Avec cette méthode simple, domptez votre paperasse! [fr]

C’est attirant comme idée, non?

Le titre est un peu racoleur, j’avoue. Exprès.

Tout le contraire de ma philosophie habituelle “under-promise, over-deliver“. Mais allez, des fois il faut sortir de sa zone de confort et changer de style.

“Dompter” est un peu exagéré, comme terme. “Garder suffisamment sous contrôle”, c’est mieux, mais moins vendeur. Et si la méthode est, effectivement, simple, la meilleure méthode du monde ne peut rien si on n’arrive pas à l’appliquer.

Et donc, cette méthode?

Depuis plus de 15 ans, j’utilise un simple système de tri alphabétique pour mes papiers, décrit dans le livre Getting Things Done (d’où j’ai également tiré la “règle des deux minutes“). Il vous faut:

  • un tiroir à dossier suspendus (à defaut de tiroir il y a des cartons prévus pour, mais honnêtement, un chouette tiroir bien profond et qui coulisse bien ça rend la vie très agréable)
  • des dossiers suspendus: au moins 26 pour démarrer, un par lettre de l’alphabet (avec les manchons et étiquettes)
  • des fourres plastique (allez, je dirais une centaine, ça dépend de la quantité de paperasse que vous avez)
  • une étiqueteuse (le machin basique à 30-40 francs) ⚠️ c’est vital l’étiqueteuse, ne sautez pas cette étape!
  • de la paperasse à classer.

Préparez les dossiers suspendus: une lettre par dossier, indiquée clairement, de façon à ce qu’en regardant le tiroir on puisse tout de suite arriver au dossier de la lettre désirée.

Ensuite, c’est simple: chaque type de paperasse va dans une fourre plastique avec l’étiquette correspondante. Ça peut être aussi précis ou général que vous voulez. Exemples:

  • AVS
  • Mastercard
  • Contrats
  • Diplômes
  • Factures payées 2020
  • Téléphone mobile
  • Garanties
  • Bail
  • Chats (ou alors, le nom du chat)
  • Séminaire xyz juin 2019
  • BCV
  • Impôts 2022
  • Fiches de salaire

Il n’y a pas de règle pour comment on “nomme” ces regroupements de papiers, ou pour combien de papiers on met dans une fourre. Chacun est libre de choisir les regroupements ou mots-clés qui font sens pour lui ou elle.

On range ensuite la fourre plastique dans le dossier suspendu qui correspond à l’étiquette sur la fourre. Garanties => sous “G”, Contrats => sous “C”, etc.

Pourquoi ça marche? (pour moi en tous cas!)

Ce que j’aime dans cette méthode c’est qu’elle élimine le besoin de hiérarchiser ou de regrouper les différentes thématiques, ou de définir des “méta-catégories”. On utilise simplement l’ordre alphabétique, que l’on connaît bien. Cela signifie que quand on a une nouvelle fourre à ajouter (un nouveau type de paperasse!), on n’a pas besoin de se demander “où” ou “avec quoi” on va ranger ça. On regarde simplement comment ça s’appelle, et hop, c’est rangé. Moins de charge mentale/cognitive!

Un autre avantage, pour moi, c’est qu’il n’y a pas de classeurs, pas de trous à faire. Du point de vue de la manipulation physique, c’est très simple. Donc là aussi, un obstacle en moins (“Damned, où ai-je bien pu mettre la perforatrice?!”)

Ensuite, quand on cherche quelque chose, même si on ne se souvient pas à 100% de ce qu’on aurait pu écrire sur l’étiquette, si on l’a fait en suivant sa propre logique, il y a probablement deux ou trois termes à essayer, et c’est facile de vérifier en regardant dans le dossier suspendu des lettres en question. (Exemple: “Assurance maladie”, c’est certainement sous “A” ou “M”; ou bien, ai-je mis ça sous “Carte de crédit” ou “VISA”?)

De façon générale, cette méthode me plaît car elle est suit la philosophie de “assez d’organisation pour s’y retrouver, mais pas tellement d’organisation qu’on y passe plus de temps que le temps que ça nous économisera quand on cherche quelque chose”. Somme toute, il n’est pas si fréquent que ça qu’on ait besoin de quelque chose qu’on a “rangé dans sa paperasse”. On peut se permettre de passer 5 minutes à faire le tour de quelques dossiers suspendus quand c’est le cas.

Bonus! Factures et paiements

Avec les années, voici ce que j’ai mis en place pour mes factures et paiements.

D’abord, je ne classe pas mes factures une fois payées. Elles vont toutes dans la même fourre plastique, une par année. ?

Réfléchissez. Combien de fois par an est-ce que vous avez besoin de ressortir une facture spécifique, version papier? Quand on veut savoir si on a payé quelque chose, ou quand on l’a payé, le plus efficace est au final de faire une recherche dans son e-banking. Et si vraiment on a besoin de retrouver la facture papier payée, faire le tour d’une pile où tout est dans l’ordre plus ou moins chronologique pour l’année, même si un peu en vrac, ça prend max 20 minutes. Est-ce que l’effort et le temps de classement de ces factures vaut la peine, si au final on économise une ou deux fois par an 15 ou 20 minutes?

Donc, je prends ma pile de factures à payer (soit je les mets direct dans une pile à payer au fur et à mesure quand j’ouvre mon courrier, soit je prends d’abord la pile de courrier et j’extrais toutes les factures), et je les scanne les unes après les autres avec mon téléphone pour les payer.

A une époque, je mettais sur chaque facture la date. Au début, la date prévue du débit. Puis, pour simplifier, la date du jour où je donnais l’ordre, parce que justement, c’est si facile de retrouver la date du débit dans mon e-banking. Mais le problème c’est que parfois je n’avais pas un stylo sous la main. Et il m’est déjà arrivé de retrouver une pile de factures et de devoir vérifier si je les avais payées ou non.

Donc, la solution (avec crédits et remerciements à mon paternel): une fois une facture payée, faire une petite déchirure en bas de la feuille, comme sur un ticket de caisse. Ça indique que ça a été payé. On peut même faire toute la pile d’un coup. J’utilise d’ailleurs la même technique, maintenant, pour les justificatifs de frais médicaux pour la caisse maladie.

Petite conclusion

On est tous différents, on fonctionne tous différemment, et on a tous des besoins différents en matière d’organisation. Je décris ici ce qui marche pour moi dans l’idée que ça puisse donner de l’inspiration ou des idées à ceux qui le liront. Ce n’est pas “le meilleur moyen” de faire les choses, juste un moyen parmi d’autres. Si vous classez vos factures et que vous aimez ça, si l’idée d’un classement “plat” alphabétique vous donne des boutons, alors n’essayez pas de faire comme moi! Par contre, si vous souffrez chaque mois à mettre vos factures dans un classeur bien catégorisé, si vos papiers à classer restent à l’état de pile grandissante parce que votre système d’organisation vous demande en fait trop d’efforts à mettre en oeuvre, voici peut-être des idées à essayer.

