Nuit du Journal Intime: réflexions [fr]

[en] I was part of a panel in Geneva last Saturday. It was about intimacy in the age of blogs and the internet. Interesting experience, very different from the geek/tech events I'm used to. Some thoughts about the evening.

Nuit du Journal Intime 30

Je reviens (pas trop à  chaud) sur la soirée de samedi à  Genève. Dans l’ensemble, ce fut une bonne soirée, malgré mon rhume bien installé. Quelques réflexions en vrac. J’ai pris quelques photos que je suis en train de mettre en ligne.

Accueil

Je suis de plus en plus sensible à  la qualité de l’accueil lorsque je me rends quelque part pour une conférence ou un interview. Est-ce que quelqu’un est là  pour m’accueillir, déjà ? Dois-je payer mon café? Ce sont des petites choses qui ne sont jamais spécifiées dans le “contrat”, mais qui comptent. Quand je me déplace pour parler dans une école, on me paie, certes, mais je suis quand même une “invitée”.

Par exemple, j’ai récemment commencé à  insister pour qu’une personne soit présente quelques minutes avant le début de mon intervention pour régler les problèmes techniques s’il y en a. J’ai déjà  à  porter le poids de la prestation publique (si on peut appeler ça ainsi) sans avoir à  courir à  droite et à  gauche juste avant de parler parce que telle ou telle chose ne fonctionne pas.

Lorsque je me déplace pour un interview, je suis sensible aussi à  ce genre d’attention. Est-ce qu’on me fait poireauter dans la cafétéria durant près d’une demi-heure, Nuit du Journal Intime 3comme cela m’est arrivé récemment? Est-ce qu’on s’occupe de mes frais de transport? Comme je l’ai dit ici il y a quelque temps, j’ai passé le stade où je suis heureuse de donner du temps et de l’argent simplement pour figurer dans la presse.

Assez de grogne: l’accueil à  la Nuit du Journal Intime était très bon. Petit salon pour les débattaires, choses à  grignoter, boissons, petit cadeau joli (un carnet d’écriture et une boîte de thé), souper offert après le débat. Foie gras, s’il vous plaît. Très bon de surcroît. J’ai un peu poireauté dans le hall, mais par ma faute: j’ai marmonné un peu trop timidement au réceptionniste que j’avais rendez-vous à  18h30, sans annoncer clairement que je venais pour participer au débat. Ça m’apprendra, pour la prochaine fois.

Intimité

Nuit du Journal Intime 34

Qu’est-ce que l’intimité? Qu’est-ce qui est intime, pour moi? Pour ouvrir le débat, on nous a demandé à  chacun d’expliciter un peu notre rapport à  l’intimité. Quelles sont les choses qui font partie de notre sphère intime? J’ai de la peine à  répondre. De prime abord, je dirais “ce que je ne publie pas dans mon blog,” car pour moi, l’intime s’oppose au public. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. On peut étaler son intimité en public — cela reste l’intimité. Ou non?

Nuit du Journal Intime 10

Disons plutôt que pour moi, ce qui est intime est ce que je ne partage pas facilement. Ce que je ne livre qu’à  des personnes choisies, et pas au monde. Ou encore, c’est ce qui m’expose quand je le partage. Dans ce sens là , on peut trouver dans ce blog quelques (rares) passages qui abordent des sujets intimes.

Je pense qu’il y a une distinction importante à  faire entre “l’intimité personnelle” (ce que je considère intime) et “l’intimité sociale” (ce que le société considère comme faisant partie de la sphère intime). Catherine Millet, auteur de La vie sexuelle de Catherine M., disait lors du débat que pour elle, l’intimité se situait plutôt au niveau émotionnel que corporel/sexuel. Voici à  mon avis un exemple de cas où son intimité personnelle ne coïncide pas avec l’intimité sociale.

Ambiance

Ambiance très sérieuse, pour moi qui sortait directement de LIFT’06. Les événements geeks et le milieu des blogs en général sont très relax. On se tutoie, on ne se prend pas (trop) au sérieux, on se plante et on recommence. Me retrouver sur scène, avec des personnes que je connais à  peine et que je vousoie (c’est bête, mais pour moi ça fait vraiment une différence), qui ont clairement plus l’habitude que moi de ce genre d’exercice, éblouie par les projecteurs… J’avoue que je me sentais relativement peu à  ma place.

Ça s’est bien passé, pourtant. J’ai “fait ma blogueuse”, j’ai dit un peu mes doutes, ce que je ne savais pas, et aussi un peu ce que je savais. J’en prends conscience en écrivant: il y avait beaucoup plus de mise en scène ce soir-là  que ce dont j’ai l’habitude. C’est ça: la mise en scène. C’est étrange pour moi.

