Retour en plaine [fr]

Comme ces jours ont filé! On a marché, marché, grimpé, bûcheronné. De retour chez moi, je suis physiquement épuisée, je me suis vidé la tête, et contrairement à il y a trois semaines, je ne me sens pas ralentie, mais plutôt boostée.

Autres vacances, autres gens, autre rythme, autre effet.

J’ai pris des tas de photos, de nouveau. On a eu de la chance avec le temps, même si on s’est fait rincer un peu (au Col des Essets, notamment). Le programme des ces quelques jours en altitude?

Vendredi 15, tronçonnage des troncs d’arbustes coupés il y a trois semaines. Soirée tranquille à jouer (kalah et backgammon).

Samedi 16, départ peu matinal (et malgré le beau temps) pour le Col de la Croix. On a une voiture, on en profite! Une petite grimpette dans les Pyramides de Gypse (histoire de s’échauffer et de se préparer moralement pour l’initiation à la Via Ferrata prévue pour le lendemain… ou le surlendemain), suivie par un petite pique-nique et une autre grimpette (moins d’escalade, plus de dénivellation) jusqu’au Meilleret, avec détour involontaire par l’Encrène.

Ça fait un peu journal de voyage, comme je raconte ça, non? 🙂

On coupe à travers pâturages depuis le Meilleret pour descendre sur le Lac des Chavonnes (fort joli) où un petit restau sympa nous attend (et une tomme de chèvre fraîche sur lit de salade pour moi). On repart pour Bretaye via son lac et une séance course-photos avec les bébés grenouilles qui en habitent les rives.

On continue via le Col de Bretaye pour la promenade “poussette-compatible” jusqu’au Col de la Croix, via Ensex. Nos jambes en ont bien marre, mais on s’arrête toute de même en route pour photographier une amanite tue-mouches. Vers 20h, on est enfin de retour à la voiture.

Une fois les pâtes carbonara avalées, les photos de la journée regardées, et une bonne pile de bois de cheminée brûlée, il est quasi minuit…

Dimanche 17, le temps n’est pas à la Via Ferrata. On part pour Solalex avec le projet de monter à Anzeinde en taxi et puis de faire le tour de l’Argentine (5 heures de marche). A Solalex, on décide de monter à pied à Anzeinde. Il est environ 14h quand on y arrive, et le temps de manger, il est très clair que notre tour de l’Argentine ne se fera pas. En plus, il y a des nuages partout et l’orage menace.

On décide de se limiter au Col des Essets. On se met en route dans une purée de pois qui bouche la vue à 20 mètres, et on se fait rincer propre en ordre une fois au col. Malgré les éclaboussures sur les objectifs, on s’arrête pour prendre des photos, assez longtemps en fait pour que la pluie se calme et que le soleil réapparaisse en compagnie d’un magnifique arc-en-ciel. La vue se dégage complètement. On reste un bon moment à admirer les montagnes d’en haut, et je commence à faire des projets de Col des Chamois (pour une autre fois, hein).

Lundi 18, après un réveil un poil tardif (on a ouvert le Trivial Poursuite la veille au soir), on se met en route pour la fameuse Via Ferrata. Que dire? Il faut regarder les photos. On a renoncé à commencer par le début un peu abrupt (c’était une initiation) pour entamer la route par l’échappatoire. Quelques passages difficiles, un pique-nique avec vue imprenable sur la vallée, et une tyrolienne pour terminer (qui m’a vu faire le singe sur le câble à la fin, la tête en bas et les pieds en l’air, pour pouvoir décrocher ces sacrés mousquetons — la corde de la poulie avait fait des noeuds, du coup je touchais à peine par terre à l’arriveé).

Le soir: taille-haies. Taille-haies. Et le lendemain matin: taille-haies. Le jardin est bien propre.

A voir aussi, les photos de Corinne: premier jour, deuxième jour, troisième jour. Et moi qui lis la carte:

Stephanie lit la carte.

Retour de vacances [fr]

[en] I've written a lot about my holidays in English. Time for my French readers to get a share!

Voilà, j’ai promis quelque chose en français, me voici donc. J’ai filé à la montagne pour une petite semaine au vert, sans internet, avec pas mal de marche et beaucoup de photos de fleurs.

J’ai un chalet (copropriété familiale, il appartenait à mes grands-parents, je me retrouve donc avec une tranche) à Gryon, tout près de la gare, et que je ne fréquente de loin pas assez.