Les commentaires sont à vous si vous voulez nous dire comment vous vivez votre paperasse, et comment vous en faites façon!

Hearing Less: Dealing With Bad Audio Recordings in the Classroom [en]

Taking example on Meryl who has started sharing similar stories on Facebook, here’s a little testimonial of my “somewhat deaf” life.

With my hearing aids, I’m fine for conversations with people (masks make it harder but not impossible unless people are very soft speakers), even in somewhat difficult settings.

But one disastrous context is non-professional recordings played through loudspeakers in echoey classrooms. I honestly can’t understand half of what is being said.

As this is often played through the teacher/trainer’s computer, I’ve come up with a workaround. I’ve bought a mini-jack split cable and an extension cord, so that I can listen to the audio through my headphones while the audio also goes to the classroom loudspeakers.

Note 12.01.2022: sometimes computers have VGA and audio on different sides. Worth having an extra VGA or mini-jack extension for these baffling situations.

This of course requires explaining the situation to the trainer (so far, everybody has been lovely about it), pointing out that I depend on the volume setting on the computer (keep it at maximum), and so they need to use the controls for the room loudspeakers to make it less loud for the class if needed.

Soundcheck recommended! I once forgot, and hadn’t realised the sound was going out through the HDMI cable, and not the mini-jack port!

One annoying situation that arises nonetheless is when trainers interrupt the recording to make a comment. I remove my hearing aids to put my earbuds in, so when the recording is stopped, I fiddle to get my hearing aids back in, and by the time I’m done, sometimes the comment the teacher was making is over! Worse: speaking over the audio of the recording… I miss everything.

But globally it’s a very good solution for me.

I use another workaround in my German class. We have an application which allows us to listen to the audio tracks at home. So when one is played in class, the teacher tells me which number it is and I play it on my phone with the earbuds. My comprehension score for German has gone way up this way! ?

So there you are, a glimpse into my “less-hearing” life!

Initially published on 15.10.2021 on Facebook

Quand toute une vie prend sens: les pièces du puzzle qui manquaient [fr]

[en] 2021 will forever be the year where I finally got the explanation and solutions to so many of the problems which plague my everyday life: chronic procrastination, tons of ideas of things to start but huge difficulties with follow-through and finishing, difficulties with delayed gratification, inability to "just do it" but at the same-time machine-like productivity when in the right context, etc.

Il y a des moments dans la vie où tout change, où tout va changer, où on voit que tout est en train de changer. Depuis quelques mois, je vis un moment comme ça. L’année 2021 va rester un tournant capital dans l’histoire de ma vie. 

La procrastination

Depuis toujours, je me heurte à des problèmes de procrastination. J’ai d’ailleurs écrit une pile d’articles à ce sujet. J’ai mis une énergie énorme à apprendre à m’organiser, à planifier, à construire des habitudes, pour garder un semblant d’ordre dans toutes les choses que je devais faire, et compenser ma gestion du temps plutôt cataclysmique.

Et ça a marché, jusqu’à un certain point. Mon entourage me voit souvent comme la reine de l’organisation. J’ai réussi à ne jamais m’attirer de gros ennuis administratifs. Par contre… que de stress, que d’efforts, que de culpabilisation à me dire que si je n’arrivais pas à faire ceci ou cela plus facilement, ça devait bien être parce qu’au fond je ne voulais peut-être pas vraiment. Quand on échoue jour après jour à “s’auto-discipliner”, difficile de ne pas se sentir responsable.

Terminer les choses

Toute ma vie, j’ai aussi eu un mal fou à terminer les choses, et à tenir des projets sur le long terme, à faire des choses maintenant en vue d’un objectif distant. J’ai bien failli échouer mes études par abandon au mémoire, tant je n’arrivais simplement pas – mais vraiment pas, c’était comme une impossibilité physique – à m’y mettre. Des idées de choses à démarrer, j’en ai à la pelle. Je démarre, je mets en route. Mais après le soufflé retombe, et ce qui était si enthousiasmant devient une chose de plus sur la liste de choses à faire. Difficile de ne pas voir ça comme un échec moral, une paresse de la persévérance, un manque de ténacité ou de volonté à faire des tâches un peu ingrates.

Une carrière sur mesure

J’ai vite compris ça, quand j’étais indépendante, et centré mon offre autour de services qui ne m’obligeaient pas à faire ce qui était si difficile pour moi: globalement, je me faisais payer pour du temps que je passais avec des gens (formation, consulting, conférences) et j’évitais les projets qui nécessitaient que je passe de longues heures “toute seule” à travailler dans mon coin, ou dont l’objectif était trop éloigné dans le futur. Ça a marché pas trop mal pendant 10 ans – mais ça m’a aussi limitée. Il y a des tas de choses que je n’ai pas entreprises, que je n’ai pas faites: je n’ai pas créé d’entreprise. Je n’ai pas écrit de livre. Je n’ai pas monté une expo photo. Je n’ai pas monté une super offre de services bien emballée avec ce qu’il fallait de marketing et d’arguments de vente. Côté biz dev, ce que j’ai fait pour moi a tout de même été passablement limité. Je me laissais porter par le flot, je saisissais les opportunités qui passaient.

Se motiver!

Le sujet de la motivation m’a toujours beaucoup intéressée, parce que c’était à travers ce prisme que je comprenais mes difficultés. J’ai beaucoup lu et réfléchi, beaucoup cherché de clés. Esclave de la récompense immédiate, je ne savais pas comment me motiver, alors que je voyais bien que j’avais une capacité immense à me plonger dans quelque chose quand j’étais, justement, motivée: j’ai ouvert un espace coworking en moins de deux mois, j’ai appris à peu près tout ce qu’il y avait à apprendre sur le diabète félin, j’étais “à fond” sur tout ce qui se développait comme nouvel outil dans les débuts du web social… Pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à contrôler ou canaliser ça, à être quelque part entre la quasi-obsession et l’inertie?

Le lien entre mon incapacité à arrêter et mon incapacité à commencer m’était clair, mais je sais aujourd’hui qu’il me manquait un élément crucial de compréhension. J’ai appris au final que quand je sentais un élan pour faire quelque chose (même pour écrire un article pour mon blog), il fallait que je le fasse tout de suite, sous peine de voir cet élan s’éteindre et disparaître à jamais. J’ai aussi appris que cela ne servait à rien que je prévoie de préparer une conférence ou une formation à l’avance: je n’y arrivait simplement pas. Alors j’ai pris l’habitude de bloquer le jour ou deux avant pour le faire.

