Internet: 3 règles d'or [fr]

[en] The talk I gave yesterday to students of ECCG Monthey.

Très rapidement, et sans grand commentaire (je dois faire mes valises pour le Bourget!), la présentation que j’ai donnée hier matin aux étudiants de l’ECCG Monthey (Ecole de Commerce et de Culture Générale de Monthey).

Il s’agissait d’insister sur trois principes importants pour approcher internet de façon intelligente et mature:

  1. faire preuve d’esprit critique face aux informations que l’on trouve (en passant, ce n’est pas valable que sur internet!)
  2. partager avec discernement
  3. verrouiller ses mots de passe…

Un grand merci à l’ECCG de m’avoir invitée à nouveau cette année, et aux étudiants pour leur attention à mes propos!

.prezi-player { width: 550px; } .prezi-player-links { text-align: center; }

Pollens Pédagogiques 2011 [fr]

[en] As promised, here are the presentations I gave at Collège du Léman last Friday (Pollens Pédagogiques). Enjoy the reading as you follow the links!

A l’occasion de la journée Pollens Pédagogiques de l’IFP, j’ai donné un atelier sur les applications pédagiques des médias sociaux — en français et en anglais. Comme promis, les présentations (truffées de liens pour explorer plus loin!) sont en ligne.

En français:

.prezi-player { width: 550px; } .prezi-player-links { text-align: center; }

In English:

.prezi-player { width: 550px; } .prezi-player-links { text-align: center; }

Bonne lecture, et feedback bienvenu, particulièrement si vous avez assisté à l’une ou l’autre des présentations!

Souvenirs d’écolière [fr]

[en] Reminiscing about the various tricks I used as a teenager to communicate with my friends during class: secret codes, morse code, more traditional notes of course, and a sheet of paper on the table on which each wrote in turn. Long conversations which remind me of the way I communicate online today.

Je glisse doucement dans le sommeil, et mon esprit vagabonde dans le carton contenant mes vieilles photos. J’y ai passé mon dimanche après-midi, plongée dans ces instants de vie passés.

Alors que j’atteins la fin de la boîte, vers les enveloppes contenant les photos de mes années de scoutisme, l’une d’elles attire mon oeil. C’est une grande enveloppe A4, étonnamment rétrécie pour tenir dans cette petite boîte, métaphore onirique de mes souvenirs. Elle contient une magnifique collection des mes correspondances d’écolière, petits billets ou longues conversations écrites avec mes camarades de classe de l’époque.

Je me souviens. Le début des années nonante, le gymnase, et mon amie inséparable d’alors avec qui je communiquais sur une feuille posée entre nous sur le bureau. J’écrivais, elle répondait, puis moi à mon tour. On chattait. Avec des plumes et du papier.

Je me demande quelle influence cette expérience de jeunesse a pu avoir sur mon adoption très rapide et enthousiaste, une dizaine d’années plus tard, du chat sur internet, mode de communication quasi-identique, mais par claviers interposés.

Et je me souviens encore: j’ai toujours été une grande “bavardeuse”. Par écrit, bien sûr. Au collège, on rivalait d’ingéniosité pour continuer nos conversations pendant les cours, au nez et à la barbe des enseignants. Petits papiers roulés dans des stylos que l’on se passait, taquets-correspondance volant à travers les airs à force d’élastique, et le traditionnel lancer discret du petit mot sur la destinataire…

Mais nous étions allées plus loin: avec un petit groupe d’amies, nous avions mis au point un code secret alphabétique, des symboles bien compatibles avec le quadrillage de nos feuilles d’écolières, et dont nous nous servions pour assurer la confidentialité de nos correspondances en cas d’interception par les autorités professorales… ou d’autres camarades. Assez vite et sans effort, nous avions appris notre code par coeur et l’écrivions couramment.

