Les réseaux sociaux ont-ils tué les blogs? [fr]

[en] Another one on the "are blogs dead?" meme. Nope, they're not. Surprise!

Réponse courte: non 🙂

Réponse plus longue: pas plus que les réseaux sociaux ont tué l’e-mail, et pas plus qu’internet a tué la télé (quoique…). Quand un nouveau média débarque, il force les anciens à se transformer. Mais de là à dire qu’il les tue… c’est un pas que je ne franchirai pas.

Une chose par contre est sûre: avec l’apparition de Twitter, de Facebook, et de quantité d’autres espaces qui nous permettent “d’exister en ligne”, nos activités de publication on ligne sont redistribuées sur ces différents canaux. Il y a 8 ans, lorsque je voyageais, je mettais un mot sur mon blog pour dire que j’étais bien arrivée. Aujourd’hui, j’utilise Twitter ou Facebook pour cela.

L’émission nouvo m’a interviewée il y a quelque temps pour “La fin des blogs?“, ce qui m’a donné un peu l’occasion de développer mon point de vue en vidéo (vous devez aller sur le site de nouvo pour la regarder, impossible de faire un embed, dommage). Cette discussion a aussi alimenté mon article Paid vs. Free, sur le coût du contenu et les différentes façons (bonnes et moins bonnes) de le monétiser.

Revenons-en aux blogs et à leur prétendue mort ou fin. D’abord, ça fait des années que le thème fait régulièrement surface. En tous cas quatre ou cinq ans, à vue de pif. Et les blogs sont toujours là. On aimerait bien pouvoir dire que les blogs c’est fini, parce qu’alors cela confirmerait qu’ils n’étaient qu’une mode, et non pas une des manifestations de la transformation fondamentale qu’amène internet en matière de publication et de communication — transformation d’ailleurs très menaçante pour les médias traditionnels confortablement en place (enfin, plus si confortablement, justement).

“Les blogs”, ça couvre une variété de formes d’expression dont on ne peut pas toujours aisément parler, à mon avis, en les mettant dans le même panier. Faut-il le rappeler, le blog est avant tout un format de publication. Côté contenu, on peut en faire un tas de choses (les résultats sont plus ou moins heureux). Un blog-journal n’est pas la même chose qu’un blog-roman ou un blog-réflexion ou un blog-politique ou un blog-veille-technologique ou un blog-essai ou un blog-photos ou un blog-voyage. Vous me suivez? Clairement, le skyblog, blog adolescent francophone typique des années 2004-2006, sur lequel on met photos de soi, des ses amis, de son boguet, poèmes ou autres choses glânées en ligne, est avantageusement remplacé par Facebook, qui a l’avantage de ne pas être autant sur la place publique.

En dix ans, mon blog a évolué. Mais il y a d’autres facteurs que l’apparition des réseaux sociaux qui ont joué là-dedans, que diable! On parle de dix ans, quand même! J’ai passé d’étudiante fraîchement rentrée d’une année en Inde à indépendante-experte au rayonnement international (ça sonne bien ça, je vais oublier une seconde qu’il s’agit de moi et laisser ça), transitant par deux employeurs différents en chemin. J’ai changé! C’est normal que mon blog ait changé aussi, vous ne trouvez pas?

Bon, je vais me taire, parce que je crois que c’est une question relativement peu excitante où la réponse ne fait pas grande surprise. Début 2008, j’avais d’ailleurs proposé (et animé) une table ronde là autour lors de BlogTalk 2008 à Cork, en Irlande: comment l’apparition de nouvelles technologies (Twitter en particulier) change notre façon d’utiliser les anciennes (le blog). Vous pouvez regarder la super mauvaise vidéo de l’histoire (en anglais, sous-exposé, audio pas top, début et fin coupés…) si ça vous chante.

Et là, je vais retourner écrire un autre article pour mon blog moribond :-p

LIFT08: Pierre Bellanger (Skyrock) [en]

[fr] Conférence de Pierre Bellanger, patron de Skyrock (skyblog), à la conférence LIFT08.

