Le vrac du samedi soir qui va du coq à l’âne [fr]

[en] Lots of random things. Too many to list.

Hah ben oui, je pourrais écrire un article, tiens.

Serveur qui continue à s’étouffer sur son MySQL.

Serveur maison qui a passé l’arme à gauche, la relève se porte bien, le NAS est commandé, les sauvegardes CrashPlan entrantes ne fonctionnent pas, malgré des heures de troubleshooting. Si seulement toutes les sauvegardes étaient bloquées! Mais non, y’en a 2-3 qui marchent.

J’arrête de m’arracher les cheveux et j’attends la nouvelle Internet-Box de Swisscom, la fin de l’ISDN, bye-bye le téléphone fixe de l’eclau (personne ne l’utilisait de toute façon).

Cygnes pas coqs

J’utilise “Dis Siri“. Il y a des années, plus d’une décennie, dans une autre vie, je travaillais pour Orange. Je parlais à mon ordinateur. Y compris pour des commandes. Je disais “ouvre Firefox”, “insérer lien”, et autres choses du genre. C’était tellement clair pour moi que ce genre d’interface était beaucoup plus direct qu’une interface graphique. Il suffit de savoir quoi dire, pas besoin de trouver la commande cachée dans un menu. Je me souviens avoir tenté de convaincre quelques collègues que c’était l’avenir, et qu’on devrait y penser pour notre centre d’appels et le service client. Aujourd’hui, tout le monde a Siri dans la poche. D’ailleurs, utilisez-vous le petit micro à côté du clavier pour dicter vos textes, ou bien est-ce que vous tapez tout avec un doigt ou deux pouces? Apprenez à dicter, ça change la vie.

Dans Messages, Messenger et autres WhatsApp, il y a aussi une fonction “message vocal”. C’est la version 2015 du message sur le répondeur. On appuie sur le micro, on parle en gardant appuyé, on relâche, on envoie. Notre interlocuteur l’écoute à sa guise. Hyper pratique aussi.

Il y a un moment déjà, j’ai croisé cet article. Je l’ai lu. Je crois. Et je me suis dit, non, je ne suis pas d’accord, je ne passe pas mon temps à essayer de montrer une image parfaite de ma vie sur Facebook. Et mes contacts non plus. Bref. Les semaines (et les mois?) ont passé, et cet article est resté dans un coin de ma tête. En cette période où je me sens un peu fragile professionnellement (où vais-je? où courge? dans quelle étagère?), je bataille avec des sentiments d’inadéquation et de dévalorisation par rapport à mes pairs. Toutes les personnes que je connais semblent avoir écrit un livre, ou sont en train d’en écrire un. Moi pas. Elles sont en train d’avoir des enfants. Moi pas. Il y a les gens qui tournent à donner des conférences aux quatre coins du monde. Moi pas. Il y a des gens dont les mandats les amènent à travailler avec les grands de ce monde. Moi pas. Qui lancent des entreprises ambitieuses, des projets qui font rêver. Moi… vous voyez le refrain.

Mais bon sang, je suis en plein dedans! Mes contacts ne postent pas ces infos pour frimer, ils sont comme moi: ils parlent de ce qu’ils font, partagent les choses dont ils sont heureux. C’est évident, évident: on compare son intérieur qu’on ne partage pas (trop) avec l’extérieur des autres qui est tout ce qu’on voit d’eux.

Et oui… la jalousie, l’envie. A quelque part, c’est bien là. Je mets en parallèle ce que je vois des autres et ce que je sais de moi, et je me trouve bien insuffisante. Le piège. Alors maintenant, quand je me prends les pieds là-dedans, je me stoppe. Moins de Facebook, plus de Kindle! C’est le refrain que j’ai mis en place en Inde, pour m’extirper de la couverture des attentats parisiens.

Eléphants pas ânes

Tiens, à propos, une série de cartes et graphiques pour raconter l’histoire du terrorisme, et une thèse extrêmement intéressante (et pertinente il me semble) d’Umair Haque sur la montée du néo-fascisme dont nous sommes témoins en ce moment.