Moins de charge mentale

Un des facteurs qui m’ont poussée à revenir à la vie salariée après tant d’années à mon compte, c’était, outre les simples problématiques de chiffre d’affaires, le souhait d’avoir moins de charge mentale, que toutes les décisions ne dépendent pas de moi, d’avoir un regard sur mon travail. Et j’avais raison. Dans mes emplois salariés, je ne procrastine pas ou peu, je mets à profit mes compétences organisationnelle, je fais les choses – parce qu’il y a d’autres personnes qui comptent sur mon travail, parce qu’il y a un cadre qui est donné (tu viens au boulot, tu te poses à ton bureau, tu bosses), parce que souvent aussi, il y a des gens qui apprécient ce que je fais. Et ça suffit à lever la barrière. Je fais. A se taper la tête contre les murs, et à me demander pourquoi je n’arrive pas, à la maison, à faire la vaisselle après avoir mangé mon repas. Mais j’ai quand même fait deux burnouts, mine de rien, et pas passé loin du troisième.

Gestion émotionnelle

Sur un plan plus personnel, les émotions ça a toujours été un problème. Trop d’émotions, que j’ai longtemps gardées sous cloche. Des nombreuses années de thérapie m’ont aidée à en avoir moins peur, à les apprivoiser, à savoir quoi en faire. Et à nouveau, pour beaucoup de personnes de mon entourage, j’ai une “sagesse émotionnelle” et une compréhension des émotions que beaucoup n’ont pas. Parce que je n’ai pas pu faire autrement.

Mais malgré tout ça, j’ai continué à galérer avec des problèmes de gestion émotionnelle que je n’arrivais pas à dépasser. Quelqu’un se parquait sur ma place de parc, ou quelqu’un disait quelque chose sur facebook, et ça m’était impossible de “lâcher la chose” avant de l’avoir résolue. J’en perdais des demi-journées voire des journées entières de travail. J’avais l’impression d’être à la merci de la moindre contrariété, qui ferait voler en éclats tous mes beaux projets de faire ceci ou cela ce jour-là. Je parlerais peut-être une autre fois de ma vie sentimentale, mais elle a été la victime de ces mêmes difficultés de “trop d’émotions”.

Procrastiner le coucher

J’ai aussi toujours eu du mal à me mettre au lit. C’était comme si, plus j’étais fatiguée, moins j’arrivais à me coucher. Je le voulais, pourtant. J’étais raide! Mais je “procrastinais le coucher”. Alors OK, j’avais peut-être des peurs d’enfant autour de dormir, de mourir pendant la nuit, mais vraiment, c’était surtout que je me retrouvais prise dans une autre activité, pas toujours excitante ou intéressante, et que je n’arrivais simplement pas à me “bouger” pour me mettre au lit. Vraiment, je me disais: zéro auto-discipline. Il y a de quoi se sentir vraiment nulle.

De pire en pire

Ces dernières années, j’ai eu le sentiment que ces difficultés ont empiré. Peut-être que ce n’était que l’effet du temps qui passe, un peu l’âge aussi, la lassitude de rester coincée toujours devant les mêmes échecs, malgré le travail sur moi, malgré mon envie que ça change. Je finissais par me dire, pour de vrai, il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. J’avais toujours eu cette impression, une grande crainte au fond de moi que je ne laissais pas trop monter à la surface, qu’il y avait chez moi quelque chose de “cassé”. Mais bon, tout le monde se sent un peu comme ça face à ses échecs, non?

Mon impression générale était que la vie était juste beaucoup plus difficile pour moi que ce qu’elle aurait dû être. Malgré mon intelligence, mes compétences, mes qualités (que je ne mettais pas en doute en mon for intérieur), je n’arrivais quand même pas. Est-ce que vraiment c’était normal d’être aussi épuisée juste à tenter de gérer le quotidien domestique, alors qu’en plus, je ne travaillais même pas? J’avais envie de plein de choses, plein de projets, mais quand j’en avais le temps, me bouger était une montagne tellement insurmontable que je n’avais plus envie de rien et que je restais à glandouiller. Et je n’étais pas déprimée. J’avais un point de repère, pour ça, et ce n’était pas ça. Je l’ai dit comme ça parfois: “J’ai du mal à faire. C’est comme si c’était super difficile pour moi de faire.

L’extérieur et l’intérieur

Je vous raconte tout ça pour poser le contexte. Toutes ces difficultés de vie, pour l’essentiel, je les ai vécues en privé. Les gens voient ce que j’ai accompli, ce que j’ai fait, me voient quand je suis en contact avec d’autres gens (eux, déjà!) mais pas quand je passe une journée entière à ne pas arriver à faire une petite chose que j’avais décidé que je ferais. Pas quand c’est le week-end et que je n’ai envie de rien alors qu’au fond j’ai des tas de projets et le sentiment de n’avoir jamais le temps, et que là, je l’ai, le temps, mais je n’arrive rien à en faire. C’en était désespérant. Et ce qui était particulièrement désespérant aussi, c’était de ne pas réussir à savoir si j’étais en train de me plaindre pour rien (tout le monde procrastine, au final, tout le monde est fatigué, oui la vie est difficile et pleine de contrariétés) ou si vraiment il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi. Parce que bon, je m’en sortais quand même pas mal dans la vie, hein. Quand je partageais mes problèmes, beaucoup de gens semblaient s’y retrouver, mais pour une raison qui m’échappait, ça ne semblait pas forcément leur poser autant de problèmes qu’à moi. Ça a duré des années, et des années, et des années encore.

Spoiler: il y avait vraiment quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi. C’était vraiment pas normal de galérer autant. 