Mieux encore? Le morse. Nous l’avions appris, le gribouillions sur nos billets (à force d’entrainement on était franchement devenues assez fortiches), et surtout, le tapotions sur nos tables discrètement: un doigt pour un point, les 4 pour un trait, les doigts repliés pour une fin de lettre, la main à plat pour une fin de mot, et un petit mouvement horizontal pour une fin de phrase, si ma mémoire ne me trompe pas. C’était redoutable, je l’avoue.

Bien plus tard, à l’université, je trompais l’ennui durant ma dernière année de chimie en réfléchissant par écrit, sur de nombreuses feuilles qui finissaient ensuite dans mon classeur-journal. J’avais des carnets dans lesquels je recopiais les passages intéressants des livres que je lisais, et un en particulier, mi-journal, mi collection de textes, ancêtre un peu plus intime de mon blog d’aujourd’hui.

Je vois dans ces expériences para-scolaires les signes précurseurs de mon activité présente de communicatrice en ligne. Et je me rends compte, à l’heure où les écoles peinent à ouvrir leurs portes à Facebook et aux modes de communication d’aujourd’hui en général, que déjà à l’époque, toute bonne élève que j’étais, une part non-triviale de ce qui m’a faite celle que je suis aujourd’hui était des activités que l’école tentait de réprimer.

Qu’on me comprenne bien: j’ai été enseignante, et loin de moi l’idée de prôner l’anarchie dans la salle de classe. J’ai aimé l’école et mes études, j’y ai beaucoup appris de choses utiles, et je sais qu’un certain cadre est indispensable pour pouvoir enseigner. Cependant, quand les présupposés de l’école concernant ce qui est important à apprendre et la façon de l’apprendre sont trop éloignés du mode de fonctionnement et des élèves, et du monde professionnel, il faut se poser des questions. Et je sais qu’il y en a certains qui se les posent (Lyonel et Mario, pour commencer).

Atelier IIL sur les médias sociaux: liens et ressources [fr]

[en] Here are links for the teachers who attended my workshops on social media this morning at the IIL in Geneva. Many of the links are in English, so click through them even if Frenc

Ce matin, j’étais à l’Institut International de Lancy dans le cadre d’un formation continue mise sur pied par l’IFP, pour animer deux ateliers consacrés aux médias sociaux dans le milieu scolaire. Comme promis aux enseignants présents (j’en profite encore d’ailleurs pour vous remercier de votre accueil et de votre participation!) je vous donne ici les liens vers les deux présentations Prezi (le tueur de Powerpoint) qui m’ont servi de support, ainsi que quelques liens à explorer:

Les deux présentations en ligne vont évoluer un peu au fil du temps, comme j’ai bien l’intention de les étoffer pour mes prochains ateliers!

Mise à jour 07.01.10: pour s’essayer au blog, ou carrément se lancer dedans, je recommande la plate-forme WordPress.com, ou WordPress.org pour faire une installation sur son propre serveur web — c’est le système qu’utilise le blog que vous lisez en ce moment. Il existe toute une communauté francophone très active autour de WordPress.org. Je vous encourage également à créer un compte Google si vous n’en avez pas encore un afin d’essayer Google Docs et ses documents partagés.

Mise à jour 07.01.10, 19:30: un autre article à lire absolument (merci Jean-Christophe!), c’est “Facebook doit entrer à l’école“. Vous en avez d’autres? Laissez un mot dans les commentaires avec le lien!


Mise à jour 12.01.10: de l’importance des ses mots de passe et de protéger sa boîte e-mail, clé centrale de son identité en ligne, lisez Cette année, le père noël était un pirate (mais pas ce genre de pirate, attention!)

Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

// Entrée en matière possible pour mon livre, dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?

// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

  • “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
  • “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
  • “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
  • “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
  • “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

  • l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
  • que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.

D'où vient cette idée de livre? [en]

[fr] An attempt to start book-writing. How I came to the field of teenagers and online culture, and what questions the book will try to address.

