Anatomie d’un article de blog [fr]

[en] A little analysis of what I did in my previous article, in the spirit of "teaching blogging". Not much to see if you're a blogger, but a little peek behind the scenes which might be of interest if blogging is still a bit of a mystery to you.

Ce n’est un secret pour personne que parmi mes nombreuses activités professionnelles, j’enseigne “le blog”. Comprendre WordPress et sur quel bouton appuyer n’est pas le plus grand challenge. Ce qui est bien plus dur, c’est l’écriture, rentrer dans une communication plus “humaine”, alors qu’on a généralement été formé à la communication de masse et à la rédaction formelle.

html code list blog post

En écrivant mon dernier article, j’imaginais ce que j’expliquerais à mes clients ou étudiants si je devais le décortiquer. Et ça m’a donné envie de le mettre par écrit.

Cet article, il me trottait dans la tête depuis un moment. Deux ou trois semaines en tous cas. C’est un peu la course ces temps, et hier, j’ai réalisé que ça faisait 10 jours que je n’avais rien publié. Ouille! Je me suis dit qu’un peu de rédaction “rapide et facile” ferait un bon break dans ma préparation de cours pour le lendemain.

Tout d’abord, un mot sur ce qui m’a poussé à écrire cet article. La newsletter en question “va bien”, j’ai une bonne quarantaine d’inscrits, des retours, un bon taux d’ouverture, mais j’aimerais bien toucher de nouvelles personnes. Je la mentionne assez régulièrement sur Facebook, donc je vais supposer que les personnes susceptibles de s’y inscrire “comme ça” l’ont fait.

Un article sur ce blog “dure” bien plus longtemps qu’un post sur Facebook. De plus, il est possible que des personnes qui ne me suivent pas de près sur Facebook lisent ce blog avec plus d’attention. Je n’ai pas reparlé ici de la newsletter depuis son lancement, donc c’est peut-être une bonne idée de communiquer que l’expérience a pris et n’a pas été abandonnée.

Surtout, publier ici me permet de faire quelque chose de difficile à faire sur Facebook: rendre les archives plus visibles. En effet, si je peux un peu partir du principe que les personnes pour qui “newsletter: Demande à Steph, numérique pour les nuls” est un argument suffisant pour s’inscrire l’ont déjà fait, peut-être qu’il y a des personnes qui ont besoin de voir plus concrètement de quoi il s’agit pour être intéressées.

Je répète sans me lasser qu’un point clé lorsqu’on publie en ligne est de mâcher le travail à ses lecteurs. Leur faciliter la vie. Leur être utile. Plus on rend l’action qu’on désire facile, plus on a de chances qu’elle se fasse. Donc au lieu de dire “allez regarder les archives“, je vais amener les archives sous le nez de la personne qui est déjà en train de lire, là où elle est en train de lire.

Et faire ça, c’était plus de boulot qu’écrire le reste de l’article. J’ai la chance d’avoir “grandi sur le web” à l’époque où il fallait coder le HTML avec ses petites mains si on voulait aller quelque part, et j’ai donc fait ça “dans le code” pour accélérer la chose. Mais même comme ça, en étant méthodique, en connaissant les raccourcis clavier, ça prend du temps. Moitié moins toutefois que si on manque d’entrainement, à vue de nez.

Les liens, c’est crucial. Retournez voir mon article et imaginez-le sans liens: il perd quasi toute sa valeur et son intérêt. Il n’est là, en fait, que pour envoyer les gens ailleurs. Eh oui, c’est ça le web… envoyer les gens au bon endroit, c’est de la valeur ajoutée! (Voyez, là, je vous ai remis le lien vers mon article, alors que je l’avais déjà donné plus haut… mais je me dis que si à ce stade de votre lecture vous voulez en effet suivre mon injonction et aller voir, ce serait pas hyper cool de ma part de vous faire remonter en haut de la page!)

Alors, les liens. En plus des 12 liens vers les newsletters archivées, je mets un lien vers l’article de janvier auquel je fais référence dans ma phrase d’introduction (“Fin janvier, j’ai lancé deux newsletters”). Le lecteur curieux n’aura pas à faire des explorations archéologiques pour voir de quoi je parle. Je fais aussi un lien direct vers la newsletter dont il est question ici, et à nouveau lorsque j’invite mes lecteurs à s’y inscrire (même raisonnement que celui que j’ai fait dans le paragraphe ci-dessus).

J’ai aussi profité de mon article pour inviter (pas trop lourdement j’espère) les gens à m’écrire avec leurs questions, vu que c’est une tournure que j’aimerais donner à la newsletter.

Finalement, avant de publier, il me fallait une photo pour illustrer l’article. Ce n’est pas obligatoire, et il y a des blogs très bien sans aucune illustration, mais je sais bien que la photo attire l’oeil, et qu’elle est mise en avant de façon très visible quand on partage l’article sur Facebook, LinkedIn, Twitter ou ailleurs. C’est donc quelque chose à faire pour “aider au partage”. Je ne suis pas la grande pro de l’illustration, et je mets souvent des photos qui n’ont pas grand chose à voir avec mes articles. Mais là, comme je parle d’une newsletter, je peux facilement (avec Skitch) faire une saisie d’écran de la page d’inscription. J’en ai profité pour mettre une photo de fond sur le formulaire, histoire que ce soit un peu moins gris!

Ensuite, écrire un petit résumé en anglais, choisir la catégorie, jeter quelques tags en pâture à WordPress (il apparaissent en haut à gauche sous la date et la catégorie), publier, partager sur Facebook et Twitter.

Hop!

Comment écrit-on? Plagiat, paraphrase et compagnie [fr]

[en] Contact with a few batches to bachelor students these last years has led me to believe that "writing" for many of them means "copy, paste, remix a bit". Cue an article on plagiarism...

