J'ai refusé mon premier interview [fr]

[en] I just refused my first interview. It was on a topic I knew nothing about until the journalist's phone call, roughly twenty minutes before the show (live). It's not that they shouldn't have contacted me, but the fact I knew nothing of the story (leak of music festival programs through blogs) and that it brought along the hairy "blogs vs. journalism" issue (I'm no means a specialist on that question) made me feel really uncomfortable about speaking up as the "bloggy specialist". The journalist understood my concerns, and I'm grateful to her for that. You'll just have to be a bit more patient until the next interview!

Eh oui. Il n’y a pas plus tard que quelques minutes. Produit de toutes mes réflexions, [prises de tête et discussions au sujet de mon statut de Madame Blogs](http://climbtothestars.org/archives/2006/01/16/etre-madame-blogs/) ces derniers mois.

On ne pourra cependant pas dire que j’ai refusé net. J’ai hésité. J’ai réfléchi (autant que je pouvais, pendant que je discutais au téléphone avec la journaliste et que je voyais passer les minutes). C’était pour un direct à  la RSR, vers 18h00, sur le sujet des fuites du programme de [Paléo](http://paleo.ch/) (et du [Montreux Jazz](http://www.montreuxjazz.com/)) [via les blogs](http://montreuxjazz.bleublog.ch/general/programme-officieux-montreux-jazz-2006.html “Un exemple parmi d’autres.”), ce qui a eu pour conséquence (me dit-on) l’annulation de la conférence de presse qui était prévue pour aujourd’hui. Problématique: blogs et médias traditionnels (terrain ô combien glissant), motivation de ceux qui contribuent à  faire circuler des infos qui sont “sous embargo” pour la presse traditionnelle, à  qui profite le crime…

Ce n’est pas qu’on tenait à  me faire dire des choses avec lesquelles je n’étais pas d’accord. C’était surtout parce que je ne savais rien de l’histoire en question avant que la journaliste ne m’en parle (j’ai téléchargé le programme de Paléo cet après-midi sur leur site comme “tout le monde” avant d’y commander mes billets). Donc, en gros, j’allais m’exprimer en direct sur un sujet dont j’avais entendu parler pour la première fois une vingtaine de minutes auparavant. Pas très confortable pour le moins, et surtout, pas très déontologique de ma part, puisque ma présence dans cette interview sous-entendrait tout de même pour les auditeurs que je savais de quoi il en retournait.

Une autre source de mon malaise est le sentiment qu’on glisse vers une tendance où il suffit de mettre le mot “blog” dans un reportage pour accrocher le lecteur ou l’auditeur. “Le programme de Paléo circule sur les blogs” — ça donne le sentiment que la blogosphère entière se refile le programme, mais qu’en est-il en réalité? De combien de blogs s’agit-il? Je n’en sais rien. Une poignée, plus que probablement. Peut-être plus? De nouveau, je débarque, aucune idée de l’ampleur du phénomène.

Ce ne sont pas les blogs qui sont importants en tant que tel. Avec l’apparition d’internet, les médias traditionnels ont perdu l’exclusivité de la diffusion publique de l’information. Ce qu’ont fait les blogs, c’est (pardonnez-moi, mais j’aime bien cette formule) *[actualiser la promesse d’internet](http://ditwww.epfl.ch/publications-spip/article.php3?id_article=918)* et rendre effectivement possible au plus grand nombre de s’exprimer sur la toile.

Les blogs sont aussi des machines à  conversation, ils sont un média social, et fonctionnent comme du bouche à  oreille, mais avec le pouvoir de diffusion d’internet. Alors, les programmes de festival qui circulent, ça n’a rien de bien extraordinaire, à  mon humble avis.

Quand vous préparez un festival, il y a des tas de gens “à  l’intérieur” qui connaissent le programme ou une partie de celui-ci. Il y a des fuites. Il y a toujours des fuites. Et maintenant, au lieu de juste parler de ce que l’on sait à  ses voisins, collègues, et amis, on le colle sur son blog. Des inconnus le lisent. L’information se diffuse. Et les pauvres médias traditionnels qui respectaient l’embargo se posent des colles: les blogueurs en parlent, pourquoi pas nous? Mais les blogueurs, eux, se contentent de parler de ce qui les intéresse, avec plus ou moins de sérieux, plus ou moins de compétence, sans se préoccuper de questions d’exclusivité ou d’embargos.

