Pourquoi j'ai attendu avant de reprendre un chat [fr]

[en] Why I waited after Bagha's death before adopting cats again.

Depuis la mort de Bagha, j’ai vu bien des gens de mon entourage perdre leur chat également. J’ai été frappée par une réaction courante mais totalement étrangère à ma façon de fonctionner: reprendre un nouveau chat sans perdre de temps.

Du coup, je me dis que ça vaut peut-être la peine d’expliquer pourquoi j’ai attendu plus d’un an avant de chercher à adopter.

Pour moi, c’est important de dire au revoir correctement pour pouvoir bien dire bonjour. En d’autres termes, faire son deuil avant de pouvoir s’attacher à nouveau. Je crois que rien ne fiche en l’air une relation aussi bien que de ne pas avoir bien bouclé celle qui la précédait. On connaît ça dans les relations de couple, dans la problématique de “l’enfant de remplacement“, et je pense que c’est une loi de la vie assez générale.

Le deuil est une question qui m’intéresse beaucoup, très certainement à cause de mon histoire et de mes croyances personnelles.

Quand Bagha est mort, et même avant qu’il meure, je savais deux choses:

  • je reprendrais des chats un jour (oui, “des”)
  • ce ne serait pas pour tout de suite.

Je voulais prendre le temps de pleurer le chat qui avait été à mes côtés depuis plus de dix ans. Je ne voulais pas adopter ce qui aurait été pour moi un “chat-sparadrap”. Je voulais prendre le temps d’être “bien dans ma vie sans chat”, et reprendre des chats parce que je voulais en avoir, et non pas parce que je souffrais d’avoir perdu le mien.

Bagha est mort en décembre. En octobre, j’ai commencé à avoir le sentiment que je serais prête à ravoir un chat. Je savais que je partais six semaines à l’étranger en hiver, donc j’ai attendu mon retour.

Même là, elle a été dure, la première semaine avec Tounsi et Safran. Mais la douleur a vite passé et je me suis bien attachée à mes deux nouveaux poilus.

A la mort de Safran deux mois plus tard, je n’avais pas non plus l’intention de reprendre un chat tout de suite. Je voulais prendre le temps d’accuser le choc sans y mêler un nouveau chat. C’était très différent de la mort de Bagha, mais dur quand même. Je n’avais eu Safran que deux mois. J’avais l’impression d’avoir échoué, de lui avoir fait faux bond.

Quintus est tombé du ciel parce qu’au moment où j’apprenais que Safran était malade, Aleika apprenait que son mari avait reçu l’invitation qu’il attendait de l’université de Kolkata, et qu’ils allaient déménager là-bas. Elle était un peu désemparée par rapport à Quintus: le prendre et lui faire subir une ville indienne ou une vie d’intérieur? Trouver quelqu’un pour l’adopter, à passé 10 ans?

J’ai dit que si elle décidait de ne pas le prendre, et qu’elle ne trouvait personne pour lui en Angleterre, je le prendrais. Un jour ou deux plus tard, après avoir vérifié que je ne regrettais pas mon offre, sa décision était prise. Un mois plus tard Quintus était dans l’avion avec moi.

Alors voilà. Dix ans avec Bagha. Quinze mois sans chat. Deux mois avec Tounsi et Safran, un peu plus d’un mois seule avec Tounsi, et à ce jour, 16 mois avec Tounsi et Quintus.

October Cats 20

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Faire sortir un chat [fr]

[en] Many people without cats -- or with indoor cats -- wonder that I let my cats out (including at the chalet). Aren't you afraid they'll run off? Well, not too much. Here's how I proceed to introduce my cats to the outside.

J’ai des chats depuis à peu près 30 ans. J’ai toujours eu des chats qui sortaient. Pour moi, un chat, ça sort. Je comprends qu’on puisse voir les choses autrement, et ce serait peut-être mon cas si je n’avais pas la possibilité de vivre quelque part de “chat-compatible”. (J’ai choisi mon appartement exprès pour que mon chat puisse sortir, c’était une condition sine qua non quand je suis rentrée d’Inde avec Bagha.) Après, bien sûr, c’est tout à fait possible de s’occuper convenablement d’un chat d’intérieur — mais c’est du boulot!

Souvent, on me demande — et j’ai même entendu ça de gens habitant le même immeuble que moi! — “mais t’as pas peur qu’il se taille?”

Alors voilà, une réponse sous forme d’article. Non je n’ai pas peur (enfin pas trop peur), et voici pourquoi.