*Note: live notes, probably incomplete, possibly misunderstood. Intro: SkyBlog is the biggest blogging platform in Europe / SkyRock radio.*

LIFT08 022

Is going to speak about the future. Founder and CEO of Skyrock.com — will speak about their vision of social networking, and why it’s the future.

Skyrock started as a pirate radio station. Became a national radio network after a few years. 13-24 year olds.

Blogging platform. Very basic, easy to use. Profiles. 2nd French site in page views. 1st French-speaking social network in the world.

Started the SN in 2002. Thinking about the next stages. Numbers:

LIFT08 025 Skyrock Numbers (Pierre Bellanger)

Goal: be the world teenager social network. For that, need to change constantly. Netamorphosis. Where do we go from now?

Understand what we are better. Need to go back to what we were, e-mail — the mother of all social networks. E-mail and the web gave birth to meta information. Search and social network.

SN is to mail what search is to the web. A new level of metadata, information about people.

Teenagers are extremely productive. Lots of contacts. The blog is a revolution, because it becomes your new e-mail address, your new digital identity. The centre of electronic exchanges. The social network is the future of telecommunications.

The value is shifting from bandwidth to programming code. Changing internet providers is much easier than changing your e-mail client. Same with social networks. Skyrock wants the social network to be at the core of all exchanges.

For that, important to think mobile. Go for IM rather than trying to stick poor web pages on that tiny screen. Merge the SN and the IM.

Social operating system.

*steph-note: snipping a bunch of technical stuff — too stressed by my upcoming Open Stage speech!*

Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

// Entrée en matière possible pour mon livre, dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?

// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

  • “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
  • “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
  • “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
  • “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
  • “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

  • l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
  • que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.

English Only: Barrier to Adoption [en]

Foreword: this turned into a rather longer post than I had expected. The importance of language and localization online is one of my pet topics (I’ve just decided that it would be what I’d talk about at BlogCamp, rather than teenagers and stuff), so I do tend to get carried away a little.

I was surprised last night to realise that this wasn’t necessarily obvious — so I think it’s probably worth a blog post.

The fact a service is in English only is a showstopper for many non-native speakers, hence a barrier to wider adoption in Europe.

But doesn’t everybody speak English, more or less? Isn’t it the lingua franca of today that everybody speaks? It isn’t. At least not in the French-speaking part of Switzerland, and I’m certain there are many other places in Europe where the situation is similar.

Come and spend a little time in Lausanne, for example, and try communicating in English with the man on the street. Even if many people have done a couple of years of English at school, most have never had any use for it after that and have promptly forgotten it. German is a way more important “foreign language” around here, as it is the linguistic majority in Switzerland, and most administrative centers of big companies (and the government) are in the German-speaking part of the country (which doesn’t mean that everybody speaks German, either).

The people who are reasonably comfortable with English around here will most often be those who have taken up higher academic studies, particularly in scientific subjects (“soft” and “hard” science alike).

And if I’m the person who comes to your mind when you think “Swiss”, think again — my father is British, I was born in England, went to an English medium school and spoke English at home until I was 8, conversed regularly with English-speaking grandparents during my growing years, and never stopped reading in English: all that gave me enough of a headstart that even though my English had become very rusty at the end of my teens, I dove into the English-speaking internet with a passion, and spent an anglophone year in India. So, no. I’m not your average Lausanne-living French-speaker. I’m a strange bilingual beast.

Imagine somebody whose native language is not English, even though they may theoretically know enough English to get around if you parachuted them into London. (Let’s forget about the man on the street who barely understands you when you ask where the station is.) I like to think of my (step-)sister as a good test-case (not that I want to insist on the “step-“, but it explains why she isn’t bilingual). She took up the “modern languages” path at school, which means she did German, English, and Italian during her teenage years, and ended up being quite proficient in all three (she’s pretty good with languages). She went to university after that and used some English during her studies. But since then, she honestly hasn’t had much use for the language. She’ll read my blog in English, can converse reasonably comfortably, but will tend to watch the TV series I lend her in the dubbed French version.

