Je sais que je n’ai pas encore donné les détails ici, mais Oscar est en petite forme depuis quelques semaines. Il est sur la bonne pente mais ça a été chaud, et on lui a mis une sonde oesophagienne pour pouvoir l’alimenter durant ce passage difficile.
En début de semaine, j’ai réalisé que je savais plus où j’en étais avec les repas, les médicaments, etc. La routine habituelle était bouleversée, et ma mémoire me joue des tours. Lui ai-je donné son insuline ce soir ou pas? Embêtant de ne pas être sûre de la réponse.
J’ai donc fait une fiche dans laquelle je pouvais noter les choses au fur et à mesure, sur papier. Des années de gestion de diabète félin (et d’accompagnement de personnes qui se retrouvent face à ça) m’ont clairement convaincue des bénéfices d’avoir une forme de monitoring dans les soins. Je le fais aussi pour moi, depuis des années, avec une montre connectée qui m’indique combien j’ai dormi, ou en mesurant ma tension.
Voici à quoi ressemble la version actuelle, que je viens de mettre à jour:

Ces temps, je ne galère pas juste avec les médicaments d’Oscar. Je peine à garder un rythme correct pour mes journées (heures des repas, du coucher). Je peine aussi à me reposer suffisamment (donc à m’arrêter), et à simplement faire les choses que je veux faire. Je sais qu’un clé importante c’est de mettre en place des habitudes, mais c’est vite fait de glisser et de “lâcher”. Je me retrouve de nouveau à éteindre à 2h du matin, sans avoir tout à fait compris quand et comment j’ai perdu le bel élan d’il y a quelque temps pour reprendre contrôle de mes heures de coucher.
J’ai donc décidé, à l’écoute d’un épisode de podcast qui me rappelait que le tracking était un outil puissant, de faire de même pour moi. J’ai donc préparé un tableau de suivi, hebdomadaire cette fois, avec une partie qui contient les choses que je voudrais réussir à faire chaque jour (ou presque), et une autre qui me permet de noter les choses que je fais plutôt à l’échelle de la semaine (de quelques fois dans la semaine à toutes les quelques semaines). Le voici:

Vous voyez qu’il y a à la fois des points de planning, avoir fini de manger avant 14h par exemple, et des activités qui peuvent avoir lieu de façon flexible, comme jouer avec les chats, prendre un moment pour avancer sur mon puzzle, ou arroser les plantes.
A ce stade, il ne s’agit pas de “faire tout bien”. Il s’agit simplement d’avoir un espace (papier, toujours, ça évite de rallumer le téléphone pour mettre à jour et de tomber dans Facebook par la même occasion) où je peux consigner l’état des choses. Ça m’aidera d’une part à avoir du recul sur ce que je fais ou fais pas (“purée ça fait 3 semaines que je n’ai pas arrosé les plantes” ou “4 jours que je n’ai pas fait d’activité physique, je vais aller à mon rendez-vous à pied”) et d’autre part ça rajoute en effet une couche de motivation de mettre des petites croix ou des petites notes dans le tableau quand on fait les choses. Parfois, ne pas vouloir interrompre la jolie série de petites croix dans le tableau peut être la petite goutte de motivation qui fait qu’on pose son téléphone et qu’on va se mettre au lit avant d’être tellement fatiguée qu’il n’est plus possible de prendre un moment avec son livre de chevet.
On verra où ça me mène! Et vous (surtout si vous êtes Team TDAH), est-ce que c’est une stratégie qu’il vous arrive d’employer? Est-ce que faire en sorte que vos actions laissent des traces quelque part dans un registre vous aide à ne pas lâcher? Avez-vous déjà essayé, est-ce que ça vous parle?
J’ai enfin réussi à adapter ma stratégie actuelle (on sait bien que ça dure le temps que ça dure…) au fait que j’ai une tendance un peu contrariante/contestataire – j’aime pas qu’on me dise ce que je dois faire (et “on” inclut “moi-même”), et j’ai une grosse tendance à casser les streaks/séries (parce que ça me stresse quand elle devient trop longue).