Parlant de plus de Kindle, j’ai fini l’autre jour L’Aube de la nuit de Peter F. Hamilton. Attention si vous pensez le lire, ne vous attardez pas sur la page Wikipedia qui vous spoilera à n’en plus finir. Lisez en anglais si vous pouvez. C’est magistral. Une trilogie, et chaque tome fait passé 1000 pages. Ça vous occupe un moment, un truc comme ça. Et maintenant j’ai envie de lire tout le reste de son oeuvre (oui, je suis comme ça). Mais j’ai déjà plongé dans Ancillary Justice, avant ça.

En fouillant dans mes liens sauvegardés (je fais ça quand j’écris un post, j’ai décidé d’accepter il y a quelques mois que je ferai du vrac, tant pis, c’est comme ça que je suis) je suis tombée sur cet article présentant le livre Le Temps de la consolation. Il faut que je le lise aussi, celui-ci. L’auteur, philosophe, nous montre qu’on a oublié comment consoler. Ça rejoint un de mes constats, celui qu’on n’a pas le droit d’être triste, dans le monde d’aujourd’hui. Ça rend le deuil problématique, un contexte comme ça, vous ne trouvez pas? Personne ne veut nous laisser être triste. Si on est triste, qu’on dit être triste, le premier réflexe d’autrui c’est de tenter de nous tirer de là coûte que coûte. C’est inconfortable, quelqu’un qui est triste. Si on apprenait à nouveau comment consoler, on serait peut-être moins mal à l’aise.

Le souci avec la Kindle, c’est que les livres à lire s’accumulent, mais qu’on n’a pas une pile visuelle pour nous peser sur la conscience. Voilà, c’est comme ça maintenant. Je crois que je n’ai lu qu’un seul livre papier depuis l’achat de ma Kindle, parce qu’il n’existait qu’en papier. Et pourtant, qu’est-ce que j’ai été réfractaire à la Kindle! J’adore les livres, j’adore le papier. Mais j’aime encore plus lire. Et avec la Kindle, c’est plus facile de lire. Un seul objet pour toute sa bibliothèque. Léger, tient dans le sac à main, tient dans les bagages. Toujours avec soi. Toujours ouvert à la bonne page. Alors dans le bus, hop, hop, on lit quelques pages.

Je rêve d’un Bebop 2 ou équivalent. Vraiment. Mais j’ai fait mes devoirs, et je pense qu’il vaut mieux attendre un peu que cette ligne de produits mûrisse. Il y a encore des faiblesses qui font mal pour un objet de cette gamme de prix. Mais bon sang, qu’est-ce que je rêve.

J’ai installé un terminal sur mon iPad. C’est pratique pour remettre sur pied un serveur qui se casse tout le temps la figure.

J’y ai aussi installé les Colons de Catane. J’ai pas mal joué. Mes voisins sont moyennement contents, parce que du coup, j’ai progressé en stratégie de jeu. Oui, je joue aux Colons de Catane avec mes voisins. Ils sont cool, mes voisins. J’adore mon immeuble, pour ça, en fait. Alors la version online est sympa, et présente quelques variantes par rapport à la version de base plateau, mais ce qui est vraiment tellement mieux hors ligne, c’est la partie “commerce”. On perd tout l’aspect humain de cette partie clé du jeu quand on joue en ligne. Mais quand on n’a pas d’humains et de table sous la main, ça fait l’affaire.

Et quand je vous aurai dit que je fais maintenant du pain au levain dans ma cuisine, version paresseuse, je pense que j’aurai vraiment sauté du coq à l’âne dans cet article.

Huit lectures pour comprendre les réseaux sociaux, cuvée 2014 [fr]

[en] Reading recommendations for those who want to understand social media, and social networks, and this online stuff in general.

