Se voir à Paris, avec wifi [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Mardi matin, je saute dans le TGV pour aller passer quelques jours à Paris afin de participer à la conférence LeWeb. Cet événement, qui s’appelait il y a six ans “Les Blogs“, rassemble en un même lieu plus de 2000 professionnels de tous bords, ayant un intérêt dans le web et les médias sociaux. Le thème de cette année? “The Real-Time Web“, le web en temps réel de Twitter, Facebook, la messagerie instantanée, le streaming vidéo live, l’iPhone, etc.

Si je vous mentionne cette conférence, ce n’est pas dans une optique bassement publicitaire (elle affiche complet — quoique… prenez-vous-y à l’avance l’an prochain!) mais parce que ce foisonnement d’événements s’adressant aux gens du monde connecté, ou à ceux qui gravitent autour avec intérêt, nous montre bien à quel point toutes les avancées technologiques en matière de communication n’ôtent rien à la richesse et à l’importance de la rencontre en chair et en os.

En effet, c’est là un souci récurrent que j’entends: la pléthore de moyens de communication à distance n’est-elle pas en train de nous déshumaniser, de nous transformer en petits robots emprisonnés dans des mondes virtuels? L’être humain est-il en chemin pour finir sa carrière sous forme de cerveau flottant dans un bocal, branché dans la matrice?

Que nenni, heureusement.

Il se trouve même que plus les gens chattent, bloguent, et de façon générale se connectent à leurs semblables via le monde en ligne, plus ils ont envie de se rencontrer. L’être humain est fondamentalement social et utilise toutes les ressources à sa disposition pour le devenir encore plus. L’expression “médias sociaux”, traduction française un peu maladroite de l’anglais “social media” (ça fait un peu “services sociaux”), vient bien de là.

C’est logique, quand on y pense. Prenons un peu de recul technologique: est-ce que l’avènement du courrier postal a découragé les gens de faire l’effort de se rencontrer? Et le téléphone? Et le téléphone mobile? Bien sûr, on remplace parfois avantageusement une rencontre en face-à-face par un coup de fil. Mais le coup de fil, souvent, mène à une rencontre. De même avec l’e-mail et le chat. Et que dire de la facilité de communication croissante, qui m’encourage à envoyer un SMS “à tout hasard” à une copine pour lui proposer de me rejoindre ici, maintenant, pour un brin de causette?

Au fond, la technologie crée autant d’occasions de se rencontrer qu’elle ne semble en supprimer. A Paris, dans quelques jours, c’est donc toute une partie du monde connecté qui se retrouvera dans la même ville, à la même conférence, pour se serrer la main, s’embrasser (si H1N1 le permet), discuter à bâtons rompus autour d’un bon buffet, rire ensemble, parler business, ou tout simplement être assis côte-à-côte pour écouter le même orateur.

On aura bien sûr nos ordinateurs portables et nos iPhones, il y aura du wifi jusque dans les moindres recoins, mais qu’est-ce qu’on sera contents de se voir… ou de se revoir.

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