Une de mes excuses c’est que c’est compliqué d’y monter, surtout maintenant que je n’ai plus de voiture, avec le chat, etc — mais expérience faite, ce n’est pas si terrible. Ça coûte une dizaine de francs aller simple. La même chose que pour aller à Genève.

Je mets le chat dans sa cage, et le charge sur les roulettes de mon caddie à commissions. Il y a un bac à litière et du sable déjà là-haut, et si je m’organise un peu, je monte des draps que j’y laisse, histoire de ne pas avoir besoin de descendre à chaque fois les draps communs pour les laver après utilisation. Un taxi direction la gare depuis chez moi, hop, 90 minutes de train, et j’y suis.

Gryon, c’est un coin superbe. Ça faisait une année que je n’y étais pas montée (et même quelques mois). Surtout, c’est un coin que je n’ai jamais vraiment fréquenté en été (du moins depuis mon enfance). Je garde des bons souvenirs de marche en montagne avec mes parents et des amis, quand j’étais enfant. Oui, c’était parfois pénible, marcher des heures et des heures, mais je crois que j’aimais assez ça — du moins retrospectivement.

Cinq jours sans accès internet, vous vous rendez compte? Ça faisait des années que je n’avais pas fait ça. J’avoue n’y avoir pas trop pensé, avant. J’ai toujours eu assez confiance qu’il me serait sans trop de difficulté possible de me passer de “connexion” durant un moment. En fait, je n’avais même pas tellement prévu si j’allais profiter ou non des possibilités offertes par mon téléphone mobile (e-mail, Twitter, chat/skype).

Après une première journée où j’ai manqué consulter mon e-mail durant les moments où j’étais seule, j’ai assez vite “déconnecté” sans souffrance. Oui, je me demandais parfois ce que j’avais dans mon inbox, tout comme je me reprenais parfois à penser au travail — mais simplement dans la mesure où quand on travaille non-stop et sous pas mal de stress durant des mois (voire des années), eh bien, il faut quelques jours pour décrocher complètement.

Marcher m’a fait le plus grand bien. Marcher, regarder les montagnes. Prendre des photos — un plaisir redécouvert, après quelques années ou la photo est devenue pour moi de plus en plus orientée “objectif-publication” (aux conférences surtout — prendre beaucoup de photos, les mettre en ligne à mesure, taguer, etc.)

J’ai envoyé quelques photos avec TwitPic, histoire de faire saliver un peu mes amis, mais pas de façon compulsive. Comme l’a bien dit Xavier, quelque chose qui me ressemble assez peu: pas de tags, pas de notes, juste une photo et un petit titre.

J’ai décidé que je voulais marcher plus, venir au chalet plus. Et j’ai bloqué des dates de retour à la montagne avant de redescendre en plaine. C’est beaucoup plus facile de bloquer des vacances quand on est reposé et en train justement d’en profier, que lorsque l’on est pris dans la spirale infernale du stress-travail.

Pour prendre de la distance, c’est important de se recentrer. Et me retrouver 5 jours à la montagne, avec une copine, à faire des activités tout sauf intellectuelles (marcher, dormir, manger, bûcheronner dans le jardin, papoter un peu et lire/écrire avant que le sommeille ne m’assome, avant 10h du soir), c’est ce qu’il me faut. Pas de soucis, pas de prises de tête, pas de possibilité de faire quoi que ce soit. Repos forcé de l’esprit. De temps en temps, rebooter la machine.

Etre au milieu des montagnes, en pleine nature, ça aide à prendre un peu de distance par rapport à ses soucis et à sa vie. Les montagnes sont là depuis de millénaires, immuables. Leur présence me donne le tournis. On voit sur elles la trace de leur naissance, les plis rocheux un jour liquide. Et puis dessus, quelques petits chalets. L’homme est un invité sur cette terre. A Lausanne, le lac me fait un peu le même effet. Mais en moins radical.

J’aime la montagne.

Une source importante de mon stress est ma tendance à aborder tout problème comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Je prends les petites choses beaucoup trop à coeur, je m’y épuise.

Depuis mon retour, je m’exerce à “m’en foutre”. Pas dans le sens d’être indifférente, mais de me détacher un peu, de me laisser moins affecter. A ne pas prendre les choses tellement à coeur, justement.

J’ai ralenti, et je dédramatise. Le ralentissement est particulièrement perceptible. Je mets le temps qu’il faut pour faire les choses, plutôt qu’essayer de les faire aussi vite que possible, d’être la plus productive possible. Ça n’a rien à voir avec utiliser ou non une méthode telle que GTD, mais vraiment avec sur quel “canal” je branche mon cerveau.