Pour Grégoire et les autres qui l’ont demandé, voici mes recommandations de lecture 2014 pour “comprendre les réseaux sociaux”. Cette sélection reflète bien entendu mon angle d’approche pour ce qui touche à internet, un sujet qui me fascine depuis 98-99: je ne viens pas du marketing, ni de la comm’, mais du cluetrain. Ce qui m’intéresse ce sont les communautés, les gens, la façon dont la publication personnelle a bouleversé la communication de masse. La sélection est aussi principalement anglophone, parce que, il n’y a pas de miracle, si on veut creuser un peu, il faut passer par l’anglais.

  1. The Cluetrain Manifesto
    Incontournable, épuisé en français (et mal traduit si je me souviens bien), le Cluetrain a plus de 10 ans mais il n’a pas pris une ride quand il s’agit de comprendre les enjeux profonds du monde connecté.
  2. Organizations Don’t Tweet, People Do: A Manager’s Guide to the Social Web
    Euan est un ami qui a le cluetrain dans le sang. Son livre le distille au fil de petits chapitres digestes mais profonds, fort bienvenus à l’ère de Twitter et des statuts Facebook.
  3. Everything is Miscellaneous
    David Weinberger, co-auteur du Cluetrain Manifesto, explique comment s’organisent tous ces « objets numériques », dans un ordre qui va parfois à l’encontre de notre conception de ce qu’est l’organisation. Un ouvrage important pour comprendre les caractéristiques physiques du monde numérique.
    Lecture complémentaire, sur les bénéfices inattendus du désordre, omniprésent en ligne: A Perfect Mess.
  4. Naked Conversations
    Un livre qui commence à dater un peu mais qui reste néanmoins une splendide collection d’exemples d’utilisation des blogs (et des conversations en ligne) par des entreprises/organisation. Inspiration, exemples concrets, modèles à suivre (ou pas).
  5. It’s Complicated
    J’attendais depuis des années que danah écrive ce livre. A l’époque où je donnais beaucoup de conférences “prévention internet” en milieu scolaire, j’avais apprécié de trouver dans son travail des confirmations un peu plus académiques de mes intuitions. Ce livre est incontournable pour quiconque veut réellement comprendre les enjeux de l’adolescence connectée, au-delà de la paranoïa que nous servent les médias et organisations bien-pensantes genre “sauvez les enfants”.
    Lectures complémentaires sur le thème “ados et internet”: The Culture of Fear, pour une perspective sur comment en faisant peur aux gens, on les rends plus dociles citoyens et consommateurs; Generation Me, une analyse sociologique des générations 70-80-90; Hanging Out, Messing Around, and Geeking Out, le point sur la recherche “ados et internet” il y a quelques années et EU Kids Online, groupe de recherche européen équivalent.
  6. L’intimité au travail: la vie privée et les communications personnelles dans l’entreprise
    Avec les nouvelles technologies de la communication, les sacro-saintes frontières entre “privé” et “professionnel” s’effritent. Eclairage ethnologique très éclairant. Spoiler: non, ce n’est pas la fin du monde.
  7. Le peuple des connecteurs: Ils ne votent pas, ils n’étudient pas, ils ne travaillent pas… mais ils changent le monde
    Comprendre les réseaux sociaux en ligne, c’est comprendre les réseaux tout court, et la complexité. Tour d’horizon en français avec Thierry Crouzet, auteur expert de rien.
  8. Here Comes Everybody: The Power of Organizing Without Organizations
    On ne peut pas comprendre les réseaux sociaux sans regarder de près la façon dont la technologie a bouleversé l’auto-organisation et le passage à l’action collectif.
    Lectures complémentaires pour mieux comprendre les humains dans les réseaux: Predictably Irrational: The Hidden Forces That Shape Our Decisions, qui met le doigt sur les réactions humaines illogiques mais très prévisibles qui nous rendent vulnérables à la manipulation; Influence: The Psychology of Persuasion, ouvrage précieux pour qui doit gérer des communautés ou obtenir des résultats; The Paradox of Choice: Why Less Is More, indispensable dans ce monde numérique où pléthore de choix n’est que le début du problème, et enfin Drive: The Surprising Truth About What Motivates Us, pour comprendre de quoi est faite la motivation, et que le bâton et la carotte ne sont pas des stratégies gagnantes.

