36h54 [fr]

[en] There is a large chunk of my time that I don't "own" anymore, as it is my employer's, in a way. It's making me reflect on how I did or didn't protect my working time as a freelancer, and how that is indicative of my priorities regarding earning money vs. "social obligations".

Aujourd’hui, 36h54 de mon temps chaque semaine appartient à mon employeur. Après plus de dix ans à mon compte, durant lesquels j’ai autant que possible essayé d’éviter de “vendre du temps”, c’est un gros changement.

Et j’ai confirmation de ce que je savais déjà, mais dont je ne mesurais peut-être pas précisément l’ampleur: quand mon temps ne m’appartient pas, je le protège bien mieux que quand c’est le mien. Quand je travaille, je travaille. Je ne m’interromps pas pour ceci ou cela, plus particulièrement, pour les autres.

En tant qu’indépendante, “libre de mon temps”, tout “oui” rognait sur mon temps de travail, et donc, au final, sur mon compte en banque. Cela ne signifie pas que je regrette ces “oui”. Mais ils ont une autre conséquence.

Aujourd’hui, un engagement hors travail signifie que je suis plus fatiguée. Mon salaire et mes heures de travail sont inchangés.

Je ne suis pas certaine que tout le monde fonctionne ainsi. C’est probablement le reflet chez moi de comment je hiérarchise mes obligations envers moi-même et mes obligations vis-à-vis des autres. De comment je hiérarchise “travailler” et mon implication sociale.

Dans un emploi salarié, il y a des gens qui attendent quelque chose de moi. Je suis là pour remplir un rôle. Il y a donc, dans le cadre de l’emploi, une “pression sociale” (positive, pour moi!) sur le travail.

Comme indépendante, si je choisis d’avoir un impact en travaillant ou en étant bénévole, c’est entre moi et moi. Et, au final, mon banquier.

Paradoxalement, n’être plus maître de cette large portion de mon temps, en échange pour un salaire, ça me libère pour mes engagements “hors travail”. Ce blog, par exemple. Ou une activité bénévole. J’ai moins de temps, mais je me sens plus libre quant à la façon de l’utiliser.

CréAtelier au Swiss Creative Center: retour d’expérience "se médiatiser en 2.0" [fr]

[en] I did a workshop on Friday in Neuchâtel around "how to make yourself known in the 2.0 world". Basically, it was about sharing how I'd done it and what could be learned from it. The results were surprising to me, but I had a really great time and I think the participants did too!

J’ai animé vendredi un “CréAtelier” au Swiss Creative Center à Neuchâtel. C’était une expérience extrêmement intéressante et enrichissante, qui m’a donné l’occasion de jeter un regard nouveau sur mon parcours et ce que je fais.

Workshop Swiss Creative Centre

Pour ce workshop, Xavier m’a demandé la chose suivante: faire rentrer les participants dans mon univers en racontant mon parcours, et les lancer dans un exercice de “design thinking” à partir de là. Comment ai-je fait pour me faire une place en tant que blogueuse, me “médiatiser en 2.0”?

Ce que j’ai réalisé en me replongeant dans ces 15 dernières années en ligne, c’est que la plupart des choses que j’ai faites, je les ai faites simplement parce que j’en avais envie, et non pas comme moyen pour atteindre un certain but. Tout ce que j’ai “accompli”, au final, a pour moi un goût d’accidentel. Je n’ai pas cherché à me faire connaître. Je n’ai pas essayé de me lancer comme indépendante.

Du coup, je séchais sur la question de l’exercice de groupe: est-ce qu’on pouvait vraiment tirer de mon histoire des leçons pour “faire de même”? Il me semblait que ce que j’avais fait avait “marché”, rétrospectivement, justement parce que je n’essayais pas de faire marcher quoi que ce soit.

Ce qui me semblait ressortir de mon parcours, c’est l’importance des mes activités “en communauté” (= les gens) à côté du blog comme lieu de publication. Mon blog, en fait, était (tout comme mon site) un moyen d’étendre mes relations avec les gens que je connaissais en ligne. Il n’a jamais eu d’existence dans le vide. J’ai réalisé assez vite aussi qu’il y avait un écho fort entre mes activités en ligne et hors ligne: internet n’est absolument pas pour moi un lieu d’altérité. Ma vie et mes relations sont intégrées, online/offline.

