Assurez vos animaux [en]

En photo: mon vieil Oscar qui dort paisiblement, ses divers maux bien pris en charge sans me ruiner 🥰

Avoir une assurance pour son animal, c’est pas pour couvrir les frais courants. C’est pour couvrir les situations-catastrophe. C’est pour couvrir l’abcès au foie qui vous laisse avec un chat mort et 8000.- de frais de vĂ©tĂ©rinaire.

Et Ă  ceux qui diront que c’est insensĂ© de payer des sommes pareilles pour un animal: la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire a aujourd’hui les moyens et les possibilitĂ©s de la mĂ©decine humaine, et donc le coĂ»t aussi. C’est pas comme il y a 20 ou 30 ans, ou “quand on Ă©tait gosses”. Le monde a changĂ©.

Aussi, les 8000.- de frais vĂ©to, c’est une escalade d’engagement inĂ©vitable. On arrive pas chez le vĂ©to avec un chat pas bien pour s’entendre dire “Madame, vous allez en avoir pour 8000.-“. Parce que lĂ , effectivement, on pourrait se dire: ok, quand bien mĂŞme ça me dĂ©chire le coeur, je peux pas, donc je fais pas.

Non, on arrive chez le vĂ©to avec un chat malade et on en a pour quelques centaines de francs. On rentre Ă  la maison🤞🏻 mais ça ne va toujours pas, on retourne, on rajoute 500 balles. On est vite Ă  1000, 1500. On va Ă  l’hĂ´pital ou chez le spĂ©cialiste, on rajoute 1000. Quand on a dĂ©jĂ  investi 2500.- pour sauver le chat, quand est-ce qu’on dit “hmm non lĂ  on arrĂŞte, on fait pas le truc qui devrait lui sauver la vie et qui coĂ»te encore 1000 balles, ou 2000 balles”?

Personne ne sait au début combien ça va être.

En Suisse, on a la chance d’avoir des assurances maladies qui nous sensibilisent au coĂ»t de la mĂ©decine. Dans d’autres pays, comme en France, on ne sait souvent pas combien a coĂ»tĂ© notre Ă©chographie ou notre radio, ou notre opĂ©ration. En Suisse, mĂŞme quand c’est payĂ© directement par l’assurance, on reçoit une copie de la facture. Ça aide, je trouve.

Donc l’assurance, elle est pour les situations catastrophe qu’on n’a pas vu venir. Pour les imprĂ©vus. De mon point de vue, aujourd’hui en Suisse, si on n’a pas un bas de laine de 10’000 balles Ă  mettre sur la table en cas de pĂ©pin, il est sage d’avoir une assurance.

Laquelle? C’est la jungle, en Suisse aussi, comme pour les assurances complĂ©mentaires chez les humains. Il faut bien lire les conditions. Ça n’aide pas Ă  faire le pas. Perso je suis chez Epona, parce qu’Ă  l’Ă©poque oĂą j’ai eu Erica, c’Ă©tait la seule assurance Ă  prendre les chats qui n’Ă©taient plus tout jeunes. Tounsi avait Ă©tĂ© assurĂ© chez Animalia (dĂ©cĂ©dĂ© Ă©galement brutalement, avec grosse facture vĂ©to, alors qu’il Ă©tait encore jeune).

Chez Epona, passĂ© un certain âge il y a un questionnaire/rapport qui doit ĂŞtre rempli par le vĂ©to. Il faut dĂ©clarer les maladies passĂ©es ou en cours. Il y aura des rĂ©serves. Par exemple, pour Oscar son diabète n’est pas pris en charge. Ni les consĂ©quences liĂ©es Ă  son amputation. Ni – parce que ça avait Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© Ă  l’Ă©poque – sa toux, qui, on l’a appris plus tard, est certainement liĂ©e Ă  l’ancienne hernie diaphragmatique qu’on ne savait pas qu’il avait. Par contre, son arthrose, c’est couvert. Toutes les injections de Solensia, les mĂ©dics, l’ostĂ©o. Sa gingivo-stomatite, y compris extraction totale, soins intensifs avant, couverte. Oscar est un mauvais risque pour l’assurance, très clairement, ses primes ont Ă©tĂ© doublĂ©es et sa franchise augmentĂ©e (sinon rupture de contrat), mais j’ai fait mes calculs et ça vaut quand mĂŞme encore la peine.