Nuit du Journal Intime 25

J’ai trouvé le débat un peu difficile à  suivre par moments. Je ne voyais pas tellement, en fait, où était le débat. C’était intéressant d’écouter ce que les autres invités avaient à  dire, mais des fois j’avais l’impression que l’on ne s’entendait pas vraiment.

Hors de la grande salle de spectacles, de retour dans le lounge avec bougies, velours rouge et petites tables pour les lectures de journaux intimes et le repas, c’était très joli et chaleureux.

Nuit du Journal Intime 18

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est l’interview-radio avec la DRS, après le débat, de retour dans le petit salon. La journaliste nous a demandé de revenir sur le débat, sur ce qu’on y avait appris, ce qu’on en avait gardé. Puis on a commencé à  discuter. On a abordé des choses qui n’étaient pas intervenues dans le débat. Pour moi, c’était plus riche, finalement, que la forme un peu dirigée du débat. Ce n’est pas étonnant que ma préférence aille dans ce sens: les blogs, les podcasts, internet… c’est le lieu de la conversation, sans forme prédéfinie. C’est dans ce milieu-là  que je me sens à  l’aise.

Droits d’auteur

Après l’interview, j’ai demandé à  la journaliste s’il était possible d’avoir une copie de ce qu’elle avait enregistré, entre autres parce que j’y avais mis en mots des choses que j’avais envie de pouvoir garder et utiliser. (En passant, ça m’a fait très bizarre, durant le débat, de penser que nous n’étions pas enregistrés. J’ai trop l’habitude, avec le web, de laisser des traces derrière moi.)

Nous avons ensuite parlé de droits d’auteur, parce que j’exprimais mon désir de rendre disponible certaines choses sur le web. J’ai lu récemment (je ne sais plus sur quel blog, honte à  moi) qu’un blogueur avait reçu l’interdiction de la part d’une journaliste de publier l’interview par e-mail qu’il lui avait accordé. Le blogueur en question disait quelque chose comme ceci: de quel droit peut-on m’interdire de mettre à  disposition mes propres mots? De même, la DRS peut-elle prétendre détenir des droits sur ce que j’ai dit durant cet interview, parce qu’elle a fourni le matériel d’enregistrement? Et si j’avais enregistré en parallèle avec mon matériel? J’ai mentionné l’épisode du vidéocast de Robert Scoble, où j’ai fait précisément ça, avec l’accord des intervenants.

En fait, a précisé la journaliste, ce n’est que sur ses mots à  elle que la DRS détient des droits d’auteur. Cela fait, sens, car lorsqu’elle nous interviewe, elle représente la radio pour laquelle elle travaille. Quand j’aurai reçu le CD, je ferai donc un montage avec mes propres mots et le mettrai en ligne.

La journaliste connaissait EFF, Creative Commons, etc… j’en suis baba!

Et vous? Etiez-vous à  cette soirée? Qu’en avez-vous pensé?

Un cactus pour le Centre Thermal d'Ovronnaz [fr]

Le Centre Thermal d’Ovronnaz nous a non seulement donné de fausses heures de fermeture lorsque nous les avons appelés ce soir, mais en plus nous avons poireauté bien quinze minutes à la réception pendant que les deux employés prenaient téléphone sur téléphone, sans même un “bonsoir”, pour apprendre que le centre était fermé depuis un bon moment. Récit de la mésaventure.

Mise à jour 21.10.06: Lisez la fin de l’histoire. Tout est bien qui finit bien (excuses et entrées gratuites).

Je suis en camp de ski avec mes élèves à Ovronnaz. A Ovronnaz, il y a des bains thermaux. Après une demi-journée de ski intense (la première pour moi depuis plusieurs années) je n’attendais qu’une seule chose: aller me plonger dans les eaux chaudes et bienfaisantes du centre thermal. L’idée était d’y aller après le souper avec les deux moniteurs intéressés, alors que les élèves regarderaient un film ou joueraient à des jeux de société sous l’oeil vigilant de mes collègues.

Vers la fin du repas, Stéphane (un de nos moniteurs) appelle les bains pour vérifier leurs heures d’ouverture. Magnifique: ils sont ouverts jusqu’à 21h30, avec une dernière entrée à 20h45. Il était 19h45, nous avions donc amplement le temps de boire le café, de nous y rendre tranquillement et de faire encore une bonne trempette. On se met en route une demi-heure plus tard, on se perd un peu en chemin, mais on arrive à la réception peu après 20h35 (disons, 20h36).