I’m telling you this to help paint a picture of somebody which you might (legitimately) classify as “speaks English”, but for whom it represents an extra effort. And again, I’d like to insist, my sister would be very representative of most people around here who “speak English but don’t use it regularly at work”. That is already not representative of the general population, who “did a bit of English at school but forgot it all” and can barely communicate with the lost English-speaking tourist. Oh, and forget about the teenagers: they start English at school when they’re 13, and by the time they’re 15-16 they might (if they are lucky) have enough knowledge of it to converse on everyday topics (again: learning German starts a few years before that, and is more important in the business world). This is the state of “speaking English” around here.

A service or tool which is not available in French faces a barrier to adoption in the Suisse Romande on two levels:

  • first of all, there are people who simply don’t know enough English to understand what’s written on the sign-up page;
  • second, there are people who would understand most of what’s on the sign-up page, but for whom it represents and extra effort.

Let’s concentrate on the second batch. An *extra effort”?! Lazy people! Think of it. All this talk about making applications more usable, about optimizing the sign-up process to make it so painless that people can do it with their eyes closed? Well, throw a page in a foreign language at most normal people and they’ll perceive it as an extra difficulty. And it may very well be the one that just makes them navigate away from the page and never come back. Same goes for using the service or application once they have signed up: it makes everything more complicated, and people anticipate that.

Let’s look at some examples.

The first example isn’t exactly about a web service or application, but it shows how important language is for the adoption of new ideas (this isn’t anything groundbreaking if you look at human history, but sometimes the web seems to forget that the world hasn’t changed that much…). Thanks for bearing with me while I ramble on.

In February 2001, I briefly mentioned the WaSP Browser Push and realised that the French-speaking web was really “behind” on design and web standards ressources. I also realised that although there was interest for web standards, many French-speaking people couldn’t read the original English material. This encouraged me to blog in French about it, translate Zeldman’s article, launching the translation site pompage.net in the process. Pompage.net, and the associated mailing-list, followed a year or so later by OpenWeb, eventually became a hub for the budding francophone web standards community, which is still very active to this day.

(What happened with the Swiss Blog Awards is in my opinion another example of how important language issues are.)

Back to web applications proper. Flickr is an application I love, but I have a hard time getting people to sign up and use it, even when I’ve walked them through the lengthy Yahoo-ID process. WordPress.com, on the other hand, exists in French, and I can now easily persuade my friends and clients to open blogs there. There is a strong French-speaking WordPress community too. A few years ago, when the translation and support were not what they are now, a very nice little blogging tool named DotClear became hugely popular amongst francophone bloggers (and it still is!) in part because it was in French when other major blogging solutions were insufficient in that respect.

Regarding WordPress, I’d like to point out the community-driven translation effort to which everybody can contribute. Such an open way of doing things has its pitfalls (like dreadful, dreadful translations which linger on the home page until somebody comes along to correct them) but overall, I think the benefits outweigh the risks. In almost no time, dozens of localized versions can be made available, maintained by those who know the language best.

Let’s look at teenagers. When MySpace was all that was being talked about in the US, French-speaking teenagers were going wild on skyblog. MySpace is catching up a bit now because it also exists in French. Facebook? In English, nobody here has heard of it. Live Messenger aka MSN? Very much in French, unlike ICQ, which is only used here by anglophile early adopters.

Skype and GMail/GTalk are really taking off here now that they are available in French.

Learning to use a new service, or just trying out the latest toy, can be challenging enough an experience for the average user without adding the extra hurdle of having to struggle with an unfamiliar language. Even though a non-localized service like Flickr may be the home to various linguistic groups, it’s important to keep in mind that their members will tend to be the more “anglophone” of this language group, and are not representative.

The bottom line is that even with a lot of encouragement, most local people around here are not going to use a service which doesn’t talk to them in their language.

