Le nuage de cendres vu d'internet [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Il y a quelques jours, sur Facebook, j’aperçois au passage un mot d’une connaissance qui espère que son vol de Londres vers les Etats-Unis ne sera pas annulé. Je me demande (et lui demande) pourquoi, puis retourne vaquer à mes occupations numériques et professionnelles.

Un peu plus tard, j’ai ma réponse via les gens que je suis sur Twitter: c’est le fameux volcan Eyjafjöll et son nuage de cendres. Je mets en branle ma machine à extraire des informations d’internet (mes dix doigts, mon cerveau, un moteur de recherche et mon réseau).

A quoi ça ressemble, alors, un nuage de cendres vu d’internet? Tout d’abord, ça ressemble aux sites web des médias traditionnels: 24heures, la TSR, la RSR, la BBC, CNN, Al Jazeera, Le Temps, le New York Times, le Guardian, Le Monde, Le Point, le Times… Très variables en richesse et fraîcheur d’informations, je dois dire. Mes préférés? la BBC en premier lieu, puis Al Jazeera, et 24 heures ainsi que la RSR pour un point de vue plus local.

Alors que dans le monde physique on achète “un journal”, on regarde “une chaîne de télé”, on écoute “une radio” — sur internet on va simplement lire ou regarder ce qui est intéressant. On pioche où on veut, quand on veut, comme on veut. On compare, on complète, on évalue, on se sert de fragments de la production des institutions médiatiques.

On fait une bête recherche sur Google, aussi.

On va bien sûr lire Wikipédia, halte incontournable en autant de langues qu’on peut se le permettre (anglais et français en ce qui me concerne). Pour un événement aussi majeur que l’éruption du volcan Eyjafjöll, Wikipédia est un excellent point de départ, proposant un survol tout de même assez détaillé et des liens vers des sources premières. Et contrairement à un article dans la presse traditionnelle, chaque page de Wikipédia vous donne accès au fameux onglet “discussion”, où vous pouvez prendre connaissance des débats éditoriaux qui sous-tendent la production de l’article.

Mais avant tout, un nuage de cendres vu d’internet, c’est Twitter. Twitter, c’est les gens que je suis, dont certains sont coincés à l’étranger ou chez eux par la paralysie de l’espace aérien. C’est les informations les plus fraîches ou les plus pertinentes qu’ils ont trouvées, et qu’ils retransmettent aux gens de leur réseau (ceux qui les suivent). Un travail d’édition formidable et collectif, donnant accès en temps réel aux sources premières disponibles sur le web. Une des grandes forces d’internet, je le répète souvent, c’est d’amoindrir (voire de réduire à néant) le rôle des intermédiaires établis, donnant accès direct aux informations de première main à qui veut bien cliquer sur quelques liens. Si on est un peu enquêteur dans l’âme et qu’on aime se faire une idée des choses par soi-même (oui, oui, le fameux esprit critique), c’est le paradis.

Twitter, ça m’amène partout: sur des articles des médias traditionnels que je n’avais pas encore vus ou pas trouvés par moi-même. Sur des récits de voyageurs bloqués ou en périple trans-européen. Sur des articles scientifiques, des images satellites ou des schémas du nuage, les sites des aéroports avec leurs annonces. Ça m’amène aussi sur Twitter (on boucle la boucle), où je découvre une opération pour rapatrier des britanniques coincés à Calais en traversant la Manche en zodiac — opération malheureusement écrabouillée en cours de route par les autorités françaises.

Un nuage de cendres sur Twitter, c’est aussi les divers hashtags en rapport avec l’éruption volcanique, des étiquettes que l’on appond à son tweet pour le marquer comme faisant partie d’une conversation qui dépasse son réseau. #ashtag (c’est un gag mais il a pris, “ash” signifiant cendre) pour la situation en général, #getmehome ou #roadsharing pour trouver d’autres voyageurs faisant le même trajet que vous et coordiner le transport, #putmeup si on est bloqué sans logement ou qu’on a une chambre d’amis à mettre à disposition. En faisant des recherches sur ces mots-clés, on a accès à encore plus de ressources que ce que notre réseau nous fournit directement.

Sur Facebook aussi, on s’organise, grâce par exemple à une page dédiée au nuage de cendre volcanique. Mais dans une telle situation, je crois que c’est vraiment Twitter qui brille, grâce à son caractère plus ouvert et public que Facebook.