Et là, je sens que c’est pour de vrai. Quand je me réveille, je ne me sens pas sous pression de démarrer au plus vite, d’abattre ceci ceci cela durant la journée, ce qui va habituellement de pair avec une furieuse envie de ne rien faire, de procrastiner, ou de replonger dans les bras de Morphée pour une heure ou deux.

Je me recentre sur moi. Je prends le temps de me lever. Se lever c’est pénible, j’ai souvent l’impression qu’il me faudrait plus de sommeil, mais en fait (et c’est mon couchsurfeur de l’autre soir qui m’a sorti ça, sans ce rendre compte que cette phrase me suivrait durant des jours), “après on se sent mieux”. Se lever c’est pas drôle, mais en fait, une fois qu’on a fini de se réveiller, on se sent mieux. J’expérimente ça très consciemment depuis deux jours, et c’est vrai. Plutôt de focaliser sur la pénibilité du réveil, je garde à l’esprit que c’est un passage difficile pour me sentir mieux plus tard.

Au chalet, j’ai découvert le plaisir de me “réveiller” dans le jardin. Non pas que je dormais dehors — je parle de la phase où on “émerge”, où l’on ne dort plus, mais où tout ne fonctionne pas encore. Chez moi, cette phase un peu vaseuse se faisait souvent en ligne. Il y a un moment j’ai découvert que passer ces 10-15 minutes sous la douche plutôt que dans son e-mail était nettement plus agréable. Mais ça n’est pas rentré assez profond pour que je change mes habitudes.

Là, au chalet, une fois réveillée, j’allais sur le balcon regarder les montagnes, puis je sortais avec le chat, qui, peu à l’aise dans ce territoire qui n’est pas le sien, rechignait à aller prendre l’air tout seul.

D’une certaine façon, je dirais que ces petites vacances à la montagne m’ont aidée à mieux me reconnecter à ma vie.

Voilà, chers lecteurs francophones. Vous voyez comme c’est. Je vous néglige pendant des semaines voire des mois, puis je vous assome d’une tartine qui n’en finit pas.

On va s’arrêter là. Mais n’oubliez pas de jeter un oeil aux photos des vacances!

Réflexions freelance [en]

[fr] Musings on my work as a freelancer. I'm thinking about concentrating my communication/promotion efforts on a limited number of things (my problem with being a "generalist internet expert" is that I do lots of different things, could do even more, but feel a bit stretched and unfocused at times). So, here goes:

  • coaching/training: from "learning to use this computer" and "getting the printer to work" (grandma or your uncle) to "learning all about social media/tools" and "publishing my stuff online". A one-on-one setting, and a general focus on "learning to understand and use the internet (and computers) better".
  • creating simple websites: I'm asked to do this a lot, and after years of struggling with clients to try to get them to "do things right" (easy to win them over, but it doesn't change the amount of budget available), I've switched over to a Trojan Horse technique. Give them what they want (a brochure-like website), but based on WordPress (my CMS of choice right now), which means they can learn to update the content, add a blog, etc. etc. Using WordPress as CMS is my Trojan Horse for getting clients further into social media.
  • speaking, in particular in schools: I gave a few talks at the ISL a month ago and they were very well received. A little promotional material would probably get me way more similar speaking engagements.

This doesn't mean I'm abandoning all the other things I do (and get paid for) or would like to do (and get paid for). It just means I'm going to concentrate my proactive efforts on those three things, which have proved to be realistic ways for me to earn money.

Going Solo Leeds is of course taking up quite a bit of my time, and I'm soon going to start actively looking for a business partner (a sales-oriented doer!) for Going Far. Stay tuned!

Ces temps, je pense pas mal à mon choix de travail/carrière. Parce qu’à part les nombreuses heures que je passe à préparer la conférence Going Solo (qui pour le moment ne rapporte pas tellement d’argent, on peut dire ça), je reste une indépendante dans le milieu parfois un peu brumeux des nouvelles technologies.

Moi qui suis quelqu’un qui frémit à chaque fois qu’on lui demande “et tu fais quoi, comme boulot?”, je me suis trouvée l’autre jour (lors du pique-nique mensuel des couchsurfeurs lausannois) avec aux lèvres une formule qui me plaît assez:

J’aide les gens à mieux comprendre et utiliser internet.

C’est vaste, oui, mais ça recouvre assez bien ce qui m’intéresse — et ce que je fais.