D’abord, les préliminaires. Avant de sortir, le chat doit

    1. être à l’aise avec moi et venir (au moins un peu) quand je l’appelle
    2. être bien dedans

Le chat est territorial. Si c’est clair pour lui que dedans c’est son territoire, là où il y a du chaud, du doux, du miam, du glou, du ronron et des câlins, il ne va pas prendre ses cliques et ses claques comme ça et foutre le camp.

Par contre, le chat est un animal de nature plutôt timide. Il faut en tenir compte.

Pour sortir un chat, il y a pour moi deux clés:

      • y aller graduellement, avec possibilité de retraite rapide
      • l’accompagner pour s’assurer qu’il continue de me “reconnaître” dehors

La plupart des chats, quand ils explorent un nouvel extérieur, ils font 20m en avant, puis reviennent 20m en arrière, puis repartent 30m, reviennent, repartent un peu plus loin, etc. Bien sûr il y a toujours des exceptions comme Tounsi qui filent droit devant eux — mais on peut faire avec, j’en reparle. Si quelque chose fait peur au chat, il va plutôt essayer de revenir en terrain connu plutôt que de partir droit devant lui (mais ça peut arriver).

J’ai gardé mes nouveaux chats Tounsi et Safran à l’intérieur 3 semaines à peine, et c’était peut-être un peu juste. Ils ne me connaissaient pas avant, donc n’étaient encore pas vraiment en confiance. Avec Bagha, j’ai attendu beaucoup moins longtemps, mais c’était un chat que je connaissais et avec qui j’avais déjà vécu de longs mois.

Apprendre à un chat à venir quand on l’appelle (quand il veut bien) ce n’est pas extrêmement compliqué, avec un petit sachet de friandises. (On peut même aller plus loin et faire un peu de clicker training, ce qui est une excellente façon de créer un lien avec le chat.) Si le chat pige la fonction du sachet de friandises à l’intérieur, il y a toutes les chances que ça marche aussi dehors.

Avant de mettre le nez dehors, le chat doit bien entendu être pucé (faites d’ailleurs pucer même vos chats d’intérieur — c’est quand ils se retrouvent dehors de façon imprévue que la puce est utile!). Personnellement je prends une précaution supplémentaire: je mets au chat un collier avec une étiquette indiquant son nom et mon numéro de téléphone.

What are you looking at like that?

Pour Bagha, comme vous voyez ci-dessous, ça m’a été extrêmement utile pour indiquer aux gens chez qui il allait s’installer qu’il ne fallait pas le nourrir ni le garder longtemps dedans (il était vraiment sans-gêne, sans être tout à fait aussi envahissant que Tounsi).

Collar-label making process Bagha and his collar -- both sides!

Ensuite, il faut commencer par le début. La porte d’entrée. Pour que le chat revienne, il faut qu’il soit super familier avec “l’extérieur” juste derrière la porte. Alors on ouvre la porte, on la laisse ouverte, on sort, on laisse sortir le chat, qui probablement filera dedans au premier bruit un peu inquiétant. Il faut le laisser ressortir à sa vitesse. Si c’est un chat craintif et visiblement trop flippé, l’attirer dehors à coups de friandises (mais pas trop loin).

Je ne fais pas des séances “extérieur” trop longues au début. J’accompagne le chat, primo pour garder un oeil sur lui, deuxio pour qu’il s’habitue à ma présence dehors aussi. De temps en temps je l’appelle et je lui présente une friandise, histoire qu’il associe ma présence “en extérieur” à une gâterie.

Une fois que le chat commence à être à l’aise, peut-être après quelques sorties, il va s’éloigner de plus en plus. Là aussi je l’accompagne, et je profite pour l’encourager à rester dans les zones extérieures que j’aimerais qu’il s’approprie. Par exemple, chez moi, il y a quand même des routes pas loin. Je passe donc beaucoup de temps avec les chats devant et autour de l’immeuble, pour être sûre qu’ils sont bien là. Quand ils partent dans une direction que je ne veux pas encourager, je les rappelle (friandise) et je les invite ailleurs. (C’est comme ça que je me retrouve à “promener les chats”, au grand amusement de mon entourage.)

Une fois que j’ai pu constater que le chat était à l’aise dans son environnement extérieur immédiat, qu’il connaît le chemin du retour (je l’aurai régulièrement appelé pour le faire rentrer, puis ressortir, puis rentrer, puis ressortir…), je commence avec les sorties non supervisées — ou supervisées depuis le pas de la porte.

