédés qui en plus de déranger la lecture (je vous mets au défi de lire un texte ainsi traité sans que vos yeux tressaillent à leur contact), m’irritent profondément par leur inutilité.
La féminisation des noms de professions m’est déjà parfois pénible. Lire “professeure”, “auteure” ou (pire) “cheffe” me fait en général sourire. D’autant plus que l’on ne s’amuse pas à dire d’un jeune homme qui fait son service militaire qu’il est “un recru”. Appelez-moi conservatrice si vous le voulez.
J’ai déjà abordé il y a quelques semaines la question de l’égalité des sexes, et des places respectives de l’homme et de la femme dans la société. C’est une évidence qu’il y a à l’égard des femmes préjugés et discrimination. C’est une évidence aussi qu’un homme et une femme faisant le même travail devraient gagner le même salaire.
Mais c’est une évidence aussi que les hommes et les femmes sont différents, et que lorsque l’on postule pour une place de travail, on ne peut pas dissocier son “moi professionnel” de son “moi personnel”. Les frontières ne sont pas étanches. On est engagé pour qui l’on est aussi bien que pour ce que l’on fait. Et si je suis une femme, je ne suis pas un homme. On ne peut pas faire abstraction du sexe d’une personne.
Revenons-en au langage et aux majuscules à l’intérieur des mots. Je suis la première à dire que le langage influence la pensée et qu’on sous-estime souvent sa force. Mais il y a des limites. Les règles d’accord du français voient la dominance du masculin sur le féminin. Clairement, on peut y voir l’héritage d’une culture patriarcale. Mais est-ce vraiment en forçant la langue hors d’elle-même que l’on fera avancer la cause féminine?
Je pense personnellement que c’est plutôt en mettant en place des structures sociales telles que des crèches, l’assurance maternité, le congé paternité et que sais-je, en encourageant le travail à mi-temps et en insistant sur le dépistage et la lutte contre le harcèlement à la place de travail (qu’il soit sexuel ou moral) que les choses bougeront.
J’attends vos remarques sur le coup de gueule de la journée!
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