Epiphanie

En août, je suis tombée sur un article qui parlait du sous-diagnostic d’un certain trouble neuropsy chez l’adulte. J’ai commencé à le lire sans intérêt particulier autre que ma curiosité générale pour tout ce qui touche au fonctionnement humain, parce que je ne me sentais pas du tout concernée. Mais au fil de l’article, je ne pouvais pas ignorer qu’ils étaient en train de décrire toute une ribambelle de problématiques et caractéristiques dans lesquelles je me retrouvais:

  • procrastination chronique
  • difficulté à s’en tenir à ce qu’on a prévu de faire ou planifié
  • toujours envie de chercher ou d’apprendre de nouvelles choses
  • capacité à se focaliser à fond sur quelque chose, en ignorant tout le reste
  • souvent sous-employé par rapport à ses capacités, ou en train de galérer dans un job à la hauteur de ses compétences
  • tendance aux comportements addictifs (avec ou sans substances), sports à émotions fortes
  • attrait pour des professions stimulantes (pompier, secouriste par exemple, ou demandant beaucoup d’apprentissage ou de réflexion)
  • un problème lié à un déficit de dopamine et de noradrénaline (deux neurotransmetteurs qui interviennent dans les circuits de motivation et de récompense)

Ça a suffi à m’interpeller. Me questionner. J’en ai parlé à mon entourage, d’abord précautionneusement, puis avec un peu plus de certitude. Certains étaient poliment dubitatifs (“à ce moment-là, moi aussi” ou bien “ouais mais bon tout le monde a ces problèmes”), d’autres m’ont dit “mais bien sûr que tu es comme ça, tu ne savais pas?!” ou encore “ah oui, c’est en effet pas normal d’avoir autant de difficultés…”

Plein de pièces de puzzle

J’ai trouvé un questionnaire d’auto-dépistage (un vrai, celui qu’utilisent les psys) et je me suis retrouvée avec toute une série de croix “dans la zone grisée”. De plus, début 2019, j’avais fait une expérience étrange avec un antidépresseur (post-burnout) qui avait eu un effet quasi magique sur mes difficultés à faire des choses. En creusant un peu, j’avais découvert que ce médicament augmentait aussi la concentration de noradrénaline dans le cerveau, un des neurotransmetteurs qui pose problème dans le trouble en question. Dingue! J’ai rejoint des groupes facebook, j’ai parlé avec des gens concernés, j’ai regardé des conférences et lu des articles.

Très vite, c’était comme si les pièces de puzzle manquantes de ma vie commençaient à tomber en place. Tellement de choses s’expliquaient! Tout ce qui coinçait encore dans ma vie et m’empêchait d’avancer s’expliquait. Et avec cette explication, il y avait aussi l’espoir d’un changement, à travers une prise en charge spécifique.

Diagnostic

J’ai vite pris les devants pour trouver un spécialiste (malgré le scepticisme de ma psychiatre traitante) pour avoir un diagnostic – ou pas. J’y suis allée la peur au ventre, j’avoue. Cette hypothèse expliquait tellement de choses, mais j’avais tellement peur de me tromper, d’avoir été victime de l’effet Barnum (qui fait qu’on se reconnaît dans des descriptions un peu générales qui pourraient finalement coller à n’importe qui). J’ai beaucoup douté pendant les deux mois d’attente pour ce rendez-vous. C’était un peu “schizophrène”, entre soulagement de savoir enfin (je croyais avoir trouvé) et peur terrible de me tromper et de me retrouver au final sans porte de sortie.

Mais ça a été vite réglé. Après une séance d’intense discussion et une bonne heure passée à mettre des croix dans beaucoup de questionnaires, le spécialiste a confirmé mon “auto-diagnostic”. Je suis ressortie du deuxième rendez-vous avec la référence d’un livre spécifique pour m’aider à affiner mes stratégies de compensation (car j’en avais déjà beaucoup), et une ordonnance.

Prise en charge

Il y a un mois, j’ai donc commencé à mettre en pratique ce que je lisais dans ce livre (extrêmement bien fait, pragmatique, et écrit pour que ce soit facile à mettre en oeuvre). A chaque page, je comprenais mieux pourquoi telle ou telle chose était difficile pour moi, et comment contourner cette difficulté. Je voyais que j’étais déjà vraiment sur de très bonnes pistes avec ce que je faisais pour “me gérer”, mais il me manquait ici et là des morceaux pour que ça marche vraiment bien. C’était un tel soulagement d’avoir enfin une aide et des explications spécifiques à ma problématique.

Une semaine plus tard, début décembre, j’ai commencé les médicaments. Avec un peu de trépidation, évidemment. Ça aide pour beaucoup de gens, pas tout le monde. Certaines personnes ne les tolèrent pas. J’avoue qu’après mon expérience imprévue avec l’antidépresseur à inhibition de recapture de noradrénaline, j’avais bon espoir que ça m’aide. Je n’ai pas été déçue. Les médicaments ne sont évidemment pas magiques, mais c’est comme du fart sous les skis. Ça rend les choses beaucoup plus faciles.

Passer de l’intention à l’action

Une des manifestations générales du trouble en question est une difficulté à passer de l’intention à l’action. Je reviendrai là-dessus dans un autre article, mais une fois qu’on a compris ça, tout s’explique. Avec les médicaments, c’est juste plus facile de faire. Je pose une assiette dans l’évier, “ah ben tiens je vais aussi la laver pendant que j’y suis”. J’ai décidé qu’à telle heure j’allais faire telle chose, eh bien, sans gros effort, je m’y tiens. Il y a d’autres effets aussi, très très intéressants, qui feront l’objet d’un autre article, mais en gros, ça veut dire qu’avec les médicaments, j’arrive beaucoup plus facilement à réellement mettre en application ce que j’ai dans ma boîte à outils pour gérer la vie.

Le résultat de tout ça, c’est que depuis un mois environ, ma vie a vraiment changé. J’arrive à faire ce que j’ai prévu de faire. Je passe de bonnes journées. Je reprends confiance en moi. Je commence à entrevoir qu’un jour il me sera possible de faire des choses en vue d’un objectif à moyen ou long terme. Ma charge mentale a fondu comme neige au soleil.

C’est vraiment le début de la suite de ma vie.

Mais alors, c’est quoi?

Si je n’ai pas entamé cet article avec le nom du trouble qui m’a été diagnostiqué (et qui concerne, à des degrés divers, un adulte sur 20 ou 25), c’est parce que ce nom charrie de nombreux préjugés, et qu’il est – je ne suis pas la seule à le dire – assez mauvais. Ma mécompréhension de ce trouble, certainement basée sur son nom et les idées reçues qui circulent à son sujet, a clairement retardé mon diagnostic et ma prise en charge, et m’a valu plusieurs années de galère personnelle en plus. Je voulais donc raconter mon histoire d’abord, que vous ayez l’occasion de la découvrir sans les lunettes déformantes de l’étiquette que peut conférer ce diagnostic.