9:52 Afterthought credit:

I just realised that this article on why startups condense in America was the little seed planted a few days ago which finally brought me to writing this post. I haven’t read all the article, but this little part of it struck me and has been working in the background ever since:

What sustains a startup in the beginning is the prospect of getting their initial product out. The successful ones therefore make the first version as simple as possible. In the US they usually begin by making something just for the local market.

This works in America, because the local market is 300 million people. It wouldn’t work so well in Sweden. In a small country, a startup has a harder task: they have to sell internationally from the start.

The EU was designed partly to simulate a single, large domestic market. The problem is that the inhabitants still speak many different languages. So a software startup in Sweden is still at a disadvantage relative to one in the US, because they have to deal with internationalization from the beginning. It’s significant that the most famous recent startup in Europe, Skype, worked on a problem that was intrinsically international.

Teenagers and Skyblog: Cartigny Powerpoint Presentation [en]

[fr] Une présentation que j'ai donnée en juin lors d'un colloque de recherche à Cartigny. La présentation powerpoint contient un "tour d'horizon" plutôt visuel de ce que j'ai pu rencontrer durant mes "promenades" sur la plate-forme Skyblog. Cela représente assez bien les préoccupations des écoles qui me contactent afin de venir parler de blogs aux adolescents, aux parents, et aux enseignants (pas tous en même temps bien sûr!)

Earlier this year (in June) I was asked to give a presentation on teenagers and blogs at a medical research workshop in Cartigny, near Geneva (Sexual Health of Adolescents in the Internet Age: Old Concerns, New Challenges). I’ve just received an OK to put it online, so here it is: Teenagers and Skyblog, Powerpoint [8Mb].

It’s basically a very visual “collage” of what I’ve found during my expeditions on the Skyblog blogging platform which a lot of French-speaking teenagers use. It reflects the kind of issues that I’m asked to come and speak about in schools (to teenagers, parents, and teachers — not at the same time, of course).

My excuses for the format — no powerpoint on this machine, so I can’t convert it to anything nicer.

I’ve just discovered SlideShare and uploaded the slides there. You can view them below:

Shitleys [en]

When Skyrock decide to launch an instant messenger to keep our skyblogging teenagers even more hooked, they add animated emoticons to it. Neat, huh?

Now, I ask you, what on earth had they smoked when they decided to name them shitleys?

(And it isn’t just bad in English, “shit” is a slang word for “weed” in French.)

This is what our country’s youth will soon be chatting with. I don’t think I’m going to be out of work anytime soon.

Blogs, émeutes, radio (RSR1) ce matin [fr]

Plutôt des skyblogueurs inconscients qu’un noyau dur d’organisation des émeutes. Interviewée par la RSR1.

[en] I gave a phone interview for the RSR1 yesterday evening, about the skybloggers arrested in the context of the Paris riots. Without much direct information on the affair, my point would be that even if blogs are useful for organising communities, this is probably just another occurrence of teenagers being unaware of how public their blog is (something I've had a chance to note again and again when I give conferences for teenagers on the risks related to blogs).

Interviewée hier soir par téléphone, mon intervention a passé à  la radio ce matin à  6h30 (je ne sais pas si elle sera rediffusée).

Mise à  jour 12h20: interview disponible en ligne (page HTML avec lien vers enregistrement RealPlayer).

Prise un petit peu à  froid (la journaliste m’a appris l’arrestation des trois skyblogueurs), nous avons bavardé un bon moment avant d’enregistrer une petite interview. Je n’ai pas entendu le montage, donc je ne sais pas ce que ça donne, maisJe n’ai pas dit trop d’idioties, mais quand même, voici quelques précisions après avoir fait mes devoirs (comprendre “quelques lectures sur internet”), mangé ma pizza, et dormi.

Est-ce que les blogs sont la “centrale d’organisation” des émeutes? Je ne pense pas. Le blog est un outil puissant pour mettre en place des communautés, communiquer, s’organiser, mais son gros (dés)avantage est qu’il est sur la place publique (pas le choix chez skyblog). Pas si futé pour mettre sur pied des activités illégales.

