"Je fais des sites internet" [fr]

[en] I've decided to start targeting small local businesses (shops, the plumber, etc.) who do not have a web presence, and offer them a cheap-clean-simple solution to have one.

Je traverse au vert, en sortant de la Migros. Une voiture dont le conducteur a regardé un peu paresseusement les feux (il y a un machin orange clignotant, là, pour indiquer que les piétons ont aussi le vert) manque me renverser. Enfin, j’exagère un tantinet: il s’arrête un peu brusquement et me regarde comme si je n’avais rien à faire là. Je le regarde en retour, de mon regard-qui-arrête-les-autos.

Un monsieur d’un certain âge m’interpelle, et nous faisons causette sympathique en continuant notre chemin. Non, je n’étais pas au Comptoir Suisse (ou le Foutoir Suisse, comme on dit par ici — référence aux perturbations de la circulation qu’il occasionne dans le quartier). Je lui raconte d’où je viens, je lâche que je suis indépendante.

– Ah… Et vous faites quoi?

– Je fais des sites internet.

– C’est encore à la mode ces trucs-là?

(Oui, je sais, c’est site web, mais faut s’adapter au vocabulaire courant, même s’il est un peu douteux. Cf. web-deux-(point-)zéro.)

C’est la première fois de ma vie que je me décris comme ça. Il y a une année ou deux, quand le téléphone sonnait et qu’on me disait “il paraît que vous faites des sites?” je répondais, gentiment mais fermement, que je ne “faisais” pas des sites, mais que je pouvais les aider à faire le leur. Ou leur montrer comment on fait.

Entre-deux, l’épuisement du réseau direct que traversent pas mal d’indépendants à un moment donné, et crise financière accompagnée d’une bonne dose de pragmatisme: si les gens veulent un site-vitrine, cela ne sert pas à grand-chose de s’échiner à leur vendre l’idée que c’est dépassé, et qu’il leur faut un site-conversations. Même s’ils trouvent que c’est une bonne idée, hein. Mais ils n’en ressentent pas vraiment le besoin, et en plus, ça fait plus cher.

Donc, voilà, pourquoi pas. Si les gens veulent des sites pour avoir une “présence sur internet”, un site un peu “brochure sur écran”, c’est un début. Il faut bien commencer quelque part. Et ça, je peux le faire. Du coup, j’ai rapidement mis en ligne deux sites de démonstration, votrecommerce.ch et votrecabinet.ch (vous voyez quelle clientèle je compte approcher pour commencer), et pondu un petit PDF pas-beau-mais-c’est-un-début. On parle ici du degré zéro du site internet. Quelques pages, adresse, une photo ou deux, heures d’ouverture, bref descriptif. Mais c’est déjà sous WordPress, et le jour où le client voudra aller plus loin (blog, ou 50 pages supplémentaires) tout est en place.

Que je rassure mes fidèles lecteurs: je suis toujours une de ces “spécialistes-généralistes” d’internet, qui peut faire tout un tas de choses, et continue à faire tout ce qu’elle faisait. Mais des fois, pour que ça tourne, il faut un fond de commerce.

Demain, je vais toquer aux portes dans le quartier.

Après-demain, je prépare un prospectus à envoyer aux écoles de la région.