J’ai un autre article prévu dans la pipeline pour parler plus en détail de cette histoire de nom et des idées reçues, mais je ne vais pas vous laisser en suspens d’ici là. Le truc qui fait que j’ai du mal à faire les choses, à passer de l’intention à l’action, que ma gestion émotionnelle est un peu bof, que je suis comme prise dans l’immédiat du présent, que tout m’intéresse, que je déborde d’idées et de projets mais que je n’arrive rien à finir, que je suis créative et que je parle peut-être un peu trop, que je peux me plonger dans un truc et abattre un boulot énorme en un rien de temps ou devenir une experte de quelque chose que je ne connaissais pas, en gros, ce truc “qu’ont” les personnes comme moi qui ont une fonction exécutive pas top, on appelle ça un TDAH. Oui, le fameux Trouble du Déficit de l’Attention avec/ou sans Hyperactivité.

Ça vous fait quoi?

Peut-être que vous étiez familiers avec ce trouble et que vous saviez de quoi je parlais dès le début de cet article. Peut-être que, comme moi avant, ces quatre lettres évoquent “court partout et n’arrive pas à se concentrer plus de 2 minutes”. Peut-être que ça vous paraît très étonnant de me voir concernée par ce diagnostic, ou au contraire, pas du tout. Peut-être que ça vous dit vaguement quelque chose, mais que ces histoires de “trouble d’attention” ou “d’hyperactivité” c’est vraiment à la périphérie de votre conscience, un truc dont on n’est même pas vraiment sûr si c’est “pour de vrai” ou un machin à la mode un peu inventé de toutes pièces pour excuser une mauvaise éducation, la paresse, ou trop de complaisance envers soi-même. Peut-être que vous vous reconnaissez dans mon histoire, peut-être un peu trop pour votre confort, et que vous êtes en train de vous demander, entre sueurs froides et lueur au bout du tunnel, si vous aussi, non mais quand même, je saurais si j’avais ça…?

Toutes ces réactions sont légitimes. Les commentaires sont ouverts, et mes MP/Whatsapp aussi. En attendant d’écrire plus sur le sujet (et sur cette période charnière de mon parcours de vie), je vous laisse avec quelques liens si vous souhaitez creuser un peu:

Quintus, 1 an [fr]

13.12.2021, 21:20

Demain, le 14 décembre, cela fera un an jour pour jour que j’ai dit adieu à Quintus. J’ai récupéré ses cendres, comme je l’ai fait pour mes autres chats, et depuis, il y a une petite boîte sur ma table de nuit, tout près du coin du lit où il a passé une grande partie de ses dernières années.

Je n’avais pas le coeur de le mettre ailleurs. Alors le projet, c’est d’aller disperser ses cendres dans le jardin, comme je l’ai fait pour Bagha, Safran, et Tounsi avant lui. Alors c’est dur tout court, de faire ça, mais là, doublement dur parce que ses dernières années de vies étaient tellement peu dehors.

Mais je veux me souvenir aussi des années où il passait des heures installé sous le buisson devant l’immeuble, où on se promenait avec Tounsi autour du bâtiment, où il courait à travers le gazon, chassait, et grimpait même aux arbres.

Alors demain, je prendrai mon courage à deux mains, même si je ne suis absolument pas prête, et je ferai un pas de plus dans ma vie sans Quintus.

14.12.2021, 18:08

Il y a des moments où il faut aller de l’avant avec la vie, même si ça fait mal. Se souvenir que le chat qu’on aimait, avec son corps si chaud, ses poils si doux, son odeur, sa truffe humide, son ronron et ses coups de langue, et bien maintenant, c’est un petit tas de poussière dans une boîte. Que c’est fini, qu’il n’est plus là, qu’il est mort, pour toujours. Qu’il est temps d’aller de l’avant dans la vie, sans le chat.

Alors j’ai regardé cette poussière, qui n’est plus rien du chat que j’aimais, qu’un souvenir, et bien moins vivant que celui qui est dans mon coeur, quelques grammes symboliques que je vais rendre au jardin qu’il aimait, avec quelques larmes, la mémoire des précieuses années ensemble, la poussière qui s’envole et le sable qui tombe au sol.

Et puis, renter à la maison, faire un câlin au chat qui est là, tout chaud, tout vivant, et qui un jour aussi, si on a de la chance, sera un petit tas de poussière et de sable, au fond d’une boîte.

Ecouter: partie 1 | partie 2

Avoir un animal est une charge financière qu’il faut pouvoir assumer [fr]

[en] Having a pet is a financial responsibility. Get health insurance for your pet or start a "health savings" account for them. They will fall sick and die someday, inevitably. See your vet at least once a year for a check-up and head to the clinic early if you suspect something is going on.

Je viens de regarder la vidéo ci-dessous et je souhaiterais reprendre certains des conseils de l’oratrice aux propriétaires de chats et de chiens – auxquels je m’associe:

  • prenez une assurance-maladie pour votre animal – ou bien prévoyez un compte-épargne pour lui, afin de ne pas vous trouver dans la situation où il a besoin de soins que vous ne pourrez pas vous permettre
  • voyez votre vétérinaire au moins une fois par an pour un contrôle, et le plus tôt possible en cas de suspicion de problème
  • ne donnez pas d’animaux en cadeau, même dans la famille: un animal est non seulement une charge financière mais aussi une charge niveau temps, et le maître doit prendre cette charge en connaissance de cause.

Un animal, même si on l’adopte petit, va tôt ou tard tomber malade ou avoir un accident, vieillir, et finalement mourir.

Outre le groupe de chats diabétiques que je gère, je suis dans nombre de communautés “chats” en ligne. Et tous les jours ou presque, je vois des situations passer où les soins à l’animal sont compromis par l’aspect financier. Je sais, ce serait moche de devoir dire “si t’as pas de thunes, tu peux pas avoir un animal”, mais un animal ça coute, et il faut tenir compte de ça quand on décide d’adopter.

Il y a des gens qui renoncent à avoir une voiture car ça coûte trop cher. Il y a des gens qui renoncent à avoir un enfant de plus pour des raisons financières. Il y a des gens qui renoncent à vivre dans une plus grande maison ou un plus grand appart car ça coûte trop cher. Et il y a des gens qui renoncent à prendre un animal, de plus ou tout court, parce qu’ils ne pourront pas assumer financièrement les frais inévitables qui pointeront le bout de leur nez.

Pour info, en Suisse, pour assurer mes vieux chats, je paie environ 350.-/an. Les associations demandent des frais d’adoption, et ce n’est pas juste pour couvrir les frais engagés pour l’animal jusque-là. Si vous ne pouvez pas payer les frais d’adoption ou la prime annuelle d’assurance, il faut vraiment vous poser la question si la charge d’un animal est quelque chose que vous pouvez assumer financièrement.