Par contre, ce que je sais d’expérience, c’est que même si les jeunes connaissent la leçon (“ce qui est sur internet est accessible à  tous”), ils ne prennent pas la mesure de ce que cela signifie concrètement pour leurs blogs.

Quand, lors d’une conférence, j’énumère les personnes qui sont englobées dans “tout le monde” (les parents, les copains, les grands-parents, les profs, le directeur, la police…), je suis inévitablement témoin de quelques yeux ronds, quelques regards échangés, et une petite vague d’inquiétude qui traverse certains jeunes. Ils n’y avaient simplement pas pensé! Pas réalisé que leur modeste skyblog, visité au quotidien par une dizaine de copains, était aussi accessible par ces personnes.

En ce qui concerne les skyblogueurs arrêtés, je ne m’avancerai pas trop vu les maigres informations à  disposition, mais je pense qu’il s’agit plutôt d’un simple cas “d’inconscience”, où l’on retrouve sur les blogs ce qui se dit généralement en privé, parce que les auteurs n’ont pas réalisé que mettre quelque chose sur un blog, c’est l’équivalent de le placarder partout en ville.

Liens en rapport, en vrac:

Si vous trouvez le lien direct vers mon intervention sur le site de la RSR1, merci de le mettre dans les commentaires.

Mise à  jour 12h20: mal réveillée ce matin, j’ai oublié l’essentiel. Comme le dit bien Cyril, les téléphones portables sont certainement bien plus efficaces pour les blogs pour coordonner les actions des émeutiers (pensez smart mobs).

Blogs pour parents: notes de conférence [fr]

Reproduction des notes de conférence distribuées hier aux parents.

[en] Conference handout for the parents who listened to me last night.

Comme je l’ai fait pour les enseignants, voici les notes de conférence données aux parents d’élèves hier soir.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

  • prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
  • initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Le blog fait souvent partie de la sphère privée de l’élève (mis en ligne et consulté à  la maison). Cependant, il s’agit d’une publication dans le domaine public, qui peut donc avoir bien d’autres conséquences que des discussions de cour de récréation ou des affiches sur le mur d’une chambre à  coucher.

Revoir sa conception d’Internet

Près d’un adolescent sur deux a un blog! Les parents sont souvent peu au courant de ce que font leurs enfants sur Internet.

Internet n’est pas une bibliothèque: c’est un lieu hautement social, où l’on peut publier très facilement et gratuitement ce que l’on veut. Laisser un enfant aller sur Internet sans s’intéresser à  ce qu’il y fait n’est pas équivalent à  le laisser avec sa console de jeux; c’est plutôt équivalent à  le laisser traîner en ville sans se soucier de ses fréquentations ni de ses activités. Le blog n’est qu’une des activités en ligne des adolescents (parmi le chat, l’e-mail, les webcams, la consultation de sites, les jeux multi-joueurs).

Risques pour les adolescents

Voici quelques-uns de risques que peut courir le jeune blogueur:

  • problèmes avec la justice: en cas d’insulte ou d’atteinte à  l’image, une plainte pénale peut être déposée
  • problèmes avec les autorités scolaires: si le blog est utilisé dans le cadre de l’école, ou qu’il contient du matériel inadéquat directement lié à  l’école, il n’est pas exclu que celle-ci prenne des sanctions à  l’égard de l’élève
  • exposition à  outrance de sa personne (photos) et de sa vie privée: l’adolescent ne mesure pas les conséquences possibles d’une telle exposition dans un lieu public

L’anonymat sur Internet est un leurre: si on ne peut pas garantir de découvrir l’identité d’un internaute qui cherche à  la cacher, on ne peut pas non plus s’assurer que l’on restera anonyme. Lorsque l’anonymat tombe, cela peut faire des dégâts (perte d’emploi, conflits avec les proches, conséquences scolaires…).

Une fois que quelque chose est sur Internet, on en perd le contrôle. Même si le site original est effacé, un visiteur peut avoir fait une copie et la mettre en ligne à  son tour. Il y a aussi une archive d’Internet, et les moteurs de recherche gardent des copies des sites qu’ils indexent.