Pour le travail de groupe, j’ai décidé de proposer aux participants d’imaginer qu’ils étaient des passionnés de chocolats à la tête d’une chocolaterie/tea-room de demain. Que pourrait-on faire avec ça?

Je voulais éviter de tomber dans le piège classique de l’entrepreneur-exemple qui vient raconter son histoire, dit “on ne savait pas du tout ce qu’on faisait, mais on a eu de la chance, ça a marché malgré tout, si vous voulez faire de même il ne faut surtout pas faire comme nous, ayez une stratégie, un business plan, et tout et tout”. Vous avez déjà noté ce paradoxe? Nombre des histoires de succès qu’on nous présente reprennent sous une forme ou une autre le refrain de “on savait pas ce qu’on faisait”. La mienne incluse. Et après, on essaie d’en tirer des enseignements pour quelqu’un qui chercherait explicitement à atteindre un objectif similaire!

J’ai donc donné les consignes suivantes à mes “chocolatiers”:

  • se détacher des objectifs
  • partager sa passion
  • qu’est-ce qui serait cool?
  • aimer les gens
  • online et offline

Peu après avoir lancé l’exercice, j’ai commencé à avoir un tas d’arrière-pensées. Je venais de leur dire pendant une heure que tout ce que j’avais fait, je l’avais fait de façon désintéressée, parce que j’étais passionnée, parce que j’avais un élan intérieur qui me poussait à le faire, parce que j’aimais les gens et qu’au fil des mois et des années j’avais créé des liens avec et que ces liens revenaient nourrir ma vie plus tard à des moments inattendus. Et je les lançais sur un thème imposé, pour lequel ils allaient devoir faire semblant de se passionner, et dans un cadre tout de même intitulé “se médiatiser en 2.0” — voilà un bel objectif, non?

Si je pressentais une petite dissonance entre ce que j’avais prévu en matière de discours et d’exercice, je n’avais pas vu venir ça aussi fort. Un exemple de plus de l’irréductibilité de l’expérience humaine: on a beau préparer son speech, sa classe, ou son workshop, le faire “pour de vrai” colore tout différemment. Je pense d’ailleurs que quand on enseigne des choses aussi expérimentales que ce que je fais habituellement, la capacité à improviser et à s’adapter à ce qui se passe dans la salle est capital, même s’il faut jeter son plan de cours par la fenêtre. Etre à l’aise avec ça m’a sauvé la mise plus d’une fois.

Les retours des groupes étaient extrêmement créatifs — mais se situaient tous au niveau entrepreneurial. On va offrir tel service, etc. Un exercice extrêmement réussi, au fond, pas celui que j’avais essayé de lancer! Peut-être que mon cadre n’était pas assez bien défini — ou peut-être aussi simplement était-ce impossible. Je penche pour la deuxième solution.

J’ai expliqué ça et soumis le casse-tête à la classe. Une proposition de la salle rejoignait exactement l’exercice “bis” que j’avais concocté durant le premier travail de groupe: un des participants allait se porter volontaire pour partager une de ses passions avec le groupe (première partie de l’exercice: comment communiquer une passion à des quasi-inconnus autour d’une table, les intéresser, les faire “rentrer” dedans?), puis le groupe allait réfléchir ensemble à des sujets d’articles de blog sur cette thématique, pour en préparer une petite liste.

Cet exercice s’est avéré beaucoup plus réalisable que celui d’avant. Mais la fin du workshop approchant, certains étaient perplexes. “Bon alors, comment je me médiatise en 2.0?” — “Concrètement, je fais quoi maintenant?”