Julius, je l’ai assurĂ© en mode “chat jeune sans soucis”. Environ 175.-/an, franchise de 1000.-, formule C, pas de questionnaire de santĂ© vu son âge estimĂ©. Je ne m’attendais honnĂŞtement pas Ă  avoir de frais vĂ©tĂ©rinaires avec lui. Mais je me suis dit “s’il m’arrive une merde, comme c’est dĂ©jĂ  arrivĂ© avec d’autres de mes chats, au moins je ne vais pas me retrouver avec une ardoise Ă©quivalente Ă  deux mois de salaire, ou la dĂ©cision atroce de devoir euthanasier faute de sous”. Et en l’occurrence, vu le festival de bagarres de ces derniers mois, j’ai dĂ©jĂ  Ă©puisĂ© ma franchise.

Donc, faites assurer vos animaux. MĂŞme s’ils ont dĂ©jĂ  des maladies en cours – Ă  plus forte raison, je dirais, car une maladie n’en empĂŞche pas une autre, et si votre budget est dĂ©jĂ  grĂ©vĂ© par la maladie chronique non prise en charge, vous allez d’autant moins pouvoir gĂ©rer autre chose.

Les foyers Ă  grand nombre d’animaux: oui, lĂ  les primes ça devient un sacrĂ© montant. Mais je crois que si on a beaucoup d’animaux, on a aussi un budget vĂ©to mensuel consĂ©quent en permanence, donc ça veut dire qu’on a des fonds allouĂ©s Ă  ça, et peut-ĂŞtre plus de capacitĂ© d’absorber une dĂ©passement ponctuel de quelques milliers de francs du budget annuel. Si ce n’est pas le cas, peut-ĂŞtre qu’il faut quand mĂŞme rĂ©flĂ©chir Ă  assurer tout ce beau monde, en formule minimale, pour couvrir les catastrophes. Ou mettre sur pied une structure associative.

Amateurs de l’option “bas de laine”: faites les maths. Combien de temps vous auriez du Ă©conomiser pour payer les 8000.- de frais de vĂ©to que j’ai eus avec Erica? ou les deux annĂ©es consĂ©cutives Ă  4000.- avec Oscar?

Une assurance n’est pas un “investissement”. C’est une somme qu’on paie, chaque annĂ©e ou chaque mois, pour s’endormir en sachant que si le ciel nous tombe sur la tĂŞte en matière de malchance mĂ©dicale, on pourra quand mĂŞme soigner nos animaux sans se retrouver en dĂ©faut de biens.

Avoir un animal est une charge financière qu’il faut pouvoir assumer [fr]

[en] Having a pet is a financial responsibility. Get health insurance for your pet or start a "health savings" account for them. They will fall sick and die someday, inevitably. See your vet at least once a year for a check-up and head to the clinic early if you suspect something is going on.

Je viens de regarder la vidĂ©o ci-dessous et je souhaiterais reprendre certains des conseils de l’oratrice aux propriĂ©taires de chats et de chiens – auxquels je m’associe:

  • prenez une assurance-maladie pour votre animal – ou bien prĂ©voyez un compte-Ă©pargne pour lui, afin de ne pas vous trouver dans la situation oĂą il a besoin de soins que vous ne pourrez pas vous permettre
  • voyez votre vĂ©tĂ©rinaire au moins une fois par an pour un contrĂ´le, et le plus tĂ´t possible en cas de suspicion de problème
  • ne donnez pas d’animaux en cadeau, mĂŞme dans la famille: un animal est non seulement une charge financière mais aussi une charge niveau temps, et le maĂ®tre doit prendre cette charge en connaissance de cause.

Un animal, mĂŞme si on l’adopte petit, va tĂ´t ou tard tomber malade ou avoir un accident, vieillir, et finalement mourir.