Mais bon. Ça fait un moment que je me sens dispersée. Je n’ai pas de message clair à donner pour faire comprendre au monde mes compétences et ce que je fais. En plus, il y a “ce que je fais déjà” et “ce que je pourrais faire”. Donc… je me dis que je devrais me concentrer (côté stratégie de communication en tous cas) sur un nombre limité de trucs. Surtout quand l’argent ne rentre pas à flots. Lesquels?

Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas en train de songer à “arrêter” quoi que ce soit de mes activités. Je me demande simplement où concentrer mes forces. Si on fait appel à moi pour autre chose, pas de souci — je serai là.

Une chose que je me retrouve régulièrement à faire, et que j’aime beaucoup, c’est de la formation (ou du coaching) individuelle. Ça va de “apprendre à utiliser l’ordinateur et faire ses premiers pas sur internet” à “bloguer mieux” en passant par “démarrer un blog” et “maîtriser les outils sociaux”. Particuliers, indépendants, ou petites entreprises sont mes clients types pour ce genre de service.

Donc, j’aime faire ça et il y a de la demande. Il m’a fallu longtemps pour “publiciser” ce genre de service/formation, principalement parce que les tarifs que je me retrouvais à devoir fixer me semblaient vraiment chers pour des “cours d’informatique”. En attendant, il semble que je fais ça plutôt bien, j’ai un éventail très large de compétences à transmettre ou à mettre à disposition (je peux dépanner l’imprimante, installer l’anti-virus, donner des conseils stylistiques pour la rédaction d’un article, discuter d’une stratégie de publication, raconter les réseaux sociaux, les blogs, ou les CSS, bref, un produit tout-en-un), et je m’adapte à tous les niveaux (de la personne qui découvre tout juste l’informatique — et il y en a! — à l’utilisateur chevronné qui veut parfaire ses connaissances en matière de publication web, par exemple).

Pour les particuliers, disons que c’est un peu un service de luxe (je ne dis pas ça négativement), et pour les indépendants et petites entreprises, l’occasion d’acquérir des compétences avec un suivi très personnalisé (et compétent/à la pointe…).

Voilà — je me dis que je devrais probablement mettre en avant un peu plus ce type de service.

Dans le même ordre d’idées, on m’approche souvent pour “faire un site internet”. Durant longtemps, je crois que je m’y suis prise un peu maladroitement. “Non, je ne fais pas de site internet, mais je vous apprends à le faire et vous accompagne durant le processus.” Alors oui, bien sûr, je peux toujours faire ça. Mais il ne faut pas rêver — le client qui m’approche pour que je lui “fasse un site internet”, même si je le convainc de ce “faire ça bien” implique (pas un problème en général, dans ce sens-là je suis une assez bonne “vendeuse d’idées”), il n’est probablement quand même pas prêt, au fond, à faire le pas (que ce soit, bêtement, en termes de ressources et d’argent à investir).

J’ai fini par comprendre qu’il fallait s’y prendre autrement. Etre un peu pragmatique. Donner aux gens ce qu’ils veulent, même si on croit qu’il est dans leur meilleur intérêt de faire directement autrement. C’est la technique du Cheval de Troie (un bon cheval, dans ce cas): oui, donner ce qui est demandé initialement, mais sous une forme qui permet ensuite d’aller facilement dans la bonne direction.

Une petite digression/parenthèse à ce sujet. C’est une stratégie qui fait un peu usage de manipulation — mais assez légère, explicite, et dans l’intérêt du client. Elle est de cet ordre: c’est la différence entre demander “pouvez-vous SVP signer cette décharge qui nous autorise à mettre des photos de vous prises à cette fête sur internet” et dire “on va prendre des photos et les mettre sur internet, si cela vous pose un problème, merci de nous contacter au plus vite.” Vous voyez l’idée? C’est comme une de mes amies/collègues, qui répondait, quand on lui demandait comment convaincre un employeur de nous laisser bloguer, en tant qu’employé: “ne demandez pas; faites-le, faites-le intelligemment, et quand il commence à y avoir des retours positifs, votre employeur verra de lui-même que ce n’est pas dramatique, d’avoir un employé qui blogue.” (Ce n’est pas une tactique garantie à 100% sûre, mais elle a son mérite — on dit souvent “non” à la nouveauté un peu par principe ou par peur du changement, c’est une réaction normale.)