L’obstacle majeur pour l’accomplissement d’une tâche est souvent simplement de se mettre au travail. Il en va de même pour l’écriture. Il m’a fallu près d’un an pour commencer à écrire mon mémoire, et un peu plus d’un mois pour en achever la rédaction lorsque je m’y suis finalement mise. J’ai appris et compris, à cette occasion, qu’écrire n’importe quoi c’est déjà commencer. En particulier, raconter comment on est bloqué et ce dont on voudrait parler si on parvenait seulement à écrire, c’est déjà un excellent pas en avant.

Au milieu du mois d’octobre passé, j’ai réalisé que j’avais la matière nécessaire pour écrire ce fameux livre dont j’avais toujours dit que je l’écrirais un jour, mais que je n’avais aucune idée de quoi il parlerait et que dans tous les cas, je n’étais pas prête à me lancer dans une opération de cette envergure. Depuis, j’ai fait un plan, j’y ai beaucoup pensé, j’en ai beaucoup parlé, j’ai pris la décision ferme de l’écrire, et je l’ai annoncé sur mon blog. Mais je n’ai pas écrit une seule ligne.

Oh, c’est clair : début d’une vie professionnelle indépendante, les mains qui font mal, quarante-six mille autres projets… Plein de bonnes raisons objectives, mais surtout, il faut bien l’avouer, une bonne vieille trouille de me jeter à l’eau. Maintenant, le Dragon est installé sur mon Mac, je suis en Angleterre pendant deux semaines, et il n’y a donc aucune raison objective de ne pas commencer.

Donc, je commence. Et je commence par vous expliquer ce qui m’a mené à écrire ce livre, dans l’espoir que cela éclairera — et me permettra de clarifier — la problématique que je désire aborder et le traitement que j’en ferai.

Début 2004, suite à mon apparition à l’émission télévisée Mise au Point, on m’a demandé pour la première fois de venir faire une conférence dans une école. Il s’agissait de parler à une classe d’élèves et de leur expliquer ce qu’étaient les blogs, à quoi ils pouvaient servir et surtout, de les rendre attentifs au fait qu’il y a des limites à ce que l’on peut publier sur Internet. L’école en question s’était en effet retrouvée confrontée à quelques débordements de ce côté-là et à l’incompréhension des élèves (leurs protestations vigoureuses, même) lorsqu’il lui avait fallu intervenir.

Durant les mois qui précédaient, jeune enseignante, j’avais en effet découvert les élans blogueurs de mes élèves, et par extension, ceux de toute une population adolescente que j’avais largement ignorée jusque-là. J’avais commencé à m’y intéresser et j’avais déjà tiré quelques conclusions concernant les causes des incidents dont les médias se régalaient, et qui impliquaient des publications d’adolescents sur des blogs. Quelques problèmes de cette nature auxquels j’avais été directement confrontée avec mes élèves de l’époque m’avaient aussi donné une expérience personnelle de la situation.

Ma première conférence en milieu scolaire a été extrêmement bien reçue. On m’a demandé d’en faire une deuxième, puis une troisième. D’autres établissements scolaires m’ont contactée. J’ai commencé à parler non seulement aux élèves, mais également aux enseignants et aux parents. Et les conférences, ça va dans les deux sens. Je viens pour donner quelque chose, mais en retour, il y a toujours des conversations, de nouvelles personnes à rencontrer, des histoires à entendre, bref, des choses à apprendre pour moi.

En parallèle, les médias ont commencé à faire appel à moi régulièrement pour toutes sortes de sujets touchant aux blogs, mais principalement (au début en tout cas) dès qu’il s’agissait de blogs et d’adolescents. Prof et blogueuse assez en vue, c’était visiblement un mélange détonnant.

Au fil de mes contacts avec le monde des gens qui connaissent mal les blogs, j’ai pris conscience que beaucoup de choses qui pour moi relevaient du sens commun n’allaient en fait pas du tout de soi. J’ai réalisé que j’avais des choses à dire, et même des tas de choses à dire, et que ces choses étaient utiles à autrui. En fait, j’ai pris conscience que nous étions face à un problème à grande échelle, touchant une génération d’adolescents et de parents, ainsi que les éducateurs, et que j’étais en train d’y proposer des solutions. Les solutions que je proposais étaient bien modestes : il s’agissait simplement d’informer chacun selon ses besoins et préoccupations, de leur communiquer ce que je savais et j’avais compris de cette culture numérique, celle des blogs, du chat, de l’Internet vivant, et de l’impact que cette culture était en train d’avoir sur notre société.

