D'où vient cette idée de livre? [en]

[fr] An attempt to start book-writing. How I came to the field of teenagers and online culture, and what questions the book will try to address.

L’obstacle majeur pour l’accomplissement d’une tâche est souvent simplement de se mettre au travail. Il en va de même pour l’écriture. Il m’a fallu près d’un an pour commencer à écrire mon mémoire, et un peu plus d’un mois pour en achever la rédaction lorsque je m’y suis finalement mise. J’ai appris et compris, à cette occasion, qu’écrire n’importe quoi c’est déjà commencer. En particulier, raconter comment on est bloqué et ce dont on voudrait parler si on parvenait seulement à écrire, c’est déjà un excellent pas en avant.

Au milieu du mois d’octobre passé, j’ai réalisé que j’avais la matière nécessaire pour écrire ce fameux livre dont j’avais toujours dit que je l’écrirais un jour, mais que je n’avais aucune idée de quoi il parlerait et que dans tous les cas, je n’étais pas prête à me lancer dans une opération de cette envergure. Depuis, j’ai fait un plan, j’y ai beaucoup pensé, j’en ai beaucoup parlé, j’ai pris la décision ferme de l’écrire, et je l’ai annoncé [sur mon blog](http://climbtothestars.org/categories/livre/). Mais je n’ai pas écrit une seule ligne.

Oh, c’est clair : début d’une vie professionnelle indépendante, les [mains qui font mal](/tms/), quarante-six mille autres projets… Plein de bonnes raisons objectives, mais surtout, il faut bien l’avouer, une bonne vieille trouille de me jeter à l’eau. Maintenant, [le Dragon est installé sur mon Mac](http://climbtothestars.org/archives/2007/03/31/nouveau-dragon), je suis en Angleterre pendant deux semaines, et il n’y a donc aucune raison objective de ne pas commencer.

Donc, je commence. Et je commence par vous expliquer ce qui m’a mené à écrire ce livre, dans l’espoir que cela éclairera — et me permettra de clarifier — la problématique que je désire aborder et le traitement que j’en ferai.

Début 2004, suite à mon apparition à l’émission télévisée Mise au Point, on m’a demandé pour la première fois de venir faire une conférence dans une école. Il s’agissait de parler à une classe d’élèves et de leur expliquer ce qu’étaient les blogs, à quoi ils pouvaient servir et surtout, de les rendre attentifs au fait qu’il y a des limites à ce que l’on peut publier sur Internet. L’école en question s’était en effet retrouvée confrontée à quelques débordements de ce côté-là et à l’incompréhension des élèves (leurs protestations vigoureuses, même) lorsqu’il lui avait fallu intervenir.

Durant les mois qui précédaient, jeune enseignante, j’avais en effet découvert les élans blogueurs de mes élèves, et par extension, ceux de toute une population adolescente que j’avais largement ignorée jusque-là. J’avais commencé à m’y intéresser et j’avais déjà tiré quelques conclusions concernant les causes des incidents dont les médias se régalaient, et qui impliquaient des publications d’adolescents sur des blogs. Quelques problèmes de cette nature auxquels j’avais été directement confrontée avec mes élèves de l’époque m’avaient aussi donné une expérience personnelle de la situation.

Ma première [conférence en milieu scolaire](http://stephanie-booth.com/conferences/) a été extrêmement bien reçue. On m’a demandé d’en faire une deuxième, puis une troisième. D’autres établissements scolaires m’ont contactée. J’ai commencé à parler non seulement aux élèves, mais également aux enseignants et aux parents. Et les conférences, ça va dans les deux sens. Je viens pour donner quelque chose, mais en retour, il y a toujours des conversations, de nouvelles personnes à rencontrer, des histoires à entendre, bref, des choses à apprendre pour moi.

En parallèle, [les médias ont commencé à faire appel à moi](http://climbtothestars.org/about/presse) régulièrement pour toutes sortes de sujets touchant aux blogs, mais principalement (au début en tout cas) dès qu’il s’agissait de blogs et d’adolescents. Prof et blogueuse assez en vue, c’était visiblement un mélange détonnant.

Au fil de mes contacts avec le monde des gens qui connaissent mal les blogs, j’ai pris conscience que beaucoup de choses qui pour moi relevaient du sens commun n’allaient en fait pas du tout de soi. J’ai réalisé que j’avais des choses à dire, et même des tas de choses à dire, et que ces choses étaient utiles à autrui. En fait, j’ai pris conscience que nous étions face à un problème à grande échelle, touchant une génération d’adolescents et de parents, ainsi que les éducateurs, et que j’étais en train d’y proposer des solutions. Les solutions que je proposais étaient bien modestes : il s’agissait simplement d’informer chacun selon ses besoins et préoccupations, de leur communiquer ce que je savais et j’avais compris de cette culture numérique, celle des blogs, du chat, de l’Internet vivant, et de l’impact que cette culture était en train d’avoir sur notre société.