Donc, quelle est l’idée? Pour une somme relativement modeste (contrairement à d’autres solutions — avant de m’approcher, un de mes clients avait reçu une offre à 2500.- CHF pour un site statique de 5 pages, sans qu’il y ait d’exigeances particulières côté design!) je crée sous WordPress.com le site que désire le client, avec un design “standard” quelque peu personnalisé (logo, image d’en-tête), et le contenu que m’aura fourni le client.

Et c’est là que ça devient intéressant — et pour le client, et pour moi. Le client a son site, et bonus:

  • il peut le mettre à jour lui-même facilement (une fois qu’il a appris, ou bien s’il est débrouille)
  • le jour où il décide de se lancer dans l’aventure “blog”, c’est tout prêt pour
  • s’il veut ajouter des pages, c’est facile et il peut le faire lui-même
  • s’il désire par la suite se payer un design “sur mesure”, il n’y a pas besoin de toucher au contenu (Corinne fait de très beaux thèmes WordPress, par exemple)
  • s’il veut étendre les fonctionnalités du site, tout le contenu peut être migré sur une installation WordPress “serveur”, où l’on peut installer des plugins ou faire tout ce qu’on veut.

Donc, site mis en place à bon marché, et très évolutif.

En ce qui me concerne, si le client s’en tient là (je lui donne les codes d’accès, voilà) je m’y retrouve déjà: mettre en place un site avec du contenu qu’on me fournit est typiquement une prestation pour laquelle je suis payée plus pour mon expertise et mon expérience que pour le temps que j’y passe.

Si le client désire aller plus loin, par exemple être formé à l’utilisation de l’outil (s’il ne s’y retrouve pas par lui-même tout de suite), être coaché pour améliorer le contenu ou en rajouter, découvrir d’autres outils de communication en ligne… Eh bien, vous l’aurez deviné, je me retrouve dans la situation formation/coaching décrite plus haut.

Et si le client désire aller encore plus loin, j’envisage même d’offrir des formules “accès libre” (Martin nous expliquait lors de Going Solo qu’il faisait ça avec certains clients), où le client paie une certaine somme par mois (à négocier) en échange d’un accès “illimité” à mes services. J’ai mis des guillemets, parce que soyons réalistes, il faut tout de même mettre un cadre (je ne deviens pas l’esclave de mon client!) mais cela lui donne la possibilité de faire appel à moi pour séances, coaching, dépannage, e-mails, téléphone, mises à jour tant qu’il a besoin. La base de discussion pour le tarif d’un tel service sera la valeur qu’il a pour le client.

Donc, nous voilà avec deux axes: coaching/formation (très large, “mieux comprendre et utiliser internet, tant du point de vue technique que stratégique”) et fabrication de sites web “simples” (sans fonctionnalités nécessitant du développement particulier).

Il y en a un troisième: les conférences. Que ce soit dans les écoles ou bien ailleurs, c’est quelque chose que je fais depuis le début de ma carrière d’indépendante et pour lequel il y a une demande régulière. Je me dis que du côté des écoles en particulier, je peux être sans difficulté un peu plus proactive à vendre mes services. Un petit explicatif A4 bien présenté que je pourrais faire circuler m’amènerait sans doute plus de mandats de ce genre (jusqu’ici, je n’ai jamais fait aucune promotion pour ça, mis à part annoncer sur mon site que je le faisais).

J’ai donné il y a un mois environ une série de conférences à l’ISL — même si ça faisait depuis février que je n’avais pas parlé sur le sujet, tout est allé comme sur des roulettes et elles ont été extrêmement bien reçues. Je note que ce ne sont plus les blogs qui préoccupent les autorités scolaires (en tous cas en milieu international), mais bien Facebook — un changement de nom, mais la problématique reste largement la même. Je vais devoir me rebaptiser “experte Facebook” pour attirer leur attention 😉

Si vous m’avez lue jusqu’au bout, merci. C’était un article un peu “au fil de mes pensées”, mais ça fait un moment que je rumine ça et je crois que j’avais besoin de le mettre par écrit.

En parallèle, bien entendu, je continue ma vie d’entrepreneur avec Going Solo Leeds (12 Septembre) et les événements à suivre, organisés par Going Far (entreprise en cours de fabrication légale… enfin un de ces jours). Je vais bientôt me mettre à la recherche d’un (ou une!) partenaire business, dans le genre “qui fait les choses et est orienté vente” — toute une aventure dont je vous tiendrai au courant.

Du blog à  se mettre sous la dent [fr]

[en] A new blogger in the French Swiss blogosphere.