Quant à  la fameuse “opposition” entre blogs et médias traditionnels qui plaît à  certains (on peut mettre en avant le manque de crédibilité des blogs — mais franchement, qui est plus crédible, le patron d’entreprise qui vous parle directement de ses produits, ou bien un resucé de communiqué de presse rédigé par l’agence de communication engagée spécialement pour l’occasion?), je pense qu’il n’y a pas de réponses simples à  apporter. En tous cas moi, je n’en ai pas, et surtout pas hors contexte, en deux minutes de direct, sans préparation. Ce que je sais cependant, c’est que je vois une cohabitation plutôt qu’une opposition. C’est clair que l’évolution d’internet force la presse traditionnelle à  se remettre en question. Mais je ne suis pas une spécialiste de la presse 🙂

Qu’il soit bien clair: je ne jette nullement la pierre à  la RSR pour m’avoir contacté. Si j’avais suivi l’affaire, j’aurais volontiers fait la spécialiste et tenté d’apporter un modeste éclairage à  l’histoire. Mais là , ça me mettait dans une situation vraiment trop inconfortable. La journaliste (avec qui j’ai parlé près d’un quart d’heure au téléphone) a tout à  fait accepté mes réticences et je l’en remercie.

Je crois juste qu’il est grand temps que je commence à  faire attention à  n’intervenir dans les médias traditionnels que lorsque je me sens réellement compétente pour le sujet, et pas juste parce qu’il s’agit de blogs, et qu’en blogs de manière générale, je sais plus ou moins de quoi je parle.

[Le reportage peut être écouté ici.](http://info.rsr.ch/fr/rsr.html?siteSect=201&playerMode=normal&&bcItemId=6658752&bcid=412492&contentDisplay=)

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I'm Working for coComment [en]

A couple of months back, I told you the story about [my early involvement](http://climbtothestars.org/archives/2006/02/04/cocomment-enfin-public/) in the birth of [coComment](http://cocomment.com/). A few weeks, ago, Nicolas asked me if I would like to be part of the team, and [I happily accepted](http://www.cocomment.com/teamblog/?p=60).

My role, broadly, falls in the category of evangelism and communication (external and internal), and it’s in part what I was doing after the launch, before school and [computer](http://climbtothestars.org/archives/2006/03/18/peu-de-connection-internet-ces-prochains-jours/) [problems](http://steph.wordpress.com/2006/04/09/broken-ibook/) took over: read [what is said about coComment in the blogosphere](http://technorati.com/search/cocomment), comment and react when it’s needed or helpful, be active in the [forums](http://cocomment.com/forum/), bring back to the team feedback and ideas (found out there or somewhere deep in my mind) — in short, be a fussy but enthusiastic and vocal user.

Being part of the team now, I’ll be posting in the [coComment Team Blog](http://cocomment.com/teamblog/), which I have to say really needs to be more active. I will also be facilitating internal communication between the various team members.

My hope in taking up this job is to help make coComment into a tool which addresses users’ needs. I think it’s a great tool, and has a lot of potential. As I tell my clients, blogging and being an active player in the blogosphere takes up time. The dev team can’t spend all their time developing stuff *and* do the communication as well. That’s where I come in.

Working for coComment has a feel of adventure for me. First of all, I’m actually going to be paid to do what I like doing (be a pain in the neck and throw ideas all over the place). Second, this is the first time for me that work and blogosphere collide. My previous jobs have had nothing to do with the blogosphere, and I’ve never blogged much about my work.

I’m going to experience what it is to be caught between the desire to be transparent, and the fact that in business you cannot always say everything. I’ll probably have more to say about this in the coming weeks!

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Lecteurs de 24 Heures, bienvenue! [fr]

[en] An article about me in the local newspaper.

Portrait de Steph. Un petit mot rapide pour souhaiter la bienvenue aux [lecteurs de 24 Heures](http://www.24heures.ch/vqhome/label_24/chroniques/elles.edition=ls.html “Version en ligne de l’article.”) qui découvriraient aujourd’hui ce site. Laissez un petit mot dans les commentaires!