Quelques liens à  explorer

Blogs et école: notes de conférence [fr]

Un condensé de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui dans un établissement scolaire vaudois.

[en] These are the conference notes for a talk I gave today for the teachers in a secondary school.

Je reproduis ici, sans mise en forme particulière, les notes de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui aux enseignants d’une école vaudoise.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Limite des sphères privée-publique: comment réagir, en tant qu’enseignant, lorsqu’on est par exemple confronté à  du matériel pornographique sur le blog personnel d’un élève, hors du milieu scolaire? Média qui nous met face à  de nouvelles problématiques.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Pistes pédagogiques

  • utilisation des blogs comme source d’information pour un travail de recherche: blogs à  thème, blogs provenant d’une autre culture, blogs témoins d’événements actuels (utiliser http://technorati.com/ et http://fr.wikipedia.org )
  • utilisation du contenu de blogs pour amorcer une réflexion sur le(s) média(s): débats, travail argumentatif, adéquation des propos qui y sont tenus, conséquences possibles pour le blogueur, racisme, respect
  • tenue d’un blog de classe à  plusieurs auteurs: comptes-rendus d’activités, résumés du travail scolaire effectué durant la semaine, rapports de lecture, narration de la vie de la classe
  • blog de projet: pour accompagner un projet indisciplinaire, la mise en place d’un spectacle, la préparation d’un voyage d’études
  • blogs de maîtres (en accès restreint, éventuellement): communication au sein et entre groupes de travail, collaboration et partage de matériel pédagogique, informations officielles ou officieuses au sein de l’établissement

Attention: en cas d’activité de publication, prévoir une charte, discuter des implications avec les élèves, éventuellement obtenir accord des parents (pour textes, photos). Veiller au spam! (Filtres, contrôle périodique…)

Les enseignants qui travaillent aujourd’hui avec des blogs à  l’école font oeuvre de pionniers. Il n’y a pas vraiment de recettes éprouvées, c’est un peu un terrain en friche… à  découvrir!

Quelques liens à  explorer

Erratum

Renseignements pris: les adolescents peuvent bien être tenus pour responsables devant la justice pour les propos publiés sur leurs blogs (plutôt que les parents).

TF1: Journal de 20 heures, blogs [fr]

Petite critique du sujet sur les blogs au Journal de 20h de TF1 ce soir.

[en] French TV briefly talked about weblogs tonight, following the incidents with teenagers insulting teachers on their skyblogs and getting evicted from school as a result.

Now we all know that blogs are personal diaries with lots of photos and racist comments. Cool.

Un très bref sujet sur les blogs au journal de 20h sur TF1 ce soir. Ça commençait assez bien avec Delphine — dommage (d’où le “assez”) qu’ils aient eu sous la main une commentatrice si pertinente de la blogosphère et qu’ils se soient contentés de lui faire jouer le rôle de “personne jeune qui a un blog”. (Bon, c’est vrai, face à  Cyril dans le rôle du spécialiste ès blogs, on fait pas le poids…)

Prétexte du sujet: les ados expulsés de l’école pour avoir insulté leurs profs sur leurs skyblogs.

Ce qu’on en retient:

  1. les blogs, c’est des sortes de journaux intimes où l’on montre beaucoup de photos, puis on fait des commentaires racistes
  2. les parents devraient peut-être commencer à  s’intéresser à  ce que font leurs rejetons en ligne, sous peine de se retrouver un jour au tribunal
  3. encore une fois, la presse passe comme chat sur braises sur la “normalité” (Delphine) pour s’étaler sur les dérapages en tartinant joyeusement pour le plus grand bonheur du grand public, qui sait maintenant que les blogs, eh bien, voir points 1 et 2.

Soit dit en passant, la TSR s’y est intéressée avant TF1 (et na!), dans le reportage de Philippe Grand qui a précédé mon interview. (Désolée de ne pas vous donner le lien direct, le site de la TSR semble avoir un petit problème…. Est-ce que vous pensez que je leur ai envoyé trop de visiteurs?)