Il y a plein d’autres livres qui sont sûrement très bien, mais ceux-ci ont été testés et approuvés et je les recommande comme valeurs sûres!

Bonne lecture 🙂

La pile de livres aspirationnelle: se construire un champ des possibles [fr]

[en] About the aspirational pile of books that I brought to the chalet with me.

Note: comme la plupart des billets que je publie ces jours, celui-ci a été écrit hors ligne durant ma petite retraite à la montagne.

Je suis au chalet, avec deux chats et une pile de livres, de quoi lire pendant probablement un mois. Une bonne douzaine. OK, un mois en ne faisant que lire.

J’en suis au premier bouquin que j’ai pris sur la pile. Entre-temps, j’ai quand même passé une demi-journée à trier/organiser mes photos (j’ai pris mon disque dur externe exprès) et je suis maintenant en train de rédiger mon 7e (septième!) article pour Climb to the Stars en quelques heures.

Pourquoi diable monter tant de livres pour quelques jours seulement? Je me suis posé la question. Je me la suis d’autant plus posé qu’on a abordé récemment avec Evren la question de la pile aspirationnelle de “choses à lire plus tard”. Je ne me leurre pas: cette pile de livres est totalement aspirationnelle.

Précisons tout de même que j’ai loué une voiture pour ma petite retraite à la montagne, ce qui me permet de ne pas trop me soucier du poids excédentaire de mes aspirations.

En fait, ce à quoi j’aspire, avec cette pile de livres, mon ordi plein de photos à trier, et mes doigts pleins d’articles à taper, c’est aussi le choix, le possible. Je veux être ici au chalet avec le choix de mes lectures, et non pas limitée et contrainte par un choix fait avant de venir.

Alors j’amène plus de livres que je ne peux lire. J’élargis un peu le choix. Je me laisse la liberté de suivre mon humeur. De butiner. C’est ce que je cherche un peu, ici loin de tout.

Chez moi, c’est un peu la même chose. Il y a dans ma bibliothèque plein de livres que je n’ai pas vus. Dans ma DVD-thèque (oui, encore, je sais) plein de films et de séries à regarder encore. Dans mon étagère vitrée, une bonne trentaine de thés.

Je veux être dans un contexte où j’ai le choix. Je peux sur un coup de tête lire ceci ou cela. Les habits et les chaussures, c’est sans doute la même chose — et les réserves dans le garde-manger.

Mais si on a lu The Paradox of Choice, on sait que cette liberté, ce choix ouvert auquel on aspire, eh bien il peut aussi être contre-productif. A trop devoir choisir on se fatigue. Trop de possibilités, ça angoisse.

On n’utilise qu’une petite partie des choix à notre disposition, et le reste pèse sur notre conscience. Ça me fait penser à cette étude où l’on demandait aux gens de planifier leurs menus sur un mois, et on comparait ensuite avec ce qu’ils mangeaient réellement. Pas trop de surprise: les menus “réels” étaient bien plus répétitifs que les menus théoriques. On croit qu’on va vouloir de la variété, mais en réalité, on aime aussi la répétition.

L’autre chose à laquelle ça me fait penser, cette histoire de pile aspirationnelle, c’est la bibliothèque d’Umberto Eco, dont il est question si ma mémoire ne me fait pas défaut dans “A Perfect Mess“, le parfait livre-compagnon à The Paradox of Choice cité plus haut. (Si c’est pas dans A Perfect Mess, c’est peut-être dans The Black Swan, autre livre indispensable.)

La bibliothèque la plus intéressante, c’est celle qui regorge de livres encore-non-lus. C’est elle qui contient peut-être le livre qui va bouleverser notre vie, mais qu’on n’a pas encore lu. (Plus j’y pense, plus il me semble que ça vient de The Black Swan, ce que je raconte.) Le potentiel pour le changement radical réside dans ce que l’on ne connaît pas encore.