Il y a très longtemps, j’écrivais sur du papier. Brouillon, ratures, prévoir du temps pour recopier au propre. Depuis la fin de l’uni, et même avant, ça ne m’arrive plus. J’écris sur clavier. J’ai la grande chance d’être douée d’un excellent premier jet. Souvent, je ne relis même pas avant de publier. C’est “facile” pour moi. Avec les années, j’ai appris que ce n’était pas le cas pour tout le monde.

J'écris mal

Je viens de finir d’écouter un épisode de Note to Self sur le plagiat. On y parle de quelque chose que j’ai constaté ces deux dernières années avec mes étudiants de bachelor: pour beaucoup, écrire signifie copier, coller, et, si on a de la chance, remixer un coup. En saupoudrant de paraphrase.

Pour nous qui avons appris à écrire “avant les ordinateurs”, cela n’avait pas des masses de sens de recopier mot pour mot ce qu’on trouvait dans nos manuels ou encyclopédies. Certes, certains le faisaient certainement, mais comparez l’effort requis à celui de copier-coller puis changer quelques mots.

Dans mes cours de blog, j’ai jusqu’ici laissé pas mal de liberté à mes étudiants concernant leur choix de thématique. Une chose sur laquelle je ne fais aucune concession, toutefois: ils doivent publier du contenu original. Du contenu qu’ils ont écrit eux-mêmes. Je suppose qu’il est clair pour eux que le plagiat est un péché capital, mais dans le doute, on repasse une couche.

Malgré cela, je me retrouve avec chaque classe face à une collection d’articles qui sont au mieux de la paraphrase maladroite. Cela devient un point de contention avec les étudiants. Je me demande s’ils me prennent vraiment pour une idiote, mais avec le recul, je me dis qu’ils n’ont peut-être simplement jamais vraiment appris à écrire, et qu’ils s’en sont tiré “en faisant ça” dans leurs études jusqu’ici.

En particulier, je pense qu’on ne leur a jamais appris comment paraphraser correctement (digérer le texte source, cacher celui-ci, écrire avec ses propres mots, contrôler pour la justesse des idées/faits et l’absence de citation directe involontaire).

Après “un peu” de recherche en ligne (ahem! ça aussi c’est une compétence qui manque souvent!), il me semble que les sources francophones que j’ai trouvées insistent sur “c’est mal, voici ce qu’il ne faut pas faire” mais ne montrent pas avec beaucoup de détail comment faire mieux. En anglais, il y a plagiarism.org, qui semble très bien, un tutoriel de l’Université du Missouri, des indications sur comment éviter le plagiat “copier-coller” grâce aux citations, des exemples de paraphrases acceptables et non acceptables (ici aussi).

On me demande parfois comment je “détecte” le copier-coller sous-jacent. Je n’utilise pas de programme anti-plagiat (probablement pourtant que ça m’épargnerait les nerfs). Mais à force d’années de linguistique, d’analyse de texte, de lecture et d’écriture, je sens immédiatement le changement d’auteur à la lecture. La plupart des étudiants que j’ai croisés dans mes cours n’écrivent pas aussi bien que les textes qu’ils plagient, et ne savent pas ménager une transition. De plus, dans un cours de blog, on travaille un certain style d’écriture qui est rarement celui des sources “d’inspiration”.

Alors c’est clair, on cite avec moins de rigueur académique quand on blogue, mais le principe sous-jacent reste le même: éviter de faire passer les idées ou les mots d’autrui pour les siens. Le moyen le plus simple d’éviter ça? Ecrire des choses qui sont déjà dans sa tête, et qu’on n’a pas besoin d’aller piquer sur des sites existants. Et faire des liens vers nos sources.

Il reste après le problème du plagiat involontaire, mais ça, c’est une autre histoire…

(Zut, je voulais parler aussi de la difficulté constatée chez mes étudiants à simplement “construire” un texte, à argumenter, etc — mais ce sera pour une autre fois, ce billet est déjà assez long!)

Un blog, à quoi bon? Meilleur SEO et meilleur réseautage [fr]

Dernièrement je me suis trouvée prise dans une discussion sur l’utilité (ou l’inutilité présumée) du blog. Le contexte: faire connaître en ligne une petite entreprise.

Pour se faire connaître en ligne, en dehors des moyens marketing “traditionnels” (“se médiatiser en 2.0“, en somme), je dirais qu’il y a deux axes:

  1. avoir du contenu trouvable à travers un moteur de recherche
  2. avoir un réseau qui multiplie le bouche-à-oreille

Un blog peut servir aux deux. Il n’est ni nécessaire, ni suffisant — il y a d’autres moyens — mais il a un très bon rapport “énergie/effet”. Du coup, c’est généralement ma première réponse à toute question du genre “comment je me lance?” — écris déjà un blog.

Prenons donc ces deux axes l’un après l’autre, même s’ils sont liés.

Etre bien placé dans les moteurs de recherche

En premier lieu, il faut comprendre comment fonctionne un moteur de recherche dans les grandes lignes, et si on a un “site vitrine“, s’assurer qu’il fait déjà les choses bien:

  • du contenu pertinent par rapport aux termes de recherche pour lesquels on veut être placé
  • des titres de page et de rubriques comportant les mots-clés les plus importants
  • absence d’obstacles côté “technique” (bon balisage, accès autorisé aux robots, serveur raisonnablement réactif, pages accessibles, titres en texte et non “en images”…)

On oublie souvent que le placement dans les résultats de recherche, c’est toujours par rapport aux termes de la recherche. Par exemple, mon site web professionnel se retrouve placé différemment pour “consulting en blogs” ou “stephanie booth“. Allez regarder le contenu du site, et vous comprendrez pourquoi.