Je vous encourage vivement à  aller jeter un oeil sur la Chronique de l’Abrincate, un nouveau venu dans la blogosphère romande. De la culture, des lettres, un regard piquant d’humanité sur le monde dans lequel nous vivons: Bernard Boëton aime écrire, il a des choses à  dire, et après de longues années de rédaction “contrôlée”, il avait envie d’un espace où il pourrait être seul maître à  bord.

Il a pris contact avec moi afin que je lui offre soutien technique et conseils blogosphériques pour la mise à  l’eau de son navire. Il s’est lancé à  l’eau, et ma foi, je trouve qu’il s’en sort fort bien.

Faites-lui une visite, et si l’un ou l’autre de ses articles vous inspire réflexion… ne vous privez pas!

Nuit du Journal Intime: réflexions [fr]

[en] I was part of a panel in Geneva last Saturday. It was about intimacy in the age of blogs and the internet. Interesting experience, very different from the geek/tech events I'm used to. Some thoughts about the evening.

Nuit du Journal Intime 30

Je reviens (pas trop à  chaud) sur la soirée de samedi à  Genève. Dans l’ensemble, ce fut une bonne soirée, malgré mon rhume bien installé. Quelques réflexions en vrac. J’ai pris quelques photos que je suis en train de mettre en ligne.

Accueil

Je suis de plus en plus sensible à  la qualité de l’accueil lorsque je me rends quelque part pour une conférence ou un interview. Est-ce que quelqu’un est là  pour m’accueillir, déjà ? Dois-je payer mon café? Ce sont des petites choses qui ne sont jamais spécifiées dans le “contrat”, mais qui comptent. Quand je me déplace pour parler dans une école, on me paie, certes, mais je suis quand même une “invitée”.

Par exemple, j’ai récemment commencé à  insister pour qu’une personne soit présente quelques minutes avant le début de mon intervention pour régler les problèmes techniques s’il y en a. J’ai déjà  à  porter le poids de la prestation publique (si on peut appeler ça ainsi) sans avoir à  courir à  droite et à  gauche juste avant de parler parce que telle ou telle chose ne fonctionne pas.

Lorsque je me déplace pour un interview, je suis sensible aussi à  ce genre d’attention. Est-ce qu’on me fait poireauter dans la cafétéria durant près d’une demi-heure, Nuit du Journal Intime 3comme cela m’est arrivé récemment? Est-ce qu’on s’occupe de mes frais de transport? Comme je l’ai dit ici il y a quelque temps, j’ai passé le stade où je suis heureuse de donner du temps et de l’argent simplement pour figurer dans la presse.

Assez de grogne: l’accueil à  la Nuit du Journal Intime était très bon. Petit salon pour les débattaires, choses à  grignoter, boissons, petit cadeau joli (un carnet d’écriture et une boîte de thé), souper offert après le débat. Foie gras, s’il vous plaît. Très bon de surcroît. J’ai un peu poireauté dans le hall, mais par ma faute: j’ai marmonné un peu trop timidement au réceptionniste que j’avais rendez-vous à  18h30, sans annoncer clairement que je venais pour participer au débat. Ça m’apprendra, pour la prochaine fois.

Intimité

Nuit du Journal Intime 34

Qu’est-ce que l’intimité? Qu’est-ce qui est intime, pour moi? Pour ouvrir le débat, on nous a demandé à  chacun d’expliciter un peu notre rapport à  l’intimité. Quelles sont les choses qui font partie de notre sphère intime? J’ai de la peine à  répondre. De prime abord, je dirais “ce que je ne publie pas dans mon blog,” car pour moi, l’intime s’oppose au public. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. On peut étaler son intimité en public — cela reste l’intimité. Ou non?

Nuit du Journal Intime 10

Disons plutôt que pour moi, ce qui est intime est ce que je ne partage pas facilement. Ce que je ne livre qu’à  des personnes choisies, et pas au monde. Ou encore, c’est ce qui m’expose quand je le partage. Dans ce sens là , on peut trouver dans ce blog quelques (rares) passages qui abordent des sujets intimes.

Je pense qu’il y a une distinction importante à  faire entre “l’intimité personnelle” (ce que je considère intime) et “l’intimité sociale” (ce que le société considère comme faisant partie de la sphère intime). Catherine Millet, auteur de La vie sexuelle de Catherine M., disait lors du débat que pour elle, l’intimité se situait plutôt au niveau émotionnel que corporel/sexuel. Voici à  mon avis un exemple de cas où son intimité personnelle ne coïncide pas avec l’intimité sociale.