Sur Twitter, vous trouverez un certain nombre de comptes soit créés pour l’occasion, soit aux premières loges pour fournir de précieuses informations au public. Voici ma petite sélection — sans grande surprise, l’anglais est la langue dominante.

  • @calaisrescue, l’opération zodiacs pour traverser la Manche
  • @metoffice, l’office météorologique britannique
  • @theashcloud, anthromorphisation sympathique et humoristique du grand nuage
  • @eurocontrol, l’organe de contrôle du traffic aérien européen
  • @ashalerts, des informations générales sur la situation
  • @ebookerschfr, des tas d’informations utiles de la part d’ebookers.ch (note: j’ai une relation de travail avec ces gens!)

Inutile de dire qu’on est dans un monde bien plus réactif que celui des “vieux médias”, même la radio. Après tout ça, un retour sur nos médias et services locaux me laisse un peu dépitée. Quand on regarde les pages “minute par minute” du Point ou de la BBC, leurs récits de voyageurs, la liste des aéroports fermés du New York Times, l’office météorologique britannique et eurocontrol qui utilisent leurs comptes Twitter comme des êtres humains pour intéragir avec le public et non comme des robots (comparez @metoffice avec @meteosuisse, ainsi que les informations sur leurs sites web — MétéoSuisse et Met Office), les compagnies d’aviation et les agences de voyage qui renseignent directement leurs clients grâce aux médias sociaux (regardez @KLM et @SwissAirLines pour vous faire une idée — les calls centres c’est bien mais moins réactif), on se dit qu’il y a encore du boulot sur le territoire numérique helvétique.

Je pourrais continuer, mais j’ai déjà assez abusé de votre patience avec cette chronique bien plus longue que d’habitude. J’espère vous avoir donné l’occasion d’entrevoir comment les gens connectés, dont je fais partie, suivent l’actualité et s’informent: c’est vers ça qu’on va.

Similar Posts:

Scale in Community and Social Media: Bigger is not Always Better [en]

In his blog post Defriendization is the future of social networks, that I commented upon in Defriending, Keeping Connections Sustainable and Maybe Superficial, Laurent Haug mentions his previous article Openness is difficult to scale, about how the kind of community involvement that worked for Lift in the early days just did not scale once the conference became more successful. This is a rule we cannot get escape from. Scale changes things. Success is a double-edged sword, because it might bring you into a country where the very thing that made your success is not possible anymore.

Clive Thompson explains this very well when it comes to the number of followers on Twitter, for example, in his Wired piece In Praise of Obscurity. Even if as the person being followed, you don’t really care about the size of the community gathered around you, the people who are part of that community feel its size and their behaviour changes. Bigger is not always better. More people in a community does not make it a better or even more powerful community.

This is one of the reasons it annoys me immensely when people try to measure the value of something by measuring its size. More readers does not mean I’m a better blogger. More friends on Facebook does not mean I’m more popular. More followers on Twitter does not mean I’m more influential.

I think that this is one of the things that has happened to the blogging world (another topic I have simmering for one of these days). Eight-ten years ago, the community was smaller. Having a thousand or so readers a day already meant that you were a big fish. Now, being a big fish means that you’re TechCrunch or ReadWriteWeb, publications that for some reason people still insist on calling “blogs”, and we “normal bloggers” do not recognize ourselves anymore in these mega-publications. The “big fish” issue here is not so much that formerly-big-fish bloggers have had the spotlight stolen from them and they resent it (which can also be true, by the way), but more that the ecosystem has completely changed.

The “blog-reading community” has grown hugely in numbers. Ten years ago, one thousand people reading a blog felt special because they were out-of-the-mainstream, they could connect with the author of what they read, and maybe they also had their own little blog somewhere. Nowadays, one thousand people reading a blog are just one thousand people doing the mainstream thing online people do: reading blogs and the like. The sense of specialness has left the blogosphere.

If you want to keep on reading, I comment upon another of the links Laurent mentions in Log-Out Day: Victims of Technology, or a Chance to Grow?

Similar Posts:

C'est si superficiel [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Une critique souvent faite à l’encontre des médias sociaux, c’est la superficialité des contenus qui y transitent ou y sont publiés. Twitter, Facebook, et même les blogs sont montrés du doigt comme autant d’exemples de la vacuité des propos de l’être humain moyen.

On oublie que les médias sociaux, à la différence des mass-médias, visent moins à diffuser des informations qu’à créer des relations.