Oui, c’est ça qui fait un peu mal. Le succès d’untel n’indique pas nécessairement le chemin à suivre pour autrui. Beaucoup de mon parcours (et de mon “succès”) est lié à ma personnalité, ou à des concours de circonstances. Comment on peut reproduire ça? Difficilement…

Toutefois, il y a, je crois, quelques “take-aways” exportables à partir de mon histoire. Quelques clés que je peux partager.

  • La base, ce sont les gens. Ecrire un blog dans le vide n’avancera à rien. Et quand je dis “les gens”, je pense à de véritables relations, pas à des contacts-networking empilés sous forme de cartes de visites.
  • L’authenticité. On ne peut pas bâtir ces relations si importantes sur une image. Il faut oser être soi un peu, se dévoiler, être un peu vulnérable. Cela n’implique pas la transparence totale, absolument pas, mais ça invite à laisser tomber un peu le masque et à être humain et faillible.
  • Suivre ses intérêts, partager sa passion. C’est lié à l’authenticité: si les montres m’indiffèrent, je ne vois pas comment je pourrais écrire un blog à succès ou devenir une référence dans le monde des montres. La passion contrefaite, on la sent à 15km. Il suffit d’ouvrir une brochure marketing pour s’en convaincre.
  • Et ça prend du temps. C’est Xavier qui a relevé ce point. Dans mon cas, des centaines et des centaines d’heures à chatter, à trainer dans des forums, à bricoler en ligne. Parce que j’avais du plaisir à faire ça — je n’aurais jamais pu y passer autant de temps si c’était juste une “stratégie”.

Deux autres articles que j’ai envie d’écrire suite à ce workshop: un récit de mon parcours (bonjour le cours d’histoire), et peut-être un autre sur la “blog attitude”, comme l’a joliment mis un des participants au workshop.

Merci encore à Xavier et au Swiss Creative Center de m’avoir donné l’opportunité d’animer ce workshop. Et si vous y avez pris part, j’adorerais lire vos retours dans les commentaires!

La pile de livres aspirationnelle: se construire un champ des possibles [fr]

[en] About the aspirational pile of books that I brought to the chalet with me.

Note: comme la plupart des billets que je publie ces jours, celui-ci a été écrit hors ligne durant ma petite retraite à la montagne.

Je suis au chalet, avec deux chats et une pile de livres, de quoi lire pendant probablement un mois. Une bonne douzaine. OK, un mois en ne faisant que lire.

J’en suis au premier bouquin que j’ai pris sur la pile. Entre-temps, j’ai quand même passé une demi-journée à trier/organiser mes photos (j’ai pris mon disque dur externe exprès) et je suis maintenant en train de rédiger mon 7e (septième!) article pour Climb to the Stars en quelques heures.

Pourquoi diable monter tant de livres pour quelques jours seulement? Je me suis posé la question. Je me la suis d’autant plus posé qu’on a abordé récemment avec Evren la question de la pile aspirationnelle de “choses à lire plus tard”. Je ne me leurre pas: cette pile de livres est totalement aspirationnelle.

Précisons tout de même que j’ai loué une voiture pour ma petite retraite à la montagne, ce qui me permet de ne pas trop me soucier du poids excédentaire de mes aspirations.

En fait, ce à quoi j’aspire, avec cette pile de livres, mon ordi plein de photos à trier, et mes doigts pleins d’articles à taper, c’est aussi le choix, le possible. Je veux être ici au chalet avec le choix de mes lectures, et non pas limitée et contrainte par un choix fait avant de venir.

Alors j’amène plus de livres que je ne peux lire. J’élargis un peu le choix. Je me laisse la liberté de suivre mon humeur. De butiner. C’est ce que je cherche un peu, ici loin de tout.

Chez moi, c’est un peu la même chose. Il y a dans ma bibliothèque plein de livres que je n’ai pas vus. Dans ma DVD-thèque (oui, encore, je sais) plein de films et de séries à regarder encore. Dans mon étagère vitrée, une bonne trentaine de thés.

Je veux être dans un contexte où j’ai le choix. Je peux sur un coup de tête lire ceci ou cela. Les habits et les chaussures, c’est sans doute la même chose — et les réserves dans le garde-manger.