Il y a pas mal d’écrits techniques qui vous passeront peut-être par-dessus la tête dans mon blog, mais si vous prenez le temps d’explorer un peu vous verrez que je ne me limite pas à  parler des rouages du web. Enfin, j’espère!

Une piste ou deux pour ceux qui se sentiraient appelés à  bloguer:

– [Blog pour les nuls](http://climbtothestars.org/archives/2006/02/25/blog-pour-les-nuls/): quelques conseils pour démarrer.
– [De l'(in)utilité des blogs](http://climbtothestars.org/archives/2006/02/28/de-linutilite-des-blogs/): une réponse à  Philippe Barraud (il est d’ailleurs également (http://24heures.ch/vqhome/edition/vaud/barraud_040306.edition=ls.html) dans l’édition d’aujourd’hui)

Je n’ai pas pu trouver de version en ligne de mon portrait — merci de laisser l’adresse en commentaire si vous avez pu mettre la main dessus!

Addendum: pour ceux qui aiment l’histoire, visitez ce [petit historique de la blogosphère francophone](http://embruns.net/blogosphere/petite_histoire_blogosphere.html), des origines jusqu’à  mi-2004. [Laurent](http://embruns.net/ “Le Capitaine, figure incontournable de la blogosphère francophone.”), ce serait cool de mettre à  jour cet historique, qu’en penses-tu?

Addendum bis: mis la main sur la [version en ligne](http://www.24heures.ch/vqhome/label_24/chroniques/elles.edition=ls.html). On se dépêche, [ça restera pas en ligne éternellement](http://climbtothestars.org/archives/2006/01/01/quotidiens-romands/ “Le triste état des archives en ligne de trois quotidiens romands.”)! (Et non, je n’avais pas vu la photo avant publication…)

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Nuit du Journal Intime: quelques paroles [fr]

[en] Excerpts of an interview I gave last week to the DRS with other participants to "la Nuit du Journal Intime". I speak of intimacy (what it is for me, are we losing intimacy), blogs and private diaries on the web (not viable in the long run, in my opinion), and of what I don't say about myself on my blog (a lot!)

Comme je l’ai raconté, nous avons été interviewés par la DRS après [le débat ouvrant la Nuit du Journal Intime](http://climbtothestars.org/archives/2006/02/14/nuit-du-journal-intime-reflexions/). J’ai reçu le CD et fait une compilation de ce que j’ai dit à cette occasion, avec quelques commentaires.

A votre disposition en format MP3, 3.4Mb pour 7 minutes d’audio (oui, j’ai des progrès à faire, suggestions bienvenues): [DRS Interview (extraits + commentaires)](/files/drs-interview-20060218.mp3)

J’y parle:

– de ma conception de l’intimité et de sa perte éventuelle
– de la viabilité et de la possibilité d’un journal intime sur internet
– de la mise en scène de soi dans le monde “online”
– de ce dont je ne parle pas dans mon blog…

Si je fais référence à des choses dans ce “podcast” et que vous voulez des précisions, des liens, etc… n’hésitez pas à demander des compléments: les commentaires sont là pour ça!

(Et question subsidiaire pour ceux qui sont abonnés à ce blog: est-ce que le fichier MP3 apparaît comme un “enclosure”?)

(Et question subsidiaire pour ceux qui s’y connaissent: comment je peux faire apparaître un slider audio dans le billet pour que les gens puissent écouter juste en cliquant sur le bouton “play”?)

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Wild Videocast of Robert Scoble Interview [en]

[fr] Une interview (partielle) de Robert Scoble par Marc-Olivier et David de IC Agency, filmée de façon un peu sauvage. Quand on dit que les blogs sont la télé-réalité du web...

I was having a post-LIFT chat with Marc-Olivier in the lounge yesterday when [David](http://davsad.blogspot.com/) came up, stole him from me and started talking about getting Robert to do a podcast with them for a blog they were going to open. I offered to introduce them to him.