C’est pour ça que la métaphore de la machine à café pour décrire ces espaces numériques est si juste. La plupart des discussions autour de la machine à café sont banales — mais ce sont elles qui créent les liens entre les gens. Le tissu des relations humaines, c’est justement ces petits échanges anodins, sur le temps qu’il fait, le film qu’on a vu, ou les plantes à rempoter.

Qu’on bavarde de ce genre de chose au téléphone, dans le bus, entre deux réunions, ou même par SMS, cela n’émeut personne. Mais qu’on fasse la même chose en ligne, où règne l’écrit, réservé traditionnellement aux seules expressions de notre culture dignes d’être imprimées, et l’on s’empresse de brandir ce mot chargé de jugement moral: “superficiel”.

C’est faire preuve d’une grande méconnaissance de la nature profonde des relations humaines.

Similar Posts:

Les réseaux sociaux ont-ils tué les blogs? [fr]

[en] Another one on the "are blogs dead?" meme. Nope, they're not. Surprise!

Réponse courte: non 🙂

Réponse plus longue: pas plus que les réseaux sociaux ont tué l’e-mail, et pas plus qu’internet a tué la télé (quoique…). Quand un nouveau média débarque, il force les anciens à se transformer. Mais de là à dire qu’il les tue… c’est un pas que je ne franchirai pas.

Une chose par contre est sûre: avec l’apparition de Twitter, de Facebook, et de quantité d’autres espaces qui nous permettent “d’exister en ligne”, nos activités de publication on ligne sont redistribuées sur ces différents canaux. Il y a 8 ans, lorsque je voyageais, je mettais un mot sur mon blog pour dire que j’étais bien arrivée. Aujourd’hui, j’utilise Twitter ou Facebook pour cela.

L’émission nouvo m’a interviewée il y a quelque temps pour “La fin des blogs?“, ce qui m’a donné un peu l’occasion de développer mon point de vue en vidéo (vous devez aller sur le site de nouvo pour la regarder, impossible de faire un embed, dommage). Cette discussion a aussi alimenté mon article Paid vs. Free, sur le coût du contenu et les différentes façons (bonnes et moins bonnes) de le monétiser.

Revenons-en aux blogs et à leur prétendue mort ou fin. D’abord, ça fait des années que le thème fait régulièrement surface. En tous cas quatre ou cinq ans, à vue de pif. Et les blogs sont toujours là. On aimerait bien pouvoir dire que les blogs c’est fini, parce qu’alors cela confirmerait qu’ils n’étaient qu’une mode, et non pas une des manifestations de la transformation fondamentale qu’amène internet en matière de publication et de communication — transformation d’ailleurs très menaçante pour les médias traditionnels confortablement en place (enfin, plus si confortablement, justement).

“Les blogs”, ça couvre une variété de formes d’expression dont on ne peut pas toujours aisément parler, à mon avis, en les mettant dans le même panier. Faut-il le rappeler, le blog est avant tout un format de publication. Côté contenu, on peut en faire un tas de choses (les résultats sont plus ou moins heureux). Un blog-journal n’est pas la même chose qu’un blog-roman ou un blog-réflexion ou un blog-politique ou un blog-veille-technologique ou un blog-essai ou un blog-photos ou un blog-voyage. Vous me suivez? Clairement, le skyblog, blog adolescent francophone typique des années 2004-2006, sur lequel on met photos de soi, des ses amis, de son boguet, poèmes ou autres choses glânées en ligne, est avantageusement remplacé par Facebook, qui a l’avantage de ne pas être autant sur la place publique.

En dix ans, mon blog a évolué. Mais il y a d’autres facteurs que l’apparition des réseaux sociaux qui ont joué là-dedans, que diable! On parle de dix ans, quand même! J’ai passé d’étudiante fraîchement rentrée d’une année en Inde à indépendante-experte au rayonnement international (ça sonne bien ça, je vais oublier une seconde qu’il s’agit de moi et laisser ça), transitant par deux employeurs différents en chemin. J’ai changé! C’est normal que mon blog ait changé aussi, vous ne trouvez pas?

Bon, je vais me taire, parce que je crois que c’est une question relativement peu excitante où la réponse ne fait pas grande surprise. Début 2008, j’avais d’ailleurs proposé (et animé) une table ronde là autour lors de BlogTalk 2008 à Cork, en Irlande: comment l’apparition de nouvelles technologies (Twitter en particulier) change notre façon d’utiliser les anciennes (le blog). Vous pouvez regarder la super mauvaise vidéo de l’histoire (en anglais, sous-exposé, audio pas top, début et fin coupés…) si ça vous chante.

