La vie avec deux doses [fr]

J’ai eu ma deuxième dose de vaccin le 5 juin. J’ai morflé, comme beaucoup, mais qu’est-ce que je suis heureuse d’être vaccinée et plus détendue dans ma vie. Déjà après la première dose, les jours puis les semaines passant, j’ai senti que mon irritation envers les gens qui tiennent à porter leur masque sous le nez (voire à faire les rebelles en le gardant sous le menton) diminuait.

Bon, ce n’était pas dramatique, car je ne croisais pas souvent des gens. Au travail, c’est masque chir pour tout le monde, on est drillés, et franchement bons élèves. Dehors, c’est dehors: 20 fois moins de risque que dedans. Les transports publics, le nombre de fois que je les ai pris ça se compte sur les doigts d’une main. Mais soyons honnête, ça me gonflait quand même de me retrouver “potentiellement exposée” comme ça. Et surtout, ne voulant pas faire courir de risque à des personnes vulnérables de mon entourage, ma vie sociale se trouvait d’autant plus réduite à néant.

Que mes parents soient vaccinés a déjà été un gros soulagement: je peux aller les voir, manger avec, sans stresser. L’arrivée des autotests aussi, même si je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de les utiliser. Mais j’ai senti le soulagement que c’était de ne pas avoir derrière la tête cette crainte, après une rencontre, d’être infectée ou d’avoir infecté. De guetter d’éventuels symptômes. C’est un peu comme si je retrouvais ma tranquillité d’esprit d’avant. Pour moi et les autres.

Mon entourage, les gens qui me sont proches, sont très largement en train de se faire vacciner, à quelques exceptions près. Honnêtement, c’est comme une libération. Je sais qu’il y a un certain taux d’échec vaccinal, mais ça reste vraiment microscopique comparé à “sans”. C’est un risque qui commence à rentrer dans mes “risques acceptables de la vie” – alors que le covid sans vaccin ne l’était pas.

Maintenant, si les gens dans le bus laissent pendre leur nez sur leur masque, si les gens participant à la même activité que moi décident de l’enlever, “parce que”, je m’en fiche. Et franchement, c’est très agréable.

Ma préoccupation a basculé de la préservation de ma santé à celle de “suivre les règles”, être la bonne élève. J’ai tendance à suivre les règles. J’ai aussi tendance à avoir du mal avec les règles que je trouve inutiles ou insensées, comme tout le monde j’imagine. Evidemment que les consignes sanitaires actuelles s’appliquent à tous, vaccinés comme non vaccinés (car tout le monde n’a pas encore eu l’opportunité d’avoir ses deux doses), et donc on se trouve dans des situations un peu cocasses comme être dans une réunion de travail entre personnes vaccinées et garder malgré tout le masque sur le nez. Ou de prendre part à une activité théoriquement avec masques, mais en pratique sans, à me demander quel sens ça a que je porte le mien (outre faire la bonne élève) car au final, même si un cas positif se déclare, non seulement je cours très peu de risques de contamination, mais en plus, administrativement, je ne serai pas mise en quarantaine. On attend que les consignes sanitaires rattrapent la réalité du terrain. Et en attendant, on voit bien que ça va devenir de plus en plus difficile d’imposer le port du masque à des personnes vaccinées en nombre croissant.

Mais voilà, en attendant, ma vie retrouve de la légèreté. J’ai déjà mangé plusieurs fois au restaurant — en terrasse, mais finalement je serais aussi prête à manger dedans, s’il fallait. C’est marrant, les restaurants ne m’ont pas plus manqué que ça durant leur fermeture, mais maintenant qu’ils sont ouverts, je suis hyper contente de pouvoir y aller. Et j’y dépense de l’argent en très bonne conscience, me disant que ça vient mettre un peu de baume au coeur de leurs chiffres d’affaires bien malmenés par la crise.

Je commence à retourner à mes cours de chant, et au judo. Je planifie ma prochaine sortie bateau. Il fait beau. Je vais bien.

Faut-il ou non se faire vacciner contre la grippe? [fr]

[en] A very well-written article on deciding whether to get the flu shot or not. First of all, the reason we have two vaccines this year is that H1N1 arrived too late to be included in the seasonal mix. It will next year. So the question is not "should I get the H1N1 jab" but "should I get a flu jab" (and if yes, to do both seasonal and H1N1). For a healthy person, risks linked to contracting the flu and to getting the vaccine are both tiny (compared to driving everyday with your car, for example) -- it's up to each person to decide how they want to manage those tiny risks.

Alors que je constate avec satisfaction que mon vaccin anti-H1N1 ne semble avoir d’autre effet sur moi qu’une légère courbature au bras injecté, j’aperçois un peu par hasard dans les flux de tweets et de statuts facebook un lien intitulé “Faut-il ou non se faire vacciner contre la grippe?“, accompagné d’un commentaire très positif de Stéphane Perry.

A mon tour de vous recommander vivement la lecture de cet article, très complet et pertinent, qui ne prend pas parti pour ou contre la vaccination mais se contente de vous donner de quoi prendre une décision informée. Ce que j’ai retenu:

  • si on a deux vaccins séparés cette année, c’est parce que la souche H1N1 inquiétante est apparue trop tard pour être inclue dans le cocktail du vaccin saisonnier
  • même si H1N1 n’est pas plus dangereuse que notre grippe normale, on a tout de même mis en branle un protocole de production de vaccins qui avait été prévu pour la grippe aviaire H5N1, bien plus meurtrière
  • la question à se poser est “est-ce que je me fais vacciner contre la grippe” tout court (et si la réponse est oui on fait les deux vaccins)
  • pour une personne en bonne santé, le risque de conséquences adverses graves sont minimes aussi bien pour ce qui est de la vaccination que de la grippe (à chacun donc de peser les risques et faire son choix entre les deux, sachant que prendre sa voiture tous les jours c’est déjà nettement plus dangereux).

Certains lecteurs seront peut-être surpris que je me sois fait vacciner, après ma prise de position dédramatisante de cet été. La raison pour cela est assez simple: je fais partie de la population “à risque” (complications pulmonaires et cardiaques), et après ma très vilaine crève de l’hiver dernier, mon médecin m’avait d’ores et déjà fortement conseillé de me mettre à faire le vaccin contre la grippe, ce que j’avais décidé de faire.

Je réponds donc “oui” à la question “est-ce que je me fais vacciner contre la grippe”, et donc j’ai fait les deux vaccins (pour la petite histoire, il semblerait pour le moment que le vaccin contre la grippe saisonnière m’ait bien plus assomé que celui contre la grippe A, que j’ai fait hier).

En passant, prenez le temps de lire d’autres articles sur le forum d’échanges médicaux Atoute.org, qui semble être un excellent site d’information médicale, qui n’est pas sans me rappeler Bad Science, même si l’angle d’approche est un peu différent. J’ai trouvé particulièrement intéressant cet article sur l’inutilité (voire la nocivité) des excès du dépistage, ainsi que “Touche pas à ma prostate!