Writing and Babelfish [en]

I’ve compiled a list of pointers to stuff I
wrote about the KC hoax
.

And while I was at it – as there is a fair amount of french material –
I tried Babelfish on a
couple of pages of mine.

I was very positively suprised.

So if you’ve always wondered what all this French stuff was in the writing section, start reading! Just don’t blame me if the
language isn’t pretty, though…

Linguistic Superiority [en]

Here is an interesting little essay on linguistic superiority.

I’ve always been interested in languages, and the relationship between different languages (when you’ve been soaking in two languages since you were a kid, I think you simple can’t avoid that kind of questioning – at least I couldn’t).

This essay reminds me of some of the points discussed in my linguistic classes about “spoken” French. We all have this “idea” that the spoken language is full of mistakes, that the correct way of saying things is the way we write them, that orality is a degeneracy or writing (when in fact, it would be more correct to view the written form of the language as a “fixation” of the living language, at some point). Maybe I’ll write something on the topic some day.

Notes de lecture [en]

Oswald Ducrot (en collab. avec M.-C. Barbault), dans La preuve et le dire (p. 85).

Cette étude est destinée à  illustrer la façon dont nous concevons la mise en rapport des opérateurs logiques et des mots du langage ordinaire. Il ne s’agit en aucun cas, on le verra, d’élaborer un code permettant de traduire automatiquement une langue dans l’autre. Au contraire, nous sommes persuadés que la traduction linguistico-logique (plus encore que celle qui va d’une langue naturelle à  une autre) exige, à  chaque fois, une réflexion spécifique, qui porte, d’une part, sur l’énoncé à  traduire, et, d’autre part, sur les possibilités d’expression de la langue dans laquelle on traduit.

Le projet de l’article présenté ici recouvre celui du travail de séminaire que je suis en train de rédiger. On ne s’étonnera donc pas que cet intéressant ouvrage de Ducrot soit une de mes sources principales.

Le point sur la traduction linguistico-logique me paraît tout à  fait pertinent. Certes, la nécessité de cette réflexion spécifique à  chaque cas frappera d’autant plus lors de la traduction d’une langue “organique” dans une langue artificielle (aux visées sémantiques plus précises et restreintes). Mais cette remarque reste parfaitement appliquable à  la traduction dans le cadre des langues naturelles.

HTML et linguistique [en]

Dans un éclair vengeur de lucidité, je viens de comprendre la différence fondamentale entre <cite> et <q>. Que ne l’ai-je compris plus tôt, cela m’aurait évité de me trouver à  présent face à  des dizaines de pages truffées de <cite> employés à  mauvais escient.

Je m’explique. Autrement dit, faisons un peu de linguistique. Je me permets en passant de vous recommander l’excellent ouvrage de Anne Herschberg Pierrot: Stylistique de la prose (Belin), qui explique dans un langage clair et à  grand renfort d’illustrations bon nombre de subtilités de la langue française. Un livre à  avoir dans sa bibliothèque si l’on écrit un tant soit peu.

Ma confusion vient, je le soupçonne, de l’existence d’un seul mot en français (citer) pour rendre compte de to cite et to quote en anglais. Eclaircissons.

Dans tous les cas, lorsque l’on cite, on intègre dans son propre discours des paroles qui ne sont pas les notres. Une signalisation typographique comme l’italique ou les guillemets indique dans ce cas au lecteur une frontière entre “mes mots” et “les mots de quelqu’un d’autre”. (Ce n’est bien sûr pas le seul rôle des italiques et des guillemets – on en parlera un autre fois, si ça vous intéresse…)

On peut distinguer deux façons principales d’employer les mots de la langue:

  • en usage: “mon chat s’appelle Bagha”
  • en mention: “chat est un mot de quatre lettres”

Le plus souvent, lorsque l’on cite le discours d’autrui, on se trouve dans un cas hybride que les linguistes appellent la connotation autonymique. Sous ce terme barbare (je vous l’accorde) se cache le phénomène suivant: en rapportant le discours en question, on vise à  la fois ce dont il parle, ce qu’il dit, et sa qualité de discours prononcé par autrui, sa matérialité de paroles étrangères. En même temps on dit avec lui (usage) et on le montre (mention ou autonymie).

Lorsqu’un mot, une expression ou un discours fait entendre ainsi deux voix (ou plus!), on parle de polysémie (“plusieurs sens”). La polysémie est très répandue dans tous les niveaux de discours, du bavardage quotidien (mais oui, ne serait-ce que dans les fameux sous-entendus) à  la poésie. Et c’est elle qui donne au langage une grande partie de sa richesse.