Et là, je vais retourner écrire un autre article pour mon blog moribond :-p

Similar Posts:

Comment démarrer avec Twitter [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Twitter commence à faire partie du vocabulaire courant en Suisse Romande. Si tout le monde n’a pas un compte (de loin pas!), un nombre croissant de personnes savent ce qu’est Twitter, ou du moins en ont entendu parler, et désirent l’essayer.

Comme beaucoup d’outils composant l’internet d’aujourd’hui, Twitter est techniquement extrêmement simple à utiliser. La simplicité s’arrête là, malheureusement.

Tout comme savoir taper des mots dans un traitement de texte ne fait pas de vous un grand auteur, et aller à une soirée de réseautage ne signifie pas que vous allez en repartir le carnet d’adresses plein de contacts intéressants, réussir à composer des messages de 140 caractères dans le champ d’envoi de Twitter ne garantit pas que vous en tirerez quoi que ce soit.

Mais qu’est-ce qu’on peut donc attendre de Twitter? A quoi est-ce utile?

  • se construire un réseau de veille riche et réactif
  • créer de nouveaux contacts autour de centres d’intérêt communs
  • consolider et développer des contacts existants
  • avec le temps, et de la persévérance, s’entourer d’un réseau qui pourra devenir actif pour soi.

Tout ça ne se fait pas en une semaine, ni même en un mois. A part pour quelques chanceux, cela ne se fait pas tout seul et ça demande du travail. C’est la dure réalité! On a souvent des attentes complètement idéalisées de la rapidité et de l’efficacité des médias sociaux, vu qu’on est abreuvés par des histoires à succès impressionnantes, ces exceptions qui font de beaux titres dans les journaux. (“Marketing viral”, ça vous dit quelque chose?)

Bref, Twitter c’est un outil de création et de gestion de réseau extrêmement utile, et ça vaut la peine de s’accrocher un peu durant la période ingrate du début. Pour ceux qui se retrouvent un peu démunis une fois leur compte créé, voici quelques conseils de démarrage:

  • ne perdez jamais de vue que Twitter est un réseau social asymétrique: vous pouvez suivre qui vous voulez sans qu’ils doivent vous suivre en retour — de même, ne vous sentez pas obligé de suivre en retour tous ceux qui vous suivent
  • regardez parmi vos amis/connaissances et dans votre réseau existant qui a déjà un compte Twitter et suivez-les
  • la plupart des blogueurs sont sur Twitter — si vous appréciez un blog, suivez donc son auteur
  • utilisez le moteur de recherche de Twitter pour suivre des gens qui vous paraissent intéressants ou qui abordent des sujets qui vous interpellent
  • gardez un oeil sur les personnes qui se mettent à vous suivre (vous voudrez probablement en suivre certains en retour), mais ne tombez pas dans le panneau de ceux qui suivent un maximum de personnes juste pour gonfler leurs statistiques
  • de façon générale, suivez avec discernement mais généreusement: dans le doute, abonnez-vous à un compte qui paraît intéressant — quitte à vous désabonner après quelque temps si votre première impression ne se confirme pas
  • utilisez votre compte Twitter pour partager pensées intéressantes ou liens glânés ici ou là au fil des journées, et pas juste pour promouvoir vos activités ou poser des questions (tout est une question de dosage, et le dosage maximum pour le contenu “promotionnel” est vite atteint)
  • répondez aux gens que vous suivez lorsque c’est pertinent (ce dernier bout est capital: s’il n’y a pas de vraie valeur ajoutée, mieux vaut se taire).

Et finalement, le conseil le plus important que je puisse vous donner: intéressez-vous aux gens. C’est la meilleure recette de réseautage que je connaisse, en ligne ou hors ligne.

Tweetez bien!

Similar Posts:

Suis-je toujours l'amie de mes amis? [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Les réseaux sociaux sont asymétriques.

Je ne parle pas des réseaux sociaux en ligne, mais bien des réseaux de relations et de gens, les vrais réseaux que les sites comme Facebook, MySpace, LinkedIn et autres cherchent à modéliser.

A mon sens, la grande majorité de ces sites nous proposent un modèle de relations comportant une erreur fatale: les liens entre les gens y sont symétriques, alors que ce n’est pas le cas dans la réalité.