Voilà en gros comment je m’y prends!

Avec Tounsi et Quintus, j’ai deux chats assez différents. Tounsi était probablement un chat voyageur: il n’avait aucune peur ou appréhension dans un environnement nouveau, par contre, revenait en courant comme un petit chien lorsque je l’appelais, et me suivait. Le souci ça a été les premières sorties sans supervision (il allait loin, et je l’ai laissé faire trop vite). J’ai donc rétrogradé aux sorties surveillées et fait beaucoup beaucoup de tours d’immeuble avec lui.

Quintus est plus peureux. Il a peur du couloir. Peu après qu’on ait commencé à le laisser sortir, il a “fugué”. J’étais en vacances et ma catsitteuse n’était pas très rassurée! (Pas malin de partir, mais j’avais des soucis “intérieurs” avec les chats et c’était vraiment important de le laisser sortir — et c’est un chat que je connaissais déjà un peu.) En fait il était planqué à une dizaine de mètres de l’immeuble, ne réagissait pas quand on l’appelait, et avait peur de l’entrée. A mon retour j’ai fait une grande opération “séduction en extérieur” pour qu’il comprenne que venir vers moi quand on était dehors était gustativement intéressant ;-). Quant à ses jours de fugue, on avait la chance de pouvoir lui laisser l’accès au bureau ouvert la nuit, avec eau et croquettes. Pas idéal, mais ça a marché.

La semaine dernière au chalet, j’ai sorti les deux chats d’un coup après 36h environ. Ils étaient bien peinards dans le chalet, et Tounsi commençait à faire la vie pour sortir (il fait normalement ses besoins dehors). Il n’y a pas de dangers immédiats autour du chalet, il me restait plusieurs jours avant de devoir redescendre, alors je me suis lancée. Je suis sortie avec Tounsi, j’ai laissé la porte ouverte, Quintus a suivi. Tounsi a filé assez vite chez les voisins, et je l’ai suivi — Quintus aussi. J’ai perdu de vue Quintus près de leur chalet. Après un moment j’ai appelé Tounsi pour le rentrer et je suis partie à la recherche de Quintus — en vain. De retour au chalet, je suis accueillie par deux chats: Quintus était en fait rentré tout seul au chalet bien avant, sans que je le voie! J’ai donc ensuite simplement pris soin de laisser la porte du chalet entrebâillée quand les chats étaient dehors, et d’aller les rapercher à coups de friandises après 15-30 minutes. (Sortie du chalet en photos et en vidéo. Premières sorties de Tounsi et Safran à la maison.)

Questions? 🙂

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Memories of Safran [en]

[fr] Souvenirs de Safran.

Safran was put to sleep on Thursday. I’m still very sad, though I’m not end-of-the-world devastated like when Bagha died. Tounsi seems OK, but of course it’s hard to say. I’m upset, our routines have changed because Safran isn’t there. He doesn’t seem to be pining or going around looking for Safran, in any case.

New Cats 89.jpg

Safran was with me for just a little over two months, and I feel the need to put in writing the memories I have of him — the good ones, mainly — I think part of me is afraid I’m going to move on and settle down in my life with my remaining cat and forget little Safran. I won’t, of course, but memories do fade away. Prepare for some rambling and a pile of kitty photographs.

Safran perched on the tree

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Bye Safran: FIP is a Bitch [en]

[fr] Safran est malade: il a le FIP/PIF et doit être endormi -- il n'y rien à faire pour le sauver.

I got home from the vet a couple of hours ago. I’d taken Safran because he seemed under the weather (I got home from vacation yesterday evening). I thought he had a cold.

He has FIP. The wet form. My vet says he has a success rate of roughly 50% with the dry form, but has to this day never saved a single cat who had developed the wet form. I’ll let you read up more on this nasty disease.

Safran 2

I’m heartbroken. I’ll be going back to the vet’s tomorrow afternoon to put Safran to sleep. In the meantime, we’re saying good-bye. We were just starting to warm up to one another.

I like to think that although his post-shelter life will have been short (2 month), it will have been a good one.

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Having Cats [en]

[fr] Avoir des chats, c'est aussi: des interactions sociales avec voisinage, amis, et connaissances; des pauses jeu, câlins, sorties; un encouragement à prendre soin de moi, en prenant soin d'eux; des balades dans le voisinage, pour les accompagner ou les trouver; un espace coworking muni de chats!