Bon, ça rime à quoi, tout ça? Dans cette pile aspirationnelle, il y a plusieurs niveaux:

  • on aspire à un état où l’on aurait lu tout ça
  • on aspire à une liberté de choix qui, poussée à l’extrême, serait paralysante
  • on aspire à une vie où on aurait le temps de lire tout ça (le livre comme métaphore du temps de libre — même si on sait qu’on se prive activement d’avoir le temps de faire tout ce qu’on ferait si seulement on avait plus de temps)

En résumé: quatre jours au chalet, ce n’est pas assez!

Ella Maillart: Ti-puss, ou l'Inde avec ma chatte [fr]

[en] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

ella_maillartAujourd’hui, dans le monde de la technologie, c’est la Journée Ada Lovelace: plus d’un millier de blogueurs se sont donné le mot pour publier un article consacré à une femme qu’ils admirent pour ses réussites scientifiques ou technologiques.

Alors, bien sûr, ici on vous parle de voyages, pas de technologie. Mais je vais profiter de l’occasion pour vous parler d’une femme voyageuse que j’admire, et dont la vie me laisse un peu envieuse: Ella Maillart.

Durant une vie qui a vu presque tout le vingtième siècle (1903-1997), Ella Maillart a été sportive de haut niveau (voile, ski, hockey), aventurière et voyageuse, écrivain, journaliste, photographe… La lecture de sa biographie et des ses ouvrages laisse deviner une personnalité farouchement indépendante.

ti-pussMon première et plus mémorable rencontre avec Ella Maillart a été la lecture de son livre Ti-puss, ou l’Inde avec ma chatte. J’ai moi-même habité en Inde durant un an (moins longtemps qu’Ella, clairement!) et je suis rentrée en Suisse avec un chat dans mes bagages. Comme Ella? Je vous laisse lire le livre pour avoir la réponse.

Je crois que l’Inde est un pays dont on a la nostalgie, une fois qu’on y a passé quelque temps. Que ce soit un film ou un livre, il est vite fait d’avoir une grande envie d’y retourner.

Ella Maillart, en plus, vous donne cette envie d’aventure et d’indépendance qu’il manque parfois à des casaniers (eh oui) comme moi pour faire le pas d’acheter un billet d’avion… et de se lancer.

(crédit photo: Wikimedia Commons)

Les vacances, les vacances! [fr]

[en] Off for the holidays. Some reading recommendations for my French readers.

Je me prépare à filer à la montagne. Pour cause de trop de travail et ensuite de trop de virus, je suis restée un peu clouée en plaine ces derniers mois, donc je me réjouis vraiment d’aller m’enterrer avec le chat sous des piles de neige!

Durant mon absence, n’hésitez pas à aller rattraper de la lecture en retard sur le blog des boulangeries Fleur de Pains (je l’anime à coups de reportage, par exemple sur la Saint-Valentin ou la fabrication des financiers au chocolat& miam!) et sur le blog de voyage d’ebookers.ch, où je suis responsable de coordonner les publications de sept blogueurs enthousiastes qui partagent récits de voyage et bons plans tournant autour de multiples destinations.

Quant à ma petite personne personnelle, si vous n’avez pas consulté récemment Digital Crumble, mon tumblelog, je vous invite à le faire (et à ouvrir votre propre tumblelog, pendant qu’on y est).

Je serai complètement déconnectée en montagne, mais si vous avez de la chance, je vous enverrai quelques photos via Twitter.

Ah oui! Cela fait des semaines que je veux écrire un article en français sur Ada Lovelace Day, qui aura lieu le 24 mars. Il s’agit d’une journée où les blogueurs écriront un article consacré à une femme qu’ils admirent dans les sciences et les technologies. Si vous n’êtes pas encore inscrits, allez le faire — et l’excuse “je ne vois pas de qui parler” n’est vraiment pas valable. Vraiment. (Parce que si c’est vrai, ça montre à quel point une telle journée est nécessaire, et il vous faudra donc y prendre part, quitte à vous creuser un peu les méninges, non?)