Maintenant que j’ai fini mon petit cours de linguistique, je me rends compte que la différence entre <cite> et <q> n’est pas la même que celle entre mention et usage, comme je croyais tout d’abord l’avoir compris. Quel dommange! Disons que ça aura servi de prétexte, je ne vais pas du coup vous priver de ce petit étalage de culture linguistique. A ma décharge, je crois qu’on peut néanmoins voir une parenté entre les deux. Enfin, si on veut vraiment.

Revenons-en donc à  notre préoccupation première. <cite> sert à  indiquer une référence de type bibliographique, comme le nom d’un auteur, le titre d’un livre ou d’un magazine. <q> sert à  rapporter les paroles d’autrui. C’est donc le lieu privilégié de la connotation autonymique… euh oui, ok, je vous lâche avec la linguistique! ; )

Remarquons en passant qu’une fois compris cette nuance, les explications du W3C pour <cite> et <q> sont parfaitement claires. Disons tout de même que c’est mon fidèle HTML, The Definitive Guide qui m’a permis de trancher avec certitude.

Sexisme et Majuscules [en]

Je viens de faire péniblement le tour du dernier numéro de L’auditoire, le journal des étudiantEs de Lausanne. Je ne parlerai pas des articles, dont certains commencent franchement à  ne plus valoir le papier (recyclé) sur lequel ils sont imprimés, mais des abérrations typographiques supposées faire avancer la cause de la femme.

Il s’agit, vous l’aurez compris, de l’introduction de majuscules au milieu des mots comme dans “étudiantEs”, et de l’utilisation systématique d’expressions comme “il·elle” ou “attentif·ves” – procédés qui en plus de déranger la lecture (je vous mets au défi de lire un texte ainsi traité sans que vos yeux tressaillent à  leur contact), m’irritent profondément par leur inutilité.

La féminisation des noms de professions m’est déjà  parfois pénible. Lire “professeure”, “auteure” ou (pire) “cheffe” me fait en général sourire. D’autant plus que l’on ne s’amuse pas à  dire d’un jeune homme qui fait son service militaire qu’il est “un recru”. Appelez-moi conservatrice si vous le voulez.

J’ai déjà  abordé il y a quelques semaines la question de l’égalité des sexes, et des places respectives de l’homme et de la femme dans la société. C’est une évidence qu’il y a à  l’égard des femmes préjugés et discrimination. C’est une évidence aussi qu’un homme et une femme faisant le même travail devraient gagner le même salaire.

Mais c’est une évidence aussi que les hommes et les femmes sont différents, et que lorsque l’on postule pour une place de travail, on ne peut pas dissocier son “moi professionnel” de son “moi personnel”. Les frontières ne sont pas étanches. On est engagé pour qui l’on est aussi bien que pour ce que l’on fait. Et si je suis une femme, je ne suis pas un homme. On ne peut pas faire abstraction du sexe d’une personne.

Revenons-en au langage et aux majuscules à  l’intérieur des mots. Je suis la première à  dire que le langage influence la pensée et qu’on sous-estime souvent sa force. Mais il y a des limites. Les règles d’accord du français voient la dominance du masculin sur le féminin. Clairement, on peut y voir l’héritage d’une culture patriarcale. Mais est-ce vraiment en forçant la langue hors d’elle-même que l’on fera avancer la cause féminine?

Je pense personnellement que c’est plutôt en mettant en place des structures sociales telles que des crèches, l’assurance maternité, le congé paternité et que sais-je, en encourageant le travail à  mi-temps et en insistant sur le dépistage et la lutte contre le harcèlement à  la place de travail (qu’il soit sexuel ou moral) que les choses bougeront.

J’attends vos remarques sur le coup de gueule de la journée!

Translation [en]

Translating is a hard job. One is constantly confronted with subtlety which belongs to one language and simply cannot be rendered in the other.

I was expecting to notice this when translating from English to French. After all, they are both my language. But I was much more suprised to be faced with the problem when translating from Hindi.

Thinking of it, I shouldn’t have been. The language structure of Hindi is quite different from French or English – to say nothing of the treatment of verbs. What astonishes me most, in fact, is that I am actually capable of understanding some of these shades of meaning even though I haven’t been studying Hindi for very long.

There is something almost gratifying in being able to truly understand a sentence or expression in a foreign language, while in the same time being incapable of reproducing it in your own.

