Je refuse de me réjouir. Je refuse de me réjouir de l’air plus clair, des animaux plus libres, du silence et du calme, du rythme de vie moins frénétique, des changements que vit notre société, des remises en question de nos décisions politiques.
Je refuse de me réjouir de ce “positif” que l’on paie de tant d’angoisse, de détresse, et de mort.
Nous sommes en crise. Evidemment, en crise, il y a des changements radicaux. Evidemment, le soleil continue à briller à travers les nuages, et il y a des bonnes choses à regarder pour nous aider à supporter la réalité du monde.
Mais comment peut-on se réjouir de la baisse de la pollution alors que des économies entières sont mises à genoux, des populations entières sont paralysées, les morts se comptent (pour le moment encore) en dizaines de milliers? Il faut aimer bien peu l’humanité pour se réjouir ainsi du désastre qui nous frappe.
Oui, résolvons les problèmes du monde en stoppant toute l’industrie, en plongeant dans la récession tête la première! Les gens qui tiennent ce genre de discours “positif” comprennent-ils vers quoi nous nous dirigeons? C’est bien une planète plus verte, je suis à 100% pour, mais quel prix sommes-nous prêts à payer? Faisons mourir de faim et de maladie les gens, ralentissons l’économie, ça fera moins de monde sur notre planète et moins d’émissions, c’est super.
Alors non, je refuse de me réjouir. Je trouve ça indécent.
Quand l’immeuble qui me bouchait la vue brûle et s’effondre, je ne vais pas crier de joie parce que je revois enfin les montagnes.