Huit lectures pour comprendre les réseaux sociaux, cuvée 2014 [fr]

[en] Reading recommendations for those who want to understand social media, and social networks, and this online stuff in general.

Pour Grégoire et les autres qui l’ont demandé, voici mes recommandations de lecture 2014 pour “comprendre les réseaux sociaux”. Cette sélection reflète bien entendu mon angle d’approche pour ce qui touche à internet, un sujet qui me fascine depuis 98-99: je ne viens pas du marketing, ni de la comm’, mais du cluetrain. Ce qui m’intéresse ce sont les communautés, les gens, la façon dont la publication personnelle a bouleversé la communication de masse. La sélection est aussi principalement anglophone, parce que, il n’y a pas de miracle, si on veut creuser un peu, il faut passer par l’anglais.

  1. The Cluetrain Manifesto
    Incontournable, épuisé en français (et mal traduit si je me souviens bien), le Cluetrain a plus de 10 ans mais il n’a pas pris une ride quand il s’agit de comprendre les enjeux profonds du monde connecté.
  2. Organizations Don’t Tweet, People Do: A Manager’s Guide to the Social Web
    Euan est un ami qui a le cluetrain dans le sang. Son livre le distille au fil de petits chapitres digestes mais profonds, fort bienvenus à l’ère de Twitter et des statuts Facebook.
  3. Everything is Miscellaneous
    David Weinberger, co-auteur du Cluetrain Manifesto, explique comment s’organisent tous ces « objets numériques », dans un ordre qui va parfois à l’encontre de notre conception de ce qu’est l’organisation. Un ouvrage important pour comprendre les caractéristiques physiques du monde numérique.
    Lecture complémentaire, sur les bénéfices inattendus du désordre, omniprésent en ligne: A Perfect Mess.
  4. Naked Conversations
    Un livre qui commence à dater un peu mais qui reste néanmoins une splendide collection d’exemples d’utilisation des blogs (et des conversations en ligne) par des entreprises/organisation. Inspiration, exemples concrets, modèles à suivre (ou pas).
  5. It’s Complicated
    J’attendais depuis des années que danah écrive ce livre. A l’époque où je donnais beaucoup de conférences “prévention internet” en milieu scolaire, j’avais apprécié de trouver dans son travail des confirmations un peu plus académiques de mes intuitions. Ce livre est incontournable pour quiconque veut réellement comprendre les enjeux de l’adolescence connectée, au-delà de la paranoïa que nous servent les médias et organisations bien-pensantes genre “sauvez les enfants”.
    Lectures complémentaires sur le thème “ados et internet”: The Culture of Fear, pour une perspective sur comment en faisant peur aux gens, on les rends plus dociles citoyens et consommateurs; Generation Me, une analyse sociologique des générations 70-80-90; Hanging Out, Messing Around, and Geeking Out, le point sur la recherche “ados et internet” il y a quelques années et EU Kids Online, groupe de recherche européen équivalent.
  6. L’intimité au travail: la vie privée et les communications personnelles dans l’entreprise
    Avec les nouvelles technologies de la communication, les sacro-saintes frontières entre “privé” et “professionnel” s’effritent. Eclairage ethnologique très éclairant. Spoiler: non, ce n’est pas la fin du monde.
  7. Le peuple des connecteurs: Ils ne votent pas, ils n’étudient pas, ils ne travaillent pas… mais ils changent le monde
    Comprendre les réseaux sociaux en ligne, c’est comprendre les réseaux tout court, et la complexité. Tour d’horizon en français avec Thierry Crouzet, auteur expert de rien.
  8. Here Comes Everybody: The Power of Organizing Without Organizations
    On ne peut pas comprendre les réseaux sociaux sans regarder de près la façon dont la technologie a bouleversé l’auto-organisation et le passage à l’action collectif.
    Lectures complémentaires pour mieux comprendre les humains dans les réseaux: Predictably Irrational: The Hidden Forces That Shape Our Decisions, qui met le doigt sur les réactions humaines illogiques mais très prévisibles qui nous rendent vulnérables à la manipulation; Influence: The Psychology of Persuasion, ouvrage précieux pour qui doit gérer des communautés ou obtenir des résultats; The Paradox of Choice: Why Less Is More, indispensable dans ce monde numérique où pléthore de choix n’est que le début du problème, et enfin Drive: The Surprising Truth About What Motivates Us, pour comprendre de quoi est faite la motivation, et que le bâton et la carotte ne sont pas des stratégies gagnantes.