Voilà donc de quoi je veux parler dans ce livre. Quel est ce problème exactement ? Que peut-on dire de ses causes ? Quelles sont les conséquences que nous voyons aujourd’hui ? Que peut-on faire, que doit-on faire pour y remédier ? Je vais essayer de répondre à ces questions dans les grandes lignes lors de mon prochain billet.

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Premier jet d'un vague plan [en]

[fr] Here's the really rough first draft of the outline for the book, as I got it down in a bit under an hour many months ago. It will certainly need reworking.

D’abord, merci, vraiment merci, pour [vos encouragements](http://climbtothestars.org/archives/2007/02/17/livre-je-me-jette-a-leau/#comments), surtout entre samedi soir tard et dimanche midi! Je suppose que c’est aussi un des avantages de se mettre à écrire un livre sur la place publique (ce blog en l’occurence): je me sens un peu moins seule face à mon grand projet.

Comme promis, voici l’ébauche de plan que j’avais mise sur papier (décidément, il nous faut urgemment des équivalents numériques à ce genre d’expression) en moins d’une heure, il y a près de six mois. Ce n’est certainement pas définitif, mais il faut bien commencer quelque part, et ça a au moins le mérite de tenter d’éclairer un peu ce que j’ai dans la tête.

  • Introduction
    • la technologie évolue de plus en plus vite => l’écart se creuse
    • ados livrés à eux-mêmes pour découvrir
      • outils
      • communautés
      • nouveaux moyens d’être en contact avec autrui
  • Ce que les ados font en ligne
    • bibliothèque vs. ville
    • msn/jeux/blogs
    • réseau social s’étend au-delà de la vie hors ligne
  • Regard sur les blogs d’ados
    • pourquoi le font-ils?
      • mémoire collective
      • tribu
    • ce dont ils sont faits
      • photos
      • paroles copiés, poèmes
      • anecdotes
      • le plus souvent: album photos
  • Problèmes sur les blogs d’ados
    • mobbing
    • insultes
    • suicide/dépression
    • s’exposer
      • peau
      • actes
        • vol
        • drogues
        • fêtes
  • Pourquoi nous avons ces “problèmes”
    • anonymat
      • être discrets
      • comment on peut tomber ‘par hasard’ sur qc en ligne
    • permanence du contenu numérique
    • inconscience du caractère public du blog
    • communauté purement de pairs
  • Une approche de cette situation via les écoles
    • personne externe connaissant bien l’internet social
    • approche triple: parents, enfants, enseignants
  • Que dire et comment

Clairement, il faudra reprendre ça. Prochaine étape, je pense, avant, c’est d’essayer de mettre par écrit de façon succinte la problématique dont traitera ce livre (idée attrapée [chez Karim](http://ecrire-conseils.blogspot.com/2006/10/comment-identifier-de-grandes-ides.html), merci!). Comme je l’ai dit hier, je crois que j’ai besoin d’être un poil plus au clair sur où je vais avant de me lancer dans la rédaction proprement dite — sinon je vais me perdre.

Sur ce… j’abrège, parce que [bobo](/tms/) — allez donc savoir si c’est lié, ou quoi. Dragon et Parallels seront de la partie. Il faut juste que je m’encourage à les installer, entre une visite d’école, une matinée chez un client et une table ronde à Genève. La suite au prochain épisode!

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Livre: je me jette à l'eau [en]

[fr] Prompted this evening by a conversation with Peter Hogenkamp about what I might talk about at BlogCampSwitzerland, I've decided that after many months of not acting upon my decision to write a book, it was time to take a deep breath and jump in. The conversation I had at LIFT with Sarah, Stowe and Trine-Maria clearly also prepared me to take the plunge.

The book will be in French, so I'm afraid this is not very exciting news for my English-speaking-only readers. I'm more comfortable writing in French than English, and also, there is already a clear local and francophone interest for the book topic: teenagers, blogs, the internet, the chasm between parents and children when it comes to social media and online culture, and what can/should be done about it in terms of "media education".

The first draft of the book contents was made in English, though, so you'll get a copy of it when that post comes up. Oh, and if you were thinking of suggesting that I write the book in French and English at the same time... you probably haven't thought it through 😉

Il y a plusieurs mois, suite à une longue discussion avec mon ami [David Galipeau](http://galipeau.blogspot.com/), je me suis retrouvée en fin de soirée un peu surprise et la tête légère à me dire qu'[écrire un livre paraissait soudain possible](http://climbtothestars.org/archives/2006/10/14/writing-2/), et que je tenais un sujet. Le lendemain, j’ai rapidement établi un plan général de ce que pourrait être le livre dans [Freemind](http://freemind.sourceforge.net/wiki/index.php/Main_Page).