I was going to take a couple of [photographs](http://flickr.com/photos/bunny) but as they started, I decided for video instead. Think of it as a “making of” videocast of their podcast. (I say “wild” not because [Robert went wild on the video](http://scobleizer.wordpress.com/2006/02/04/going-skiing-today/ “Check out some comments about people photographing you when you’re partying!”) but because it wasn’t planned, staged, or whatever. Vidéocasting sauvage would be how I’d put it in French.

5-minute videocast with Robert (partial)

Robert Scoble podcast (5 mins) by Steph

My initial intention was to upload it straight away. I like the immediateness you can get with the web. (If moblogging wasn’t so bloody expensive I’d be moblogging away…) David actually asked me to hold off publishing the video and cut out some bits of it or put their audio on it, because they wanted to edit some of the audio (English mistakes in the questions, but IMHO, who cares?) I said I preferred to publish what I had recorded “as is”, mistakes, goofs, and all — it was OK with Robert.

I’m a bit embarrassed by the situation, to be honest. My video is on [DailyMotion](http://www.dailymotion.com/Steph/) under a CC-by-sa-nc license, so they can put their audio on top if they like, whatever. I don’t really like having to refrain from publishing something, but on the other hand I am very much aware that if you appear on a video or a photograph, you have a right to control publication of it. I think what bothered me was the argument of “exclusivity”. My videocast is only about a third of the interview, anyway.

What would you have done? Should I have refrained from posting this until they had their version up?

I will of course be posting the link to their version(s) here as soon as I get it.

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Revue de presse [fr]

[en] Another press appearance. Boring you? I didn't even know about this until somebody told me.

[Raph](http://bonpourtonpoil.ch) m’apprend il n’y a pas une heure que je figure dans Le Matin Dimanche d’aujourd’hui. Surprise, je n’étais même pas au courant! Il s’agit d’un article intitulé [Les Romands s’y mettent!](http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/les_romands_s_y_mettent.html). Il présente une sélection des blogs préférés du “Le Matin” (sic), parmi lesquels je figure, accompagnant une interview de [Laurent](http://ballpark.ch/blog/) au sujet de [Lift06](http://lift06.org/) (si vous y allez, faites signe, on se croisera là -bas!)

Donc, [ça continue](http://climbtothestars.org/archives/2006/01/16/etre-madame-blogs/ “Petite humeur vespérale de Mme Blogs (je veux dire la Mère Denis) au sujet des médias.”). Rien à  redire concernant l’article. J’approuve et je rigole, parce que je suis celle qui aurait dit: “[Les Romands sont largués!](http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/blogs__les_romands.html “De la nuance, de la nuance, SVP.”) il n’y a pas deux mois de cela. Par contre, heureusement qu’une ou deux personnes avaient cliqué sur le lien vers mon site dans l’article en ligne, et que j’ai pu ainsi en trouver l’adresse via les referrers de mon site. Sinon, je crois bien que [je n’allais jamais le trouver](http://climbtothestars.org/archives/2006/01/01/quotidiens-romands/ “De l’état lamentable des archives en ligne de trois quotidiens romands.”)!

On notera en passant (mes ami(e)s féministes apprécieront) que je suis la seule femme de l’article (outre Madonna mentionnée par Laurent) et que mon qualificatif est “LA FEMME”…

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Etre Madame Blogs [fr]

[en] You may or may not know that I've become the person journalists contact around here when they have an article to write about blogs. Not always, but often. Media fame is neat, but can be tiring when it becomes routine, and you're filled with self-doubts on the part you're playing in giving the public a biased vision of what blogs and blogging are. A bit of history, some thoughts, and a little rant. If you don't read French, you're lucky -- you can come back later when I have more constructive things to say.

Je me souviens du tout premier téléphone que j’ai reçu de la part d’un journaliste. J’allais sur mes 19 ans, j’étais cheftaine scoute, et il s’agissait d’une sombre histoire concernant le terrain que nous désirions occuper durant notre camp d’été. J’ai bredouillé quelques réponses à  des questions dont je ne comprenais pas vraiment l’objet, sans même saisir que j’allais être citée dans un article.