Mais si on a lu The Paradox of Choice, on sait que cette liberté, ce choix ouvert auquel on aspire, eh bien il peut aussi être contre-productif. A trop devoir choisir on se fatigue. Trop de possibilités, ça angoisse.

On n’utilise qu’une petite partie des choix à notre disposition, et le reste pèse sur notre conscience. Ça me fait penser à cette étude où l’on demandait aux gens de planifier leurs menus sur un mois, et on comparait ensuite avec ce qu’ils mangeaient réellement. Pas trop de surprise: les menus “réels” étaient bien plus répétitifs que les menus théoriques. On croit qu’on va vouloir de la variété, mais en réalité, on aime aussi la répétition.

L’autre chose à laquelle ça me fait penser, cette histoire de pile aspirationnelle, c’est la bibliothèque d’Umberto Eco, dont il est question si ma mémoire ne me fait pas défaut dans “A Perfect Mess“, le parfait livre-compagnon à The Paradox of Choice cité plus haut. (Si c’est pas dans A Perfect Mess, c’est peut-être dans The Black Swan, autre livre indispensable.)

La bibliothèque la plus intéressante, c’est celle qui regorge de livres encore-non-lus. C’est elle qui contient peut-être le livre qui va bouleverser notre vie, mais qu’on n’a pas encore lu. (Plus j’y pense, plus il me semble que ça vient de The Black Swan, ce que je raconte.) Le potentiel pour le changement radical réside dans ce que l’on ne connaît pas encore.

Bon, ça rime à quoi, tout ça? Dans cette pile aspirationnelle, il y a plusieurs niveaux:

  • on aspire à un état où l’on aurait lu tout ça
  • on aspire à une liberté de choix qui, poussée à l’extrême, serait paralysante
  • on aspire à une vie où on aurait le temps de lire tout ça (le livre comme métaphore du temps de libre — même si on sait qu’on se prive activement d’avoir le temps de faire tout ce qu’on ferait si seulement on avait plus de temps)

En résumé: quatre jours au chalet, ce n’est pas assez!

Médias sociaux: ça prend un de ces temps! [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

C’est le grand reproche qu’on fait aux médias sociaux: c’est bien joli tous ces blogs, Facebook, Twitter… mais ça prend un de ces temps!

C’est entièrement vrai.

Je l’ai constaté encore une fois cette semaine. Même si ça fait des années que je fais ça, que je le fais avec facilité et aisance, je suis encore et toujours surprise quand j’arrive à la fin d’une journée en réalisant que je l’ai passée tout entière à bloguer, tweeter, et facebooker (bon, ça existe pas encore, ce mot, mais vous voyez ce que ça veut dire).

Ça prend du temps. En 2008, j’ai assuré seule et uniquement via les médias sociaux la promotion de Going Solo, ma conférence pour indépendants connectés. Une des leçons que j’en avais tirée était “ça prend du temps… beaucoup de temps.” Rien n’a changé.

Mais pour être honnête, tout prend du temps. Reste à savoir à qui appartient le temps en question. Une demi-page dans les journaux ou un spot TV, ça prend énormément de temps, si on tient compte de toutes les personnes intervenant dans le processus.

C’est vrai pour toute communication, toute promotion, toute publication qui prétend à un tant soit peu d’efficacité: ça prend du temps. Parfois sous forme d’argent, parfois sous forme du temps de quelqu’un d’autre, parfois encore sous forme de son propre temps.

Ne l’oublions pas, lorsque nous comparons les médias sociaux aux méthodes plus traditionnelles.

Des fois je reste tellement plongée dans les médias sociaux que j’en oublie d’écrire ma chronique le lundi.

Prendre son temps en voyage [fr]

[en] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

L’autre jour, je tombe sur cet article du blog de Lonely Planet, Les plus beaux hymnes à la lenteur. Une série de suggestions que je vous laisse découvrir, pour voyager sans courir, parcourir le monde en se déplaçant à petite vitesse.