Cette année, Oscar et sa bouche ont généré pas moins de 4000.- de frais vétérinaires (heureusement, remboursés par son assurance). D’aucuns diront: je ne paierais jamais autant! Sauf que c’est pas “tu te pointes chez le véto, et on te fait un devis à 4000.-“. C’est d’abord 500. Puis 300. Puis 700. Puis 1000. A quel moment tu dis “OK là j’arrête les soins que j’ai démarrés et je renonce à faire la chose de plus qui a une chance de régler la situation, et j’euthanasie mon animal”? Parce que laisser souffrir un animal malade, j’espère que tout le monde est d’accord que ce n’est pas acceptable.

Je connais maintenant plusieurs vétérinaires. Je gère aussi un groupe dans lequel il y a environ 300 vétérinaires – le groupe n’est pas très actif, mais tout de même, “l’envers du décors”, comme vous l’entendrez dans la vidéo, si vous l’écoutez. Je vous préviens, c’est dur. C’est pas pour rien que la profession vétérinaire affiche un taux de suicides record. J’entends dans les groupes souvent des paroles très dures envers les vétérinaires, et c’est régulièrement dans des situations où le détenteur de l’animal n’a pas les moyens pour les soins qu’il faudrait, ou a longtemps tardé à consulter par peur des frais, pour se retrouver finalement dans une situation critique et bien plus onéreuse.

Dans le groupe Diabète Félin, il y a une règle stricte interdisant ce qu’on appelle le “véto-bashing”. J’y tiens. On peut être en désaccord sur des décisions, on peut même considérer qu’un praticien n’a pas offert une prise en charge adéquate (quand ça touche au diabète félin, je vous assure qu’il y a souvent à redire). Mais l’agression, le mépris, les insultes: cela n’est jamais acceptable.

Comme le dit l’oratrice, le milieu professionnel vétérinaire a ses problèmes. Mais une partie de ce qui influe sur la pénibilité de la profession est entre nos mains à nous, maîtres-détenteurs-propriétaires-domestiqués. Et nous pouvons y remédier relativement simplement, en incluant dans notre planification budgétaire de quoi subvenir aux besoins médicaux de nos animaux, d’une façon ou d’une autre.

Ainsi, on prend soin de son animal, de soi, et de son vétérinaire.

Témoignage musical [fr]

En 2005, j’avais fait un long chemin entre “je ne sais pas chanter” et “en fait, j’adore chanter”. Ça avait bien dû prendre une décennie. On m’a parlé d’un choeur sympa où chantait une collègue. C’était Café-Café.

J’ai été gâtée pour mon premier concert, à Chéserex. Quatre soirs de suite. C’était magique.

Les concerts se sont enchaînés, les années aussi, et j’ai eu un plaisir fou non seulement à chanter, mais aussi à côtoyer toutes ces belles personnes qui, au milieu des notes de musique, respiraient avec moi en harmonie.

En 2013, j’ai dû prendre la décision déchirante d’arrêter Café-Café. J’avais d’autres activités qui me tenaient très à coeur, une vie professionnelle complexe, et l’incapacité fondamentale et malheureuse d’être à plusieurs endroits en même temps.

Il n’y avait pas de bonne solution. Durant quelques années, j’ai tenté de mener tout de front, à grands coups de compromis, jusqu’à ce que ça devienne intenable. Mon départ s’est fait dans les larmes, et pas comme j’aurais voulu. La faute à personne, juste à la vie et au temps.

Je suis allée revoir mes camarades de choeur en concert après ça. Une fois, peut-être deux. Mais c’était trop dur. J’en pleure encore aujourd’hui.

S’en est suivi une période de plusieurs années où je n’écoutais presque plus de musique – entre autres parce qu’elle me faisait quasi systématiquement fondre en larmes. C’était plus facile d’éviter.

‘2019. J’avais peut-être vaguement vu sur facebook que Pierre avait eu “un souci de santé”, mais cela ne m’avait pas interpellé plus que ça. J’ignorais qu’il était malade. J’ai appris son décès, je ne sais plus ni quand ni comment, et à son enterrement, dans la peine des derniers adieux, j’ai retrouvé mes amis de Café-Café. Et aussi une évidence: tout cela m’avait bien trop manqué.

Quand j’ai su qu’un spectacle serait en préparation pour rendre hommage à Pierre, je n’ai pas hésité très longtemps. Je sortais d’une opération qui avait élagué mon agenda pour l’année à venir et je ne travaillais pas: j’allais donc en profiter pour chanter.

Une pandémie et presque deux années plus tard, nous y voilà: nous sortons d’un week-end incroyable d’émotions, de musique et d’amitié. Une célébration de Pierre et de son oeuvre, et aussi de tous ces liens qui se sont tissés autour de lui, entre nous, et qui lui survivent.

Ces dix derniers jours ont été éprouvants. La musique, et ça je l’ai bien compris maintenant, elle vient chercher directement nos émotions. Impossible de se cacher. Et depuis le week-end dernier où nous avons commencé à mettre ensemble choeur, orchestre et solistes, c’est le raz-de-marée qui n’est allé que crescendo, jusqu’au dernier accord majeur de “Sang pour sang” dimanche soir.

Pour moi il y avait, en plus de tout ce que charriait cet hommage, l’émotion de me retrouver sur scène avec Café-Café après presque 10 ans d’absence. Egalement, la perspective d’un nouveau choix “impossible” entre ma famille musicale et les vents du Léman, puisqu’un avenir se dessine, sous une forme ou une autre, avec Elodie, qui a brillamment relevé le défi de nous diriger jusqu’à cet hommage. Elle l’a fait avec humanité, humour et humilité, nous offrant ainsi l’espace de guérison dont avaient tant besoin nos âmes musicales après les épreuves traversées. Je sais que je ne suis pas la seule à avoir été conquise et à vouloir continuer la route avec elle.
Ma décision restera difficile, mais peut-être que cette fois, je choisirai le chemin de la musique… et de l’amitié.

Ce billet a été initialement publié sur facebook

Crédit photo Ariane Dorsaz

Crédit photo François Clair

Taming the Dishes, 2021 Version [en]

If you know me just a little, you’ll know that doing my dishes is an everlasting challenge. It’s not that I hate doing it so much (I’d have got a dishwasher years ago). It’s just that… it never seems important to do it now, and then it piles up, and it’s the thing I constantly feel bad about not doing, so I tend to push it away.

My dishes have been under control for some time now and I thought I’d share how I did it. Worked for me, not sure it will work for you, but the underlying method is something you might find interesting.

Background

I was inspired by what I’m learning at my training at the IGB (it’s the brief therapy approach developed at the Palo Alto Mental Research Institute back in the days).