Pensez aux gens qui font partie de votre monde: il y a fort à parier que vous trouverez sans difficulté des personnes qui sont plus importantes pour vous que vous pour elles — et vice-versa. On aimerait, idéalement, que les gens que l’on aime nous aiment autant en retour, que ceux que l’on admire nous admirent en retour, que ceux que l’on enrichit par notre présence nous enrichissent pareillement en retour. Mais souvent, et à des degrés divers, ce n’est pas le cas.

Et dans le monde professionnel, encore moins.

Pour qu’un lien soit établi entre deux utilisateurs de Facebook ou LinkedIn, chacun doit l’approver. Chacun doit dire “oui, je le veux”.

Du coup, un tel réseau social ne capture que les relations symétriques, ou bien (et c’est ce qui a tendance à arriver) fait passer des relations parfois fortement asymétriques pour des relations symétriques, parce qu’au bout d’un moment, on “cède”, et on accepte également comme amis les gens que l’on connaît peu, voire ceux que l’on ne connaît pas mais qui voudraient nous connaître.

Il existe cependant des réseaux sociaux en ligne (ou presque) qui permettent de rendre compte de ces asymétries.

Twitter est celui qui occupe le devant de la scène ces temps. Sur Twitter, vous pouvez suivre qui vous voulez, sans que cette personne doive vous suivre en retour (c’est d’ailleurs ce qui en fait un outil de veille si puissant, bien plus que Facebook).

Dopplr, un service permettant de partager ses déplacements et projets de voyages avec son réseau, vous laisse simplement décider qui peut accéder à votre profil — la réciprocité n’est pas requise.

Plus ancienne, la liste de contacts d’un service de messagerie instantanée permet également l’asymétrie, même si la pratique penche vers la réciprocité: je peux apparaître sur la liste de contacts d’une personne et avoir supprimé celle-ci des miens.

L’ensemble des blogs peut également être considéré comme un immense réseau social peu formalisé, où les “blogrolls” (listes de liens vers d’autres blogs appréciés du blogueur) révélaient les relations entre blogueurs, avant de tomber en désuétude (les blogrolls, pas les blogs).

Plus proche de chacun, peut-être, et pas tout à fait en ligne, la liste de contacts dans son téléphone mobile. Vous avez enregistré mon numéro, mais ce n’est pas pour autant que j’ai le votre.

Facebook, d’un certaine manière, tente de se rattraper avec les “listes d’amis”. Chacun peut maintenant en effet classer ses amis dans diverses listes (qui restent privées) que l’on peut utiliser pour donner ou non accès à certaines parties de son profil. Ainsi, je peux être connectée à Jules, à qui je donnerai le droit de voir tout mon profil, alors que lui ne me donnera qu’un accès limité au sien.

Sans ce genre de subtilité, les réseaux sociaux qui imposent la réciprocité parfaite finissent par devenir invivables avec la multiplication des contacts de tous bords, ce qui amène à leur désertion par ceux qui les faisaient vivre.

Similar Posts:

@RailService sur Twitter pour voyager malin en train [fr]

[en] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Il y a quelques mois de cela, je découvrais sur Twitter le compte @RailService. Ma mémoire est un peu floue, mais si je me souviens bien, c’est au détour d’une réponse spontanée qu’ils m’ont faite, alors que je mentionnais les CFF dans un tweet.

Des explications? En deux mots, une mini-équipe de passionnés des transports en commun ont créé un compte Twitter à l’aide duquel ils renseignent, informent et dépannent les voyageurs suisses (Twitter-compatibles, bien entendu).

Si vous voyagez régulièrement en train en Suisse, et que vous utilisez Twitter, je vous recommande donc vivement de suivre @RailService et d’intéragir avec si nécessaire. Ils sont très sympas et multilingues!

Similar Posts:

Liking, Favoriting, Reblogging and Retweeting [en]

[fr] J'ai tendance à trouver que "like/reblog" (Tumblr) et "favorite/retweet" (Twitter) font un peu double emploi. Pas vous? Comment vous gérez ça?

I’m increasingly bothered by what I perceive as a kind of “double emploi” of “liking” vs. “re-ing” features. On Twitter, for example, you can favorite a tweet (see my favorites here) or retweet it (it ends up in your stream for your followers). On Tumblr, same thing: you can “like” posts (that seems to happen privately, though, I can’t find a public page collecting all my “likes”) or reblog them.

