Faire preuve de courage face au deuil [fr]

[en] Being brave in grief is not hiding outward displays of pain or sadness. It is, quite on the contrary, daring to face the full extent of our pain. That is way more scary than sticking a lid on things and pretending it's ok. (Inspired to write by this article).

Quand on parle de courage dans le contexte du deuil, on entend généralement ça dans le sens d’être “fort”, à savoir ne pas montrer à l’extérieur l’étendue de sa peine ou de sa détresse.

Mais le vrai courage, face à un décès ou une perte qui bouleverse notre existence, c’est d’oser sentir combien ça fait mal, combien on souffre, combien on est triste et désespéré. D’oser sentir le trou béant de l’absence, que la vie a perdu tout son goût, qu’on ne peut pas imaginer aller de l’avant ainsi. Sans.

Neige et chalet 126 2015-01-18 17h40

Notre douleur est à la mesure de notre attachement. Et c’est uniquement en prenant la mesure de celle-ci, en seaux de larmes, qu’on peut espérer accepter cette inacceptable absence.

La tristesse, c’est en fait le signe qu’on accepte un peu plus. Le refus de faire face, le couvercle qu’on met sur nos émotions, c’est ce qu’on appelle le “déni”. C’est essayer de faire semblant qu’on ne souffre pas tant que ça. Et c’est cette attitude, justement, qui risque fort de nous empêcher de retrouver goût à la vie, voire même de laisser des séquelles.

J’entends parfois des personnes en deuil me dire qu’elles n’arrivent pas à pleurer. J’ai passé par là aussi. L’antidote est plutôt simple, en fait: il s’agit de prendre conscience que la force de notre “refus” (“je ne veux pas qu’il/elle soit mort, je ne veux pas qu’il en soit ainsi, je ne veux pas vivre avec cette absence”) est le reflet de notre peine. Dans ces moments de refus ou de rejet, on peut rentrer en contact avec sa peine simplement: “si, il va falloir…”

Le courage, c’est ça. C’est oser sentir sa tristesse, oser plonger dans ce puit sans fond qui, nous le croyons, va nous anéantir, avec la conscience que c’est à travers cette tristesse que l’on va finir par accepter l’absence que l’on refuse absolument d’accepter.