Le matériel de ski, c'est important [fr]

[en] I had no idea skiing gear could make such a difference. Between an old pair of skis I was lent and the ones I ended up buying, I went from despair, on the verge of giving up skiing ("I waited too long, I'm too old for this sh*t"), to feeling 19 again, whizzing down the slopes without ever stopping.

…ou comment j’ai dépensé 800CHF pour avoir 20 ans de moins sur les pistes.

Cet hiver, au lieu d’aller en Inde, j’ai décidé de prendre un abonnement de saison et de profiter du chalet pour me remettre au ski. On m’a mise sur les lattes quand j’étais haute comme trois pommes, et jusqu’à mes vingt ans environ c’était ski tout l’hiver, chaque hiver, chaque week-end, toutes les vacances.

Ces presque vingt dernières années, c’est à peine si j’ai mis un jour par an en moyenne les pieds sur les pistes.

Mon projet était de louer du matériel à l’année, vu que je n’avais plus rien. L’amie de mon père m’a prêté son vieux matériel, au hasard (des skis du début du carving), et je me suis dit que j’allais d’abord essayer ça pour voir. Inutile de payer si c’est pas nécessaire!

Première journée: quel enfer. J’avais mal partout. Aux chevilles, aux genoux. Je n’arrivais pas à contrôler mes skis. Ça partait dans tous les sens. Je devais tout le temps faire des pauses, moi qui skiais avant à toute vitesse de l’ouverture à la fermeture des pistes. Déprimant. “Ma vieille, je me suis dit, tu as trop attendu pour reprendre le ski.”

Le lendemain, j’y retourne quand même, avant de déclarer forfait après deux descentes tellement j’avais mal et pas de plaisir. J’étais vraiment dépitée. Je pensais à mon abonnement de saison (c’est pas donné) et je me demandais comment j’allais bien pouvoir l’amortir dans des conditions pareilles.

Après un jour pour me remettre, je décide de mettre en branle le plan “location”. Je prends une paire de skis (+ chaussures) pour la journée, avec l’idée de les garder pour la saison si ça se passe bien.

Quelle révélation! En changeant de skis, j’ai perdu 10 ans! Je peux à nouveau prendre un peu de vitesse, je tourne où et quand je veux, je fais des descentes sans m’arrêter. Je jubile!

De retour au magasin en fin de journée, je déclare haut et fort que je garde ce matériel pour la saison. Mais le gérant du magasin ne l’entend pas de cette oreille. “Vous ne voulez pas plutôt acheter?” Moi: non, budget, machin (j’avais quand même regardé, et j’avais été un peu estomaquée de réaliser qu’une paire de skis neufs ça allait chercher dans les 8-900CHF). Il me propose ceux que j’ai essayés pour 400CHF — et là, il a mon attention. On commence à parler, il me montre ce qu’il a, on parle encore (je n’ai franchement pas la moindre idée comment on peut bien choisir une paire de skis), il m’explique qu’avec un ski plus dur on se fatigue moins à la longue, j’hésite, je réfléchis, on discute encore, et il me dit qu’il a justement une paire de “skis test” pour un des modèles qui me conviendraient bien.

Pas grand chose à perdre, je me dis. Essayons, et je verrai bien si ça vaut la peine.

Le lendemain, sur les pistes, nouvelle révélation! J’ai perdu 10 ans de plus! Je skie comme à l’époque! Je n’en reviens pas. Les skis tiennent bien la vitesse, je peux carver comme je veux (même si j’ai arrêter de skier régulièrement avant l’apparition du carving, j’ai fait beaucoup de snowboard et vite pigé la technique), ils correspondent vraiment bien à mon style de descente.

Il me reste un doute: et si c’était simplement la forme qui revenait? Je reprends les skis de la veille pour une dernière descente: alors qu’ils m’avaient tant plu le jour d’avant, aujourd’hui ils flottaient, partaient dans toutes les directions, et réagissaient comme un plongeoir réglé sur la position la plus molle.

Ma décision est prise: je vais casser la tirelire pour avoir 19 ans de nouveau quand je skie.

Nouveaux skis Salomon 24HRS

Cette aventure a été une grande révélation pour moi: jamais je n’aurais imaginé que le matériel pouvait autant influencer l’expérience du ski. Je suis de ceux qui pensent qu’il est possible de faire de magnifiques photos avec un appareil jetable, et qu’on peut faire de délicieux gâteaux dans un vieux four. Malgré mon job dans la technologie, je ne suis pas une adepte du dernier cri. Je fonctionne à la récup, à l’entrée de gamme, au deuxième main. Certes, je sais que la qualité peut valoir la peine, mais jamais je n’aurais pensé qu’une paire de skis pouvait faire la différence entre être découragée de skier et retrouver mes vingt ans.

Le gérant m’a même raconté qu’il y a des gens qui arrêtent de skier parce qu’ils n’arrivent plus. Ils prennent sur eux, pensent qu’ils sont trop vieux, plus assez en forme — alors que c’est leur matériel qui a dépassé la date limite. Une paire de skis, ça dure 5 ans environ, peut-être un ou deux ans de plus si on achète du bon matériel.

Alors mon conseil: vos skis qui trainent à la cave depuis une décennie, oubliez les (déchetterie!), et louez pour une demi-journée du matériel récent, juste histoire de voir la différence.

A bientôt sur les pistes!

 

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Supports de cours: notre philosophie (formation MCMS) [fr]

[en] For the course I'm co-directing, we decided to make course materials available through the website instead of handing students a big fat file at the beginning of the course. Here's an explanation of why we're doing things this way.

J’ai publié sur le blog du cours MCMS une explication sur notre philosophie concernant les supports de cours. Je pense qu’il est intéressant de la reproduire ici.

Il est coutumier, lors d’une formation d’une certaine ampleur, de démarrer le premier jour avec la distribution d’un gros classeur bien lourd servant de support de cours.

Nous avons fait le pari de fonctionner différemment — pari qui n’est pas très difficile à faire, au fond, puisqu’il reflète par les actes la matière de cette formation: mettre les supports de cours à disposition des étudiants ici, sur ce site.

Premièrement, il s’agit d’une occasion de mettre un peu plus les « doigts dans le cambouis » et de se familiariser avec l’information numérique, et d’en découvrir les avantages. Parfois, c’est le support physique qui présente un avantage, et rien n’empêche dans ce cas d’imprimer le support numérique.

Deuxièmement, fonctionner ainsi nous permet plus de flexibilité et de réactivité. Dans le milieu des médias sociaux, tout bouge très vite, et préparer des mois à l’avance un support de cours imprimé au sujet de Facebook (par exemple) tient du suicide pédagogique — il y a de fortes chances qu’il soit en partie obsolète avant même d’être utilisé. Le support de cours numérique peut être maintenu à jour (et modifié) à tout moment et pour tous.

Troisièmement, nous sommes conscients que les supports de cours ainsi mis à disposition vont circuler, y compris en-dehors de notre public cible premier, les personnes inscrites au cours. Renonçant à un protectionnisme encore trop répandu (« c’est mon travail et je ne le partagerai pas! »), nous avons confiance d’une part que notre valeur en tant que formateurs n’est pas réductible à un support de cours, et d’autre part qu’en mettant à disposition de la communauté, nous recevrons en retour.

Chaque intervention fait donc l’objet d’un article dans ce blog, avec liens vers les supports de cours (ici ou parfois hébergés par l’intervenant lui-même), et parfois des notes prises lors du cours. Il est aussi possible à l’intervenant de publier directement dans ce blog, s’il le désire.

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