Voilà donc de quoi je veux parler dans ce livre. Quel est ce problème exactement ? Que peut-on dire de ses causes ? Quelles sont les conséquences que nous voyons aujourd’hui ? Que peut-on faire, que doit-on faire pour y remédier ? Je vais essayer de répondre à ces questions dans les grandes lignes lors de mon prochain billet.

Pourquoi les hommes ne chantent pas [fr]

[en] If you like singing in French, we're looking for male singers (in particular) for the vocal group I'm part of, Café-Café. We rehearse on Wednesday nights in Lausanne.

Hier, première répétition de la saison à Café-Café, après le week-end de travail aux Paccots de ce week-end. Deux nouvelles, toutes motivées, mais pas de nouveaux.

Pourquoi je dis ça? Parce qu’on manque d’hommes. On manque d’hommes au point que ça pourrait commencer à devenir un problème. On est un choeur mixte, mais avec 4 basses et 7 ténors (comptés mercredi) pour un groupe d’une septentaine de personnes, ça commence à devenir chaud.

J’ai commencé à recruter activement autour de moi. Au judo, hier soir aussi, avant d’aller à la répète.

  • Tu chantes?
  • Moi?! Euh… non, et puis je chante faux.

En discutant avec des copines de Café-Café, c’est un peu le même constat partout: les hommes ne chantent pas, ou en tous cas chantent toujours faux.

Refusant de croire que nos hommes sont génétiquement programmés à ne sortir que des fausses notes, j’ai mis en marche mon petit cerveau, et je suis arrivée à l’hypothèse suivante, que j’ai testée sur quelques personnes qui l’ont trouvée fort séduisante. Mais permetez-moi d’abord un petit détour par mon histoire.

J’ai toujours aimé chanter. Mais seule. Avec la musique à coin dans ma chambre ou le casque sur les oreilles, sur mon vélomoteur, dans ma voiture, quand il n’y a personne dans le coin. Ou bien alors en camp scout autour du feu, quand tout le monde s’égosille et qu’il ne s’agit pas de chanter bien, mais de chanter tout court.

En parallèle de cela, j’ai toujours pensé que je chantais faux. Voyez-vous, je me basais pour tirer cette conclusions sur les seules démonstrations de chant publiques que j’avais faites. Je vous le donne en mille: les interrogations de chant à l’école quand j’étais adolescente.

Je ne pense pas qu’on m’ait jamais dit que je chantais horriblement faux. Par contre, quand on est seule debout au piano devant toute la classe, qu’on essaie vaguement de chanter quelque chose qui est trop haut, le trac au ventre, pour être évaluée, bien sûr qu’on s’entend dérailler.

Pour ma part, il a fallu que je passe par une succession d’étapes (vraiment m’écouter chanter dans la voiture pour constater que ce n’était pas si mal que ça, karaoke avec les copines, d’abord avec puis sans Martini, puis finalement prise de courage à deux mains pour aller m’inscrire dans un choeur) pour arrêter de penser que je chante faux. Allez, j’ai pas la voix la plus juste du monde, je dis pas ça, mais je crois pouvoir dire que je chante suffisamment juste.

Et les hommes dans tout ça? Eh bien.

Je pense que chanter faux, c’est en grande partie dans la tête. On croit qu’on chante faux, alors on se gêne, et en effet on chante faux. On croit qu’on chante faux, donc on ne chante jamais, et en effet quand on essaie c’est pas terrible. J’ai entendu quelque part qu’à moins d’avoir des problèmes d’ouïe (suivez mon regard… j’en ai!) tout le monde peut apprendre à chanter juste. Je ne sais pas à quel point c’est vrai, mais je reste persuadée qu’une grande partie des personnes qui se définissent comme “chantant faux” ne chanteraient en fait pas si faux que ça si elles arrivaient à faire un pas dans leur tête et chanter dans des conditions favorables (pas tout seul sur un scène pour commencer, par exemple).

