Hors du quotidien [en]

Lausanne, 11-14 novembre 2002

La journée commence avec un chat déchaîné. Il court partout, fait ses griffes partout, met son museau partout. Rien à faire, il a décidé qu’il était temps que je me lève.

Je pose une chemise que j’adore au nettoyage à sec. C’est la première fois de ma vie que j’amène quelque chose au pressing. La chemise a une tache de cire à épiler. Ça date de « avant l’Inde ». Ça fait un bail.

Envoi d’un colis express à destination de Birmingham. Le colis contient un livre, une laine polaire noire, des biscuits de Noël, des habits d’enfant, des langes et une feuille de papier sur laquelle j’ai gribouillé quelques mots. Parce que hier, un employé travaillant pour une compagnie d’aviation dont je tairai le nom a pris son temps.

Pendant tout ce temps, c’est le déluge. J’aimerais qu’il neige.

Au travail, surprise : j’ai perdu durant le week-end les droits que j’avais sur la portion de serveur que j’administre. Enfin, les droits sont là , toutes les petites cases sont cochées (eh bien oui, on est sous Windows, nous, il ne faut pas rêver !) mais ce satané ordinateur fait comme s’il ne voyait rien.

L’ostéopathe est content : mon coude droit accepte sans trop rechigner la manipulation qu’il désire lui faire depuis près de six mois. Tout semble fonctionner. Il n’est pas impossible que je puisse bientôt tendre mon coude à nouveau.

Contact intime évité de justesse entre ma voiture et la barrière du parking souterrain. Il y a des pneus qui se sont amusés à amener de l’eau jusque sous la ville. Il doit y avoir un Dieu.

Je passe ramasser deux films chez le photographe. Les photos sont magnifiques. Akirno pose comme s’il avait fait ça toute sa vie (c’est presque vrai !) et il y a une photo de lui avec sa mère qui mérite agrandissement et cadre au mur.

Remontant Pépinet avec mon sandwich, j’aperçois un discret rassemblement sur le trottoir. Des policiers en civil sont visiblement en train d’arrêter deux hommes. Quelques minutes plus tard, je croise la voiture banalisée qui va les rejoindre, y compris le gyrophare amovible et le crissement de pneus à l’entrée de la place Saint-François. Lausanne est une ville calme ; je n’avais jamais vu de policiers en civil.

Une voiture est immobilisée juste devant moi à l’entrée du Pont Chauderon. Un homme et une femme y discutent. La file commence à s’étirer derrière moi. Un coup de klaxon, pas de réaction. Un deuxième. Conducteur et passagère changent de place. Lorsque je vois enfin clignoter les feux de panne, je sors de ma voiture et demande à l’homme s’il faut la pousser. Il est déjà en train de s’y mettre, mais à deux ça va plus vite. Une fois la voiture sur le trottoir, je reprends place dans la mienne, sans qu’on m’ait fait la grâce d’un « merci » ou d’un « au revoir ».

Les nuages se fendent pour laisser couler sur la ville le soleil jaune d’une fin de journée orageuse. C’est d’abord une petite tache qui éblouit le lac, puis la lumière qui court dans les rues de la ville, peignant les immeubles d’or sur fond de ciel noir, jusque dans mon quartier. J’entre dans mon appartement vide mais propre juste à temps pour saisir dans ma main la dernière goutte de cette lumière chaude.

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