Ambiance

Ambiance très sérieuse, pour moi qui sortait directement de LIFT’06. Les événements geeks et le milieu des blogs en général sont très relax. On se tutoie, on ne se prend pas (trop) au sérieux, on se plante et on recommence. Me retrouver sur scène, avec des personnes que je connais à  peine et que je vousoie (c’est bête, mais pour moi ça fait vraiment une différence), qui ont clairement plus l’habitude que moi de ce genre d’exercice, éblouie par les projecteurs… J’avoue que je me sentais relativement peu à  ma place.

Ça s’est bien passé, pourtant. J’ai “fait ma blogueuse”, j’ai dit un peu mes doutes, ce que je ne savais pas, et aussi un peu ce que je savais. J’en prends conscience en écrivant: il y avait beaucoup plus de mise en scène ce soir-là  que ce dont j’ai l’habitude. C’est ça: la mise en scène. C’est étrange pour moi.

Nuit du Journal Intime 25

J’ai trouvé le débat un peu difficile à  suivre par moments. Je ne voyais pas tellement, en fait, où était le débat. C’était intéressant d’écouter ce que les autres invités avaient à  dire, mais des fois j’avais l’impression que l’on ne s’entendait pas vraiment.

Hors de la grande salle de spectacles, de retour dans le lounge avec bougies, velours rouge et petites tables pour les lectures de journaux intimes et le repas, c’était très joli et chaleureux.

Nuit du Journal Intime 18

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est l’interview-radio avec la DRS, après le débat, de retour dans le petit salon. La journaliste nous a demandé de revenir sur le débat, sur ce qu’on y avait appris, ce qu’on en avait gardé. Puis on a commencé à  discuter. On a abordé des choses qui n’étaient pas intervenues dans le débat. Pour moi, c’était plus riche, finalement, que la forme un peu dirigée du débat. Ce n’est pas étonnant que ma préférence aille dans ce sens: les blogs, les podcasts, internet… c’est le lieu de la conversation, sans forme prédéfinie. C’est dans ce milieu-là  que je me sens à  l’aise.

Droits d’auteur

Après l’interview, j’ai demandé à  la journaliste s’il était possible d’avoir une copie de ce qu’elle avait enregistré, entre autres parce que j’y avais mis en mots des choses que j’avais envie de pouvoir garder et utiliser. (En passant, ça m’a fait très bizarre, durant le débat, de penser que nous n’étions pas enregistrés. J’ai trop l’habitude, avec le web, de laisser des traces derrière moi.)

Nous avons ensuite parlé de droits d’auteur, parce que j’exprimais mon désir de rendre disponible certaines choses sur le web. J’ai lu récemment (je ne sais plus sur quel blog, honte à  moi) qu’un blogueur avait reçu l’interdiction de la part d’une journaliste de publier l’interview par e-mail qu’il lui avait accordé. Le blogueur en question disait quelque chose comme ceci: de quel droit peut-on m’interdire de mettre à  disposition mes propres mots? De même, la DRS peut-elle prétendre détenir des droits sur ce que j’ai dit durant cet interview, parce qu’elle a fourni le matériel d’enregistrement? Et si j’avais enregistré en parallèle avec mon matériel? J’ai mentionné l’épisode du vidéocast de Robert Scoble, où j’ai fait précisément ça, avec l’accord des intervenants.

En fait, a précisé la journaliste, ce n’est que sur ses mots à  elle que la DRS détient des droits d’auteur. Cela fait, sens, car lorsqu’elle nous interviewe, elle représente la radio pour laquelle elle travaille. Quand j’aurai reçu le CD, je ferai donc un montage avec mes propres mots et le mettrai en ligne.

La journaliste connaissait EFF, Creative Commons, etc… j’en suis baba!

Et vous? Etiez-vous à  cette soirée? Qu’en avez-vous pensé?

Réflexions post-Froglog souper [fr]

[en] First "bloggers meetup" in Paris. My reactions to the presence of "business-world" people there. I wasn't very happy about it.

Tout d’abord, mes excuses à ceux qui attendaient un compte-rendu hier: voyages et commotion cérébrale ne font pas bon ménage – me voici un peu hors de combat.

Même si je m’y attendais un peu, j’avoue avoir été un peu déçue par cette rencontre.

Ce souper était annoncé (là où je l’ai vu) comme le souper des webloggeurs francophones. Quand on dit “souper des webloggeurs francophones”, j’imagine une occasion de rencontrer d’autres personnes qui ont un weblog en français, de bavarder de nos intérêts communs, de mettre peut-être des têtes et des voix sur ceux qui n’étaient jusque-là qu’un nom, un site ou des mots. On informerait peut-être un journaliste ou deux à l’événement, histoire d’intéresser le monde extérieur à ce que nous faisons, et voilà.