Puis, j’ai passé près de six mois à ne pas avancer. Je souffrais d’un accès aigu de [TMS](/tms/), donc pas question de me mettre à rédiger avant d’avoir installé [Parallels et le Dragon](http://climbtothestars.org/archives/2006/10/22/premiers-pas-paralleles/). L’opération a échoué, entre autres pour cause de mal aux mains qui m’empêchait de mener à terme l’installation (ironie!). Aussi, j’avais décidé que je voulais [bloguer l’écriture du bouquin](http://redcouch.typepad.com/weblog/2004/12/ “Le cas qui fait école: Naked Conversations.”), et je n’étais pas trop sûre si j’allais le faire sur ce blog ou un autre. Puis, last but not least, écrire ça prend du temps, et j’étais un peu inquiète à l’idée de me lancer dans une entreprise comme ça chronophage alors que je n’étais pas encore très sûre dans quelle mesure [mon job de consultante indépendante](http://stephanie-booth.com) me permettrait de tourner confortablement ou non.

Bref, des tas de très bonnes raisons, mais franchement, surtout la trouille de me lancer dans quelque chose que je veux faire depuis aussi longtemps que je me souvienne (écrire un livre), mais qui m’intimide.

Ce soir, discussion avec [Peter Hogenkamp](http://blog.hogenkamp.com/), un des organisateurs de [BlogCampSwitzerland](http://barcamp.ch/BlogCampSwitzerland), auquel je me suis [inscrite](http://twitter.com/stephtara/statuses/5560067) un peu plus tôt. Je ne sais pas encore vraiment [de quoi je vais parler](http://twitter.com/stephtara/statuses/5560146) à BlogCamp, et je lui disais que je pourrais peut-être faire quelque chose au sujet des ados, des blogs, et d’internet, comme c’était aussi le sujet du livre que je mijotais (enfin, là, je suis encore en train d’éplucher les patates, pour être tout à fait honnête). Du coup, on a parlé du livre, je lui ai raconté tout ce que j’ai récrit plus haut dans ce billet, j’ai dit un peu en riant que je pourrais m’y mettre et en parler à BlogCamp. Dont acte: il est temps d’arrêter d’en parler à tout mon entourage et de me lancer à l’eau. Le [travail que j’ai fait dernièrement pour ciao.ch](http://climbtothestars.org/archives/2007/01/22/redactions-dinfos-pour-ciaoch/) m’aide aussi à trouver le courage de m’y mettre, car si ce n’est pas le même public, c’est bien le même sujet.

Donc, quelques décisions et remarques:

– Je vais écrire le livre en français. J’ai hésité, bien sûr, mais d’une part je suis quand même plus à l’aise dans l’écriture en français (faudra que je fasse la chasse aux anglicismes, tout de même), et d’autre part, il y a déjà un intérêt local et francophone pour ce que j’ai à apporter à la problématique blogs-ados-internet.
– Je vais bloguer le processus et le contenu du livre au fur et à mesure que je le produirai ici sur CTTS (je ne crois pas à la multiplication des blogs). (Catégorie [Livre](/categories/livre/).)
– Le livre sera mis à disposition/publié sous une [licence Creative Commons](http://creativecommons.org).
– Je ne sais pas trop comment je vais m’y prendre, c’est la première fois que je fais ça, et vous allez donc me voir patauger joyeusement.
– Je n’ai pas encore de titre pour le livre. Lorsque j’ai fait le premier jet du plan (en anglais!), je l’ai appelé “The Blogging Divide” — je ne sais honnêtement plus si ça me plaît ou pas (il y a des wagons, avec des mots pareils). De toute façon, je ne pense pas qu’il faille un titre pour que je m’y mette. On verra bien ce que je trouverai.
– Si je choisis de construire ce livre en public, c’est parce que je pense qu’il sera plus riche de vos remarques et de vos critiques que si je l’écris seule dans mon coin. Mon but est avant tout de faire un livre utile. N’hésitez donc pas à réagir à ce que je publierai.
– J’ai encore besoin de clarifier un peu le sujet du livre, et ce sera l’objet d’un billet futur. Mais ça tournera autour des adolescents, de l’internet social, du fossé entre “adultes” relativement peu branchés et ados “digital natives”, et de ce qu’il y a à faire en matière d’information et de prévention — ce pour quoi j’aime utiliser le terme “éducation aux médias”. Le public cible se situera plutôt du côté des parents, enseignants, éducateurs que des ados ou des geeks.
– Je publierai dans un autre billet (et un autre jour, il se fait tard, là) ma première ébauche de plan, une fois récrite en français.

Voilà pour ce soir. C’est donc parti!

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[fr] Je crois qu'on vient de me convaincre d'écrire un bouquin. Enfin, je veux dire que je sais quel en sera le sujet, maintenant. Et cela me paraît faisable.