To sum things up (too) briefly, the general strategy is the following: when faced with a problem one is stuck with, trying and trying to solve one’s way out of it, the obvious conclusion is that what is being tried is not working – otherwise the problem would not be there anymore. Worse, what is being tried is actually keeping the problem alive or making it worse; if that were not the case, chances are the problem would go away at some point. If it remains despite all our efforts to get rid of it, then we are unwittingly participating in its persistance.

The “simple” solution is to identify what it is that we are doing which makes the problem worse, or at least maintains it, and stop doing it. It is not easy, firstly because we are generally unaware of our participation in the systems we are part of, and second, because if we are doing what we are doing, it is because on some level we firmly believe it is a solution to the problem at hand.

The “simplest” (again, not “easy”) way of not doing something is to head in a radically opposite direction, and do something that is incompatible with what we desire to stop. Think “U-turn”. This is very tricky to think through, and even trickier to implement (this is where the hundreds and hundreds of hours of training to become a therapist come in), and leads to these weird and counter-intuitive paradoxical prescriptions: instead of trying to stop doing x, do more of it!

Addictive/compulsive behaviours

So, to get back to our dishes, I had just come out of a couple of days of training where we had discussed some “typical” ways to deal with addiction/compulsion issues and – very much related though maybe not obvious at first glance – procrastination. Generally, in situations where excessive consumption (of all nature) is problematic, our attempts to get out of it take the shape of “stop it”, or “do less”. Like “I have to stop smoking”, or “I have to eat less chocolate”. Well, we all know how well that works, don’t we? So, how do we stop doing that? How do we stop telling ourselves to not smoke, drink less, etc., when our goal is precisely to stop smoking or excessive drinking?

Well, in this case, the prescriptions will have to go in the other direction: “smoke more”, “eat more chocolate” – but of course, not in any crazy way, because we do not want to abandon the goal of getting the excessive consumption under control. For example, one classic prescription is of the form “do it once, do it x times”: instead of trying to stop smoking, have a rule that each time you smoke one cigarette, you have to smoke 5. Or each time you drink a glass of wine, you finish the bottle. Of course all this needs to be tailored to the specific situation and the person, but the way it works is the following: it “breaks” the mechanism of fooling oneself that one can smoke/drink/eat “just one” (assuming that is the problem). “Oh, I’ll just eat one bowl of ice-cream!” And three bowls later: “Heck, I really need to stop eating ice-cream.” See the idea?

Procrastination

Now, what does this have to do with procrastination, you will ask me? Procrastination is actually very similar in its underlying mechanism. But instead of “I’ll do it just once” it’s “I’ll not do it just once”. “I’ll do it tomorrow” is in fact “I’ll just skip doing it today.” Procrastination is telling ourselves that it doesn’t matter if we don’t do the thing just now, because we will (for sure!) do it later. So we apply a similar but opposite prescription: “if you don’t do it once, don’t do it x times.” Or, in positive terms: “skip it once, skip it x times”.

Let’s take an example. Say I’m trying to write my dissertation or prepare a class. I’ve decided I was going to work on it each day for 2 hours. What usually happens is that I don’t manage to get to work on it today, I get sidetracked, or I feel off, and I think “oh well, I’ll skip today and do it tomorrow.” And tomorrow, the same thing happens, and it gets worse and worse. Sound familiar? Now, if I have a rule that if I skip one day, then I am not allowed to get back to work on it for another 4 (e.g.) days, how will that make me feel? Can you feel the tension increasing?

Applying this to my dishes

This is very much what happens with my dishes. It’s the evening, I’m tired, I look at the sink and think “meh, I’ll do this tomorrow”. But then, as we all know, tomorrow brings more dishes and even less desire to deal with them and even more “meh, I can’t deal with this now, I’ll do it tomorrow, for real.”

This is what I came up with:

If I don’t do the dishes, I can’t do them for the next three days.

I came up with three days because it’s scary enough for me to be a deterrent, but not so much that it makes things impossible. For example, if I’d said “10 days”, that would not work for me because it’s just not tenable to not do the dishes for 10 days. Three days works for me because I know I have no desire whatsoever to have to deal with three days of dishes. Your mileage may vary, if you try this.

More than once, I have found myself in the evening in front of the days dishes thinking “meh, I really don’t want to do this” – but right after, I picture the three days of dishes that not doing it tonight will imply, and I get to work.

Soon after I started with this, I found myself in the evening thinking “oh, the dishes!” only to realise I had already done them. Now that I’ve been at this for a few months, I can feel it’s turning into a habit like brushing my teeth before bed is. I “don’t feel right” if I haven’t done it.

Some concrete details:

  • “do the dishes” means I wash everything that needs washing at that moment and see the bottom of the sink
  • I don’t dry things, and haven’t got a system in place for putting clean dishes away yet (thinking about it)
  • because “things happen”, I have built some flexibility into the system (because it works for me without endangering the system): I am allowed an “exception” every now and again (imagine: guests or a lot of cooking in the evening so really too tired to deal with it) but the condition is that I must catch up  the next day. I’m aware that with this system I could end up doing dishes every other day, but it’s not the case, and if it were, I would change this “exception clause”
  • I’m now starting to think it would be nice to do dishes earlier in the day too, so there is less in the evening. This is not a “goal”, but more of a drive, I’m starting to want to do dishes during the day.

So there we are. My dishes seem tamed. What is there in your life that you might try applying this approach to? Let me know in the comments!

Getting Older: How I Use Technology [en]

At lunch my colleague ordered delivery for us. On her phone.

Of course I know this exists. But it hasn’t “worked” that well in Switzerland for all that long, and I think I’d never ordered food with an app. I felt like a fumbling doofus not knowing where to find the fries in the menu.

This got me thinking (and we had a chat around this topic with a bunch of my – quite – younger colleagues, and one my age).

The idea that you can easily and cheaply get food delivered is very new to me. This is not something we could do when I was young. I think I only really started ordering food during lockdown (when Quintus died, actually), and I only did it a handful of times. Maybe once before. But I call, speak to a human being, place my order. I don’t really feel confident doing it through a website.

Weird, huh?

We were also musing on why so many people seem to want paper versions of certain documents when a digital version can be sent instantly by e-mail (and printed, if need be). Some people just aren’t comfortable having important things on their phones. I recalled how long it took me (me!) to be comfortable travelling with only a “phone” version of my airline ticket. In all honesty, depending on where I’m going, I still am not really.

So, here’s a little list of stuff I do and don’t do with technology.