Un autre élément extrêmement important pour l’optimisation du placement dans les moteurs de recherche, ce sont les liens entrants vers un site ou une page. Par exemple, faites une recherche google pour le nom de Brigitte Djajasasmita. Vous allez trouver parmi les premiers liens son profil linkedin et son blog, avant la page que je lie ci-dessus. En effet, celle-ci est plus récente, vu qu’elle a été créée dans le cadre de la formation qu’elle suit en ce moment, et moins bien “imbriquée” dans le tissu du web par des liens en provenance d’autres sites. Là, en faisant un lien vers cette page en utilisant comme “texte de lien” son nom, j’améliore le placement de cette page dans les résultats pour une recherche sur son nom. Mais attention: je ne le contrôle pas, je peux seulement tenter de l’influencer.

Alors, le blog là-dedans?

Le blog, c’est une usine à contenu que les moteurs de recherche adorent. Les articles sont généralement relativement courts, mais pas trop, ils ont un titre qui se rapporte bien à ce dont ils parlent (si on fait pas n’importe quoi), et ils ont une page rien qu’à eux où ils sont accessible jusqu’à la nuit de temps (le permalien). Ça encourage les liens entrants, la garantie d’une URL stable. La thématique d’un article est aussi généralement assez précise, ce qui fait qu’il risque fort d’être très bien placé pour la recherche qui lui correspond, et la page du blog change sans cesse, ce qui prouve à Google et consorts que le contenu est bien frais (ils adorent).

C’est beaucoup plus facile de mettre du contenu dans un blog que dans un site, parce qu’on n’a pas à se poser la question du “je mets ça où?” — sur un blog, ben on blogue, et ça vient se mettre en haut de la page, c’est automatiquement rangé par date, et par catégorie/tag si on utilise ça. Dans un site hiérarchique classique, il faut d’abord se prendre la tête pour savoir où on va bien pouvoir ranger ce qu’on compte écrire. Et souvent, faute de trouver un bon endroit, on ne l’écrit pas.

Avec un blog, on crée donc du contenu “annexe”, en rapport avec la thématique qu’on veut mettre en avant, qui est d’une part un attracteur à recherches et d’autre part un attracteur à liens.

Faire marcher le bouche-à-oreille avec un bon réseau

Le blog va aussi se rendre utile pour augmenter l’efficacité de son réseau et l’étendre, ainsi que pour favoriser le bouche-à-oreille en ligne.

Alors c’est clair, le réseautage est d’abord une affaire d’humains. Mettre des gens en relation, chercher à leur être utile, se faire des amis… c’est la base. Facebook et Twitter sont extrêmement utiles pour garder sous forme numérique les liens que l’on crée et les entretenir par petites touches (ou grandes…).

Alors, le blog?

Voici certaines caractéristiques du blog qui en font un “booster de réseau”:

  • le ton personnel qui rend le blogueur humain et approchable
  • les commentaires qui invitent au dialogue, à l’échange (pour de vrai!)
  • l’accumulation de contenu qui finit par démontrer l’expertise du blogueur, et ainsi encourager la confiance
  • les liens sortants vers d’autres blogs ou sites qui peuvent alerter leur auteur à l’existence du blogueur
  • les articles à thématique ciblée et bien référencés (voir plus haut) qui peuvent servir de “premier point de contact” pour une relation à naître
  • des informations utiles pour le lecteur, qui s’en trouvera reconnaissant et voudra peut-être en savoir plus sur leur auteur
  • une publication plus ou moins régulière qui a une chance de fidéliser un lectorat.

Le blog a aussi l’avantage, comparé à Twitter et Facebook, de présenter du contenu qui dure. Vos tweets et statuts Facebook sont enterrés en quelques heures, tandis que vos articles de blog seront encore là après des mois ou des années.

En résumé: si pour une raison ou une autre vous cherchez à augmenter votre empreinte numérique, à vous faire mieux connaître en ligne, démarrer un blog ne coûte pas grand chose qu’un peu de votre temps. Filez chez WordPress.com vous faire un compte et lancez-vous (et vous pouvez utiliser le même WordPress.com pour faire un bête site-brochure, d’une pierre deux coups).

Reste la question de savoir ce qu’on va bien pouvoir écrire, dans ce blog. Pour certains, ce n’est pas l’inspiration qui manque. Pour les autres, ce sera l’objet d’un prochain article, celui-ci étant déjà bien assez long!

Update: sur le même sujet, l’article “Pourquoi avoir un blog?” de Claire, qui donne quelques exemples sympas.

CréAtelier au Swiss Creative Center: retour d’expérience "se médiatiser en 2.0" [fr]

[en] I did a workshop on Friday in Neuchâtel around "how to make yourself known in the 2.0 world". Basically, it was about sharing how I'd done it and what could be learned from it. The results were surprising to me, but I had a really great time and I think the participants did too!

J’ai animé vendredi un “CréAtelier” au Swiss Creative Center à Neuchâtel. C’était une expérience extrêmement intéressante et enrichissante, qui m’a donné l’occasion de jeter un regard nouveau sur mon parcours et ce que je fais.

Workshop Swiss Creative Centre

Pour ce workshop, Xavier m’a demandé la chose suivante: faire rentrer les participants dans mon univers en racontant mon parcours, et les lancer dans un exercice de “design thinking” à partir de là. Comment ai-je fait pour me faire une place en tant que blogueuse, me “médiatiser en 2.0”?

Ce que j’ai réalisé en me replongeant dans ces 15 dernières années en ligne, c’est que la plupart des choses que j’ai faites, je les ai faites simplement parce que j’en avais envie, et non pas comme moyen pour atteindre un certain but. Tout ce que j’ai “accompli”, au final, a pour moi un goût d’accidentel. Je n’ai pas cherché à me faire connaître. Je n’ai pas essayé de me lancer comme indépendante.

Du coup, je séchais sur la question de l’exercice de groupe: est-ce qu’on pouvait vraiment tirer de mon histoire des leçons pour “faire de même”? Il me semblait que ce que j’avais fait avait “marché”, rétrospectivement, justement parce que je n’essayais pas de faire marcher quoi que ce soit.

