[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.
Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).
Les “commentaires”. Avec, souvent, sous-entendu, un adjectif qui les accompagne: “anonymes”. Je le vois dans les yeux de nombre de mes clients lorsque je prononce le mot: “les commentaires”, c’est un peu sale. C’est inquiétant. Dangereux, même. Ça va avec “blog”, d’ailleurs. Un blog, ça a des commentaires, et c’est là que se passent les problèmes et franchement, on préfère ne pas en avoir. (Ni les problèmes, ni les commentaires, et souvent, ni le blog.)
Si on fait un site web, après tout, ce n’est pas pour que n’importe qui puisse venir y raconter n’importe quoi. Parce que oui, on sent bien que c’est ce qui se passe, dans les fameux commentaires. C’est pas très différent d’un forum, au fond, non?
Tant de désinformation m’attriste, j’avoue.
On retrouve là encore une fois cette peur des “inconnus d’internet”, cet oubli que les gens qu’on côtoie en ligne sont avant tout des êtres humains comme nous et non des monstres sans visage, et qu’un commentaire “problématique” n’est pas un engin nucléaire sur le point d’exploser mais une parole à laquelle on peut répondre. Oui, c’est en public. Oui, ça reste dans la grande mémoire numérique d’internet. Et oui aussi, on ne sait pas toujours à qui on a affaire.
Mais on peut répondre. Entrer en relation. Faire preuve dans sa réponse de plus de maturité que le malotru qui utilise nos commentaires comme un mur de WC publics. Mettre des limites, accepter l’acceptable et ne pas publier l’inacceptable.
Quand on dit que les commentaires sont un espace de dialogue ou de conversation, cela ne signifie pas que c’est un chat, une zone de non-droit, un lieu où la foule prend le pouvoir. En tant qu’auteur du blog, on y a sa place, et c’est nous qui allons donner le ton, par nos articles d’abord, mais aussi par nos réactions aux commentaires, et encourager ainsi des discussions constructives plutôt que du blabla vide.
Et de toute façon, le souci majeur de la plupart des blogs, c’est plus l’absence de commentaires que les débordements de ceux-ci.