Il y a plein d’autres livres qui sont sûrement très bien, mais ceux-ci ont été testés et approuvés et je les recommande comme valeurs sûres!

Bonne lecture 🙂

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La pile de livres aspirationnelle: se construire un champ des possibles [fr]

[en] About the aspirational pile of books that I brought to the chalet with me.

Note: comme la plupart des billets que je publie ces jours, celui-ci a été écrit hors ligne durant ma petite retraite à la montagne.

Je suis au chalet, avec deux chats et une pile de livres, de quoi lire pendant probablement un mois. Une bonne douzaine. OK, un mois en ne faisant que lire.

J’en suis au premier bouquin que j’ai pris sur la pile. Entre-temps, j’ai quand même passé une demi-journée à trier/organiser mes photos (j’ai pris mon disque dur externe exprès) et je suis maintenant en train de rédiger mon 7e (septième!) article pour Climb to the Stars en quelques heures.

Pourquoi diable monter tant de livres pour quelques jours seulement? Je me suis posé la question. Je me la suis d’autant plus posé qu’on a abordé récemment avec Evren la question de la pile aspirationnelle de “choses à lire plus tard”. Je ne me leurre pas: cette pile de livres est totalement aspirationnelle.

Précisons tout de même que j’ai loué une voiture pour ma petite retraite à la montagne, ce qui me permet de ne pas trop me soucier du poids excédentaire de mes aspirations.

En fait, ce à quoi j’aspire, avec cette pile de livres, mon ordi plein de photos à trier, et mes doigts pleins d’articles à taper, c’est aussi le choix, le possible. Je veux être ici au chalet avec le choix de mes lectures, et non pas limitée et contrainte par un choix fait avant de venir.

Alors j’amène plus de livres que je ne peux lire. J’élargis un peu le choix. Je me laisse la liberté de suivre mon humeur. De butiner. C’est ce que je cherche un peu, ici loin de tout.

Chez moi, c’est un peu la même chose. Il y a dans ma bibliothèque plein de livres que je n’ai pas vus. Dans ma DVD-thèque (oui, encore, je sais) plein de films et de séries à regarder encore. Dans mon étagère vitrée, une bonne trentaine de thés.

Je veux être dans un contexte où j’ai le choix. Je peux sur un coup de tête lire ceci ou cela. Les habits et les chaussures, c’est sans doute la même chose — et les réserves dans le garde-manger.

Mais si on a lu The Paradox of Choice, on sait que cette liberté, ce choix ouvert auquel on aspire, eh bien il peut aussi être contre-productif. A trop devoir choisir on se fatigue. Trop de possibilités, ça angoisse.

On n’utilise qu’une petite partie des choix à notre disposition, et le reste pèse sur notre conscience. Ça me fait penser à cette étude où l’on demandait aux gens de planifier leurs menus sur un mois, et on comparait ensuite avec ce qu’ils mangeaient réellement. Pas trop de surprise: les menus “réels” étaient bien plus répétitifs que les menus théoriques. On croit qu’on va vouloir de la variété, mais en réalité, on aime aussi la répétition.

L’autre chose à laquelle ça me fait penser, cette histoire de pile aspirationnelle, c’est la bibliothèque d’Umberto Eco, dont il est question si ma mémoire ne me fait pas défaut dans “A Perfect Mess“, le parfait livre-compagnon à The Paradox of Choice cité plus haut. (Si c’est pas dans A Perfect Mess, c’est peut-être dans The Black Swan, autre livre indispensable.)

