Les deux premiers textes rassemblés ici ont été écrits en Inde, alors que je m’ennuyais à mourir à écouter toute la journée des conférences en sanskrit que je ne comprenais pas.
Le troisième texte que je reproduis ici à été publié dans mon weblog – il y est toujours, d’ailleurs.
Quand au dernier texte, le plus agréable, souriant et ensoleillé de tous (dans mon idée du moins!), il fait partie depuis longtemps de la partie “écriture” de ce site. Je vous invite à le découvrir si ça n’a pas encore été fait.
Gangakhed, Mai 2000
Résistance
Doucement, le sommeil cherche à s’en aller, mais elle résiste de tout son corps. C’est comme si le jour voulait l’entrainer dans un mauvais rêve.
Une nausée de déni la prend mais la réalité est là .
Le temps de la fuite est passé, irrémédiablement derrière avec le sommeil perdu. Il faut tirer cet esprit récalcitrant de son lit, et aussi le corps qui va avec – ce corps de plomb douloureux.
Prisonnière du réel
Le léger voile de la nuit se plisse, puis commence à se déchirer, fil par fil. C’est lent, mais on ne l’arrêtera pas.
Un chat prisonnier s’éveille. Il cherche à s’étirer, sent l’espace clos qui l’entoure et s’alarme. Ses griffes en sang lacèrent l’acier qu’elles ne raient même pas, ses cris de détresse se mêlant au souffle affolé et aux touffes de poils qui n’ont nulle part ou voler.
Il n’y a ni chat ni cage d’acier, juste elle et le monde – et cette détresse, celle de sa volonté impuissante, quand elle émerge du long sommeil dans lequel elle avait tout oublié.
Le jour s’infiltre dans la fêlure et tire. Elle s’accroche à son lit mais glisse sur le sable que le marchand y a déposé. Son corps hurle – tant de déni coule dans ses veines qu’il n’est plus que douleur.
Elle voudrait un autre choix, un sursis. Elle veut que ça s’en aille. Elle veut rester dans son oubli. Elle ne veut simplement pas se réveiller.
Mais personne ne peut recoudre la nuit et ramener l’oubli du sommeil. Le jour va gagner, il faut faire face.
Lausanne, Février 2001
Contraste
Il y a des jours où la vie semble plus difficile de d’habitude.
Ce sont les jours où l’on reste au lit jusqu’au dernier moment possible parce que se lever signifie qu’il va falloir affronter sa journée. Alors on traine un petit soi gris à travers les heures et la poussière. Le soir est là , et l’on se couche sans avoir vraiment eu l’envie ni le coeur de faire quoi que ce soit.
Heureusement, je sais qu’il y a aussi ces journées où l’on bondit hors du lit les yeux grand ouverts au soleil qui brille. Tout est facile, la vie est un sourire, quelque chose nous porte. On se couchera tard mais pas trop, histoire de ne rien rater de cette journée, mais de ne rien prendre non plus à la suivante.
Le Mont, Août 1992
Emergence
Jusque là , elle avait flotté dans un nuage de petites bulles cotonneuses, sans se soucier d’où pouvaient bien être le bas et le haut. Tout lui était agréable: elle ne pesait rien, elle ne sentait rien.