Je privilégie toujours la lenteur lorsque je voyage. Je suis de celles (et ceux) qui préfèrent voir (et faire) peu mais bien. Un tour d’Europe en deux jours, très peu pour moi. J’aime me poser, découvrir à pied le quartier dans lequel je suis, profiter du voyage-vacances pour ne pas m’imposer d’objectifs clairs en matière de “choses à accomplir aujourd’hui”. Visiter moins, mais mieux.

Les choses changent bien sûr, mais l’essentiel de ma vie jusqu’ici a été placé sous le signe de “trop peu de temps, trop de choses à faire”. Alors en vacances, je me rebelle. Je refuse. Je ralentis. Je m’arrête presque.

Concrètement?

D’abord, je marche. J’aime partir à l’aventure dans mon quartier ou ma ville d’accueil, une carte en poche, et me perdre dans les rues. Je sais me repérer sur une carte sans trop de difficultés pour pouvoir rentrer lorsque l’envie me prendra.

Je prends les transports publics plutôt que le taxi. C’est plus lent, c’est souvent un peu plus compliqué, mais on voit mieux la ville qu’on traverse.

An Indian Home (India 2004) 8Je lis, aussi. Oui je sais, quand on est en voyage à des milliers (ou des centaines) de kilomètres de chez soi, il y a mieux à faire que bouquiner, il faut visiter, visiter, visiter, au risque de rentrer d’une année en Inde sans avoir vu le Taj Mahal… Mais au fond, ce n’est pas si grave. Voyager, vacancer, c’est s’échapper de son quotidien, c’est faire les choses autrement.

Une autre chose que je me retrouve souvent à faire en voyage, c’est du shopping. Habits, livres… Une activité que j’apprécie mais que je ne prends souvent pas le temps de faire lorsque je suis dans ma ville. A l’étranger, ailleurs, même si ce sont les mêmes magasins (H&M a envahi le monde entier depuis belle lurette), je prends le temps de flâner, et du coup, d’acheter.

J’ai des souvenirs mémorables de traversées de l’Inde en train. Pune-Delhi, Calcutta-Pune, Delhi-Pune, Pune-Chennai, Bombay-Kerala… J’adore le train, en Inde. Il avance d’un petit pas à travers des étendues tellement vastes qu’on peut à peine les imaginer de Lausanne. Il s’arrête en rase campagne, on ne sait pas trop pourquoi. On lit, on somnole, on prend des photos, on discute avec ses compagnons de route.

L’avion, à côté, c’est presque dommage. A peine le temps d’embarquer qu’on est déjà ailleurs, sans avoir eu le temps de comprendre ce qui nous arrivait.

Certes, il faut être sur place assez longtemps pour pouvoir se permettre de “perdre” un jour (ou plus!) dans le train. Mais ça fait partie du voyage aussi…

Les vacances stressantes, ce n’est pas pour moi, en tous cas. Mes rêves, juste là? Des vacances à cheval, une descente de fleuve en petit bateau, et reprendre ces fameux trains en Inde.

20040209_steph_eating_train_food2

L'importance du temps structuré [fr]

[en] I've realised that I feel better when my time is at least somewhat structured, so I need to figure out how to manage my "free time" (when there is lots of it, like during this staycation/holistay) a bit differently than "not plan anything and see what I feel like doing".

Ces derniers mois, et je dirais même cette dernière année, j’ai fait des progrès énormes en ce qui concerne la gestion de mon temps. Par cela, je veux dire que j’ai cessé de courir, cessé d’être aussi stressée, cessé de jouer toujours toujours toujours les pompiers. J’ai une vision assez claire, sur le court terme, de ce que je dois faire, je le fais, et en grande partie grâce au fait que j’ai maintenant un bureau séparé de mon appartement, j’ai aussi récupéré mes soirées, mes week-ends, et même des mini-vacances au chalet.

Bref, ça va plutôt bien et je suis très contente de moi.

Par contre, je remarque pendant cette période des fêtes, où j’ai décidé de lever le pied et de prendre des “vacances à la maison”, que si j’ai bien réussi à trouver un équilibre durant ma vie “travaillée”, ce n’est pas si simple pour le temps de loisir. J’avais d’ailleurs déjà constaté ça, à plus petite échelle, lors d’un ou deux week-ends très très tranquilles.