Ce qui me semblait ressortir de mon parcours, c’est l’importance des mes activités “en communauté” (= les gens) à côté du blog comme lieu de publication. Mon blog, en fait, était (tout comme mon site) un moyen d’étendre mes relations avec les gens que je connaissais en ligne. Il n’a jamais eu d’existence dans le vide. J’ai réalisé assez vite aussi qu’il y avait un écho fort entre mes activités en ligne et hors ligne: internet n’est absolument pas pour moi un lieu d’altérité. Ma vie et mes relations sont intégrées, online/offline.

Pour le travail de groupe, j’ai décidé de proposer aux participants d’imaginer qu’ils étaient des passionnés de chocolats à la tête d’une chocolaterie/tea-room de demain. Que pourrait-on faire avec ça?

Je voulais éviter de tomber dans le piège classique de l’entrepreneur-exemple qui vient raconter son histoire, dit “on ne savait pas du tout ce qu’on faisait, mais on a eu de la chance, ça a marché malgré tout, si vous voulez faire de même il ne faut surtout pas faire comme nous, ayez une stratégie, un business plan, et tout et tout”. Vous avez déjà noté ce paradoxe? Nombre des histoires de succès qu’on nous présente reprennent sous une forme ou une autre le refrain de “on savait pas ce qu’on faisait”. La mienne incluse. Et après, on essaie d’en tirer des enseignements pour quelqu’un qui chercherait explicitement à atteindre un objectif similaire!

J’ai donc donné les consignes suivantes à mes “chocolatiers”:

  • se détacher des objectifs
  • partager sa passion
  • qu’est-ce qui serait cool?
  • aimer les gens
  • online et offline

Peu après avoir lancé l’exercice, j’ai commencé à avoir un tas d’arrière-pensées. Je venais de leur dire pendant une heure que tout ce que j’avais fait, je l’avais fait de façon désintéressée, parce que j’étais passionnée, parce que j’avais un élan intérieur qui me poussait à le faire, parce que j’aimais les gens et qu’au fil des mois et des années j’avais créé des liens avec et que ces liens revenaient nourrir ma vie plus tard à des moments inattendus. Et je les lançais sur un thème imposé, pour lequel ils allaient devoir faire semblant de se passionner, et dans un cadre tout de même intitulé “se médiatiser en 2.0” — voilà un bel objectif, non?

Si je pressentais une petite dissonance entre ce que j’avais prévu en matière de discours et d’exercice, je n’avais pas vu venir ça aussi fort. Un exemple de plus de l’irréductibilité de l’expérience humaine: on a beau préparer son speech, sa classe, ou son workshop, le faire “pour de vrai” colore tout différemment. Je pense d’ailleurs que quand on enseigne des choses aussi expérimentales que ce que je fais habituellement, la capacité à improviser et à s’adapter à ce qui se passe dans la salle est capital, même s’il faut jeter son plan de cours par la fenêtre. Etre à l’aise avec ça m’a sauvé la mise plus d’une fois.

Les retours des groupes étaient extrêmement créatifs — mais se situaient tous au niveau entrepreneurial. On va offrir tel service, etc. Un exercice extrêmement réussi, au fond, pas celui que j’avais essayé de lancer! Peut-être que mon cadre n’était pas assez bien défini — ou peut-être aussi simplement était-ce impossible. Je penche pour la deuxième solution.

J’ai expliqué ça et soumis le casse-tête à la classe. Une proposition de la salle rejoignait exactement l’exercice “bis” que j’avais concocté durant le premier travail de groupe: un des participants allait se porter volontaire pour partager une de ses passions avec le groupe (première partie de l’exercice: comment communiquer une passion à des quasi-inconnus autour d’une table, les intéresser, les faire “rentrer” dedans?), puis le groupe allait réfléchir ensemble à des sujets d’articles de blog sur cette thématique, pour en préparer une petite liste.

Cet exercice s’est avéré beaucoup plus réalisable que celui d’avant. Mais la fin du workshop approchant, certains étaient perplexes. “Bon alors, comment je me médiatise en 2.0?” — “Concrètement, je fais quoi maintenant?”

Oui, c’est ça qui fait un peu mal. Le succès d’untel n’indique pas nécessairement le chemin à suivre pour autrui. Beaucoup de mon parcours (et de mon “succès”) est lié à ma personnalité, ou à des concours de circonstances. Comment on peut reproduire ça? Difficilement…

Toutefois, il y a, je crois, quelques “take-aways” exportables à partir de mon histoire. Quelques clés que je peux partager.

  • La base, ce sont les gens. Ecrire un blog dans le vide n’avancera à rien. Et quand je dis “les gens”, je pense à de véritables relations, pas à des contacts-networking empilés sous forme de cartes de visites.
  • L’authenticité. On ne peut pas bâtir ces relations si importantes sur une image. Il faut oser être soi un peu, se dévoiler, être un peu vulnérable. Cela n’implique pas la transparence totale, absolument pas, mais ça invite à laisser tomber un peu le masque et à être humain et faillible.
  • Suivre ses intérêts, partager sa passion. C’est lié à l’authenticité: si les montres m’indiffèrent, je ne vois pas comment je pourrais écrire un blog à succès ou devenir une référence dans le monde des montres. La passion contrefaite, on la sent à 15km. Il suffit d’ouvrir une brochure marketing pour s’en convaincre.
  • Et ça prend du temps. C’est Xavier qui a relevé ce point. Dans mon cas, des centaines et des centaines d’heures à chatter, à trainer dans des forums, à bricoler en ligne. Parce que j’avais du plaisir à faire ça — je n’aurais jamais pu y passer autant de temps si c’était juste une “stratégie”.

Deux autres articles que j’ai envie d’écrire suite à ce workshop: un récit de mon parcours (bonjour le cours d’histoire), et peut-être un autre sur la “blog attitude”, comme l’a joliment mis un des participants au workshop.