Plusieurs années passent. Je suis en Inde. Je suis en train de marcher vers l’arrêt des taxis lorsqu’un homme à  scooter s’arrête à  ma hauteur et propose de me prendre en stop. J’accepte. Nous échangeons quelques banalités sur les raisons de ma présence en Inde. [Il est journaliste](http://climbtothestars.org/archives/2001/08/18/journaliste/). Il désire m’interviewer. Contre toute attente, l’interview se fait, et [l’article paraît](http://climbtothestars.org/img/article.jpg).

On est en Inde, le pays des [aventures extraordinaires](http://climbtothestars.org/logbook/ “Les aventures extraordinaires de Stephanie au pays des Indiens.”). Je rentre donc en Suisse avec l’article sous le bras, des tirages des photos, et une promesse morte-née de rôle dans un film hindi qui perdra son financement lors des événements du 11 septembre 2001. Je n’en reviens pas, je n’y crois qu’à  moitié, mais en Inde, tout peut arriver : il y a eu un article à  mon sujet dans le Pune Times.

Entre 2002 et 2004, je compte cinq interviews, dont quatre sur les blogs. C’est très excitant, je me sens tout à  fait honorée d’être digne de l’attention de ces Messieurs-Dames journalistes. C’est même assez incroyable de penser que ma petite activité sur Internet a une répercussion dans « le vrai monde ». Je passe à  la radio pour la première fois de ma vie, et je découpe quelques articles dans lesquels apparaissent mon nom.

Début 2005. Là , tout s’accélère : dès la publication de « [Née pour bloguer](http://www.migrosmagazine.ch/index.cfm?id=4156) » dans Migros Magazine, les interviews s’enchaînent. Le 20 février, je suis l’invitée du plateau de Mise au Point à  la Télévision Suisse Romande : 10 minutes de direct. Pour un baptême-télé, c’est énorme. [Ça continue](/about/presse/).

Pourquoi diable est-ce que je vous raconte tout ça ? Il y a deux raisons. La première, c’est qu’il y a depuis quelque temps des petites voix (dans mon entourage et ailleurs) qui chuchotent que je prends un peu trop de place dans la presse romande, et qu’il y a en Romandie des tas d’autres personnes aussi (voire plus) compétentes que moi en matière de blogs. La deuxième, c’est que je commence à  me sentir passablement blasée face à  toute cette attention médiatique, même si je l’apprécie, et que donner des interviews et voir mon nom dans la presse a perdu l’attrait de la nouveauté.

Je ressens ces temps le besoin de me situer un peu par rapport à  l’attention que portent les médias, et au statut de « Madame Blogs » qui semble être devenu le mien. je me pose beaucoup de questions. Est-ce que je fais du tort « aux blogs » en étant un peu l’interlocutrice privilégiée des médias sur le sujet ? Est-ce un peu de ce ma faute si maintenant, un blog est en Romandie un « journal intime d’adolescent plein de photos », à  l’exclusion de toute autre chose ? Est-ce que je sais vraiment de quoi je parle ? Devrais-je refuser des interviews ? Est-ce que je pourrais faire encore plus pour envoyer les journalistes qui me contactent vers d’autres blogueurs compétents que je connais ? Est-ce que je fais preuve de complaisance envers la presse ? Est-ce que la célébrité me monte à  la tête et m’aveugle…?

Pour commencer, disons-le haut et fort, je ne m’imagine nullement être l’autorité ultime en matière de blogs. Certes, j’ai des tas de choses à  dire sur le sujet, je connais la blogosphère (non ! une petite partie de la blogosphère !) de l’intérieur et depuis belle lurette, et je porte sur elle un regard doublement double : technique et humain, francophone et anglophone. Je sais bien qu’il y a des tas d’aspects des blogs et de l’Internet social qui m’échappent. Je ne peux pas tout suivre !

Mon métier principal n’a rien à  voir avec Internet et les blogs : il consiste à  enseigner l’anglais et le français à  des adolescents. Internet bouge vite, la blogosphère aussi, et de plus en plus de personnes travaillent dans le domaine. Il est normal que je paraisse « larguée » sur certains points : je suis une généraliste du blog, avec, un peu à  mon corps défendant au départ, une petite spécialisation dans les affaires adolescentes. Les généralistes en savent toujours moins que les spécialistes, c’est bien connu.