Allez, bonne semaine. La mienne le sera, ça c’est sûr. :-)

De la lecture des blogs [fr]

[en] I'm not a regular blog reader. I check a small handful of blogs religiously, and that's (with one or two exceptions) because they belong to close friends. I go on blog-reading binges, either person-centred ("well, I wonder what such-and-such has written about lately, or how she is doing") or topic-centred (digging deeper into an issue, or trying to solve a problem I'm facing).

Do you find it paradoxical for a blogger to not have a "blog subscriber" profile?

Ça m’embarrasse parfois un peu qu’à cause de ma réputation en tant que blogueuse, on parte du principe que je suis une lectrice de blogs assidue.

Bien sûr, je lis des blogs. Mais pas comme certains.

Je n’ai pas une liste de blogs que je lis religieusement. J’ai un lecteur RSS (j’aime Google Reader, et encore mieux, feedly) mais depuis six à huit mois, j’avoue que je l’ai à peine ouvert.

Il y a une poignée de blogs appartenant à des amis proches que je lis régulièrement. Ce sera peut-être vexant pour certains, mais les blogs que je lis, je les lis plus parce que j’ai une relation personnelle avec leur auteur, que parce que leur contenu me faisait revenir (quelques exceptions notables: Kathy Sierra, Zeldman, Tom Reynolds).

Pourtant, je lis des blogs. Mais comment?

De temps en temps je fais une crise de lecture. Il y en a deux sortes:

  • les thématiques
  • les personnelles.

Les crises de lectures “personnelles” (ou centrées sur la personne) sont de l’ordre de “oh, je me demande ce que devient tel et tel, ou ce qu’il a écrit récemment, hop, un petit tour sur son blog”.

Le problème avec les blogs (enfin, je dis ça, mais c’est une de leurs qualités) c’est qu’une fois qu’on commence à lire, on n’en finit pas. On suit un lien qui nous emmène ailleurs, on plonge dans les archives, bref, parfois, une heure plus tard, je lis encore.

Ou bien du coup, je me mets à rédiger un billet sur un sujet qui m’aura interpellé.

Quant aux crises de lecture “thématiques”, je pars sur un sujet qui m’intéresse (souvent lié à un problème à résoudre ou un enjeu concret dans mon présent, mais pas forcément), et je fais du blog-hopping pour en faire le tour. Google, Technorati, articles en rapport, tout y passe.

En résumé, je n’ai pas le profil “abonné” ou “lecteur fidèle”, mais plutôt “butineuse” voire “boulimique”. Twitter a en grande partie remplacé mon lecteur RSS, même si celui-ci n’est pas mort.

Et vous, comment lisez-vous les blogs? Trouvez-vous paradoxal qu’on soit blogueur mais non lecteur régulier d’autres blogs? A plus forte raison si l’on prêche, comme c’est mon cas, que la lecture de blogs est indispensable à leur écriture? Est-ce que je nage en plein paradoxe?

Chalet, lecture, écriture [fr]

[en] A couple of days at the chalet, reading and writing.

Le chalet en novembre se traduit en volets fermés pour emprisonner la chaleur, en feux de cheminée et tas de feuilles mortes et d’aiguilles de mélèze dans le jardin. Moins d’excursions (il fait froid et gris et la carte “libre accès” n’est plus valable) et plus de lecture — et d’écriture.

J’ai fini “Sepulchre” (Kate Mosse). C’était peut-être l’heure tardive, mais le dernier quart de ce livre m’a fait pleurer toutes les larmes de mon corps. J’ai entamé “Voyage en Acratie” de Bernard Krummenacher, une surprise agréable. Très vite, je me suis laissée prendre par ce récit un peu décalé d’exploration de notre futur.