Je me rends donc compte que j’ai besoin de structurer mon temps (jusqu’à un certain point!) pour me sentir bien. Ça ne veut pas dire que je dois faire en sorte d’avoir un “programme” qui remplit ma vie du début à la fin, mais les longues journées de “libre” qui se suivent, ce n’est pas top non plus.

Tiens, c’était déjà pas top durant les longues vacances d’été interminables quand j’étais enfant.

J’ai aussi appris à quel point il est important pour moi d’avoir un minimum de routine dans mes journées.

Du coup, je réalise que j’ai besoin de gérer légèrement autrement mon temps de loisir, et de m’éloigner un peu du “je ne planifie rien et regarde d’un moment à l’autre ce que j’ai ‘envie’ de faire” — ça marche pour une journée (le week-end) mais pas pour bien plus longtemps que ça.

Solution? Pas encore tout à fait trouvée, mais j’y réfléchis, c’est la première étape!

Novembre [fr]

[en] Novembre. Another year comes to a close.

Novembre. L’année 2008 touche bientôt à sa fin. Comme chaque fin d’année, je n’en reviens pas. Le printemps semble si proche. Je n’ai pas vu passer l’été. Inexorablement, les semaines et les mois défilent, l’hiver arrive, et les chiffres si familiers du calendrier changent à tout jamais.

Jamais plus 2008. Une année de l’histoire. Une année de mon histoire. Une année comme tant d’autres, unique mais justement banale par son unicité.

Quand bien d’autres années semblables et différentes de ma vie auront passé, je me souviendrai de 2008, des espoirs, des joies, des chagrins, du chat au chalet et de mon ordinateur rose.

Ouvrir ou non les commentaires? [en]

A midi, un ami m’apprenait qu’il avait un blog déjà depuis un petit moment, mais qu’il n’avait pas osé ouvrir les commentaires (c’est-à-dire: permettre aux lecteurs de s’exprimer directement sur son site, en réaction à ses articles) de peur de se faire déborder ou d’y passer trop de temps.

Souvent, lorsque je commence à “parler blogs” avec des clients (ou futurs clients), c’est autour des commentaires que tout se crispe. On a peur de ce qu’autrui pourrait venir écrire “chez nous”, et on se retrouve aux prises avec ce bon vieux pote qui nous joue pourtant de bien sales tours: le contrôle.

Si vous avez lu Naked Conversations (fortement recommandé pour qui voudrait comprendre l’importance que les blogs prennent dans le monde économique et social d’aujourd’hui) ou bien The Cluetrain Manifesto (le “manifeste” est traduit en français mais franchement, il m’a passé complètement par-dessus la tête plusieurs fois avant que j’attaque le livre — que je dévore en ce moment — disponible gratuitement sur le site), si vous avez donc lu un de ces deux livres, vous saurez de quoi je parle. On ne peut plus contrôler.

Sur internet, chacun peut en deux minutes, gratuitement et sans compétences techniques particulières, créer un blog (filez chez WordPress.com si vous êtes tenté) et y écrire ce qu’il souhaite. Tôt ou tard, si ce qu’il écrit présente un intérêt pour suffisamment de personnes (et ce nombre n’a pas besoin d’être bien grand), il se trouvera un public.

Le rapport avec les commentaires? Si vous avez peur de ce qu’on pourrait dire de vous ou répondre à vos écrits, ne pas avoir de commentaires ne change rien. Si vous avez des choses peu honorables à cacher, si vous êtes malhonnête, si vous refusez de dialoguer avec autrui, alors certainement, internet est un grand méchant espace effrayant, et si vous y avez un site, vous allez éviter d’encourager les gens à s’y exprimer. Oui. Laisser à ses lecteurs la possibilité de s’exprimer chez vous, via des commentaires, c’est inviter au dialogue — et bien des personnes qui s’expriment dans les commentaires ne l’auraient pas fait s’il leur avait fallu prendre la peine d’envoyer un e-mail ou d’ouvrir leur propre blog. Mais de l’autre côté, fermer les commentaires n’empêchera jamais quiconque de déverser du fiel à votre sujet en ligne — que ce fiel soit justifié ou non n’est ici pas la question.

