Internet, espace de vie [fr]

[en] About the profound humanness of the internet. It's not a space to "communicate", it's a space to "be" with other humans. The internet is made of people.

La fête: internet, c'est ça aussi.

Ce qui “coince” beaucoup de personnes quand elles envisagent leur propre présence en ligne, c’est cette conception d’internet (des médias sociaux, de facebook, etc) comme “canal de communication”. Ça peut l’être, certes, mais c’est réducteur.

Internet est un espace social. Il y a du “contenu”, mais surtout des gens. Vous vous souvenez de la vidéo “The internet is made of cats“? J’ai envie de dire “the internet is made of people”.

A la fin des années nonante, je découvrais internet, comme beaucoup de monde. Je faisais des recherches sur Altavista, je trouvais des nouveaux sorts à utiliser pour mes jeux de rôle. Je l’utilisais comme une bibliothèque. Je trouvais moyennement excitant.

Tout a basculé pour moi quand je me suis mise à chatter. Internet n’était plus cette bibliothèque silencieuse, mais mon Lapin Vert à moi. Puis j’ai commencé à me balader sur le web, et j’ai eu cette révélation: les sites que je visitais, les pages que je découvrais avec émerveillement, elles avaient été créées et mises en ligne par des gens comme moi. Et je n’ai pas tardé à les rejoindre. Le web, c’était cette collection de voix humaines.

Cette conscience profonde de l’humanité d’internet ne m’a jamais quittée. A travers les pages perso, les forums, les blogs, MySpace, Friendster, Flickr, Twitter, Dopplr, Facebook, coComment, Foursquare, Instagram, Snapchat, Periscope et tous les autres: ce sont les gens et les relations qui sont la structure sous-jacente du monde numérique.

Je ne vous raconte pas ça juste pour le shoot de nostalgie: c’est parce que c’est encore vrai aujourd’hui, mais comme ça a été le cas au début des années 2000 avec le web, la main-mise des marques sur les médias dits sociaux finit par nous faire oublier leur nature originelle, et qu’ils sont adaptés avant tout aux personnes.

Comprendre que Facebook et consorts sont des espaces de vie, ça va changer notre approche pour y “être”. Etre présent en ligne, c’est plus du savoir-être que du savoir-faire. Quand on se rend à un apéro ou salon professionnel, l’essentiel de ce qu’on y fait c’est rencontrer des gens, discuter, découvrir des choses intéressantes dont on va parler plus loin, etc. En ligne, ça peut être comme ça aussi. Et c’est quand on approche le online comme ça qu’il nous apporte le plus.

Avoir un compte Twitter sur lequel on cherche à “partager des choses” ou “gagner des followers”, c’est super chiant à faire. Par contre, être présent sur Twitter comme espace social, où sont tout plein d’autres personnes qu’on connaît, qu’on apprécie, qu’on découvre peut-être, ça oublie d’être du travail.

On comprend donc l’importance de l’authenticité et du “personnel” (de “personne”, pas dans le sens de “privé”) dans la présence en ligne: notre présence en ligne nourrit des relations avec d’autres humains, et nos relations aux autres s’ancrent le mieux dans notre humanité.

Cette approche nous libère également de l’éternel obstacle (excuse?): ça prend du temps. Oui oui, ça prend du temps. Tout comme boire des cafés ça prend du temps, aller à un apéro ça prend du temps. Mais ce qu’on dit quand on dit “j’ai pas le temps” ou “ça prend du temps”, c’est “c’est chiant à faire” et “je vois pas l’intérêt”.

Si on arrive à faire en sorte de vivre le online comme un espace social d’interactions auxquelles on prend plaisir, la question du temps que ça prend se transforme.

Quand vous pensez à votre présence en ligne, réfléchissez-vous en termes de “communication”, de “message”, ou bien est-ce simplement un espace où vous connaissez des gens et interagissez avec eux?

3 thoughts on “Internet, espace de vie [fr]

