Apprendre à se dire non [fr]

[en] Saying no to others (when you don't want to do something) is one thing (it requires dealing with one's fear of displeasing the other), but saying no to yourself is another (which requires learning to deal with frustration). I'm not too bad at the first one, and on the way there with the second.

Dire non, ça se divise pour moi en deux catégories:

  • savoir résister à la pression d’autrui qui désire nous faire accepter quelque chose que l’on n’a pas particulièrement envie de faire (consciemment ou non)
  • savoir résister à ses propres élans de se lancer dans des choses nouvelles, que ce soit en réponse à la demande d’autrui ou par désir d’entreprendre (ses propres projets).

Il y a une limite un peu floue entre les deux (comme quand on veut rendre service — quoique), mais grosso modo, cette distinction permet d’appréhender le problème intelligemment.

En effet, dans le premier cas de figure, ce qui nous retient est la peur de déplaire à l’autre. Dans le deuxième cas, c’est la difficulté à se frustrer.

En ce qui me concerne, je n’ai maintenant plus trop de peine à dire non quand je veux dire non (premier cas de figure). Je crois qu’un pas important sur le chemin a été de refuser de donner une réponse “à chaud”, et de dire quelque chose comme “laissez-moi regarder ça, et je vous donne réponse dans 24h” ou bien “a priori je te dépanne volontiers, mais laisse-moi te dire demain si c’est vraiment possible pour moi ou non”. Vous voyez l’idée.

Par contre, me dire non à moi, c’est beaucoup plus difficile. Je suis d’ailleurs en plein dedans, là. J’ai toujours plein d’idées de choses à faire, la vie est pleine de choses fascinantes à entreprendre, et régulièrement, j’ai les yeux plus gros que le ventre de mon agenda.

Et alors il faut faire le tri. Accepter que je dois renconcer à faire certaines choses que j’aimerais beaucoup faire, pour pouvoir faire celles auxquelles je tiens encore plus. Cela demande d’être au clair de ses priorités. Si on refuse de hiérarchiser, on finit par vouloir le beurre et l’argent du beurre (sans mentionner le désormais incontournable fils de la crémière).

Rendre service et apprendre à dire non [fr]

C’est une discussion d’hier soir qui m’inspire pour cet article.

Je ne sais pas ce qui est le cas pour vous, mais pour moi, apprendre à dire “non” m’a pris longtemps. Et comme par hasard, ma vie est remplie de gens qui ont un peu ce même problème.

Voici quelques-unes de mes réflexions et leçons de vie à ce sujet.

Rendre service, c’est une valeur dans notre société. C’est bien vu. Et c’est un pilier important de la vie en communauté. Le problème, c’est quand rendre service devient le “truc” que l’on a mis en place pour chercher à se faire aimer ou apprécier (c’est un peu bateau, mais en général ça tourne là autour). Peu de monde dira à un enfant “ne sois pas aussi gentil, ne rends pas autant service”. Je ne dis pas qu’il faudrait littéralement dire ça, et ça reste un peu simpliste, mais ce que j’essaie de dire c’est que c’est un comportement socialement acceptable que l’on peut donc impunément mettre en place à nos dépens.

A la base, je suis quelqu’un qui fait passer les autres avant moi. Je me porte assez spontanément volontaire, je rends service (je le propose même, je ne me contente pas d’accepter), je fais pour autrui. Il m’a fallu longtemps pour réaliser que je me piégeais ainsi: ces diverses choses que j’avais proposé de faire devenaient ensuite des gros rochers noirs dans ma hotte (bien trop lourde) de “choses à faire”.

Alors j’ai appris à reprendre en main mes réflexes: réfléchir avant de dire oui, bêtement. Tenter de me projeter dans l’avenir et de m’imaginer faire la chose au moment où je suis tentée de la proposer. Dire “très honnêtement, j’aurais vraiment envie d’accepter, mais j’ai tendance à prendre trop d’engagements, donc donne-moi deux jours pour te répondre.”

Je ne suis bien entendu pas complètement tirée d’affaire. Mais que de chemin!

Au fond (on le disait hier soir), il est bien plus respectueux de dire “non” et de ne pas faire une chose, que de dire “oui” et de ne pas la faire non plus. Et dans toute cette histoire, il ne faut pas oublier le respect qu’on se doit à soi-même!

On peut donner à autrui, de façon authentique et véritablement pour l’autre, qu’à partir du moment où on est libre de le faire. Libre d’accepter ou de refuser. Si notre “oui” est enchaîné à un désir profond, parfois inconscient, de se faire accepter, il ne vaut tripette.

Soyons lucides: cet enjeu sera toujours là. Mais on peut en être libre, ou esclave.