La bibliothèque la plus intéressante, c’est celle qui regorge de livres encore-non-lus. C’est elle qui contient peut-être le livre qui va bouleverser notre vie, mais qu’on n’a pas encore lu. (Plus j’y pense, plus il me semble que ça vient de The Black Swan, ce que je raconte.) Le potentiel pour le changement radical réside dans ce que l’on ne connaît pas encore.

Bon, ça rime à quoi, tout ça? Dans cette pile aspirationnelle, il y a plusieurs niveaux:

  • on aspire à un état où l’on aurait lu tout ça
  • on aspire à une liberté de choix qui, poussée à l’extrême, serait paralysante
  • on aspire à une vie où on aurait le temps de lire tout ça (le livre comme métaphore du temps de libre — même si on sait qu’on se prive activement d’avoir le temps de faire tout ce qu’on ferait si seulement on avait plus de temps)

En résumé: quatre jours au chalet, ce n’est pas assez!

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Quelques recommandations de lecture [fr]

[en] A bunch of books I recommend reading. Descriptions are in French, but titles are in English!

A l’occasion du premier module du cours MCMS au SAWI, j’ai brièvement présenté quelques livres qui me semblaient intéressants/pertinents aux participants. Je vous redonne la liste ici — un jour je ferai une page correcte avec mes recommandations de lecture, mais c’est un début!

Les liens sont vers Amazon.de parce que c’est par là qu’il faut passer en Suisse pour avoir les frais de port gratuits.

Naked Conversations: un livre qui commence à dater un peu mais qui reste néanmoins une splendide collection d’exemples d’utilisation des blogs (et des conversations en ligne) par des entreprises/organisation. Inspiration, exemples concrets, modèles à suivre (ou pas). [amazon.de]

The Long Tail: la longue traîne de Chris Anderson. Je ne l’ai personnellement pas encore lu (shhh, motus!) mais c’est une référence pour ce qui est de la diversification des marchés à l’heure d’internet. [amazon.de]

Drive: pas encore lu non plus (je l’ai commandé il y a peu), Drive est un livre sur ce qui motive les gens. J’ai parlé de Dan Pink dans Carotte et créativité ne font pas bon ménage et vous pouvez déjà regarder sa conférence TED en vidéo pour vous faire une idée. [amazon.de]

Predictably Irrational: ce livre, qui n’a de prime abord pas de lien direct avec les médias sociaux, fait partie de la catégorie « a changé ma façon de comprendre le monde ». On est fondamentalement manipulables, nos réactions sont irrationnelles même quand on les comprend. Qu’en faire? A lire absolument pour comprendre tout un tas de phénomènes qui sont en jeu dans le milieu « organique » en ligne. [amazon.de]

Everything is Miscellaneous: David Weinberger, co-auteur du Cluetrain Manifesto, explique comment s’organisent tous ces « objets numériques », dans un ordre qui va parfois à l’encontre de notre conception de ce qu’est l’organisation. Ils peuvent être à plusieurs endroits à la fois, comportent des méta-données sur lesquelles on peut effectuer des recherches, etc. Un ouvrage important pour comprendre les caractéristiques physiques du monde numérique. [amazon.de]

The Culture of Fear: un regard (un poil polémique et qui date un peu) sur le rôle des peurs collectives dans notre société. Il y a toujours quelque chose qui fait peur. A mon sens, ce livre est pertinent pour remettre en contexte toutes les peurs qui circulent autour des nouvelles technologies, internet, les médias sociaux, etc. [amazon.de]

The Myths of Innovation: huit idées préconçues sur l’innovation, exposés de manière claire avec plein d’anectodes à l’appui. (En résumé, Gutenberg ne s’est pas réveillé un matin en se disant « hmm, qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui… Eurêka, je vais inventer l’imprimerie! ») [amazon.de]

L’âge de peer: un livre (en français!) sur la co-création et l’économie du monde du peer-to-peer (P2P). Le chapitre « nouveaux modèles économiques » et « nouveaux modèles de création »… [amazon.de]

We Are Smarter Than Me: utiliser en business le pouvoir de l’intelligence collective. Livre co-écrit en ligne avec une myriade de contributeurs. [amazon.de]

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Meme littéraire [fr]

Je cède au même littéraire. 4 questions sur les livres que j’ai lus.