Merci encore à Xavier et au Swiss Creative Center de m’avoir donné l’opportunité d’animer ce workshop. Et si vous y avez pris part, j’adorerais lire vos retours dans les commentaires!

Au chalet: une vie simple et propice à l'écriture [fr]

[en] Life slows down at the chalet. Fewer options to fill my days. Lots of reading, lots of writing. Hence the flood of blog posts.

Autour du chalet, photo calendrier

Quelques jours au chalet. De la lecture, du triage de photos, de la cuisine, et de l’écriture. Hors ligne, j’ai pondu une bonne dizaine d’articles pour Climb to the Stars. Il faudra rajouter des liens (mais j’ai déjà préparé le terrain en insérant d’emblée les liens mais en mettant “article sur x ou y” à la place de l’URL), certes, mais c’est écrit. Il va juste falloir que je décide comment et à quel rythme les publier.

Est-ce parce que je suis hors ligne? Pas certaine que ce soit la raison principale. En fait, au chalet, ma vie est plus simple. J’avais déjà fait ce constat en Inde (quand je suis ailleurs qu’à Pune).

Ici, je n’ai pas de vie sociale, pas de travail à accomplir, pas de compta à faire. Il n’y a pas de télé, pas d’internet, je n’écoute pas de musique ou de podcasts. J’ai juste à m’occuper des chats et de moi, me faire à manger (les courses c’est déjà fait), et voilà. Je n’ai même pas à réfléchir aux jours qui viennent, après ma petite retraite, car je suis ici dans une parenthèse hors du temps.

Je me suis créé un contexte où mettre des priorités est ridiculement simple, et où il y a très peu de décisions à prendre (quoi lire? quoi écrire? quelles photos trier?). On pense aux auteurs qui s’exilent quelque part pour finir d’écrire.

Je m’endors à 21h et je suis réveillée par les chats à 5h30, après plus de 8h de sommeil. Impensable à la maison, avec les possibilités infinies du monde dans lequel je baigne.

Cet état, je le retrouve également lorsque je navigue. Sur un bateau, il n’y a pas grand-chose à faire (à part naviguer bien sûr, ce qui n’est pas rien!) Vivre ainsi est extrêmement reposant, mais j’ai conscience que ce n’est possible que parce que c’est une parenthèse, justement.

Ça me fait penser à mon année en Inde, qui s’éloigne à grands pas dans les brumes du passé. Après six mois environ, je m’étais reconstruite une vie aussi complexe que celle que j’avais laissée derrière moi en Suisse. J’avais des activités, une vie sociale, des projets. Je procrastinais, mon emploi du temps me stressais, je n’avais “pas assez de temps” (en Inde, vous imaginez!), bref, j’ai bien compris que le problème, c’était moi.

Durant ces parenthèses que je m’offre quelques fois par année, je me demande comment je pourrais simplifier ma vie “normale” — et si c’est possible. J’aime avoir des projets. Je m’intéresse à un tas de choses, trop, même. C’est une force qui me tire en avant, qui est extrêmement positive, mais dont je finis par devenir un peu la victime.

Bien entendu, je gère la complexité de ma vie bien mieux maintenant, à l’approche de la quarantaine, que lorsque j’avais à peine vingt ans. Je me connais mieux, je comprends mieux comment fonctionnent les gens et le monde, j’ai mis en place des systèmes et des stratégies pour éviter de me faire trop déborder, ou pour mieux supporter lorsque je le suis. Ça ne va pas tout seul, ce n’est pas forcément facile, mais dans l’ensemble, je n’ai pas trop à me plaindre.

Alors, faut-il simplifier? Simplifier, ça veut dire faire moins, pour moi, et possiblement, vouloir moins. J’ai récemment mis fin à une activité importante dans ma vie, parce que j’avais pris conscience que c’était juste logistiquement impossible pour moi d’y rester engagée “correctement” vu mon train de vie. Ça a été une décision extrêmement douloureuse qui a mis plus d’un an à mûrir, j’ai versé quantité de larmes et j’en verserai probablement encore, mais maintenant que c’est derrière je suis extrêmement soulagée. Allégée. Mon emploi du temps est un peu moins ingérable, je peux me consacrer mieux à ce que j’ai décidé de garder (et qui était encore plus important pour moi que ce à quoi j’ai renoncé), et j’ai aussi appris que je pouvais “lâcher”, même si ça me coûtait. FOMO et tout ça.

D’expérience, l’espace que je crée dans ma vie en “simplifiant” se remplit toujours assez vite. C’est si facile de dire “oui”! Pour simplifier vraiment, je crois qu’il faut vouloir moins. Difficile.

En attendant, je vais continuer à préserver ces “pauses”. J’en ai en plaine, aussi, mine de rien: je protège assez bien mes week-ends et mes soirées de ma vie professionnelle, par exemple. Mais ma vie personnelle est aussi parfois une source de stress, étonnamment. Et on sait que même avec plus de temps à disposition, ce n’est pas dit que l’on fasse enfin toutes ces choses auxquelles on a renoncé “par manque de temps“.

Mon article tourne un peu en rond, désolée. On en revient toujours au même: la compétence clé, pour moi du moins, c’est la capacité à hiérarchiser, à faire des choix et mettre des priorités. Et là-derrière se cache quelque chose qui est probablement encore plus que ça le travail d’une vie: faire les deuils des désirs que l’on ne poursuivra pas.

Je crois que je vais arrêter là ;-), quand j’ai commencé à écrire je voulais juste vous dire à quel point j’avais pondu une grosse pile d’articles pendant que j’étais ici!

Les réseaux sociaux ont-ils tué les blogs? [fr]

[en] Another one on the "are blogs dead?" meme. Nope, they're not. Surprise!

