[en] Reminiscing about the various tricks I used as a teenager to communicate with my friends during class: secret codes, morse code, more traditional notes of course, and a sheet of paper on the table on which each wrote in turn. Long conversations which remind me of the way I communicate online today.
Je glisse doucement dans le sommeil, et mon esprit vagabonde dans le carton contenant mes vieilles photos. J’y ai passé mon dimanche après-midi, plongée dans ces instants de vie passés.
Alors que j’atteins la fin de la boîte, vers les enveloppes contenant les photos de mes années de scoutisme, l’une d’elles attire mon oeil. C’est une grande enveloppe A4, étonnamment rétrécie pour tenir dans cette petite boîte, métaphore onirique de mes souvenirs. Elle contient une magnifique collection des mes correspondances d’écolière, petits billets ou longues conversations écrites avec mes camarades de classe de l’époque.
Je me souviens. Le début des années nonante, le gymnase, et mon amie inséparable d’alors avec qui je communiquais sur une feuille posée entre nous sur le bureau. J’écrivais, elle répondait, puis moi à mon tour. On chattait. Avec des plumes et du papier.
Je me demande quelle influence cette expérience de jeunesse a pu avoir sur mon adoption très rapide et enthousiaste, une dizaine d’années plus tard, du chat sur internet, mode de communication quasi-identique, mais par claviers interposés.
Et je me souviens encore: j’ai toujours été une grande “bavardeuse”. Par écrit, bien sûr. Au collège, on rivalait d’ingéniosité pour continuer nos conversations pendant les cours, au nez et à la barbe des enseignants. Petits papiers roulés dans des stylos que l’on se passait, taquets-correspondance volant à travers les airs à force d’élastique, et le traditionnel lancer discret du petit mot sur la destinataire…
Mais nous étions allées plus loin: avec un petit groupe d’amies, nous avions mis au point un code secret alphabétique, des symboles bien compatibles avec le quadrillage de nos feuilles d’écolières, et dont nous nous servions pour assurer la confidentialité de nos correspondances en cas d’interception par les autorités professorales… ou d’autres camarades. Assez vite et sans effort, nous avions appris notre code par coeur et l’écrivions couramment.
Mieux encore? Le morse. Nous l’avions appris, le gribouillions sur nos billets (à force d’entrainement on était franchement devenues assez fortiches), et surtout, le tapotions sur nos tables discrètement: un doigt pour un point, les 4 pour un trait, les doigts repliés pour une fin de lettre, la main à plat pour une fin de mot, et un petit mouvement horizontal pour une fin de phrase, si ma mémoire ne me trompe pas. C’était redoutable, je l’avoue.
Bien plus tard, à l’université, je trompais l’ennui durant ma dernière année de chimie en réfléchissant par écrit, sur de nombreuses feuilles qui finissaient ensuite dans mon classeur-journal. J’avais des carnets dans lesquels je recopiais les passages intéressants des livres que je lisais, et un en particulier, mi-journal, mi collection de textes, ancêtre un peu plus intime de mon blog d’aujourd’hui.
Je vois dans ces expériences para-scolaires les signes précurseurs de mon activité présente de communicatrice en ligne. Et je me rends compte, à l’heure où les écoles peinent à ouvrir leurs portes à Facebook et aux modes de communication d’aujourd’hui en général, que déjà à l’époque, toute bonne élève que j’étais, une part non-triviale de ce qui m’a faite celle que je suis aujourd’hui était des activités que l’école tentait de réprimer.
Qu’on me comprenne bien: j’ai été enseignante, et loin de moi l’idée de prôner l’anarchie dans la salle de classe. J’ai aimé l’école et mes études, j’y ai beaucoup appris de choses utiles, et je sais qu’un certain cadre est indispensable pour pouvoir enseigner. Cependant, quand les présupposés de l’école concernant ce qui est important à apprendre et la façon de l’apprendre sont trop éloignés du mode de fonctionnement et des élèves, et du monde professionnel, il faut se poser des questions. Et je sais qu’il y en a certains qui se les posent (Lyonel et Mario, pour commencer).
Joli billet, tiens. 🙂
(je n’ai rien d’autre à dire mais ce n’est pas une raison pour rester ilencieux quand on lit un truc chouette, hein ?)
merci!! 🙂