Mais j’ai trouvé des choses très intéressantes dans https://borretti.me/article/notes-on-managing-adhd – en particulier l’utilisation de Todoist. J’ai mis ça en route y’a deux mois, et ça semble marcher. J’ai un onglet dans mon navigateur toujours ouvert, et l’app sur mon téléphone avec un gros widget pour l’avoir facilement sous les yeux. Le papier marche pas pour moi : il est toujours paumé / jamais au bon endroit / pas utilisable en dehors de la maison – du coup le numérique m’aide beaucoup. J’ai viré toutes les notions de “streak / félicitations tu as fait XXX tâches aujourd’hui”, parce que ça m’énerve. J’ai exactement 0 notification dessus, parce que les notifications me stressent et me font “ne pas faire les choses”, ce qui est contre-productif.
Mais je clique des petites cases, et je trie des tâches dans des projets, et je range tout bien (et ça ça plaît à mon neurone), je mets des trucs récurrents et des dates sur les trucs qui en ont besoin, tout en me laissant l’option de décaler/sauter/être flexible (ce qui évite de me sentir OBLIGÉE de faire les choses, et ce qui au final marche mieux pour moi aussi).
Bref, comme dit plus haut : on verra bien le temps que ça dure – mais pour l’instant ça tient depuis deux mois et ça me donne pas encore envie de tout balancer par la fenêtre, ce qui est positif et inattendu 😀
Bonjour Stéphanie,
cela fait des années que je te suis (presque depuis le début…), plus ou moins sporadiquement 🙂
Pour ta question, j’ai testé le Bullet Journal, que j’utilise depuis… 2013 je crois, mais en ayant beaucoup simplifié et mis à ma sauce. Je constate que tu en parlais aussi en 2018 : https://climbtothestars.org/archives/2018/11/30/un-bullet-journal-peut-etre-simple-5-minutes-chrono/
Je te rejoins entièrement sur “un feuille (ou un bloc) de papier pour éviter téléphone / ordi. C’était une des nombreuses raisons pour passer au BuJo. En revanche, j’ai assez vite lâché le tracking (ce qui était probablement une erreur, mais je n’ai pas la discipline, même si je ne peux pas me réclamer de la TeamTDAH).
Balise, c’est hyper intéressant ce que tu décris. Moi j’ai un rapport plus ambivalent à “qu’on me dise quoi faire”, souvent je suis tellement perdue à ne pas réussir à décider par quoi commencer, ou comment faire, que c’est un soulagement quand on me dit “fais comme ci” ou “commence par ça” ou “aujourd’hui tu fais x, y, z”. Bien sûr je n’aime pas qu’on me contraigne à quelque chose que je ne veux pas, mais quand c’est pour m’aider à prioriser parmi toute une série de choses que je veux (le scénario typique chez moi), c’est plutôt bienvenu.
Le “streak” ne me stresse pas, parce que je me sens “libre” de le casser – le voir s’allonger vient taper d’une part dans mon côté un peu compétitif qui aime bien le challenge (à noter à nouveau, c’est un challenge que je veux relever, et d’autre part ça me donne un petit plaisir de voir s’aligner les “succès”. Je suis quelqu’un qui marche très très fort au renforcement positif, il suffit qu’on me dise que je fais bien quelque chose ou qu’on relève un effort que j’ai fait pour que mon énergie soit démultipliée.
Donc pour moi la série ou le streak ça fait ça, c’est mon petit renforcement positif à moi-même, mais sans stress (sans “trop”) qui fait que je me sentirais “mal” d’avoir loupé un tour. Si je loupe, tant pis, on recommence!
En lisant l’article de Borretti je m’étais aussi dit que je devrais ressayer Todoist (côté numérique j’utilise plutôt Asana, donc peut-être réactiver Asana). Mais j’ai aussi réalisé que mon amour de l’organisation avait ses limites. J’aime assez d’organisation, avoir “tout bien rangé” ne m’apporte pas énormément de satisfaction. Ça reste très utilitaire, pour moi.