You might remember, when I was grieving Bagha, that I tried to sort through what pain was associated with not having a cat anymore, and what was of the loss of one particular cat I had loved, Bagha.

With my new cats, I am remembering there is a bunch of nice things about having cats (aside from them making your travels slightly more complicated) — whoever they are.

  • They help me connect to people socially. There are people in the neighbourhood I had pretty much not spoken to since Bagha’s death, and that I have spoken to again during these last weeks, because pretty much all we can easily socially connect on is cats. I find myself wanting to invite people over more (“come and see the cats” is a great pretext and easier than “I’d enjoy spending time with you” — I probably need to work on that, though ;-))
  • They encourage me to take downtime. Whether it’s watching them in the garden, playing with them, or petting sessions, I’ve been “stopping” more.
  • I have to care for them on a daily basis, and I’ve found that in a strange way, taking care of something/someone else encourages me to take care of myself too.
  • I walk around my neighbourhood, either to accompany them, or to look for them 🙂
  • I again manage a coworking space featuring kitty company, entertainment, and relaxation!

Er... Can you get down, please?

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Three Weeks With My New Cats, Tounsi and Safran [en]

[fr] Photos et nouvelles de mes nouveaux chats, Tounsi et Safran. Ils sortent depuis vendredi, allez voir les photos!

Gosh, three weeks already. I thought I was going to update you more regularly (well, if you’re subscribed to me on Facebook, you will have got many photographic updates — see also on Flickr) but time just flew by.

Where to start? Well, first, they have names. They had shelter names when I adopted them, of course: El Tunis and Brando. Now they have their real names: Tounsi and Safran.

Tounsi all set to go out Safran all set to go out

Here they are at eclau, ready to go outside. They don’t normally wear collars, but I got some elastic ones that are easy to slip on and off and made some name tags for them. They’ll wear them when they go out while they get acquainted with their new territory and the humans which inhabit it. This was after their first day out, back home (they have their “spots” on the couch:

Copycats

They have pretty different characters.

Tounsi is not that interested in humans to begin with, but he loves being petted and cuddled. He’s the dominant one of the two, independant, and a hunter. I have banned catnip mice from the flat (this video will show you why). He has round eyes, his lips are always slightly parted (and that’s when he doesn’t forget to close his mouth!), and his elbows stick out a bit — added to the fact he is very alert and tends to trot around to whatever interesting is going on, it gives him a bit of a comical look. He’s very soft, and always very hungry (he’s lost a bit of his paunch since I have him, but it’s been a struggle for me to figure out how to feed them).

Safran is very very cute. He looks like a cuddly soft toy. He’s a flirt: he always comes up to new humans, and if you crouch down, he’ll put his front paws on your knee or even on your shoulder and give you kitty-kisses in the ear (or lick it!). Very cute. But beware! He’s in fact quite shy, and his tolerance for petting is quickly reached. He lets you know that with teeth and claws (more often the former). That means that it’s fine to pet and cuddle him (carefully!) when he comes to you, but he’s better left alone if he’s napping in a corner. Same goes with carrying: when in the mood, he’ll try and climb on your shoulders and settle there, but if you pick him up to carry him you’ll be greeted with bites, hisses and growls (depending on the situation). I sense some learned helplessness here: he doesn’t even struggle to jump down (even when he’s free to just hop down!) but hisses and bites.

They are both splendidly litter-trained (not a single accident, fingers crossed!), and have mostly given up on trying to eat my plants and shred my tatamis and yucca with their claws since I got them kitty grass and a proper scratching post (this is only their third day with access to the outside). Look at the equipment:

New Cats 44.jpg

We do everything together

(Litter box in bathtub: less litter all over the bathroom and flat, and I clean my bathtub every day — it’s never been so clean!)

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The first week with Tounsi and Safran was not that easy. Not their fault, but I had a very hard time naming them, I didn’t love them yet (I’m starting to), and I had a sudden backlash of grief (expected) about Bagha. The fact that Tounsi looks and behaves more like Bagha than I initially thought was particularly painful. I mean, look at these two photos, and tell me if they don’t remind you of somebody:

Tounsi Channeling Bagha

New Cats 95.jpg

Well, the hardest is past, they have been introduced to eclau and are starting to feel comfortable there, and they’ve been going outside (supervised most of the time) since Friday. I’m so happy for them! As for me, I’m starting to settle down and get used to having them around. I’m even starting to like them!

Head over to the rest of the photos.

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