  1. Bonjour
    J’ai cherché des témoignages sur “quand reprendre un chat” et j’ai vu vos articles et votre histoire. Pardon de commenter sur celui ci, hors sujet du coup, mais comme je vois que vous êtes encore active sur ce blog, j’espère avoir une réponse.
    J’ai perdu 3 chats dans ma vie, le premier je m’en souviens peu car je l’ai quitté j’avais 8 ans et je ne le voyais que 2/3 fois par an après mais j’en garde un souvenir de bien être profond car c’était un chat hyper câlin. Ensuite j’ai eu Floppy, entre mes 8 et 13 ans, il avait à peine 5 ans quand ma maman la retrouvé mort, le jour de son anniversaire à elle, le 2 aout 1999. ça ma brisé en deux, injustice et douleur + crise d’ado ça fait pas bon ménage. 1 mois après, après avoir visité 2/3 endroits et sans coup de coeur, nous avons, un mardi du mois de septembre 1999 à 21h précises, été rendre visite à un couple qui avait 3 chatons. Et le seul qui est resté, c’était lui, Kitou. Il a passé 17 ans avec moi, 17 merveilleuses années. Des bétises, des peurs (tombé par la fenêtre !) et puis la vieillesse, la maladie, la perte … Cela fait 25 jours que j’ai dû accepter son départ, par nécessité médicale après un lourd traitement (insuffisance rénale, anémie, hyper tension, globule blancs élevés puis trauma à l’oeil et sénilité profonde qui empirait de jour en jour)
    Le 17 aout 2016, à 17 ans, j’ai trouvé le jour symbolique et je ne pouvais plus le voir souffrir. Il n’étais plus lui même mais je m’accrochais depuis plusieurs semaines car je vivais seule avec lui et j’avais peur de le perdre mais je savais que j’étais égoïste, qu’il fallait un jour, le laisser partir.
    J’ai traversé beaucoup de choses en 25 jours, des crises de larmes, énormes, un dégoût de plein de choses, mais dieu merci beaucoup de réconfort de mes amies en lignes, d’autre témoignages, de ma maman (merci maman) et même mes voisins qui ont 2 chats et qui ont tous le deux déjà perdus bon nombre d’animaux. Certains me conseillent d’en reprendre, d’autre d’attendre encore etc. mais je crois que votre histoire à révélé un truc important. Je DOIS savoir vivre SANS chat avant de pouvoir vivre avec. Car Kitou c’était le centre de mon attention, surtout vers la fin (depuis quelques mois) et je travaille à domicile, je sortais peu etc. et je pense que je lui ai mis trop de choses sur ses frêles épaules. Je sais aussi que oui, idéalement, je veux adopter deux chats. La dernière fois c’est ma maman qui a pris la décision, on avait pas les moyens pour la nourriture véto etc.. mais là c’est ma décision donc elle doit être réfléchie et mesurée. Je n’ai jamais remplacé Floppy par Kitou mais Kitou …. j’ai grandi avec lui, je l’ai accompagné au bout etc. lui non plus je ne le remplacerai jamais. Accepter sa mort, c’est violent, ça fait très très mal mais je ne peux pas reprendre un chat sparadrap comme tu dis, je ne veux pas infliger mes larmes ou mettre ce poids sur un nouvel ou deux animaux même. EN plus, il y a toujours un risque de le perdre jeune (à 2, 3, 6 mois) et si je le prend trop tôt et que je subis un nouveau deuil dans les mois à venir, je ne tiendrais pas le choc.
    Je ne sais pas quand je prendrai cet envol à nouveau mais malgré la douleur profonde qui m’envahit et les efforts que je dois faire pour m’occuper et vivre ma vie seule chez moi, je n’ai pas le choix. L’alternative, serait se dépérir et je ne veux pas. Kitou a joué son rôle jusqu’au bout, il m’a donné 17 ans, je dois lui accorder un deuil digne de cette relation. Si j’hésite encore à adopter, c’est que ce n’est pas encore le temps. Comment avez-vous gérer les premiers mois ? j’avance, mais c’est si long, si vide … surtout que je le soignais plusieurs fois par jour et pouf, plus rien. SI vous avez des conseils, je suis preneuse. J’arrive à reprendre espoir, chaque jour je découvre une partie de moi, une partie de mes soucis, ce qu’il représentait etc. et je pleure chaque jour, mais moins, différemment, mais ça fait toujours mal. J’espère vraiment que tous ceux qui m’ont dit que “ça irait un jour” ont raison. J’espère vraiment. J’ai vu le chat des voisins aujourd’hui, ils sont gentils car ils m’ont dit que leur porte était ouverte si besoin, j’ai apprécié pleinement de pouvoir caresser, sentir et entendre ce bel animal. mais j’ai aussi pleurer en le voyant. Et je ne veux pas infliger mes larmes à un nouvel ami. Donc je sais que c’est trop tôt mais c’est dur quand on vit seule…. les matins sont horrible, car j’ai presque réussi à “oublier” et ça revient, chaque jour … son absence, sa fin, son départ … est-ce qu’un jour ça fait vraiment moins mal ?

  2. Merci pour votre témoignage! En vous lisant, j’ai l’impression que vous tenez bien les tenants et aboutissants. Des conseils? Pas des masses, si ce n’est accueillir les larmes lorsqu’elles viennent, “en conscience”. Ce sont par elles que le deuil se fait. Avec le temps, ça s’espace, mais au milieu des périodes de calme il y a des resurgences — c’est pas grave, c’est comme ça, il faut aller avec. Ne pas être pressée: un deuil “simple” d’un être proche (et c’est clair en vous lisant que Kitou avait cette place), c’est facile 18 mois. Pour vivre seule, pas de recette miracle: prendre soin de soi, planifier pour avoir assez de vie sociale mais pas trop, mettre en place des rituels… La perte d’un chat c’est la disparition de tout un tas de rituels qui structurent notre temps, c’est donc utile d’en recréer. Et finalement, je dirais, profiter de sa liberté. Mon année “sans chat”, j’ai voyagé l’esprit léger (passée la douleur des premiers mois), j’ai pu rester dormir chez des amis sur un coup de tête, ne pas rentrer alors que j’avais prévu, etc. Courage pour ce deuil. Chacun avance à sa façon… faites confiance au processus!

  3. bonjour
    Cela fait 1 semaine que j’avais mis mon précédent message. la semaine a été une vraie torture. Peurs, larmes et nausées mais aussi par moment, une forme de sérénité que j’essaye d’apprécier.
    lundi prochain, le 19, je vais à la SPA voir si j’ai un coup de coeur. je ne met pas de pression, juste voir. En sachant que j’envisage de sortir un peu aussi, j’ai prévu d’autres activités pour ne pas rester chez moi et dépendre de mon chat pour mon équilibre. Pour les voyages, pas de soucis, je peux partir si je veux ma maman gardera le petit. J’aime m’occuper d’un animal, cela me manque. Mais je sais que je ne veux que son bonheur et pas pleurer sur lui.

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