[en] A summary of my learnings around feline diabetes, since Quintus's diagnosis last November. If you have a diabetic kitty, run -- don't walk -- to the Feline Diabetes Message Board and sign up there. It will be your life-saver, and probably your kitty's, too.
Depuis novembre 2017 je suis plongée dans le diabète félin. Le diagnostic de Quintus m’a rapidement amenée sur felinediabetes.com, une mine d’informations et une communauté active qui m’ont bien soutenue jusqu’à sa rémission le 1er janvier.
Je suis ensuite allée me balader chez les francophones, et comme d’habitude, j’ai été sidérée par le décalage d’informations et de pratiques entre l’anglophonie et la francophonie. J’ai endossé ma cape de “passeuse”, et après m’être fait virer d’un premier groupe facebook parce que ce que j’amenais était “trop pointu” (pour les sous-entendu simples esprits fréquentant le groupe), j’ai ouvert le mien avec l’aide d’une petite équipe motivée à mettre le paquet pour réguler le diabète de leur chat au mieux: Diabète félin: apprendre à gérer son chat diabétique.
Le groupe compte maintenant plus de 50 membres, l’esprit d’entraide y est génial, le niveau est bon, nous voyons nos premières rémissions.
Après le diabète de Quintus, je voulais faire un article complet pour rendre compte de ce que j’avais appris. En fait, l’article en question, il a pris la forme de ce groupe. J’y passe beaucoup de temps à rédiger/traduire des documents, expliquer des choses encore et encore… bref. Et j’apprends encore tous les jours: je fréquente aussi le forum allemand Diabete-Katzen (source du protocole sur lequel je me suis basée pour soigner Quintus). J’use de Google Translate et je me rends compte que j’ai quand même des beaux restes d’allemand!
Si vous avez un chat diabétique, je vous encourage vivement à rejoindre une communauté en ligne pour vous accompagner. Même avec la meilleure volonté du monde, votre vétérinaire ne peut pas vous offrir le suivi quotidien dont vous pourrez bénéficier dans ces communautés.
- mon groupe Diabète félin: apprendre à gérer son chat diabétique en français
- le forum Diabete-Katzen en allemand
- le forum Feline Diabetes Message Board en anglais
Pour les curieux, ou ceux qui voudraient le résumé, voici les points principaux que j’ai retirés de mes aventures au pays du diabète félin.
Rémission
Chez les humains, une fois qu’on est diabétique, c’est insuline à vie. Pas chez les chats. Avec le bon protocole, le taux de rémission est élevé: 84% pour les chats sous glargine (Lantus) ou detemir (Levemir) utilisant le protocole du forum allemand dans les six mois après le diagnostic (Roomp & Rand 2009: télécharger l’étude parue dans le Journal of Feline Medicine and Surgery; les instructions sur le forum allemand et leur traduction; la variante de FDMB et la traduction).
L’insuline utilisée (Lantus/Levemir), le régime (pauvre en glucides), le test de glycémie à domicile (indispensable), et la méthodologie d’ajustement du dosage sont tous des facteurs dans les chances de rémission. A partir du moment où Quintus a passé de caninsulin à Lantus et où j’ai commencé à suivre sa glycémie de près, il a fallu environ un mois pour qu’il entre en rémission. Dans son cas, son diabète était lié à une pancréatite, que l’on a également soignée, mais c’est pour dire que c’était un mois de boulot assez intense, mais nous sommes maintenant libérés de l’insuline, de ses contraintes et ses risques.
Dans le groupe que j’anime, nous avons un chat qui est en train d’entrer en rémission maintenant. Après un an sous Lantus sans surveillance de glycémie à domicile, deux graves épisodes hypoglycémiques symptomatiques, il fait ses premiers jours sans insuline également juste un mois après la mise en place du protocole de régulation stricte Roomp & Rand (changement de régime alimentaire, surveillance de glycémie à domicile, et dosage de l’insuline selon le protocole).
Insuline
Il y a différentes insuline. Je ne le savais pas (je débarquais côté diabète, ce n’était vraiment pas quelque chose que je connaissais). La plupart des vétos vont donner Caninsulin en première instance (des fois par obligation, suivant le pays). C’est une insuline développée à la base pour les chiens, dont la durée d’action a tendance à être un peu courte pour les chats.
Quintus a fait 10 jours avec, et au vu des résultats peu probants, il a passé à Lantus.