Plus j’y réfléchis, plus je me dis que ma principale qualité d’interviewée, avant ma « connaissance de la blogosphère », c’est peut-être simplement mon talent de vulgarisation. Je sais généralement expliquer les choses de façon à  ce que les gens comprennent. Je n’éprouve aucune difficulté à  mettre mes idées en mots. Je m’exprime plutôt bien, que ce soit par oral ou par écrit. Une journaliste avec laquelle j’avais sympathisé m’a dit une fois : « Tu te demandes pourquoi on t’appelle autant ? Mais c’est parce que tu nous mâches le travail ! »

Donc, voilà . Les journalistes romands ont leur « spécialiste-généraliste du blog » qui est plutôt bavarde (un ami journaliste m’a raconté son interview-cauchemar : un interviewé qui répondait à  ses questions par un grognement à  mi-chemin entre le oui et le non), qui leur facilite la tâche… et qui en plus est photogénique. Moi, je réponds aux interviews, qui se suivent et commencent à  se ressembler, je me creuse la tête (je vous promets !) pour leur proposer d’autres noms lorsqu’ils en cherchent ou lorsque leurs questions nouvelles dans des domaines qui me paraissent mieux maîtrisés par d’autres.

Souvent, je suis un peu empruntée : qui est la bonne personne à  interviewer sur tel ou tel aspect des blogs ? Je ne sais pas toujours… De loin pas. Je songe parfois à  mettre sur pied une liste de blogueurs romands avec leurs compétences. Mais par où commencer ? Qui inclure, qui exclure ? Je ne connais pas tout le monde ! Si je cite Untel mais que j’oublie Teltel, on va m’en vouloir, surtout si les personnes concernées gagnent leur vie (ou une partie) avec les blogs… C’est bête, mais je commence à  avoir peur du poids de mes mots.

Je trouve d’autant plus difficile de déterminer quelle est « l’attitude juste » à  avoir face aux médias que je suis bien consciente d’avoir des intérêts personnels en jeu. D’une part, les blogs me permettent également de [gagner une partie de ma vie](http://stephanie-booth.com/ “Mon site ‘pro’, entre conseil et conférences.”) (enfin, j’essaye). D’autre part (pour des raisons bassement psychologiques que vous pouvez vous amuser à  interpréter si ça vous chante), je trouve du plaisir à  être sous l’oeil du public, tant que cela reste à  doses raisonnables, bien sûr : j’ai adoré passer à  la télé, j’aime parler en public, être prise en photo, voir mon nom écrit ailleurs que sur un écran… Vous voyez le topo. À quel moment ces intérêts personnels risquent-ils de prendre le pas sur mon ambition d’être une informatrice fiable et consciente de ses limites ? Mon rôle d’interprète de la blogosphère, pour les personnes qui m’interviewent, peut-il être corrompu par ma recherche d’attention ou des considérations pécuniaires, malgré la lucidité que j’essaie d’avoir à  leur sujet ? Au cas où vous en douteriez, je suis quelqu’un qui se pose beaucoup (trop) de questions.

Pour tenter de clore ce trop long billet, je reviens sur la situation concrète qui m’a incitée à  le rédiger : l’effet de nouveauté des interviews est passé. Ça me met un peu mal à  l’aise de dire ça, mais c’est devenu un peu la routine. Bien sûr, je réponds encore volontiers aux questions des journalistes, et ça me fait toujours plaisir que l’on s’adresse à  moi. Cependant (et là , je vous volontiers que ce sont les motivations pécuniaires qui me poussent), les interviews, cela prend du temps. Or les interviews (une amie à  moi était fort surprise de l’apprendre l’autre jour) ne sont pas rémunérées, et le temps est une denrée précieuse qui me manque toujours, même si je n’ai pas mon pareil pour le gaspiller. (Je vous épargne le triste récit de ma situation financière.)

Donc, je disais que je prenais volontiers de mon temps pour accorder des interviews. Mais. S’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les journalistes, faites vos devoirs avant de m’interviewer. Allez visiter quelques blogs. Mettez les pieds sur le mien, c’est la moindre des choses. Allez jeter un coup d’oeil aux [articles de vos collègues](/about/presse/), afin de ne pas me faire répéter ce que j’ai déjà  dit trois fois. Il se trouve que j’ai écrit un article (bien modeste) sur les blogs, intitulé [Les blogs : au-delà  du phénomène de mode](http://ditwww.epfl.ch/publications-spip/article.php3?id_article=918). Allez au moins y jeter un coup d’oeil, cela vous donnera une petite idée de ce que je pense des blogs, en plus de quelques points de départ pour vous faire une idée par vous-même. Et, s’il vous plaît, évitez de me dire : « Donc, [un blog, c’est un journal intime d’adolescent](http://flickr.com/photos/bunny/61386068/ “Non, ce n’est vraiment pas que ça…”), c’est bien juste…? »

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Journée médiatique [fr]

[en] Radio interview about blogs. Click on the loudspeaker and move the cursor to 1:35 minutes. Enjoy!

C’est la journée… si vous voyez ce billet à  temps, branchez-vous sur [Couleur3](http://www.couleur3.ch/fr/rsr.html?siteSect=100) (passage prévu vers 17h30-18h00, je ne suis plus sûre)…

Si jamais, pour la radio “classique”: [recherche de fréquences](http://www1.rsr.ch/rsr/frequences/).

Interview Couleur3

[L’émission est en ligne](http://www.couleur3.ch/fr/rsr.html?siteSect=5000&broadcastId=391880&rubricId=1035&programId=110518). Cliquez sur le haut-parleur, puis avancez le curseur jusqu’à  1:35…

Mise à  jour 19.12.05: Je l’ai pris en photo parce qu’il [me menaçait avec son téléphone mobile “Oui, il y a une photo de moi, aussi!”](http://www.ergopix.com/c3/galerie/disp_img.php?id_img=2340).

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Article dans Le Matin d'aujourd'hui [fr]

[en] My first big hairy troll, following an article in Le Matin. Enjoy it if you understand French, but please refrain from feeding it.

The gist of the article is that, probably due to the excessive media attention teen blogs are getting around here, businesses, celebrities, and other politicians (as well as normal people) have trouble viewing blogs as a medium for communication and collaboration. They are stuck in the "personal journal" vision of blogging, which is IMHO a little limited.

On l’attendait pour vendredi, puis samedi, et c’est aujourd’hui qu’il sort: [Blogs: les Romands largués!](http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/blogs__les_romands.html) (on admire les nuances habituelles de la vitamine Orange dans le titrage — à  leur décharge, la première page dit “à  la traîne”, ce qui est à  mon avis bien mieux).

Je remercierais d’abord mes lecteurs (qui, je l’espère, me connaissent un peu) de ne pas nourrir [le gros troll poilu](/writing/blogprovoc/ “Procédé vieux comme le monde.”) qui est allé s’installer dans les commentaires de la page [presse](/about/presse/) de ce site. (On peut ne pas être d’accord avec ce que je dis, mais ce serait la moindre des choses d’argumenter un tantinet, merci beaucoup.)

Bien sûr, c’est Le Matin, ça peut manquer un peu de nuances. Comme toujours, on parle 30-45 minutes avec un journaliste (fort sympathique) et nos paroles se trouvent résumées en quelques citations retravaillées. Il faut connaître les limites inhérentes au média en question, et les conditions dans lesquelles travaillent les journalistes.

En gros, mon point de vue est le suivant: à  force que la presse nous rabâche les oreilles avec les blogs d’ados, la Romandie ne voit le blog que comme un journal personnel sans application “sérieuse”. Je pense que la place grandissante des blogs (dans le monde Anglo-Saxon, en France…) prouve amplement que c’est une vision étriquée du blog, et que celui-ci a un rôle à  jouer dans notre monde. (Je vous épargne l’argumentaire par paresse, si cela s’avère nécessaire, je m’y collerai peut-être une fois.)

Disclaimer (comme on dit):

1. Je sais que j’ai une petite tendance à  penser que “le blog va sauver le monde” — donc, je suis un brin idéaliste.
2. Je ne suis pas (de loin pas) une spécialiste du “blog-dans-le-business”.
3. Comme ceux qui étaient à  la table ronde de la SISR ont pu le voir, ma tête passe encore les portes (si vous ne savez pas de quoi je parle, ne vous inquiétez pas).

Complément d’information (11:20)

Si l’article peut en effet donner cette impression, je ne pense nullement qu’il n’existe pas (assez) de blogs “adultes” en Suisse Romande. Je sais qu’il y a des tas de personnes qui font des choses intéressantes, parfois dans leur coin, parfois en petits groupes. Je connais plusieurs personnes qui font “bouger” les blogs par ici, ce n’est pas parce que la presse s’adresse souvent à  moi (pour une question de dynamique “cercle vicieux” ou “cercle vertueux”, selon le point de vue) que je suis la seule personne à  avoir quelque chose à  dire sur les blogs ou que je me prends pour “la référence” en la matière en Romandie.

Ce que je pense, par contre, c’est que ces blogs “sérieux” manquent de visibilité, et par conséquent, je crois que le public en général a une méconnaissance de ce que peuvent apporter les blogs sur un plan autre que celui du “personnel-relationnel” du “blog privé”.

Pour remettre l’article en contexte, la demande initiale du journaliste Jean-François Krähenbühl concernait les blogs de célébrités romandes. [J’ai été bien empruntée, comme l’a très justement deviné Jérôme](http://www.ifeedyou.com/blog/blogs-de-stars-romandes/1359/), et la conversation a dévié sur diverses choses, entre autres mon hypothèse pour l’absence de “blogs de stars” dans notre région — hypothèse que vous retrouvez dans l’article.

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Handover Swissblogs [fr]

Je passe aujourd’hui officiellement la direction de l’annuaire SwissBlogs à  Matthias Gutfeldt, un vieil ami qui s’occupe du fameux Blog.ch. Je reste cependant encore dans les parages avec un grand fouet 🙂

[en] As of today, Matthias Gutfeldt of Blog.ch fame is taking over operational management of the SwissBlogs directory. As I already experienced with Pompage.net, I'm not so good at keeping things running over time, once the initial launch phase has passed.

Matthias and I have been talking about making Blog.ch and SwissBlogs collaborate more efficiently and share information for some time now. He seemed the right person to ask, and to my pleasure, he accepted immediately. I'm happy to leave my "baby" between the hands of an old-time friend who has already found my official title: "Slave Whipper". (That's in addition to "Founder", which can't be really changed, can it?)

Depuis le temps, vous commencez à  le savoir: j’ai des idées, j’aime bien lancer des projets, mais j’ai un peu de peine à  suivre sur la durée. J’ai remis Pompage.net à  Samuel Latchman il y a environ six mois, et aujourd’hui, je remets à  Matthias Gutfeldt la direction opérationnelle de SwissBlogs.

Je connais Matthias depuis bien longtemps. Si mes souvenirs sont bons, cela remonte à  2001! Lorsqu’il a lancé Blog.ch, Matthias est parti de la liste (alors encore relativement modeste) de blogs dans la base de données de SwissBlogs. En quelque sorte, Blog.ch est un rejeton de SwissBlogs — j’espère que Matthias ne m’en voudra pas de voir les choses comme ça!

Il y a quelques mois, faisant le constat que la liste de blogs à  approuver pour le répertoire augmentait de jour en jour, et que toutes mes idées concernant le développement futur de SwissBlogs étaient restées à  l’état d’idées, j’ai lancé un appel afin de réunir une équipe pour faire tourner SwissBlogs. Un petit groupe de personnes intéressées s’est formé, nous avons ouvert une mailing-list, et peu de temps après, mon ordinateur est tombé en panne, me faisant faux bond pendant six semaines. Mauvais timing?

Toujours est-il qu’à  mon retour dans le monde des vivants branchés, j’ai dû constater que je n’étais clairement plus en mesure de tirer la machine. Me souvenant de l’heureux dénouement de l’aventure Pompage.net, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de passer le flambeau — et Matthias me semblait pour cela la personne toute désignée, à  plus forte raison puisque nous parlions depuis assez longtemps d’intégrer plus fortement nos deux sites.

Je reste cependant dans le coin! Matthias m’a d’ores et déjà  trouvé mon nouveau titre: Slave Whipper (Fouetteuse d’esclave). Je me réjouis de voir SwissBlogs sortir de sa léthargie et collaborer plus étroitement avec Blog.ch!

Annonce sur Blog.ch.

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