Il y a deux employés à la réception des bains. Ils sont au téléphone. On attend patiemment. Au bout d’une minute ou deux, on commence quand même à trouver qu’ils pourraient signifier qu’ils avaient remarqué notre existence, surtout qu’ils ne paraissaient pas pressés de terminer leurs appels. Mais non, pas un regard, pas un mot. On aurait pu être transparents.

Cinq minutes plus tard, je commence gentiment à piaffer un peu. C’est quand même pas croyable! Enfin, l’apprenti semble mettre fin à son appel. Je me penche un peu sur le comptoir, j’ouvre la bouche… mais il a à peine raccroché qu’il prend déjà l’appel suivant. Je reste là , bouche bée et outrée. Je tente d’interrompre sa collègue avec un “excusez-moi” qui tombe à plat lorsqu’elle ne bronche même pas.

Là , je m’énerve franchement. Intérieurement, il va sans dire. J’ai quand même envisagé de grimper sur le comptoir de la réception et de hurler “on existe, ou quoi?” mais je me suis retenue. Stéphane, Valérie et moi échangeons quelques commentaires incrédules concernant la situation dans laquelle nous nous trouvons. En désespoir de cause, je suggère à Stéphane de rappeler la réception. Peut-être sera-ce plus efficace que notre présence physique sous leur nez?

21h47. 20h47.

L’apprenti termine un nième appel. J’ai fait des trous dans le comptoir avec mes ongles et j’ai probablement l’air prête à lui arracher la tête. Il pose son téléphone et me dit enfin bonjour. Avec un calme admirable, je lui dis que nous désirons trois entrées pour les bains. Devant son air un peu perplexe, je précise qu’on nous a dit que la dernière entrée aux bains était à 20h45, mais que cela fait dix bonnes minutes que nous attendons ici même. Il a l’air embêté. Il m’explique qu’il n’a pas accès au guichet de vente des tickets qui est à présent fermé à clé. Mais… mais! On nous a dit qu’on pouvait entrer aux bains jusqu’à 20h45!

Et là , le verdict tombe: “Oh, putain…” (Donc, voilà , je vais continuer à tenter d’extirper les grossiertés du language de mes élèves, cela pourrait leur servir dans leur future vie professionnelle…) “…mais ça ferme à 20h15! Et il faut sortir des bains à 20h45, parce qu’après ils nettoient les bassins…”

Stéphane: “Bon, appelez-moi le gérant.” (Je peux vous dire que là , il avait pas l’air commode, Stéphane…) Je vous épargne la suite du dialogue. En gros, nos deux réceptionnistes (la collègue de l’apprenti avait entre-temps fini son téléphone et se penchait également sur notre cas) étaient seuls, et il n’y avait plus grand chose à faire. Nous avons vérifié et contre-vérifié que le numéro que Stéphane avait appelé était bien celui de la réception devant laquelle nous nous trouvions. Les réceptionnistes sont incrédules lorsque nous affirmons qu’eux ou un de leurs collègues nous a donné cette fausse information (visiblement un de leurs collègues, un homme, nous insistons). Nous repartons avec des excuses bien embarrassées et la carte de visite du Chef de Réception.

Je suis furieuse — les autres également, j’imagine. Déjà , qu’on nous donne une information aussi fausse concernant les heures d’ouverture. J’ai bien cuisiné Stéphane, et il est formel: il a même répété les heures qu’il avait comprises à la personne au téléphone qui lui les a confirmées. Ensuite, qu’on nous fasse poireauter près d’un quart d’heure à la réception, sans même nous dire “bonjour”!

Le moindre des choses aurait été de poser son téléphone (“Un p’tit instant Monsieur… Oui bonjour, qu’est-ce que je peux faire pour vous? — Ah, je suis à vous dès que j’ai fini mon appel.” ou bien “Je suis à vous dans un moment!”) Depuis quand ignore-t-on une personne qui se tient en face de vous parce qu’on est au téléphone? Et bien pire, depuis quand enchaîne-t-on avec un second appel sans même s’interrompre une seconde pour faire signe à la personne qui attend à la réception? Si les employés ne sont pas là pour répondre aux requêtes des clients qui se présentent à la réception, il ne faut pas qu’ils s’y trouvent.

En bref: deux bourdes monumentales pour le service clientèle du Centre Thermal d’Ovronnaz. On espère qu’ils auront au moins la délicatesse de nous offrir trois entrées gratuites lorsque nous nous y rendrons demain.

Billet ante-daté pour cause de mauvais réseau wifi.