Si vous avez le choix, ma recommandation est vraiment de demander Lantus ou Levemir (ou ProZinc, qui est aussi pas mal). Si on doit travailler avec Caninsulin, on peut, et on a des chats dans le groupe qui sont correctement régulés avec. Mais c’est plus délicat, et j’ai l’impression que le risque d’hypoglycémie est plus élevé qu’avec une insuline plus douce.
Une autre insuline humaine relativement récente est degludec (Tresiba). Il y a visiblement eu des tests avec à l’hôpital vétérinaire de Zurich, un essai est en cours sur FDMB, et il y a eu des tentatives sur le forum allemand également. Cette insuline aurait une durée d’action encore plus longue que Levemir.
Test de glycémie à domicile
Même si les vétérinaires ne le proposent généralement pas d’office (les clients sont déjà flippés par le diabète et la lourdeur du traitement, certains refusent en bloc ou envisagent même l’euthanasie!), le suivi de la glycémie à la maison est indispensable.
Tout d’abord pour une question de sécurité. Est-ce qu’on imaginerait un diabétique humain se donner des injections d’insuline à l’aveugle, avec un contrôle toutes les quelques semaines? On sait tous que le risque mortel du traitement à l’insuline est l’hypoglycémie. On veut l’éviter. Donc on garde un oeil sur la glycémie.
Et je vous vois venir: prendre la glycémie ne fait pas mal au chat, à peine une piqûre de moustique, on prend vite le pli, et une fois qu’on a le truc en 30 secondes c’est liquidé. Comme on donne une petite récompense après, on a des chats qui arrivent en courant se mettre sur le table pour leur test de glycémie, d’eux-mêmes.
Quand on donne de l’insuline sans tester la glycémie à la maison, il y a deux risques:
- l’hypoglycémie: les besoins en insuline évoluent. Le chat, en particulier, s’il est assez bien régulé, peut entrer en rémission ou voir ses besoins en insuline chuter. Si on ne teste pas, on le découvrira parce qu’on retrouve un jour son chat inanimé par terre au retour du travail (je rigole pas). Une hypo clinique, c’est beaucoup de stress (pour chat et maître), une hospitalisation souvent coûteuse, et on a de la chance si le chat s’en tire sans séquelles, et s’en tire tout court. Ne faites pas courir ce risque à votre chat.
- l’hyperglycémie: comme on veut éviter de trouver son chat en plein crise d’hypoglycémie au milieu de la nuit, si on ne contrôle pas sa glycémie à domicile, on va sous-doser l’insuline. C’est tout à fait logique, comme attitude: sécurité d’abord. Mais l’hyperglycémie n’est pas sans risques (c’est pour ça qu’on donne de l’insuline aux diabétiques au lieu de les laisser baigner dans leur sucre): terrain propice aux infections, dégâts aux organes (reins entre autres), glucotoxicité (résistance à l’insuline), production de corps cétoniques (hospitalisation longue et coûteuse, peut être mortel — l’expérience des communautés de patients auxquelles j’ai accès est qu’on a plus de chats qui meurent de cétoacidose diabétique que d’hypoglycémie. Laisser un chat diabétique être mal régulé, ce n’est donc pas anodin ni sans risques.
Le test à domicile permet donc une bien meilleure régulation de la glycémie. Avec Lantus et Levemir, il permet même une régulation stricte: on fait en sorte que la glycémie reste à peu près 24h/24 dans des valeurs “non-diabétiques” (c’est l’objectif du protocole Roomp&Rand et cette approche n’est certainement pas étrangère au très fort taux de rémission). On utilise un tableau de suivi de glycémie pour pouvoir analyser les mesures faites afin d’ajuster le dosage.
Il existe des glucomètres pour animaux (le calibrage est un peu différent que pour les humains). Les bandelettes pour ces glucomètres sont toutefois vraiment chères. On peut sans aucun problème utiliser un glucomètre pour humains. Les valeurs sont légèrement décalées mais les instructions de dosage et les seuils de sécurité qu’on utilise sont prévus pour ces glucomètres humains. Peu importe que ce ne soit pas exactement la “vraie” valeur que mesurerait le labo: c’est assez proche pour nous permettre de suivre l’évolution de la glycémie, ajuster les doses en toute sécurité, et amener des chats en rémission.
Alimentation pauvre en glucides
L’alimentation joue un rôle énorme dans la régulation du diabète. La première chose à faire avec un chat diabétique, même avant de le mettre sous insuline, c’est de passer à un régime pauvre en glucides (moins de 8-10% en matière sèche).