A mon avis, les hommes souffrent en grande partie de ce que j’appellerai “le traumatisme de la mue”. A l’heure des interrogations de chant à l’école, nos pauvres garçons sont en train de muer. Catastrophe! C’est sans doute bien pire pour eux que ce que j’ai vécu. A moins d’adorer vraiment chanter, ou d’avoir un peu de technique de chant, je suis persuadée que beaucoup de ces adolescents en viennent simplement à s’étiqueter “je chante faux” pour le reste de leur vie. Quel gâchis de belles voix d’homme!

Alors, messieurs. Posez-vous la question. Essayez de chanter seuls dans votre voiture (avec la radio ou un CD, parce qu’a capella c’est bien plus difficile).

Affiche recrutement.
Et dites-nous dans le commentaires: quand avez-vous commencé à penser que vous chantiez faux, si tel est votre cas? Je crois qu’en quatrième année, il n’y a pas plus de petits garçons que de petites filles qui chantent faux. Si vous avez d’autres théories sur la question, je serai ravie de vous entendre.

Et messieurs de Suisse Romande, sachez que tous les mercredis soir à 20h, à Pierrefleur (sur le Grey, près des Bergières, sortie Blécherette), on se retrouve pour chanter. On fait de la chanson française Nougaro, Fugain, Aznavour, etc, on n’est pas ringards, la moyenne d’âge est de 45 ans et notre benjamine en a 26, on est sympas et (avis aux célibataires) il y a plein de femmes :-).

Pour la pub plus musicale, nous sommes dirigés par Pierre Huwiler (ce qui n’est pas rien) et notre prochain concert, après le succès de Chéserex, aura lieu à l’Auditorium Stravinski de Montreux. En clair, pour un groupe vocal amateur, on a vraiment un bon niveau, même si pour venir chanter avec nous il n’y a pas de pré-requis côté technique de chant, lecture de partitions, etc.

Vous aimez chanter? [Venez!](http://cafecafe.ch/chantez “Oui, c’est la cinquième fois que je mets ce lien dans le billet, c’est pour être sûre que vous ne le ratez pas!)

Au minimum, venez nous voir le 24 novembre sur scène à Montreux

PS: on ne refuse pas les dames, hein, surtout si elles sont Soprano II (très haut!), mais on a vraiment vraiment besoin d’hommes…

Reighikan Dojo menacé de destruction [fr]

[en] My judo school is at risk of being destroyed.

Le Reighikan Dojo, lieu cher à  mon coeur où je pratique le judo depuis une dizaine d’années, est menacé de destruction.

Nous nous mobilisons entre autres en faisant signer une pétition disponible sur le site des Amis de la Cité.

Stage de judo by Roman

Photo: Roman

Il y a de nombreuses photos du Reighikan Dojo et de la vie que nous y vivons sur Flickr.

Blogs pour parents: notes de conférence [fr]

Reproduction des notes de conférence distribuées hier aux parents.

[en] Conference handout for the parents who listened to me last night.

Comme je l’ai fait pour les enseignants, voici les notes de conférence données aux parents d’élèves hier soir.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

  • prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
  • initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Le blog fait souvent partie de la sphère privée de l’élève (mis en ligne et consulté à  la maison). Cependant, il s’agit d’une publication dans le domaine public, qui peut donc avoir bien d’autres conséquences que des discussions de cour de récréation ou des affiches sur le mur d’une chambre à  coucher.

Revoir sa conception d’Internet

Près d’un adolescent sur deux a un blog! Les parents sont souvent peu au courant de ce que font leurs enfants sur Internet.