Je me rends compte que l’intention de ce souper était légèrement différente. Je ne suis à ce jour pas certaine d’avoir exactement compris ce qu’elle était. Ce qui est certain, c’est que j’étais tout de même assez surprise, en arrivant, d’avoir l’impression qu’il y avait dans la pièce plus de “businessmen” (au sens large) que de webloggeurs. Les proportions se sont un peu équilibrées en cours de soirée, mais tout de même – il y avait pour moi un malaise.

Ce malaise est né quelque temps avant le souper – je l’avais d’ailleurs exprimé sur le wiki. Je connais mal le monde du marketing et de la “communication” au sens commercial du terme, et Karl avait attiré mon attention sur le melange de personnes qui allaient être présentes à ce souper, et en particulier sur l’importance que semblait avoir pris le côté “business” de toute l’affaire.

Pour moi, un weblog est avant tout un moyen d’expression personnelle. Il se rapproche plus du monde de l’art que du monde du commerce. Je pense qu’avant de parler avec ceux pour qui le web représente surtout un intérêt financier, le web indépendant a tout à gagner à se regrouper et à s’organiser – voir à ce sujet ce que fait Independents Day pour le web anglophone.

On a mis en avant à quel point le weblog était digne d’intérêt en tant que “moyen nouveau de communication”. Ce qui me déplaît dans l’approche “marketing” de la communication, c’est que celle-ci en devient instrumentale. On pourrait arguer qu’elle l’est toujours, certes. Alors précisons: la fin de la communication commerciale (ou “marketing”) reste l’argent – et non pas le savoir (au sens de savoir “qui fait grandir”).

On peut imaginer toutes sortes de raisons pour lesquelles le monde des affaires pourrait s’intéresser aux webloggeurs. Ils sont des clients potentiels, ils sont aussi un véhicule formidable pour faire de la publicité par “bouche-à -oreille”. Je ne suis pas en train d’accuser l’organisation de la soirée d’avoir été faite dans cet esprit, que cela soit clair. Mais vous comprendrez dans quelle mesure cet état de fait peut contribuer à alimenter un malaise: une personne du “business” qui s’intéresse à un phénomène (tout honnête que soit son intérêt) sera toujours soupçonnée de chercher à un moment où un autre de quelle façon on pourrait en retirer un intérêt financier.

Certes, c’est peut-être une réalité du monde, dans une certaine mesure. Mais ce que je cherche à faire avec mon weblog, c’est bien plus inciter les gens à la reflexion, à un regard critique sur le monde, et à une autonomie intérieure. Il s’inscrit dans une volonté que j’appelerais “éducative au sens large” – et surtout pas commerciale.

Mon weblog, bien sûr, je le fais aussi parce que j’ai du plaisir à le faire. Et je n’ai pas envie que l’on s’intéresse à ce que je fais avec un oeil “commercial”. Le commerce a sa place dans le monde, je ne la lui refuse pas. Mais le business a un peu la fâcheuse tendance à vouloir envahir tous les secteurs de la vie, et ça, ça me dérange.

En conclusion, je dirais que je me suis sentie un peu “trompée sur la marchandise”. J’en ai eu conscience avant d’arriver au souper lui-même, et je me suis peut-être sentie trompée en partie parce que je ne me suis pas intéressée de très près à l’esprit dans lequel avait été prévu ce souper – au-delà de cette impression superficielle dont je me suis contentée, à savoir qu’il s’agissait de l’équivalent pour webloggeurs du “get-together” d’un canal IRC ou d’un chatroom.

Je ne dis pas que c’était une volonté consciente de la part de l’organisation, mais ça m’est quand même resté un peu en travers de la gorge de me retrouver “dans le monde des affaires”, alors que ce qui m’intéresse, c’est le web indépendant – celui qui n’a que faire de l’argent.

Pour terminer sur une note plus positive (n’allons pas tout peindre en noir, tout de même!), j’ai eu très grand plaisir à discuter avec plusieurs personnes que j’ai rencontrées durant cette soirée – j’ai tout de même pu mettre des visages et des voix sur des noms, et même en découvrir certains que je ne connaissais pas. Je regrette peut-être qu’il n’y ait pas eu “plus” de “ça”, voire “que ça”.

Voir aussi (réactions):