  • I use ebanking and cash transfer apps (I’m almost completely cashless)
  • I use an app to track my public transport use and bill me at the end of the day
  • I order(ed) books and CDs online from amazon, before I went completely digital
  • I buy plane and train tickets online (but am always slightly uneasy not carrying a print version when abroad)
  • I make concert reservations online
  • To book a restaurant, I’ll call them up
  • I chat and interact with people I “don’t know” online all the time
  • I’ve been meeting people “from the internets” for over twenty years (completely blasé about it)
  • I never managed to really get into snapchat or tiktok
  • I rarely print things, I tend to photograph paper stuff to digitally store it
  • I order groceries online when needed but I’d rather go into the store (when needed: post-lockdown, overworked)
  • I message people, rarely cold-call (except with family or purely utilitarian stuff, I generally schedule my calls)
  • I don’t order clothes online
  • I rarely print photos, they are first and foremost digital beings
  • I trust digital storage at least as much as physical storage
  • I know how to use a paper map
  • I navigate using google maps most of the time
  • I don’t have a CD or DVD player anymore
  • I have a Kindle and prefer most of my books as e-books
  • I type rather than write on pen and paper
  • I dictate to my phone regularly (my thumbs get fed up though I thumb-type really fast)
  • I rarely send people voice messages (never without consent – I hate receiving cold voice messages)
  • I have a location tracker on my cat, and home surveillance cameras (for the cats) but haven’t connected the cat-flap to the internet

When I was talking with my colleagues, I realised that the first phone I had which could usefully connect to the internet (through GPRS) was around 2007 or so (it wasn’t an iphone). I could check my mails and even Twitter. Load slow web pages that weren’t mobile-friendly. I was 33 in 2007. So until that age, I lived and functioned without a constant connection to the internet. And I’m realising, now, as years turn into decades, that I’m starting to see my age in my level of comfort with certain technology usages.

Quoting Douglas Adams:

1. Anything that is in the world when you’re born is normal and ordinary and is just a natural part of the way the world works.

2. Anything that’s invented between when you’re fifteen and thirty-five is new and exciting and revolutionary and you can probably get a career in it.

3. Anything invented after you’re thirty-five is against the natural order of things.

What about you?

La vie avec deux doses [fr]

J’ai eu ma deuxième dose de vaccin le 5 juin. J’ai morflé, comme beaucoup, mais qu’est-ce que je suis heureuse d’être vaccinée et plus détendue dans ma vie. Déjà après la première dose, les jours puis les semaines passant, j’ai senti que mon irritation envers les gens qui tiennent à porter leur masque sous le nez (voire à faire les rebelles en le gardant sous le menton) diminuait.

Bon, ce n’était pas dramatique, car je ne croisais pas souvent des gens. Au travail, c’est masque chir pour tout le monde, on est drillés, et franchement bons élèves. Dehors, c’est dehors: 20 fois moins de risque que dedans. Les transports publics, le nombre de fois que je les ai pris ça se compte sur les doigts d’une main. Mais soyons honnête, ça me gonflait quand même de me retrouver “potentiellement exposée” comme ça. Et surtout, ne voulant pas faire courir de risque à des personnes vulnérables de mon entourage, ma vie sociale se trouvait d’autant plus réduite à néant.

Que mes parents soient vaccinés a déjà été un gros soulagement: je peux aller les voir, manger avec, sans stresser. L’arrivée des autotests aussi, même si je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de les utiliser. Mais j’ai senti le soulagement que c’était de ne pas avoir derrière la tête cette crainte, après une rencontre, d’être infectée ou d’avoir infecté. De guetter d’éventuels symptômes. C’est un peu comme si je retrouvais ma tranquillité d’esprit d’avant. Pour moi et les autres.

Mon entourage, les gens qui me sont proches, sont très largement en train de se faire vacciner, à quelques exceptions près. Honnêtement, c’est comme une libération. Je sais qu’il y a un certain taux d’échec vaccinal, mais ça reste vraiment microscopique comparé à “sans”. C’est un risque qui commence à rentrer dans mes “risques acceptables de la vie” – alors que le covid sans vaccin ne l’était pas.

Maintenant, si les gens dans le bus laissent pendre leur nez sur leur masque, si les gens participant à la même activité que moi décident de l’enlever, “parce que”, je m’en fiche. Et franchement, c’est très agréable.

Ma préoccupation a basculé de la préservation de ma santé à celle de “suivre les règles”, être la bonne élève. J’ai tendance à suivre les règles. J’ai aussi tendance à avoir du mal avec les règles que je trouve inutiles ou insensées, comme tout le monde j’imagine. Evidemment que les consignes sanitaires actuelles s’appliquent à tous, vaccinés comme non vaccinés (car tout le monde n’a pas encore eu l’opportunité d’avoir ses deux doses), et donc on se trouve dans des situations un peu cocasses comme être dans une réunion de travail entre personnes vaccinées et garder malgré tout le masque sur le nez. Ou de prendre part à une activité théoriquement avec masques, mais en pratique sans, à me demander quel sens ça a que je porte le mien (outre faire la bonne élève) car au final, même si un cas positif se déclare, non seulement je cours très peu de risques de contamination, mais en plus, administrativement, je ne serai pas mise en quarantaine. On attend que les consignes sanitaires rattrapent la réalité du terrain. Et en attendant, on voit bien que ça va devenir de plus en plus difficile d’imposer le port du masque à des personnes vaccinées en nombre croissant.

Mais voilà, en attendant, ma vie retrouve de la légèreté. J’ai déjà mangé plusieurs fois au restaurant — en terrasse, mais finalement je serais aussi prête à manger dedans, s’il fallait. C’est marrant, les restaurants ne m’ont pas plus manqué que ça durant leur fermeture, mais maintenant qu’ils sont ouverts, je suis hyper contente de pouvoir y aller. Et j’y dépense de l’argent en très bonne conscience, me disant que ça vient mettre un peu de baume au coeur de leurs chiffres d’affaires bien malmenés par la crise.

Je commence à retourner à mes cours de chant, et au judo. Je planifie ma prochaine sortie bateau. Il fait beau. Je vais bien.

Quintus: 6 mois [fr]

Quatorze décembre, 14 juin. Six mois. Six mois que j’ai dit adieu à ma vieille boîte à ronrons. Je ne pleure plus, enfin je ne pleurais plus avant de commencer à écrire ces mots. Il me manque, mais je suis aussi tellement soulagée de ne plus vivre dans le stress constant qu’il lui arrive quelque chose, d’être libérée de la charge de me soucier de lui et de le soigner au quotidien.

Pourtant, je l’ai fait de bon coeur. Je me sens presque coupable d’apprécier autant ma liberté. Juste là, je donnerais beaucoup pour pouvoir le tenir encore quelques minutes dans mes bras, sentir sa tête contre la mienne, entendre son ronron.

Mon Quintus. ?