Depuis hier après-midi, je parle à mon ordinateur. Le programme que j’ai acheté, Dragon NaturallySpeaking, marche plutôt bien. La preuve, je suis en train de dicter ce texte.
Je trouve épuisant d’apprendre à parler à mon ordinateur. Il ne s’agit pas simplement d’apprendre de nouvelles commandes. C’est un mode d’intéraction tout à fait différent, qui mobilise certainement une autre partie de mon cerveau. Le rapport que l’on a avec son ordinateur au travers de la souris est kinésthesique. La souris et le clavier mettent en jeux une mémoire du mouvement, même si ce mouvement, en ce qui concerne la souris, a lieu en partie à l’intérieur de l’écran, dans un espace virtuel. Lorsque l’on commande son ordinateur par la voix, par contre, ce sont les compétences linguistiques qui se mettent en marche.
Je suis toute maladroite avec ma machine. Déplacer la souris prend des siècles. Je prononce une commande, et des choses inattendues se passent. Je me dis que les personnes qui commencent à utiliser un ordinateur doivent ressentir quelque chose de similaire. Du coup, j’ai beaucoup moins envie d’utiliser mon ordinateur. Je n’y suis plus comme un poisson dans l’eau. Un peu comme ce week-end, lorsque j’ai essayé pour la première fois des rollers inline —que je n’étais pas aussi à l’aise que sur des skis
Dicter et taper sont aussi deux choses assez différentes. Merleau-Ponty a parlé de « penser en peinture », ou de « penser en écriture ». Ce n’est pas la même chose de penser en écriture ou de penser en mots prononcés. Est-ce que mon style d’écriture va changer ? J’ai tellement l’habitude de voir les mots passer directement de mon cerveau à l’écran, comme ça, sans effort. Ça fait bizarre de parler. Dolores, tu vas être contente : maintenant j’ai des guillemets français et des espaces avant mes points d’interrogation !
Bon, je vois que je commence à tartiner. Les hyperliens et les détails sur la reconnaissance vocale, ça sera pour la prochaine fois.
J’ai malheureusement perdu tous mes contacts ICQ. Envoyez-moi un petit message pour que je puisse vous rajouter, si jamais !