Réponse courte: non 🙂

Réponse plus longue: pas plus que les réseaux sociaux ont tué l’e-mail, et pas plus qu’internet a tué la télé (quoique…). Quand un nouveau média débarque, il force les anciens à se transformer. Mais de là à dire qu’il les tue… c’est un pas que je ne franchirai pas.

Une chose par contre est sûre: avec l’apparition de Twitter, de Facebook, et de quantité d’autres espaces qui nous permettent “d’exister en ligne”, nos activités de publication on ligne sont redistribuées sur ces différents canaux. Il y a 8 ans, lorsque je voyageais, je mettais un mot sur mon blog pour dire que j’étais bien arrivée. Aujourd’hui, j’utilise Twitter ou Facebook pour cela.

L’émission nouvo m’a interviewée il y a quelque temps pour “La fin des blogs?“, ce qui m’a donné un peu l’occasion de développer mon point de vue en vidéo (vous devez aller sur le site de nouvo pour la regarder, impossible de faire un embed, dommage). Cette discussion a aussi alimenté mon article Paid vs. Free, sur le coût du contenu et les différentes façons (bonnes et moins bonnes) de le monétiser.

Revenons-en aux blogs et à leur prétendue mort ou fin. D’abord, ça fait des années que le thème fait régulièrement surface. En tous cas quatre ou cinq ans, à vue de pif. Et les blogs sont toujours là. On aimerait bien pouvoir dire que les blogs c’est fini, parce qu’alors cela confirmerait qu’ils n’étaient qu’une mode, et non pas une des manifestations de la transformation fondamentale qu’amène internet en matière de publication et de communication — transformation d’ailleurs très menaçante pour les médias traditionnels confortablement en place (enfin, plus si confortablement, justement).

“Les blogs”, ça couvre une variété de formes d’expression dont on ne peut pas toujours aisément parler, à mon avis, en les mettant dans le même panier. Faut-il le rappeler, le blog est avant tout un format de publication. Côté contenu, on peut en faire un tas de choses (les résultats sont plus ou moins heureux). Un blog-journal n’est pas la même chose qu’un blog-roman ou un blog-réflexion ou un blog-politique ou un blog-veille-technologique ou un blog-essai ou un blog-photos ou un blog-voyage. Vous me suivez? Clairement, le skyblog, blog adolescent francophone typique des années 2004-2006, sur lequel on met photos de soi, des ses amis, de son boguet, poèmes ou autres choses glânées en ligne, est avantageusement remplacé par Facebook, qui a l’avantage de ne pas être autant sur la place publique.

En dix ans, mon blog a évolué. Mais il y a d’autres facteurs que l’apparition des réseaux sociaux qui ont joué là-dedans, que diable! On parle de dix ans, quand même! J’ai passé d’étudiante fraîchement rentrée d’une année en Inde à indépendante-experte au rayonnement international (ça sonne bien ça, je vais oublier une seconde qu’il s’agit de moi et laisser ça), transitant par deux employeurs différents en chemin. J’ai changé! C’est normal que mon blog ait changé aussi, vous ne trouvez pas?

Bon, je vais me taire, parce que je crois que c’est une question relativement peu excitante où la réponse ne fait pas grande surprise. Début 2008, j’avais d’ailleurs proposé (et animé) une table ronde là autour lors de BlogTalk 2008 à Cork, en Irlande: comment l’apparition de nouvelles technologies (Twitter en particulier) change notre façon d’utiliser les anciennes (le blog). Vous pouvez regarder la super mauvaise vidéo de l’histoire (en anglais, sous-exposé, audio pas top, début et fin coupés…) si ça vous chante.

Et là, je vais retourner écrire un autre article pour mon blog moribond :-p

Raconter une histoire [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

J’ai eu une révélation ce week-end. Elle concerne l’écriture, et plus particulièrement la fiction. On sort donc aujourd’hui un tout petit peu du domaine de la technologie, mais on y reviendra, vous verrez.

Depuis toute petite, je veux écrire. Des histoires. Mais, contrairement à d’autres aspirants romanciers, les histoires à raconter ne se bousculent pas dans ma tête. C’est même plutôt le grand désert déprimant.

Je vous passe toutes les étapes de mon cheminement par rapport à l’écriture ces dernières années pour aller droit au but: samedi soir, en lisant un livre consacré à l’écriture (pas moins que ça!) j’ai enfin compris que les histoires émergent des personnages qui les vivent.

Cette prise de conscience m’a fait l’effet d’un électrochoc: je faisais tout à l’envers! Depuis des années, je me torture le cerveau à essayer d’inventer des histoires dans lesquelles j’insérerai ensuite, un peu accessoirement, quelques personnages pour leur donner corps. Il faut bien faire vivre les acteurs, après tout.

C’est bien joli, me direz-vous, mais quel rapport avec la technologie qui sert de fil rouge à nos petits rendez-vous du lundi? Les histoires, justement.

Le cerveau humain aime les histoires (c’est d’ailleurs pour ça que les anecdotes gagnent toujours face aux statistiques, et qu’on continue à avoir une peur panique des prédateurs sexuels sur internet et des accidents d’avion). Quand on se lance dans le monde des médias sociaux, en ouvrant un blog, par exemple, on aura beaucoup plus de succès si on sait y raconter des histoires que si on se contente d’y recopier communiqués de presse et autres informations promotionnelles.

A la lumière cette petite porte ouverte sur le monde de la fiction, je relis mes conseils d’il y a quelques semaines pour bien écrire sur un blog, et je réalise qu’il y a maintenant des clés supplémentaires à offrir:

  • lorsque je recommande d’utiliser la première personne dans un blog, c’est bien sûr parce que ça rend la chose plus personnelle et que ça aide à connecter l’auteur et le lecteur, mais c’est aussi parce qu’en se mettant en scène dans son article, on a plus de chances d’en faire une histoire — une histoire réelle, qui émerge de qui l’on est
  • raconter des histoires vraies plutôt que de les inventer, mis à part la question éthique, est une question de survie puisqu’écrire de la fiction crédible est un exercise vraiment difficile et périlleux (sauf peut-être pour les romanciers confirmés).