Il y a des aliments thérapeutiques “spécial diabète” (j’ai utilisé ça, je ne voulais pas partir à la chasse à la nourriture juste avec tout ce que j’avais à gérer), mais il y a plein de pâtées pauvres en glucides qui coûtent moins cher et peuvent faire l’affaire. Les croquettes, même les plus pauvres en glucides, sont encore généralement assez élevées en glucides comparé à ce qu’on peut trouver dans les pâtées.
Procéder avec grande prudence si le chat est déjà sous insuline: le changement de nourriture va faire chuter les besoins en insuline, et si on fait ce changement brutalement et sans surveillance, on risque vraiment une hypoglycémie. Ça a failli m’arriver avec Quintus: j’avais changé sa nourriture, je n’ai pas pensé à le dire à mon vétérinaire (c’était le début, je n’avais pas réalisé à quel point c’était important!) — heureusement celui-ci m’avait prêté son glucomètre et dit de contrôler la glycémie avant injection. Si je n’avais pas fait le test ce matin-là (il était très bas) et injecté à l’aveugle, je n’ose pas penser à ce qui serait arrivé.
Corps cétoniques
On peut trouver facilement en pharmacie des bandelettes (ketodiastix) qui permettent de détecter le glucose et les corps cétoniques dans l’urine. Il suffit de la passer sous la queue du chat quand il urine (ou mettre un petit plastique pour récolter l’urine et y tremper la bandelette).
Même si on ne teste pas la glycémie à domicile, ce test-ci devrait être fait. C’est vraiment le degré zéro de la surveillance.
La quantité de glucose dans l’urine peut vous donner une idée de la régulation (même si c’est très imprécis). Et surtout, il faut s’assurer de l’absence de corps cétoniques. Si ceux-ci apparaissent, c’est vétérinaire direct!
On se retrouve avec des corps cétoniques quand le chat ne reçoit pas assez d’insuline, pas assez de calories, et a un souci supplémentaire comme par exemple une infection (je n’ai pas compris tous les mécanismes, mais grosso modo c’est ça). Donc une bête infection urinaire ou une gastro (le chat vomit) peut nous amener là. Une fois que les corps cétoniques ont fait leur apparition, c’est le cercle vicieux: la glycémie augmente, le chat est mal, il vomit… et si on ne fait rien, il finit par mourir.
Stress…
Il ne faut pas se leurrer: gérer un chat diabétique, c’est stressant, en tous cas au début. Il y a un tas de choses à apprendre, on craint pour son chat, on doit faire des gestes médicaux (injections etc) qui nous effraient peut-être. Si on veut assurer un bon suivi on va tester la glycémie plusieurs fois par jour, commencer à réguler la prise des repas, il va falloir être là toutes les 12h pour faire l’injection. Ça fait beaucoup.
En plus, on peut se heurter à l’incompréhension de notre entourage, qui trouve qu’on s’acharne, qui ne comprend pas qu’on puisse se donner tout ce mal “juste pour un chat”.
Suivant comment les choses se passent, notre confiance en notre vétérinaire peut aussi se trouver ébranlée. Plus ça va, plus il me semble que le diabète félin est un peu un “parent pauvre” de la médecine vétérinaire. A leur décharge, les vétos doivent “tout savoir sur tout”, et pas juste pour une espèce, le diabète félin n’est pas très courant, et beaucoup de maîtres vont hésiter devant la lourdeur du traitement: la prise en charge “standard” du diabète félin reflète ça. Mais c’est très inconfortable de se retrouver pris entre ce que nous indique le professionnel de la santé et ce qu’on trouve “sur internet”: on finit par ne plus savoir à quel saint se vouer.
Largement, toutefois, ce que je constate à travers les expériences des autres maîtres de chats diabétiques que je côtoie, c’est que quand les clients montrent à leur vétérinaire qu’ils sont motivés à faire une prise en charge sérieuse du diabète de leur animal, qu’ils comprennent ce qu’ils font, que leur méthode est solide, les vétos se montrent généralement ouverts, et parfois même ravis d’élargir leurs horizons.
A travers tout ça, pouvoir échanger avec d’autres personnes “ayant passé par là”, faire partie d’une communauté qui se serre les coudes et se soutient, c’est extrêmement précieux. Pour ma part, ça m’a clairement sauvée plus d’une fois du pétage de plombs 🙂
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