Réflexions post-Froglog souper [fr]

[en] First "bloggers meetup" in Paris. My reactions to the presence of "business-world" people there. I wasn't very happy about it.

Tout d’abord, mes excuses à ceux qui attendaient un compte-rendu hier: voyages et commotion cérébrale ne font pas bon ménage – me voici un peu hors de combat.

Même si je m’y attendais un peu, j’avoue avoir été un peu déçue par cette rencontre.

Ce souper était annoncé (là où je l’ai vu) comme le souper des webloggeurs francophones. Quand on dit “souper des webloggeurs francophones”, j’imagine une occasion de rencontrer d’autres personnes qui ont un weblog en français, de bavarder de nos intérêts communs, de mettre peut-être des têtes et des voix sur ceux qui n’étaient jusque-là qu’un nom, un site ou des mots. On informerait peut-être un journaliste ou deux à l’événement, histoire d’intéresser le monde extérieur à ce que nous faisons, et voilà.

Je me rends compte que l’intention de ce souper était légèrement différente. Je ne suis à ce jour pas certaine d’avoir exactement compris ce qu’elle était. Ce qui est certain, c’est que j’étais tout de même assez surprise, en arrivant, d’avoir l’impression qu’il y avait dans la pièce plus de “businessmen” (au sens large) que de webloggeurs. Les proportions se sont un peu équilibrées en cours de soirée, mais tout de même – il y avait pour moi un malaise.

Ce malaise est né quelque temps avant le souper – je l’avais d’ailleurs exprimé sur le wiki. Je connais mal le monde du marketing et de la “communication” au sens commercial du terme, et Karl avait attiré mon attention sur le melange de personnes qui allaient être présentes à ce souper, et en particulier sur l’importance que semblait avoir pris le côté “business” de toute l’affaire.

Pour moi, un weblog est avant tout un moyen d’expression personnelle. Il se rapproche plus du monde de l’art que du monde du commerce. Je pense qu’avant de parler avec ceux pour qui le web représente surtout un intérêt financier, le web indépendant a tout à gagner à se regrouper et à s’organiser – voir à ce sujet ce que fait Independents Day pour le web anglophone.

On a mis en avant à quel point le weblog était digne d’intérêt en tant que “moyen nouveau de communication”. Ce qui me déplaît dans l’approche “marketing” de la communication, c’est que celle-ci en devient instrumentale. On pourrait arguer qu’elle l’est toujours, certes. Alors précisons: la fin de la communication commerciale (ou “marketing”) reste l’argent – et non pas le savoir (au sens de savoir “qui fait grandir”).

On peut imaginer toutes sortes de raisons pour lesquelles le monde des affaires pourrait s’intéresser aux webloggeurs. Ils sont des clients potentiels, ils sont aussi un véhicule formidable pour faire de la publicité par “bouche-à -oreille”. Je ne suis pas en train d’accuser l’organisation de la soirée d’avoir été faite dans cet esprit, que cela soit clair. Mais vous comprendrez dans quelle mesure cet état de fait peut contribuer à alimenter un malaise: une personne du “business” qui s’intéresse à un phénomène (tout honnête que soit son intérêt) sera toujours soupçonnée de chercher à un moment où un autre de quelle façon on pourrait en retirer un intérêt financier.

Certes, c’est peut-être une réalité du monde, dans une certaine mesure. Mais ce que je cherche à faire avec mon weblog, c’est bien plus inciter les gens à la reflexion, à un regard critique sur le monde, et à une autonomie intérieure. Il s’inscrit dans une volonté que j’appelerais “éducative au sens large” – et surtout pas commerciale.

Mon weblog, bien sûr, je le fais aussi parce que j’ai du plaisir à le faire. Et je n’ai pas envie que l’on s’intéresse à ce que je fais avec un oeil “commercial”. Le commerce a sa place dans le monde, je ne la lui refuse pas. Mais le business a un peu la fâcheuse tendance à vouloir envahir tous les secteurs de la vie, et ça, ça me dérange.

En conclusion, je dirais que je me suis sentie un peu “trompée sur la marchandise”. J’en ai eu conscience avant d’arriver au souper lui-même, et je me suis peut-être sentie trompée en partie parce que je ne me suis pas intéressée de très près à l’esprit dans lequel avait été prévu ce souper – au-delà de cette impression superficielle dont je me suis contentée, à savoir qu’il s’agissait de l’équivalent pour webloggeurs du “get-together” d’un canal IRC ou d’un chatroom.

Je ne dis pas que c’était une volonté consciente de la part de l’organisation, mais ça m’est quand même resté un peu en travers de la gorge de me retrouver “dans le monde des affaires”, alors que ce qui m’intéresse, c’est le web indépendant – celui qui n’a que faire de l’argent.

Pour terminer sur une note plus positive (n’allons pas tout peindre en noir, tout de même!), j’ai eu très grand plaisir à discuter avec plusieurs personnes que j’ai rencontrées durant cette soirée – j’ai tout de même pu mettre des visages et des voix sur des noms, et même en découvrir certains que je ne connaissais pas. Je regrette peut-être qu’il n’y ait pas eu “plus” de “ça”, voire “que ça”.

Voir aussi (réactions):