So, yes, there are slight differences in functionality. But overall, a pretty big overlap. Should I reblog or retweet something without favoriting or liking it first? I honestly tend to reblog and retweet and neglect the liking and favoriting (though now I’ve decided to feed my Twitter favorites into Digital Crumble, I’m favoriting too on Twitter).

I’d be interested to hear how others manage their likes, favorites, retweets and re-thingies. I expect I’m not the only one with overlap issues here.

Similar Posts:

Conversation in Comments vs. Conversation in Twitter [en]

[fr] Twitter n'est pas en train de tuer les conversations dans les commentaires des blogs. Le bavardage s'est déplacé dans Twitter, Friendfeed, Facebook -- mais quand certains disent que la conversation y est meilleure, ils ignorent le fait qu'il y a plusieurs sortes de conversation.

Hey, another “vs.” post! It must be because I get tired quickly of people comparing apples and oranges, and saying that we’re not going to eat apples anymore because we now have oranges.

A good year and a half ago there was some talk around the fact that the conversation had moved out of blogs and into Twitter and Friendfeed.

That’s not quite true: some of the conversation has moved from blog comments into the stream. The chatter, mainly.

Just like, when comments first started appearing on weblogs (remember those times, folks?) — well, some of the conversation that was happening from blog post to blog post moved into the comments.

But there was already conversation. Blogs without comments are still blogs.

So, what has happened? The more immediate, chat-like conversation has indeed moved out of blog comments and into Twitter, Facebook, and Friendfeed-like services. The short one-liners. But the real value-adding comments, those that make the conversation meaningful, those that actually discuss in depth what the blogger wrote, or contribute something beyond “great post” or “load of horseshit” — those are still there in our blog comments.

I see a parallel here with the distinction I make between live-tweeting and live-blogging. I’m not anti-Twitter or anti-anything: I love Twitter, and use it for more than my fair share of chatter. But the chatter of today most often has lost its appeal tomorrow, and will not take the place of deep conversation that one can catch up with even once it has gone cold.

This, by the way, is also the root of my dislike of threaded conversations on blogs.

Similar Posts:

Live-Blogging vs. Live-Tweeting at Conferences [en]

[fr] Live-tweeter une conférence, c'est l'équivalent d'être actif dans le backchannel IRC de la belle époque des conférences de blogs. Il n'y a rien de mal à ça, mais il ne faut pas confondre ça avec le live-blogging: en effet, passés quelques jours, semaines, mois ou même années, qui va replonger son nez dans le fouillis des tweets ou des logs IRC de telle ou telle journée? Comparez ça avec un article sur un blog, qui sera lu, relu, et encore relu -- qui conserve donc sa valeur une fois que l'excitation du temps réel est passée.

One of the things bloggers brought with them when they started attending conferences is live coverage. Unlike the traditional press, which would provide you with a summary of the proceedings the next day, bloggers would be madly photographing, taking notes, uploading, and hitting publish in the minutes following the end of a presentation.

Live-blogging was born.

(For my personal history with it, see my BlogTalk 2.0 posts (2004) about collaborative note-taking using SubEthaEdit and a wiki, and my notes of LIFT06 (2006). Real proper live-blogging had to wait until LIFT’07 and Martin Roell’s workshop on getting started with consulting (2007), however.)

Then Twitter showed up, and everybody started a-tweeting, and more particularly live-tweeting during conferences.

But live-tweeting does not replace live-blogging. It replaces the IRC backchannel, allowing people to comment on what is going on as it happens, and letting people who are not physically present take part in the fun.

(I’m not going to talk about backchannels here: they’re great, but can also have unpleasant consequences in certain situations. A whole series of blog posts could be devoted to them.)

So when bloggers at conferences neglect their blogs and spend all their time live-tweeting, they are in fact fooling around in the backchannel instead of doing what bloggers do, which is produce content which retains value months, sometimes years, after it was published.

Don’t get me wrong: live-tweeting is fine, so is participation in a more traditional IRC-based backchannel. But don’t confuse it with live-blogging.

Tweets of the moment, just like IRC conversations, tend to be great when consumed in real time. But as the days and weeks go by, they become just as pleasant to read as an IRC log. (Understand: not pleasant at all.)

So, dear bloggers, when you’re at a conference to provide coverage, do not forget who you are. Not everybody is a live-blogger, of course, and some produce very valuable writing about an event they attended once they are home and have allowed the dust to settle.

But tweeting does not replace blogging.

Do you think I got my point across, now? 😉

Similar Posts: