Sans enfant: quelques éléments sur le contexte sociétal qui nous y mène [fr]

[en] A few thoughts and links about childlessness, and the social forces which bring 1 in 4 women of my generation to reach the end of their childbearing years without having a child.

Un discussion, hier. Comme je les aime. Sur la vie, les relations, le travail, comment on fonctionne. Ce qu’on arrive à changer et ce qu’on ne peut pas changer. Et aussi, sur le célibat et l’absence d’enfant.

Quelques liens en vrac, parce que mine de rien, depuis bientôt deux ans, j’en ai fait du chemin.

D’abord, le must: Date limite de procréation dépassée. Un article pas agréable à lire si on baigne dans le déni ambiant concernant la chute de la fertilité féminine dans la deuxième moitié de la trentaine.

Il y a un problème sociétal et d’information sur ce sujet. Si une femme veut un enfant, et qu’à la mi-trentaine elle n’est pas activement en train d’essayer de procréer, il y a un risque non négligeable qu’elle n’y parvienne pas.

Une femme sur cinq née durant les années soixante arrive à 45 sans avoir d’enfant. Pour les femmes des années septante, ça risque bien d’être une sur quatre.

Et si on parle de plus en plus des femmes qui font le choix de ne pas être mère, ce n’est de loin pas le cas de toutes. Certaines, comme moi, se retrouvent “par les circonstances de la vie” sans enfant alors qu’elles en voulaient.

Et là aussi, attention: ce n’est pas blanc et noir. Je veux ou je ne veux pas. Il y a beaucoup d’ambivalence autour du désir de maternité (ou de son non désir). Et on peut se retrouver, un peu du jour au lendemain, à réaliser que le temps a eu raison de notre ambivalence et pris la décision pour nous. Peut-être même des années avant qu’on en prenne conscience.

Les solutions médicales aux problèmes de fertilité existent, certes, mais elles ne sont pas une garantie de succès. On a une vision déformée des “miracles” de la médecine, à coups de célébrités d’âge “avancé” qui ont des enfants, mais sans qu’on sache:

  • combien d’années d’essais et de traitements
  • si ce sont leurs ovocytes (le don d’ovocyte est interdit en Suisse)
  • si même elles ont porté l’enfant elle-même, dans certains cas
  • combien de dizaines de milliers de dollars les traitements ont coûté

Il y a aussi un “biais du survivant” dans ces histoires: on entend parler de celles pour qui ça a marché, des exceptions, et jamais (ou pas assez) de toutes celles pour qui ça n’a pas “marché”, qui se retrouvent sans enfant et l’espoir brisé après des années de traitements, le portefeuille allégé en plus.

Savez-vous qu’à partir de 39 ans, les chances de succès d’une FIV sont autour de 10% seulement?

Personnellement, je n’avais pas conscience de tout ça durant mes années de fertilité “maximale”. Est-ce que ça aurait changé quelque chose aux diverses décisions de vie que j’ai prises? Va savoir, c’est dur de se projeter en arrière et d’imaginer ce qu’on aurait fait “si on avait su”. Mais je peux imaginer qu’avoir conscience à quelle point sa fertilité est finie est tout de même un élément important à avoir en main pour prendre les grandes décisions de la vie.

L’éducation sexuelle que les femmes de ma génération ont eues à l’école — et c’est déjà bien — mettait l’accent sur comment ne pas tomber enceinte. Bien moins sur comment si on le désirait, et jusqu’à quand.

Comme avec la transmission du HIV: un rapport suffit, mais un rapport “n’implique pas nécessairement que”. On tombe dans le domaine des probabilités, ô combien dur à intégrer pour notre cerveau d’homme (de femme!) des cavernes. Une fécondation est une histoire de probabilités, et la probabilité n’est pas la même quand on a 25 ou 40 ans. On s’en doute, mais on n’a pas de chiffres, pas d’échelle, pas d’ordre de grandeur.

Notre génération souffre du retour de balancier de la libération sexuelle. Ça fait mal de dire ça. Mais oui. On a gagné plus de contrôle sur comment, quand, et avec qui on procrée. Surtout dans le sens du “pas”. Mais les limites biologiques dures ne se sont pas envolées. Notre contrôle n’est pas total. Même la congélation d’ovocytes n’est pas la panacée que certaines voudraient nous faire croire.

Avec la libération sexuelle, l’égalité, tout ça (qui est très bien!) on se retrouve en tant que femme à avoir (et vouloir!) accès à des “plans de vie” masculins. On fait ses études, supérieures autant qu’on peut, on se stabilise professionnellement, on fonde une famille. Vers 30-35 ans.

Vous voyez le blème? Si on regarde ça à travers le filtre de la fertilité, ça va très bien pour un homme, qui, malgré l’andropause, ne voit pas sa fertilité tomber dans le fond d’un ravin autour de 37 ans. Il suffit d’une rupture au mauvais moment, de difficultés imprévues, et hop, on sort de la fenêtre.

Du point de vue de la fertilité féminine, le modèle études-travail-couple-stable-enfants n’est vraiment pas top.

Au Danemark, et ailleurs également j’en suis sûre, de plus en plus de femmes font le choix de procréer “seules”. Parce qu’avoir un enfant est important pour elles, et qu’elles ne sont pas prêtes à risquer de se retrouver dans l’impossibilité biologique de le faire parce qu’elles attendent de trouver le compagnon qu’il faut. Jusqu’à trop tard.

Il n’y a pas de solution parfaite à ce problème social. Mais j’espère qu’il arrivera un moment où les femmes auront en mains les cartes nécessaires à prendre des décisions informées par rapport à leur désir ou non d’être mères, sans se réveiller un jour à 43 ans, après des années à s’être laissé ballotter par les vents et les vagues dans la petite coque de noix du manque d’information et de discussions franches autour de la fertilité féminine.

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Chat ou e-mail pour rester en contact? [fr]

Au détour d’une conversation avec Fabien ce matin, je (nous) faisais la réflexion suivante: même si j’adore écrire (preuve les kilomètres de texte qui s’alignent sur ce blog, sauf quand je n’écris pas) je ne suis pas du tout versée dans l’e-mail “correspondance”.

Certes, j’utilise (beaucoup) l’e-mail comme outil de travail. Pour des échanges factuels. Pour de l’administratif.

Mais pour parler de sa vie ou de son coeur, je préfère être en intéraction directe: IM, SMS, IRC Twitter, téléphone, ou même (oh oui!) se voir en chair et en os pour boire un café ou manger un morceau.

Déjà avant que l’e-mail ne débarque dans ma vie, je n’étais pas vraiment une correspondante. Ma grand-mère paternelle se plaignait amèrement du manque de lettres provenant de sa petite-fille, les cartes postales signées de ma main étaient dès le jour de leur réception des pièces collector, et les deux ou trois tentatives adolescentes d’avoir des correspondantes dans d’autres pays se sont assez vite essoufflées.

Peu étonnant, dès lors, qu’un fois accro au chat sous toutes ses formes, ce soit les modes de communication interactifs que je privilégie pour mes relations avec les gens.

Je me demande si c’est simplement une préférence personnelle (certains sont épistoliers, d’autres pas) ou bien s’il y a véritablement des caractéristiques des médias en question qui la sous-tendent: l’interactivité (relativement synchrone), par exemple. Parler de ce qu’on vit ou fait (c’est souvent l’essentiel des conversations), c’est bien mieux avec un retour direct d’autrui en face, non?

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PointBlog: ça traîne en longueur, et Ginisty aux abonnés absents [fr]

[en] If ever you're in France, at the Festival de Romans, and you bump into Christophe Ginisty, would you do me a favour and remind him that his company (Pointblog SàRL) still owes me money for an article I wrote roughly a year ago. Thanks in advance!

Il y a un an de cela, [Cyril Fiévet](http://www.nanoblog.com/) me contactait pour savoir si j’étais toujours intéressée à contribuer au [magazine Netizen](http://pointblog.com/netizen/), produit par la [société Pointblog SàRL](http://pointblog.com/).

J’ai accepté avec plaisir, j’ai passé deux bonnes journées à suer sur mon clavier (littéralement, j’avais un crève du diable et une fièvre du tonnerre), et le résultat a été publié dans le [numéro 2 de Netizen](http://www.pointblog.com/past/2006/03/02/netizen_2.htm).

Restait à me faire payer (parce que oui, la gloire et tout c’est bien joli, mais c’est encore mieux quand ça permet de payer un peu le loyer et les croquettes du chat). D’abord, mea culpa, j’ai tardé — car je n’avais pas réalisé que Cyril m’avait envoyé par mail des choses à imprimer, remplir, signer, renvoyer, etc.

En juin (je crois, faudrait que je re-fouille dans mes mails pour être sûre), donc, motivée en partie par le [lavage de linge sale](http://www.nanoblog.com/past/2006/05/lavage_de_linge_sale.htm) qui a fait un peu le tour de la blogobille à l’époque, j’envoie un timide e-mail au rédac’ chef du défunt hibernant méditant magazine, histoire de savoir si j’ai une chance de voir un jour la couleur de ces euros durement gagnés.

Un forward ou deux plus tard, aussi bien [Gilles Klein](http://gklein.blog.lemonde.fr/) que [Christophe Ginisty](http://ginisty.typepad.com/), qui dirige la société Pointblog, réagissent par mail pour me demander des détails pour qu’on puisse régler l’histoire. Très bien, donc.

C’est là que j’ai réalisé que je n’avais pas encore renvoyé les papiers. Je l’ai donc fait et j’en ai informé Christophe Ginisty par e-mail.

Puis, j’ai attendu.

Vous connaissez la chanson?

“J’ai attendu attendu elle n’est jamais venue…. daï daï daï daï tagada tsoin tsoin… daï daï daï daï…”

J’attends toujours.

Faut dire qu’entre-temps, j’ai quand même relancé Christophe une ou deux fois par mail, puis par courrier recommandé-signature-etc. (vous vous souvenez peut-être…). Ai aussi tenté de l’ajouter sur Skype (même si je suis une timide du combiné, avec Skype je m’en sors à peu près), mais sans résultat. Si [je ne savais pas mieux](http://www.ginisty.com/weblog/2007/02/voil_cest_parti.html), je me demanderais s’il n’était pas par hasard mouru.

Donc, chers amis lecteurs, si jamais vous allez au [Festival de Romans](http://www.ginisty.com/festival/) et que vous y croisez [Christophe Ginisty](http://www.ginisty.com/Portrait_Summer_06_small.jpg “Photo pour le reconnaître.”), vous voudriez bien lui rappeler que sa société me doit encore des sous, siouplaît, et qu’il doit y avoir dans une pile quelque part mails et courriers de ma part à ce sujet?

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Ce soir: Scènes de Ménage [fr]

[en] On TV tonight (just 5 minutes). Will post a link once it's online.

Je fais très bref vu l’état (et je vous parlerai de [SarkoWeb3](http://del.icio.us/tag/sarkoweb3) quand j’aurai récupéré). Si vous êtes à la maison ce soir, vous aurez l’occasion de me voir faire de mon mieux pour répondre aux questions de Martina Chyba durant les cinq minutes que dureront le plateau de l’émission [Scènes de Ménage](http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=349300) (TSR1), consacrée ce soir aux geeks et à la technophilie rampante en cette période de Noël. [Cinq minutes qui ont occupé tout mon vendredi après-midi](http://steph.wordpress.com/2006/12/09/murphy/), et même plus.

J’ajouterai le lien une fois que l’émission sera en ligne. L’émission est en ligne!


Update (en direct): je tiens à préciser que je ne suis pas d’accord avec la “définition” geek (+ nerd) donnée dans l’émission après le premier sujet… Pour moi ils parlent des cas déjà problématiques, là.

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Six Apart rachète U-blog [fr]

Six Apart achète la société Ublog. Dommage que Ublog n’ait pas fait part de l’annonce directement à  ses utilisateurs.

[en] Six Apart bought Ublog, as you know. I think it's really a pity that no official announcement was made to the users of the U-blog platform. Loïc Le Meur even refrained from blogging the announcement before the press had published it, which I find pretty poor practice for a weblog evangelist, even if he is a businessman. If I were a U-blogger, other than wonder what the future of the weblogging platform U-blog will be, now that the company belongs to the owners of TypePad, I would have the impression the company doesn't really give a damn about its end-users.

Je voulais faire un long billet, classe, fouillé, pertinent, journalistique et complet. Après des heures de remuage de boue, de lecture de billets et de commentaires présents ou passés qui n’ont fait qu’accroitre mon agacement, je renonce à  mon projet initial pour tenter de faire quelque chose d’un peu plus sobre. J’ai une longue liste de liens que je pourrais un jour utiliser pour un billet d’historienne-commentatrice de la blogosphère, mais ce n’est pas pour aujourd’hui.

Bon, Ublog SA devient Six Apart Europe. Loïc est un bon businessman, je n’ai aucun doute là -dessus. Il sait utiliser les médias, il a des connexions, et il semble enthousiaste au sujet du weblogging. Il est maintenant Executive Vice-President de Six Apart.

Chez U-blog, soit on proteste, avec un peu trop de virulence à  mon goût, soit on se tait — peut-être parce que (comme Stéphane, créateur de la plateforme U-blog, à  qui j’ai parlé cet après-midi) ils ignorent tout de la transaction?

Ailleurs, de façon très générale, le message est “félicitations à  Loïc et Six Apart.” (Quant à  Laurent, je n’arrive pas trop à  savoir ce qu’il en pense, mais c’est peut-être voulu…)

Moi, je voudrais plutôt déplorer le fait que Loïc, apôtre du weblogging, semble faire preuve de plus de respect pour les médias que pour ses propres utilisateurs: à  ce jour, aucune annonce officielle sur le portail U-blog, ni sur le blog officiel, délaissé d’ailleurs depuis le 7 mai. Chez Six Apart, la nouvelle est bien annoncée et se trouve reprise sur le blog officiel de la société.

Personnellement, je trouve que ça fait un peu chenit. Si j’étais une utilisatrice U-blog, j’aurais l’impression de ne pas compter pour grand-chose.

Si vous désirez explorer, l’article sur iFeedYou vous donne quelques bons points de départ.

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