[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.
Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).
Les réseaux sociaux sont asymétriques.
Je ne parle pas des réseaux sociaux en ligne, mais bien des réseaux de relations et de gens, les vrais réseaux que les sites comme Facebook, MySpace, LinkedIn et autres cherchent à modéliser.
A mon sens, la grande majorité de ces sites nous proposent un modèle de relations comportant une erreur fatale: les liens entre les gens y sont symétriques, alors que ce n’est pas le cas dans la réalité.
Pensez aux gens qui font partie de votre monde: il y a fort à parier que vous trouverez sans difficulté des personnes qui sont plus importantes pour vous que vous pour elles — et vice-versa. On aimerait, idéalement, que les gens que l’on aime nous aiment autant en retour, que ceux que l’on admire nous admirent en retour, que ceux que l’on enrichit par notre présence nous enrichissent pareillement en retour. Mais souvent, et à des degrés divers, ce n’est pas le cas.
Et dans le monde professionnel, encore moins.
Pour qu’un lien soit établi entre deux utilisateurs de Facebook ou LinkedIn, chacun doit l’approver. Chacun doit dire “oui, je le veux”.
Du coup, un tel réseau social ne capture que les relations symétriques, ou bien (et c’est ce qui a tendance à arriver) fait passer des relations parfois fortement asymétriques pour des relations symétriques, parce qu’au bout d’un moment, on “cède”, et on accepte également comme amis les gens que l’on connaît peu, voire ceux que l’on ne connaît pas mais qui voudraient nous connaître.
Il existe cependant des réseaux sociaux en ligne (ou presque) qui permettent de rendre compte de ces asymétries.
Twitter est celui qui occupe le devant de la scène ces temps. Sur Twitter, vous pouvez suivre qui vous voulez, sans que cette personne doive vous suivre en retour (c’est d’ailleurs ce qui en fait un outil de veille si puissant, bien plus que Facebook).
Dopplr, un service permettant de partager ses déplacements et projets de voyages avec son réseau, vous laisse simplement décider qui peut accéder à votre profil — la réciprocité n’est pas requise.
Plus ancienne, la liste de contacts d’un service de messagerie instantanée permet également l’asymétrie, même si la pratique penche vers la réciprocité: je peux apparaître sur la liste de contacts d’une personne et avoir supprimé celle-ci des miens.
L’ensemble des blogs peut également être considéré comme un immense réseau social peu formalisé, où les “blogrolls” (listes de liens vers d’autres blogs appréciés du blogueur) révélaient les relations entre blogueurs, avant de tomber en désuétude (les blogrolls, pas les blogs).
Plus proche de chacun, peut-être, et pas tout à fait en ligne, la liste de contacts dans son téléphone mobile. Vous avez enregistré mon numéro, mais ce n’est pas pour autant que j’ai le votre.
Facebook, d’un certaine manière, tente de se rattraper avec les “listes d’amis”. Chacun peut maintenant en effet classer ses amis dans diverses listes (qui restent privées) que l’on peut utiliser pour donner ou non accès à certaines parties de son profil. Ainsi, je peux être connectée à Jules, à qui je donnerai le droit de voir tout mon profil, alors que lui ne me donnera qu’un accès limité au sien.
Sans ce genre de subtilité, les réseaux sociaux qui imposent la réciprocité parfaite finissent par devenir invivables avec la multiplication des contacts de tous bords, ce qui amène à leur désertion par ceux qui les faisaient vivre.
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