Donc quand vous écrivez, souvenez-vous: on cherche à raconter des histoires, et une histoire, c’est avant tout l’histoire de quelqu’un. Encore une fois, les êtres humains sont la clé.

Ecrire pour un blog [fr]

[en] A few tips on writing for a blog: don't advertise, be interesting, use your authentic voice, remember the media is conversational, and be a real person writing something. This is not easy to do if you've been formatted to spew commercial copy or marketing-speak, but it can be learned. Learning requires exercise, and often help from others (peers or a trainer).

Hier, séance de formation chez un client. Deuxième séance, quelques mois après la première. Les bases techniques du maniement de WordPress sont acquises, on parle donc plus en profondeur de:

  • quels sujets aborder sur un blog d’entreprise
  • quel style d’écriture utiliser?

Voici quelques éléments intéressants qui ont émergé de nos discussions, et que je reproduis ici.

Publicité

En y réfléchissant bien, peu de personnes vont volontairement aller chercher du contenu publicitaire à lire. Toute l’industrie télévisuelle tourne finalement autour d’un but: attirer des gens devant un écran pour pouvoir leur enfiler de la publicité (oui, je suis un peu cynique). Mais sérieusement, la publicité c’est ce qu’on met sous les yeux des gens quand ils ne peuvent (ou ne veulent) pas s’échapper. Si on leur propose de s’abonner à du contenu purement publicitaire, peu de chances qu’ils le fassent.

Avec un blog, et en ligne en général (je pense aussi à Twitter), le public n’est jamais prisonnier. Il peut s’en aller d’un clic de souris. Si on veut utiliser un canal en ligne pour faire passer du contenu publicitaire, il faut le faire avec beaucoup de délicatesse — au risque de crier dans le désert.

Etre intéressant

Du coup, la logique rédactionnelle d’un blog ne peut pas être purement publicitaire (ou purement “marketing”, au sens de “pousser à la vente, à la consommation, promouvoir directement”). On privilégiera du contenu véritablement intéressant pour le lecteur. Pour le lecteur — pas du point de vue de l’entreprise.

Qu’est-ce qui intéresse vraiment les gens, du coup? C’est ça la grande question, mais voici quelques pistes:

  • rencontrer les êtres humains qui sont derrière l’entreprise
  • en apprendre plus sur le fonctionnement de l’entreprise ou son histoire
  • se cultiver (surtout quand la culture est intéressante!)
  • avoir droit à des informations “insider” pas forcément accessibles ou évidentes pour tout le monde…

C’est assez vague, tout ça, et il est possible (malheureusement) d’aborder ce genre de sujet de façon totalement inintéressante… Ce n’est pas une recette magique garantie!

Un ton authentique

La clé réside le plus souvent dans le ton utilisé. Le language marketing, “communiqué de presse”, pub, ou trop journalistique est à éviter. Oui, me direz-vous, mais comment faire?

Ce qu’on cherche, c’est à parler comme des êtres humains. Il faut pour cela souvent se “dé-formatter” (beaucoup de professionnels de la communication sont des crispés du “je”, par exemple). Le ton juste, c’est celui qu’on utiliserait dans un e-mail à un ami, ou bien dans une conversation avec des amis autour d’une table. Bien sûr, c’est de l’écrit, mais on se rapproche de ça.

Pour faire ça, quelques trucs:

  • raconter des histoires ou des anecdotes vraies (ne pas inventer!)
  • se mettre en scène dans l’histoire: raconter depuis son point de vue et utiliser la première personne
  • élaguer au maximum les informations publicitaires/marketing (les lecteurs peuvent toujours laisser un commentaire pour demander des précisions)
  • se mettre dans les chaussures la peau du lecteur, ou du moins l’imaginer en face (“est-ce que ça l’intéresse vraiment, ce que je raconte?”)
  • rester dans un état d’esprit “dialogue, conversation”.

Un petit tuyau: quand on est passionné par ce qu’on écrit, ça vient plus naturellement!

Un média conversationnel

Le dernier point de la liste ci-dessus est capital: avec un blog, nous sommes dans une conversation. Bien sûr, pas dans une véritable conversation en face-à-face, mais quand même, dans une dynamique d’échange.

Vous avez déjà certainement dû subir des cours ou des conférences où l’orateur lit son discours ou débite un monologue assommant. Comparez cela au bon orateur, qui n’est pas en train de parler au public, mais de discuter avec les gens dans la salle (même si ce n’est que lui parle).

On cherche à faire la même chose dans un blog. Si on parle comme une brochure de marketing, personne ne nous répondra. Un être humain, par contre, c’est autre chose: on peut discuter avec!

Autre avantage d’un style informel et conversationnel: votre lecteur retiendra mieux ce que vous lui dites. En effet, il a été démontré que l’utilisation du “je” et autres marqueurs de la conversation dans le language écrit informel donnent au cerveau l’illusion qu’il est dans une conversation. Du coup… il est plus attentif! Kathy Sierra explique très bien tout ceci (en anglais).

Une vraie personne qui écrit

Bloguer nécessite de se dévoiler un tout petit peu. Pas de raconter ses pensées ou envies les plus secrètes, bien entendu, mais quand même de se livrer un peu. Si le blog “marche”, c’est qu’il met le lecteur en contact avec quelqu’un d’humain, d’imparfait, d’atteignable. Quelqu’un comme lui — pas une organisation ou institution désincarnée.

Il est important pour cela que le blog soit formatté de façon à ce que le nom de l’auteur apparaisse à côté de l’article — ou le cas échéant, que les auteurs signent leurs articles. Si c’est Julie ou Sophie ou Robert qui écrit, ce n’est pas la même chose! Je veux savoir qui me parle, et à qui je parle si je réponds.