The translation job makes you take all this understanding one step further, by bridging the gap between the languages.

I think this shows two things – which may be considered contradictory. First of all, thought and meaning depend on language and are influenced by it. And second, thought is independant of language in some way – we need not think in words. I have to abstract my understanding of the hindi phrase from its original language and reproduce that meaning in French.

Artists are already aware that one can think without words – you can “think in painting” or “think in music”, just like we often “think in writing” or even “in typing”. Have you ever noticed how much easier it is to write a letter with a pen in your hand than dictate it?

I’m often surprised at how unaware of this people tend to be – hanging on to the idea that we only “think in words”.

Vie [en]

Relativisme

Je suis une victime de la suspension du jugement.

Les crises de la vie et mon parcours académique m’ont appris à  faire abstraction de mon jugement et de mes a priori lorsque je suis face à  un événement ou une idée.

Je suis devenue experte dans l’art de poser mes valises et de sauter sur d’autres rochers que le mien pour explorer des points de vue différents. Mais à  force, j’ai perdu mes valises. Je ne fais que bondir de rocher en rocher, sans me reposer sur aucun.

Je veux retrouver un rocher dont je pourrai dire “celui-ci est le mien”. Je veux retrouver mes valises – ou plutôt en racheter, parce que depuis le temps, la mer les a certainement emportées.

Il faut oser hiérarchiser les points de vue. Mais j’ai trop peur de me tromper.

Identité

En écho à  ce sentiment de dissémination de moi-même, je sens depuis quelque temps le besoin d’unifier mes identités. J’ai trop d’adresses e-mail. Il fut un temps où cela me rendait comfortable, mais maintenant elles sont devenues un obstacle.

Je n’ai jamais fait de cloisonnement étanche entre “moi online” et “moi offline”, mais j’ai toujours gardé mon identité réelle soigneusement cachée. Chaque pseudonyme que j’ai utilisé avait sa propre adresse e-mail – même s’il s’agissait à  chaque fois de moi.

C’est en train de changer. Déjà , en achetant un nom de domaine, j’ai laissé voir mon nom au monde, pour qui sait le trouver. Et récemment, j’ai commencé à  avoir une envie grandissante qu’on m’appelle par mon vrai nom. Je ne cesserai pas pour autant d’utiliser “Tara” – mais je veux me sentir libre de briser cette censure auto-imposée.

Verbe

Comme la vie fait parfois bien les choses, j’ai suivi ces deux derniers jours le premier volet du cours-bloc sur l’Islam donné à  l’UNIL. La culture arabe a un rapport à  la parole très fort, mettant en avant sa performativité. Dire, c’est faire. Ecrire un poème d’amour à  une femme, c’est aussi grave que de la toucher.

Cela me fait penser à  quelques réflexions que j’ai envie de mettre par écrit depuis longtemps sur la puissance du nom. En effet, dans nombre de civilisations, connaître le nom de quelqu’un, c’est détenir un pouvoir (magique) sur lui. Ce n’est pas sans raison que l’on ne connaît pas le nom de Dieu.

Internet est le lieu de la puissance de la parole. La plupart des canaux de communication non-verbaux sont coupés. On ne peut pas agir – sauf par les mots *sourire*. J’ai mentionné il y a quelque temps le cas du “viol virtuel“.

Je crois qu’il ne serait pas inintéressant de considérer à  cette lumière l’utilisation des pseudonymes (qui reste très populaire dans les forums ou les lieux publics, même pour les gens qui ne cachent pas leur identité). Que représente “donner son vrai nom” à  quelqu’un ? Pourquoi une des questions de prédilection chez les chatteurs inexpérimentés est-elle justement “quel est ton vrai nom” ?

Orateur [en]

Il y a des gens qui ont le don de vous endormir lorsqu’ils présentent un exposé. Souvent, on verra qu’ils commettent une erreur capitale, qui entraîne toutes les autres: ils essaient de “dire” un texte écrit.

Par là  même, ils s’interdisent tout dialogue avec leur auditoire. Ils ne nous parlent pas, ils ne font que déclamer. Ne dit-on pas parfois: “Il s’écoute parler!”

Si l’on a la moindre idée du fonctionnement de la langue orale, on comprendra aisément que cette approche rende l’exposé, si intéressant soit-il, totalement indigeste. Lire à  haute voix est un exercice très difficile. Parler à  des gens l’est bien moins – nous le faisons sans cesse…