[en] A book meme. Books I've bought, read, liked. You know the drill.

A l’unanimité, Delphine et Baud ont décidé que j’allais passer à  la casserole du dernier même qui court la blogosphère.

Combien lisez-vous de livres par an ?

Très dur à  dire, parce que ça varie énormément. Lectrice insatiable quand j’étais jeune, je n’ai presque plus lu durant mon Gymnase et mes années de chimie. Avec une ou deux crises de lecture dans des déserts, je dois avouer que la moyenne de ces 10 dernières années ne doit pas être glorieuse. Regardons plutôt le passé récent, parce que là , je dévore: une trentaine depuis fin mai, je vous laisse faire le calcul.

Je profite de digresser puisqu’on est dans les listes: voici une ancienne liste de lecture (sans dates, malheureusement). Et ma wishlist vous dira que j’ai soif de livres.

Quel est le dernier livre que vous ayez acheté ?

Acheté ou ajouté à  sa collection? Le dernier livre que j’ai reçu (un retardataire du gros pack de Noël que m’a offert mon père) est Just a Geek de Wil Wheaton.

Le dernier que j’aie acheté… aïe… pas parce qu’il n’y en a pas, mais il y en a trop. Je réfléchis, et je vais zyeuter ma bibliothèque (récemment réorganisée, j’en suis très fière).

Bon… je pense que ça devait être Comment gérer les personalités difficiles, acheté juste avant mon dernier voyage à  Paris.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Foundation de Isaac Asimov.
Listez 5 livres qui comptent beaucoup pour vous ou que vous avez particulièrement appréciés.

Allez, je me lance:

  1. L’affaire Caïus de Henry Winterfeld: je l’ai lu quand j’avais 9 ans environ, et j’ai tellement croché que je l’ai lu jusqu’au bout, m’endormant à  passé minuit. Ce fut le début d’une longue habitude de lectures nocturnes “en cachette”, après l’extinction des feux et le passage de mes parents dans ma chambre…
  2. Prince Caspian de C. S. Lewis (dans les Chroniques de Narnia). Je devais avoir à  peu près le même age quand j’ai lu ce livre, et il m’a complètement fascinée. Je n’ai pas tardé à  me faire toute la série. Je la relis d’ailleurs régulièrement.
  3. La demoiselle sauvage de Corinna Bille. J’ai découvert Corinna Bille à  l’uni, à  l’occasion d’un séminaire d’analyse de textes de deuxième partie. J’adore cet auteur (et pas juste parce qu’on porte le même prénom). J’aime le caractère onirique de ses écrits et leur sensualité.
  4. (la liste s’allonge et je commence à  penser à  tous les livres que je ne pourrai pas citer ici…) Arranged Marriage de Chitra Banerjee Divakaruni. Un recueil de nouvelles ramené de mon deuxième voyage en Inde, racontant des histoires de mariages arrangés indiens, surtout de femmes qui émigrent aux Etats-Unis suite à  leur mariage. Bouleversant. Pour moi, du moins.
  5. The Gods Themselves de Isaac Asimov. Lu au début de mon adolescence, c’était mon premier contact avec Isaac Asimov, un de mes auteurs préférés. Il faut d’ailleurs que je le relise un de ces quatre, celui-là …

Je me rends compte que je n’ai cité que de la fiction. Il y a aussi de nombreux livres de non-fiction qui m’ont marquée. Une autre fois, peut-être!

A qui allez-vous passer le relais (3 blogs) et pourquoi ?
  • neuro, parce que je suis curieuse;
  • Chris, parce que je soupçonne qu’elle risque d’aimer ça;
  • Dave, parce que je suis toujours curieuse.

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