Outre le groupe de chats diabĂ©tiques que je gère, je suis dans nombre de communautĂ©s “chats” en ligne. Et tous les jours ou presque, je vois des situations passer oĂą les soins Ă  l’animal sont compromis par l’aspect financier. Je sais, ce serait moche de devoir dire “si t’as pas de thunes, tu peux pas avoir un animal”, mais un animal ça coute, et il faut tenir compte de ça quand on dĂ©cide d’adopter.

Il y a des gens qui renoncent Ă  avoir une voiture car ça coĂ»te trop cher. Il y a des gens qui renoncent Ă  avoir un enfant de plus pour des raisons financières. Il y a des gens qui renoncent Ă  vivre dans une plus grande maison ou un plus grand appart car ça coĂ»te trop cher. Et il y a des gens qui renoncent Ă  prendre un animal, de plus ou tout court, parce qu’ils ne pourront pas assumer financièrement les frais inĂ©vitables qui pointeront le bout de leur nez.

Pour info, en Suisse, pour assurer mes vieux chats, je paie environ 350.-/an. Les associations demandent des frais d’adoption, et ce n’est pas juste pour couvrir les frais engagĂ©s pour l’animal jusque-lĂ . Si vous ne pouvez pas payer les frais d’adoption ou la prime annuelle d’assurance, il faut vraiment vous poser la question si la charge d’un animal est quelque chose que vous pouvez assumer financièrement.

Cette annĂ©e, Oscar et sa bouche ont gĂ©nĂ©rĂ© pas moins de 4000.- de frais vĂ©tĂ©rinaires (heureusement, remboursĂ©s par son assurance). D’aucuns diront: je ne paierais jamais autant! Sauf que c’est pas “tu te pointes chez le vĂ©to, et on te fait un devis Ă  4000.-“. C’est d’abord 500. Puis 300. Puis 700. Puis 1000. A quel moment tu dis “OK lĂ  j’arrĂŞte les soins que j’ai dĂ©marrĂ©s et je renonce Ă  faire la chose de plus qui a une chance de rĂ©gler la situation, et j’euthanasie mon animal”? Parce que laisser souffrir un animal malade, j’espère que tout le monde est d’accord que ce n’est pas acceptable.

Je connais maintenant plusieurs vĂ©tĂ©rinaires. Je gère aussi un groupe dans lequel il y a environ 300 vĂ©tĂ©rinaires – le groupe n’est pas très actif, mais tout de mĂŞme, “l’envers du dĂ©cors”, comme vous l’entendrez dans la vidĂ©o, si vous l’Ă©coutez. Je vous prĂ©viens, c’est dur. C’est pas pour rien que la profession vĂ©tĂ©rinaire affiche un taux de suicides record. J’entends dans les groupes souvent des paroles très dures envers les vĂ©tĂ©rinaires, et c’est rĂ©gulièrement dans des situations oĂą le dĂ©tenteur de l’animal n’a pas les moyens pour les soins qu’il faudrait, ou a longtemps tardĂ© Ă  consulter par peur des frais, pour se retrouver finalement dans une situation critique et bien plus onĂ©reuse.

Dans le groupe Diabète FĂ©lin, il y a une règle stricte interdisant ce qu’on appelle le “vĂ©to-bashing”. J’y tiens. On peut ĂŞtre en dĂ©saccord sur des dĂ©cisions, on peut mĂŞme considĂ©rer qu’un praticien n’a pas offert une prise en charge adĂ©quate (quand ça touche au diabète fĂ©lin, je vous assure qu’il y a souvent Ă  redire). Mais l’agression, le mĂ©pris, les insultes: cela n’est jamais acceptable.

Comme le dit l’oratrice, le milieu professionnel vĂ©tĂ©rinaire a ses problèmes. Mais une partie de ce qui influe sur la pĂ©nibilitĂ© de la profession est entre nos mains Ă  nous, maĂ®tres-dĂ©tenteurs-propriĂ©taires-domestiquĂ©s. Et nous pouvons y remĂ©dier relativement simplement, en incluant dans notre planification budgĂ©taire de quoi subvenir aux besoins mĂ©dicaux de nos animaux, d’une façon ou d’une autre.

Ainsi, on prend soin de son animal, de soi, et de son vétérinaire.