Internet n’est pas une bibliothèque: c’est un lieu hautement social, où l’on peut publier très facilement et gratuitement ce que l’on veut. Laisser un enfant aller sur Internet sans s’intéresser à  ce qu’il y fait n’est pas équivalent à  le laisser avec sa console de jeux; c’est plutôt équivalent à  le laisser traîner en ville sans se soucier de ses fréquentations ni de ses activités. Le blog n’est qu’une des activités en ligne des adolescents (parmi le chat, l’e-mail, les webcams, la consultation de sites, les jeux multi-joueurs).

Risques pour les adolescents

Voici quelques-uns de risques que peut courir le jeune blogueur:

  • problèmes avec la justice: en cas d’insulte ou d’atteinte à  l’image, une plainte pénale peut être déposée
  • problèmes avec les autorités scolaires: si le blog est utilisé dans le cadre de l’école, ou qu’il contient du matériel inadéquat directement lié à  l’école, il n’est pas exclu que celle-ci prenne des sanctions à  l’égard de l’élève
  • exposition à  outrance de sa personne (photos) et de sa vie privée: l’adolescent ne mesure pas les conséquences possibles d’une telle exposition dans un lieu public

L’anonymat sur Internet est un leurre: si on ne peut pas garantir de découvrir l’identité d’un internaute qui cherche à  la cacher, on ne peut pas non plus s’assurer que l’on restera anonyme. Lorsque l’anonymat tombe, cela peut faire des dégâts (perte d’emploi, conflits avec les proches, conséquences scolaires…).

Une fois que quelque chose est sur Internet, on en perd le contrôle. Même si le site original est effacé, un visiteur peut avoir fait une copie et la mettre en ligne à  son tour. Il y a aussi une archive d’Internet, et les moteurs de recherche gardent des copies des sites qu’ils indexent.

Quelques liens à  explorer

Blogs et école: notes de conférence [fr]

Un condensé de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui dans un établissement scolaire vaudois.

[en] These are the conference notes for a talk I gave today for the teachers in a secondary school.

Je reproduis ici, sans mise en forme particulière, les notes de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui aux enseignants d’une école vaudoise.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Limite des sphères privée-publique: comment réagir, en tant qu’enseignant, lorsqu’on est par exemple confronté à  du matériel pornographique sur le blog personnel d’un élève, hors du milieu scolaire? Média qui nous met face à  de nouvelles problématiques.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Pistes pédagogiques

  • utilisation des blogs comme source d’information pour un travail de recherche: blogs à  thème, blogs provenant d’une autre culture, blogs témoins d’événements actuels (utiliser http://technorati.com/ et http://fr.wikipedia.org )
  • utilisation du contenu de blogs pour amorcer une réflexion sur le(s) média(s): débats, travail argumentatif, adéquation des propos qui y sont tenus, conséquences possibles pour le blogueur, racisme, respect
  • tenue d’un blog de classe à  plusieurs auteurs: comptes-rendus d’activités, résumés du travail scolaire effectué durant la semaine, rapports de lecture, narration de la vie de la classe
  • blog de projet: pour accompagner un projet indisciplinaire, la mise en place d’un spectacle, la préparation d’un voyage d’études
  • blogs de maîtres (en accès restreint, éventuellement): communication au sein et entre groupes de travail, collaboration et partage de matériel pédagogique, informations officielles ou officieuses au sein de l’établissement

Attention: en cas d’activité de publication, prévoir une charte, discuter des implications avec les élèves, éventuellement obtenir accord des parents (pour textes, photos). Veiller au spam! (Filtres, contrôle périodique…)

Les enseignants qui travaillent aujourd’hui avec des blogs à  l’école font oeuvre de pionniers. Il n’y a pas vraiment de recettes éprouvées, c’est un peu un terrain en friche… à  découvrir!

Quelques liens à  explorer

Erratum

Renseignements pris: les adolescents peuvent bien être tenus pour responsables devant la justice pour les propos publiés sur leurs blogs (plutôt que les parents).