Je suis aussi “Team 0 notifications”, en tous cas à la base. Il y a quelques exceptions. Le papier, ça va et ça vient. En ce moment, comme je suis encore en arrêt de travail, je suis essentiellement à la maison, donc la portabilité n’est pas un monstre souci – la préoccupation est plutôt de réussir à m’extraire de mon téléphone. Je pense que même quand j’aurai repris le travail (bientôt avec un peu de chance!) le tracker papier qui reste sur la table de la cuisine pourra continuer à fonctionner.
Ta réflexion sur le fait que ça durera le temps que ça dure: aussi rappelé dans le podcast que j’écoutais, et ça m’a fait réaliser que le tableau de bord qui j’améliore en permanence et fais évoluer ça répond un peu à ce besoin de “changement”. Je me suis aussi dit que ça pourrait être stratégique de prévoir périodiquement un remaniement pour que le système reste frais et intéressant à utiliser: rajouter des couleurs, changer la mise en page, faire une version whiteboard, utiliser des autocollants ou des post-its… j’y réfléchis.
Docthib, quand tu dis que tu n’as pas la discipline pour le tracking, est-ce que c’est vraiment ça, ou bien est-ce que c’est que tu n’as pas de “système de tracking” suffisamment libre de friction pour que l’habitude soit facile à mettre en place?
J’ai effectivement fait du BuJo à ma sauce pendant quelque temps – j’ai en tous cas gardé du concept l’idée que dans un cahier, on n’a pas besoin d’écrire les choses à la suite, qu’on peut avoir des sections, qu’on peut regrouper des choses similaires à un endroit du cahier.
Périodiquement, je reprends un cahier quand les systèmes d’organisation numériques se cassent la figure. Mais ensuite je lâche le cahier… S’il y a une constante, c’est le fait que les systèmes ne tiennent pas super longtemps. C’est un peu lassant j’avoue! (Note à moi-même: faire quelque part un inventaire de systèmes, dans lequel je pourrais puiser quand j’ai besoin de changer, plutôt que réinventer à chaque fois?)
Pour répondre à ta question, je pense que de mon côté, ce n’est pas un problème de friction, ou absence de. Même si le concept de friction, que j’ai découvert pragmatiquement sur ton blog, a beaucoup de sens pour moi, et me permet de mieux comprendre ma résistance à certaines choses.
Voici quelques éléments de réponse, qui j’espère t’éclaireront, voire t’aideront. J’ai été (et suis toujours) un fou furieux de la recherche de productivité, et c’est probablement grâce à cela que j’ai découvert ton blog il y a trèèèèès longtemps. J’ai donc testé beaucoup de systèmes (notamment en lisant en parallèle ta propre quête), et certains systèmes ont vécu assez longtemps chez moi pour que je les mentionne : la méthode GTD, les cartes mentales, le Bullet Journal.
Première constatation : il n’y a pas un système qui marche bien pour tout le monde. L’appli la plus simpliste pour s’organiser manquera toujours d’un ou deux éléments pour certaines personnes; et les applis qui contiennent toutes les possibilités… sont impossibles à utiliser pour toute personne qui n’est pas leur concepteur (à qui l’appli va très bien). C’est pour cela que nous sommes nombreux/euses à avoir pioché à droite et gauche, et avoir rebâti notre système en gardant les briques qui nous parlent dans différents systèmes (lego).
Deuxième constatation : ce n’est pas qu’une question de friction, c’est aussi une question de personnalité. On peut le dire de différentes manières, mais peu d’entre elles sont positives. Il y a des personnes qui s’astreignent, et d’autre pas (pas positif) ; il y a des personnes qui ont de la discipline, contrairement à d’autres (itou) ; il y a des personnes qui veulent changer souvent ((déjà un peu mieux). Mon chemin personnel a été de me rendre compte que je ne suis pas une personne de routines. Et oui, si j’avais eu des routines, je serais probablement en meilleure santé musculaire, et j’aurais écrit tous les livres que je voulais écrire 🙂
Il y a un passage sur lequel je suis retombé aujourd’hui, et ça m’a fait penser à ta question et au tracking. J’essaierai de te le recopier, c’est tiré de “Traité du Zen et de l’entretien des motocyclettes” (que je relis périodiquement depuis 20-30 ans :-D)