Hier soir, j’ai également pondu un certain nombre de ces fameuses histoires en cinquante mots. Quelques-unes en français. Je me rends compte en faisant l’exercice que si peindre une situation de départ ou une complication ne me pose que très peu de problème, c’est toujours la fameuse fin qui me résiste. Le dénouement. La destination. Où va l’histoire? Où va la vie? Quel est le but?

Reflet pour moi de ma difficulté à trouver du sens, une finalité, dans le monde autour de moi.

J’y travaille.

Lire le roman de Bernard (que je connais) renforce encore mon envie et ma détermination de moi aussi, un jour, écrire un livre de fiction. Construire une histoire. Habiller des personnages. Inventer des situations. Faire la scénariste, et aussi la peintre.

Alors je continue avec mes histoires de cinquante mots. C’est peu, mais c’est ça le but: l’exercice est court, on peut le répéter à l’envi.

Et bientôt, une kyrielle de fins débarquera dans ma tête. J’en saisirai une et je passerai à l’étape suivante. Plus ambitieuse.

De l'inutilité des blogs [fr]

[en] A local editor/journalist wrote an article in which he basically says blogs are useless noise. My reactions to some of the (IMHO) unfair attacks he makes towards blogs.

Dans son article Bloghorrée saisonnière, Philippe Barraud lance un certain nombre d’attaques à  mon sens injustifiées contre les blogs. Impossible de rester de marbre, je sors mon clavier et réagis. Je n’ai pas la prétention de convaincre M. Barraud de quoi que ce soit, mais le processus produira peut-être un billet intéressant pour mes lecteurs.

Ce n’est en tout cas pas un journal intime, puisque par définition il n’est pas intime, mais mis à  la disposition de la planète entière. Enfin, théoriquement. Pauvre planète, qui devrait subir chaque jour les états d’âme ou les soucis intestinaux de 50 millions de blogueurs!

L’auteur ne fait ici pas bien mieux que la presse romande dont il critique plus haut la lenteur et les grosses ficelles. Si un blog n’est pas intime, c’est uniquement parce qu’il est exposé sur internet? Ça ne pourrait pas être (grands dieux non!) parce que les blogueurs ne parlent justement pas de leurs états d’ame ou soucis intestinaux?

MEL, LLM, Giussani, Scoble, ils nous parlent de leurs troubles digestifs? Raph, Eolas, Marc-O, ou encore Random Acts of Reality, ce n’est rien d’autre que des états d’âme?

Certes, je mentionne ici des blogs “populaires”, avec des lecteurs, et tout. Alors deux choses:

  • il y a des blogs moins lus, moins connus, qui parlent d’autre chose que leur nombril;
  • ce n’est pas parce qu’il sont moins lus qu’ils ont nécessairement moins d’influence: comme le disent Robert Scoble et Shel Israel dans Naked Conversations, si mon blog politique n’a que trois lecteurs, et que ce sont les dirigeants des Etats-Unis, de la Russie, et de la Chine, ai-je vraiment besoin d’autre chose?

On ne va pas le nier, la plus grande partie de la blogosphère francophone, c’est Skyblog. Mais là , on regarde les nombres, pas l’influence. Si j’ai bien compris Philippe Barraud, la blogosphère “personnelle”, celle qui me tient à  coeur parce qu’elle me permet de rester en contact avec mes amis par-delà  les océans, ça ne l’intéresse pas. C’est son droit. On va donc se concentrer sur les blogs “qui comptent”, comme on dit. Ce n’est pas sur Skyblog qu’on va les trouver. Il faut aller explorer le monde, un peu.

La supercherie, c’est qu’on tend à  nous faire croire que tout cela est lu, que chacun peut prendre la parole, que le débat démocratique renaît, […]. D’abord, et c’est un obstacle colossal, personne ne saura que votre blog existe.