Admettons cependant que la plupart des gens (et des entreprises) sont (raisonnablement) honnêtes et n’ont pas trop de vilains cadavres pourrissant au fond de leurs placards. (Il y en a toujours quelques-uns, de squelettes ou de cadavres, mais on finira par comprendre que les vrais êtres humains ont parfois des boutons d’acné sur le nez et qu’ils ne sont pas retouchés en permanence sous PhotoShop.) Donc, pourquoi cette peur des commentaires, si au fond on est relativement comfortable avec qui l’on est et ce qu’on fait? Quelques hypothèses:

  1. Les gens peuvent dire n’importe quoi! C’est vrai. Ils peuvent aussi dire n’importe quoi ailleurs. Sur votre site, l’avantage c’est que vous pouvez immédiatement répondre au commentaire en question pour corriger le tir. Pensez-y: dans la “vraie vie” (arghl, je déteste utiliser cette expression) on agit pareil. Quand quelqu’un dit quelque chose de stupide ou de faux à notre sujet, eh bien, on répond. On discute. (La conversation, vous vous souvenez?) De plus, notons que la plupart des gens ne passent pas leur temps à aller laisser des commentaires débiles sur les blogs des autres. Pas dans le monde des adultes civilisés, et sur un blog qui a l’air “sérieux”, en tous cas.

  2. Ça va prendre du temps! Là, il vaut la peine de s’arrêter une minute et de se demander ce qui va prendre tellement de temps. Déjà, réaliser que les craintes du point 1. se réalisent peu souvent. Ensuite, savoir que la plupart du temps, le problème d’un blog n’est pas qu’il y a trop de commentaires, mais pas assez. Sur Climb to the Stars, avec environ 2000-2500 lecteurs par jour (ça varie, mais voilà l’ordre de grandeur), j’ai entre trois et cinq commentaires par jour en moyenne. Parfois zéro. Combien de lecteurs a votre blog? Ce qui peut prendre du temps, c’est de nettoyer le spam, si l’outil de blog que l’on utilise n’a pas un bon filtre. Mais ça, ce n’est pas une question de principe, c’est une question de choix de moteur de blog (et aussi pour ça qu’en général je recommande WordPress — le filtre à spam fourni avec, Akismet, est assez efficace).

  3. Les gens pourraient poser des questions difficiles, ou dire des choses incomfortables… Ça, honnêtement, je pense que c’est la seule crainte réelle à avoir. Si la conversation n’est certes pas impossible sans commentaires (on avait des conversations via nos blogs avant que ceux-ci ne comprennent cette fonctionnalité), ceux-ci invitent clairement au dialogue. Et le dialogue, cela implique une certaine ouverture à l’autre — d’assumer une certaine humanité. On ne peut pas dialoguer si l’on parle comme un communiqué de presse ou des prospectus de marketing. Oui, il y des choses qui sont imparfaites. Oui, on fait des erreurs. Non, on ne sait pas tout. Oui, la concurrence peut être bien aussi. Il vaut donc la peine de se demander si on est prêt pour ça — sachant que dans le fond, ce n’est pas si difficile que ça (discuter, c’est quelque chose que l’on fait tous les jours, sans y prêter vraiment attention), et qu’en fin de compte, l’évolution d’internet nous permet de moins en moins d’échapper à ce dialogue…

Moralité: ouvrez les commentaires, ne les filtrez pas, gardez un oeil attentif dessus au début si vous êtes inquiet, résolvez les problèmes posés par les commentaires “difficiles” en y répondant plutôt qu’en censurant… et si vraiment vous considérez que vous êtes débordé de commentaires, activez la modération, voire supprimez-les. Mais dans cet ordre. Essayez d’abord. Faites marche arrière ensuite si nécessaire (et je vous parie que dans 99% des cas, cela ne le sera pas).