Froid [en]

Il fait froid : -7°C. Assez froid pour geler nez, oreilles et mains. Assez froid pour donner des frissons, et une envie de rester dedans. Assez froid pour rendre les tatamis du dojo glacés sous mes pieds nus.

Assez froid aussi pour que le chat indien qui ronronnait tout à  l’heure dans mes bras ne trouve plus l’extérieur tellement à  son goût. Il squatte chez des gens de l’immeuble ou du quartier, et passe sa journée à  dormir sur leur canapé ou même dans leur lit. Le soir venu, il court partout dans l’appartement, attaquant plantes, lampes, papiers et livres, et me refusant le sommeil lorsque je décide qu’il est temps d’aller me cacher dans les plumes.

Il fait très froid. Trop froid pour qu’il neige. Quand il neige, je peux tout pardonner à  l’hiver. Elle est belle, la neige. Le froid, lui, n’est que froid.

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Neige 2003 [en]

Ce matin, une fine couche de neige a recouvert le monde, du moins dans mon quartier. Elle décore les toits, les jardins, et aussi les voitures. Le soleil brille dessus et la fera bientôt fondre. Mais il fait froid, elle tiendra peut-être quelques heures.

C’est la première neige de l’année, et comme chaque année, j’ai envie de vous en parler. Je cherche des mots pour la dire, mais toutes les métaphores neigeuses ont été épuisées par des générations d’écrivains. Est-il encore possible d’en trouver une qui chante, au lieu de sentir le renfermé ?

Neige chez moi. Une image vaut mille mots, qu'ils disent.

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Écriture et inspiration [en]

Un réveil matinal accompagné d’une furieuse envie d’écrire. Malheureusement, les choses à  dire ne se pressent pas dans ma tête. Peut-être qu’il faut dire « heureusement ».

Est-ce que c’est comme ça chez vous aussi ? Un jour on a la tête qui déborde de choses à  écrire, tellement que l’on n’a ni le temps ni l’énergie de tout mettre « sur disque dur », et quelques jours plus tard on a envie de passer la journée entière à  écrire mais l’on n’a rien à  dire.

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Hors du quotidien [en]

La journée commence avec un chat déchaîné. Il court partout, fait ses griffes partout, met son museau partout. Rien à  faire, il a décidé qu’il était temps que je me lève.

Je pose une chemise que j’adore au nettoyage à  sec. C’est la première fois de ma vie que j’amène quelque chose au pressing. La chemise a une tache de cire à  épiler. Ça date de « avant l’Inde ». Ça fait un bail.

Envoi d’un colis express à  destination de Birmingham. Le colis contient un livre, une laine polaire noire, des biscuits de Noël, des habits d’enfant, des langes et une feuille de papier sur laquelle j’ai gribouillé quelques mots. Parce que hier, un employé travaillant pour une compagnie d’aviation dont je tairai le nom a pris son temps.

Pendant tout ce temps, c’est le déluge. J’aimerais qu’il neige.

Au travail, surprise : j’ai perdu durant le week-end les droits que j’avais sur la portion de serveur que j’administre. Enfin, les droits sont là , toutes les petites cases sont cochées (eh bien oui, on est sous Windows, nous, il ne faut pas rêver !) mais ce satané ordinateur fait comme s’il ne voyait rien.

L’ostéopathe est content : mon coude droit accepte sans trop rechigner la manipulation qu’il désire lui faire depuis près de six mois. Tout semble fonctionner. Il n’est pas impossible que je puisse bientôt tendre mon coude à  nouveau.

Une voiture est immobilisée juste devant moi à  l’entrée du Pont Chauderon. Un homme et une femme y discutent. La file commence à  s’étirer derrière moi. Un coup de klaxon, pas de réaction. Un deuxième. Conducteur et passagère changent de place. Lorsque je vois enfin clignoter les feux de panne, je sors de ma voiture et demande à  l’homme s’il faut la pousser. Il est déjà  en train de s’y mettre, mais à  deux ça va plus vite. Une fois la voiture sur le trottoir, je reprends place dans la mienne, sans qu’on m’ait fait la grâce d’un « merci » ou d’un « au revoir ».

Les nuages se fendent pour laisser couler sur la ville le soleil jaune d’une fin de journée orageuse. C’est d’abord une petite tache qui éblouit le lac, puis la lumière qui court dans les rues de la ville, peignant les immeubles d’or sur fond de ciel noir, jusque dans mon quartier. J’entre dans mon appartement vide mais propre juste à  temps pour saisir dans ma main la dernière goutte de cette lumière chaude.

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Pensées d'automne [en]

L’automne nous fait la grâce d’une magnifique journée ensoleillée. Il fait doux, et un vent léger mais présent agite les arbres multicolores.

J’ai un petit mal de gorge depuis quelques jours. Trop de dictée, certes, mais j’ai de façon facilement mal à  la gorge. L’ORL dit que ce n’est pas normal et veut me mettre de la cortisone dans le nez pour régler ça. Je ne suis pas trop enthousiaste pour la cortisone.

Je me suis réveillée ce matin avec un puissant mal de crâne. J’ai très rarement mal à  la tête. Comme toujours lorsque cela m’arrive, je pense à  la méningite. Ça me fait flipper, la méningite, comme tous ces trucs qui vous envoient manger les pissenlits par la racine en moins de vingt-quatre heures sans crier gare. Mais bon. Il y a quand même toutes les chances que je sois encore vivante demain.

Depuis que je dicte, je me surprends à  vouloir parler de choses différentes. Ce weblog n’a jamais été un journal. Ceux qui me connaissent savent que je parle facilement de moi — un peu trop facilement, peut-être. C’est comme si maintenant que je dicte mes billets, au lieu de les écrire, j’avais plus impression de parler à  mes lecteurs. J’ai plus envie de me raconter, et de raconter le monde autour de moi.

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Blog provoc' [en]

Au cours de ma tournée semestrielle des weblogs que je ne lis jamais, j’ai pu constater la fâcheuse propagation de la méthode “provoc'” à  travers la blogosphère francophone. Autrement dit, “si je n’ai pas d’ennemis, je m’en fais” et “peu importe ce que je dis, tant que ça choque et que ça fait réagir” — et que l’audimat grimpe.

Cette méthode, qui est loin d’être nouvelle, consiste à  attirer l’attention sur soi en tenant des propos dont le but principal est de déplaire à  certains. Notons que cela ne veut pas dire que l’on ne pense pas ce qu’on dit. On peut le penser et le dire d’une façon provocatrice, ou être plus diplomatique et ouvert. Mais on le sait, les gens fâchés réagissent, et comme ils réagissent souvent mal, c’est la porte ouverte à  une sympathique petite gué-guerre. Que d’aucuns se plairont ensuite également à  suivre de loin, alléchés par l’odeur du sang.

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Ecrire pour ses lecteurs… [en]

Trop de gens ont tendance à  oublier, lorsqu’ils écrivent, qu’ils ont des lecteurs.

Je m’étonne d’autant plus que les weblogueurs, qui a priori sont en contact plutôt étroit avec leurs lecteurs, ne soient pas différents.

Je viens de finir ma tournée de la blogosphère francophone. On peut faire mieux, les amis – on peut faire mieux!

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C'est quoi un weblog? [en]

D’autres l’ont déjà  fait, je m’y mets aussi: C’est quoi un weblog?, sur SpiroLattic. Grain de sel d’autrui bienvenu!

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Article "weblogs" et construction de l'histoire [en]

A lire, l’article de Chryde sur Les blogues, la deuxième jeunesse d’Internet [pdf].

J’amorce de ce pas une petite réflexion sur la construction de l’histoire (inspirée j’en conviens de certaines constatations sur l’inceste bibliographique, faites en travaillant sur mon mémoire).

Tout article sur les weblogs qui paraît à  présent nous sert la distinction “weblogs technologiques” versus “warblogs”, et insiste sur le tournant du 11 septembre. Mis à  part le fait qu’on ne se lasse de répéter encore et encore l’importance de cette date charnière pour les weblogs, et donc qu’on asseoit ainsi à  chaque itération la vérité de cette affirmation, je ne suis pas convaincue qu’elle mérite toute l’attention qu’on lui donne.

J’étais au milieu du monde des weblogs avant, je suis encore au milieu après, et je ne vois pas vraiment de différence. De plus, le 11 septembre, c’était il y a bien peu de temps pour vouloir en faire de l’histoire…

Est-ce qu’on ne pourrait pas arguer que le discours “meta-webloguesque” au sujet des warblogs est un même, comme disent nos amis anglophones? Une idée séduisante qui se répète d’article en article, mais dont la source est toujours de seconde main? Une légende urbaine du journalisme ou de la recherche académique? Ne sommes-nous pas en ce moment même en train d’assister à  une construction de l’histoire des weblogs en affirmant l’importance de ces warblogs et du 11 septembre dans leur développement?

Oui, je sais, l’histoire est toujours construite.

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Science des religions n'est pas théologie… [en]

Je fais des études en histoire et sciences des religions. La plupart des gens à  qui je le dis s’imaginent tout d’abord que j’étudie la théologie. Ce n’est pas la même chose.

Quelques réflexions tirées du dernier cours d’epistémologie en science des religions, qui a eu lieu aujourd’hui.

  • La science des religions est non-apologétique.
  • Elle n’a pas de visée eschatologique ou sotériologique.
  • Elle vise à  une transparence de méthode.
  • C’est une approche qui est le produit d’une culture occidentale et judéo-chrétienne.
  • C’est une discipline scientifique qui vise à  une certaine objectivité (avec les réserves détaillées ci-dessous).
  • Discipline en phase d’émancipation (de la théologie en particulier), elle tend à  se définir par la négative: elle n’est pas de la théologie, elle n’est pas de l’anthropologie religieuse, elle n’est pas de la sociologie de la religion…
  • De même, elle peine à  définir son objet (les “religions”).
  • La science des religions vise à  produire un discours “de l’extérieur” qui soit la transposition d’une compréhension “de l’intérieur”.

Ce désir d’objectivité (bien légitime), visant à  produire un discours qui soit détaché de toute appartenance religieuse, pose problème. Tout discours est idéologique – même celui des sciences dites “exactes”.

Même si je n’ai aucune affiliation religieuse, cela me met dans une certaine classe d’appartenance religieuse. L’exemple de cela que j’aime à  donner est celui de l’athéisme – c’est une prise de position idéologique aussi forte que l’adhérence à  une religion ou à  une croyance.

Ce désir d’objectivité paraît aujourd’hui ne pouvoir être exaucé que par cette transparence de méthode que j’ai mentionnée aussi: je dis qui je suis, comment je procède, ce que je veux montrer – je mets tout sur la table afin que l’on puisse me suivre.

Je ne veux pas débattre ici de terminologie. Que l’on dise histoire des religions, science(s) des religions, histoire et science(s) des religions, history or religions, ou encore religious studies… je considère pour le moment que si on parle de la même chose, il est inutile de nous battre sur les termes.

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