Pardon? Ne savez-vous pas que pour peu qu’on utilise une plateforme de blogs pas trop “underground”, chaque billet alerte Technorati de la mise à  jour. Le blog est listé sur leur site, et si on utilise des tags et des catégories, il se retrouve également sur les pages de tags. Les gens peuvent trouver le blog, et Google peut trouver le blog. Après, si il a des choses à  dire qui sont intéressantes pour d’autres personnes (pas forcément le monde entier!) le blogueur va gentiment se faire une place dans la niche où se trouve son public.

Là , franchement, erreur factuelle. Dès sa mise en existence, un blog est publicisé.

Etre lu, ou pas. Voilà  la question. Comme je dis plus haut, ce ne sont pas les nombres qui comptent, c’est qui lit un blog qui est important. Certaines personnes chez Microsoft ne pensent pas que ce que fait Robert Scoble est important pour la boîte, parce qu’il n’a que (!) 20’000 lecteurs quotidiens. Pour un blog, c’est énorme, mais pour une grosse entreprise habituée aux chiffres marketing, c’est un pet de lapin. Robert dit très justement que ces personnes n’ont pas saisi qu’internet est un réseau, et à  quelle vitesse les informations peuvent s’y propager. Même si l’on n’a que cinq lecteurs, on peut théoriquement voir une idée géniale publiée sur son blog faire le tour de la blogosphère en quelques heures. Bien sûr, avec plus de lecteurs, on facilite le phénomène, mais ce n’est pas requis — de loin pas.

Quant à  prendre la parole… Allez réagir à  quelque chose qu’a écrit DSK sur son blog. Vous l’avez, la parole. Il suffit d’avoir quelque chose à  dire.

[…] ce mode de communication s’autodétruit, par son abondance même: qui a donc le temps d’aller explorer des millions de blogs, voire seulement une dizaine par jour?

Ça, c’est un problème général: la surcharge d’information. Solution? Il faut trier. J’y arrive tout de suite.

[…] pour un blog intelligent ou talentueux qui vous apporte quelque chose, il y en a 100’000 d’insignifiants.

Oui, il y a du bruit dans la blogosphère. Mais ce qui est du bruit pour moi n’est pas forcément du bruit pour vous. Des goûts et des couleurs, comme on dit. Allez, on dégaine son aggrégateur RSS/atom et on s’abonne aux blogs qui nous intéressent. Même Commentaires.com, qui n’est pas un blog, attention, surtout pas (puisque les blogs c’est inutile) a son fil RSS. Comment? Vous n’utilisez pas d’aggrégateur? On file direction BlogLines, iFeedYou ou Gregarius.

Ce ne sont pas des blogs précis, mais des thèmes qui vous intéressent? Direction PubSub ou Technorati, on crée un compte, on crée des watchlists auxquelles on s’abonne… Vous voulez la Romandie? Des recettes de cuisine?

Robert Scoble garde ainsi un oeil sur plusieurs centaines de blogs (7-800 aux dernières nouvelles). Est-il besoin de tout lire? Certes non. Mais surveiller une grand nombre de blogs, surtout quand c’est utile pour son métier? Bien sûr que c’est possible.

Ça prend du temps bien sûr. Si l’on pense que c’est du temps perdu, il vaut mieux s’abstenir — car il le sera effectivement.

Ce qui montre que tout travail d’écriture exige une discipline rigoureuse; et qu’à  l’inverse, l’écriture paresseuse du blog ne débouche neuf fois sur dix que sur des textes médiocres, bâclés et non indispensables.

Je sens ici un peu de snobisme d’écrivain. Faut-il être indispensable pour mériter l’honneur d’être rendu accessible au public? J’espère bien que mon blog n’est pas indispensable — mais j’espère aussi que de temps en temps il peut être utile à  quelqu’un.

Ai-je le droit de vivre si je ne suis pas indispensable?

Humour enseignant [fr]

Les enseignants comprendront. Petit gag tiré d’un échange véritable.

[en] A teacher's joke about what I'm reading now with my pupils.

– Et alors, vous lisez quoi avec vos élèves, en anglais?

– J’essaie de leur faire lire la consigne.