Comment changer?

Le problème de beaucoup de personnes qui se mettent au blog, c’est d’avoir été “formatté” à écrire dans un language pseudo-neutre, impersonnel, journalistique, ou marketing/commercial. Il faut “désapprendre”.

Heureusement, on sait tous avoir des conversations avec nos amis, ce qui nous donne un point de repère.

Il vaut la peine de se mettre à plusieurs, de regarder ses productions et celles des autres avec un oeil critique et impitoyable:

  • est-ce que ça sent la pub?
  • est-ce qu’on y croit?
  • est-ce que le lecteur de passage a une chance d’y trouver un intérêt?
  • est-ce que le narrateur (celui qui écrit) est présent dans l’histoire?

Puis, si nécessaire, retravailler, récrire. Ça ne vient pas tout seul, mais ça peut s’apprendre.

Cherche blogueurs branchés voyages (pour blog ebookers) [en]

[fr] As the editor of the upcoming ebookers blog in French, I'm looking for a few motivated French-speaking bloggers to write about travel-related topics (paid blogging).

Ceux qui me suivent sur Twitter ont peut-être déjà vu passer un appel ou deux. Voici les détails.

Vous connaissez certainement ebookers, la première agence de voyages en ligne suisse. Ils ont depuis un moment déjà un blog en allemand, et désirent à présent en lancer un en français.

La rédactrice en chef de ce nouveau blog couvrant toutes sortes de sujets touchant au voyage, c’est bibi. Nous publierons une vingtaine de billets par mois. Les auteurs seront rémunérés (quelques dizaines de francs par article; ce ne sont donc pas des sommes folles, mais un contributeur régulier peut espérer faire quelques centaines de francs par mois suivant la quantité de publications) et on commence en janvier. De plus, participer ainsi à un projet de blog collectif permet d’augmenter sa visibilité en tant que blogueur, et d’acquérir une expérience professionnelle originale.

Donc, opération recrutement: je recherche trois-quatre blogueurs motivés et passionnés par les voyages, intéressés à contribuer régulièrement à ce “blog de voyages” (mélange de sujets libres et de sujets “sur commande”). Plusieurs personnes m’ont déjà signifiée leur intérêt. Histoire de formuler tout ça (et aussi parce que tout ce qui est “sous” passera par Blogwerk, l’entreprise qui gère ce projet pour ebookers), j’ai préparé un petit formulaire de candidature que vous trouverez ci-dessous. On vous demande 5 idées d’articles et un exemple d’article. N’hésitez pas à étudier un peu le blog en allemand pour vous faire une idée des sujets possibles (destinations, tuyaux pratiques, voyage en général, actualités, récits de voyage&)

J’attends avec impatience vos candidatures, et je me réjouis du démarrage de ce blog! Si vous avez des questions, les commentaires sont là pour ça.

Pas Superwoman! [fr]

[en] I'm postponing the blogging seminar (similar to the surprisingly successful one I gave at LIFT08) I was planning to do at the end of this month. I can't both promote Going Solo and this seminar correctly at the same time -- there aren't enough hours in the day and I'm not Superwoman. If you're interested in such a seminar, get in touch -- and when I have enough interested people I'll set a date. In English or French!

Contrairement à l’image que certains me renvoient, je ne suis pas Superwoman. Et souvent, j’ai les yeux plus gros que le ventre.

Tout comme j’ai mis le projet “livre” un peu sur la touche pour me consacrer à des activités plus directement lucratives (vous savez que ce n’est que l’appât du gain qui me motive), je me rends compte que je n’arrive pas à faire la promotion de Going Solo (les inscriptions sont ouvertes, profitez du tarif spécial de cette semaine de lancement) et faire également la promotion du cours d’initiation aux blogs que je comptais organiser le 26 de ce mois.

Vous noterez donc l’usage subtil de l’imparfait dans la phrase précédente, qui vous indique que je reporte ce cours. Comme je l’ai déjà écrit ou du moins dit, les personnes qui vont s’intéresser à ce cours ne sont probablement pas des lecteurs de ce blog. Cela demande donc que je fasse de la pub plus “active” que ce dont j’ai l’habitude — et en ce moment, j’avoue que promouvoir Going Solo me prend toute mon énergie (je passe les négociations avec les partenaires, un nouvel afflux de demandes de conférences, voyages prévus et conférences à l’étranger, sans compter que je n’ai encore quasi rien blogué au sujet de Going Solo en français, bref).

Donc, plutôt que de faire les choses mal, que de persévérer à vouloir maintenir une date parce que je l’ai fixée, je préfère carrément la faire sauter (parce que, regardons les choses en face, avec le peu de pub que je vais pouvoir faire, le cours ne sera pas assez plein, et je vais devoir faire sauter de toute façon).

Sur le concept, par contre, je persiste et signe. Mon workshop à LIFT (exactement la même chose, mais en anglais) a suscité un nombre tout à fait satisfaisant d’inscriptions et de participants (pas forcément les mêmes) — d’autant plus pour une conférence branchée “technologie” comme LIFT — et la formule a parfaitement fonctionné. Retours très positifs de la part des participants (même ceux qui n’avaient pas amené leur ordinateur, un comble!) et une invitation à donner ce genre de séminaire à la Réunion (j’y réfléchis sérieusement, ça peut être sympa d’allier le profitable à l’agréable).

Voici comment on va procéder (j’ai mis à jour la page des séminaires pour refléter ça): les personnes intéressées me le font savoir. Je garde une liste de ces personnes. Quand il y en a assez pour organiser un cours (disons, 6), j’organise. Et pour ceux qui auraient des besoins urgents de cours de blog, on peut toujours s’arranger.

Sur ce, la Pas-Superwoman va aller s’occuper de sa pile d’e-mails, et se nourrir. A plus, et n’oubliez pas de promouvoir Going Solo autour de vous. Si, si — ça me rend grandement service!