Lift09 — Frank Beau — Métromantiques [fr]

Notes prises à l’occasion de la conférence Lift09. Bla-bla habituel de prise de notes: je fais de mon mieux, mais ce ne sont que des notes, qui peuvent contenir des erreurs et inexactitudes.

Coup de foudre dans le métro. Comment sera le métro du XXe siècle? A la fois un moyen de transport et d’échanges.

Paradoxal! Un véhicule qui circule, qui voudrait organiser la circulation interne des “particules” qui l’habitent.

Est-ce qu’internet permet d’éclairer cette question?

En France, sites de “retrouvailles” pour personnes qui se sont croisées furtivement dans le métro. Bouteille à la mer pour retrouver la personne qu’on a croisée. 600 annonces en un an. 600 histoires. => quelques pistes.

Matrice commune du récit: montés ensemble, tu es sortie à l’arrêt X, nos regards se sont croisés… plusieurs fois… => bouteille à la mer.

– la connexion s’établit avec le regard (dans le métro, on cherche une ligne de regard où on croise personne, et quand on croise… en même temps on n’arrête pas de regarder les autres. “L’électricité du regard.” => comment on passe au sourire?
– sourire
– contact des corps (le Tetris des corps… uniquement dans le métro) — typologie des contacts corporels dans le métro
– on partage le même temps — pour les pendulaires
– accélérateurs du contact: écouter de la musique, même si on est dans sa bulle; livres!; téléphones portables;

Romantisme urbain de la mobilité. Tutoiement.

Anti-internet par certains aspects:

Co-présence, force du hasard, non verbal, zone temporairement autonome, on est tous acteurs et spectateurs, le métro est un théâtre.

Espace public qui a des propriétés qu’on ne trouve nulle part d’autre. Ces propriétés expliquent la quantité de coups de foudre dans le métro. *steph-note: comme sur internet.*

Culture de l’ephémère.

Le métro, c’est pas un espace si terrible que ça. Internet est une caméra du réel, et un excellent lieux pour les bouteilles à la mer du XXIe siècle.

L’amour existe toujours!

=> mobile dating, rencontre à travers le téléphone portable, bluetooth, wifi, culture de 15 mètres. Phéromones?

3 approches:

– laissez faire! l’amour n’est pas de maths!
– technophéromonisons le métro et voyons ce qui se passe
– le sujet est en fait les codes sociaux de l’amour

Scénario de SF:

Edit, 8 mars 2009: à la demande expresse de Frank Beau, les photos que j’ai prises de son “scénario de SF” ont été retirées de cet article. J’avoue avoir été très surprise et déçue par cette demande (faire une présentation en public, devant 800 personnes munies d’appareils photos et de connexions wifi, et espérer pouvoir “contrôler” la diffusion des visuels utilisés lors de celle-ci, cela dénote à mon sens d’une assez grande naïveté et d’une incompréhension de comment fonctionnent les nouveaux médias — cf. Streisand Effect.) Ceci dit, je ne suis pas là pour chercher querelle, donc je m’exécute, mais à regret. Si j’en ai le courage, je reproduirai le contenu de ces slides ici (ça allait trop vite pour prendre des notes) — mais ne retenez pas trop votre souffle, j’en ai assez sur mon assiette ces temps, comme on dit.

11 thoughts on “Lift09 — Frank Beau — Métromantiques [fr]

  1. Salut Stéphanie,

    Je suis allé au théâtre hier, et je me suis souvenu qu’il a existé des endroits où des gens pouvaient faire des interventions publiques : ici et maintenant. Et que dans ces lieux, l’usage de l’appareil photo et de la vidéo y était interdit. Mais encore que le code social dominant acceptait qu’intervenir devant un public n’est pas intervenir devant tous les publics.

    L’acteur a t-il de ce fait, quelque chose à cacher ? Le théâtre est-il pour autant honteux de ce qu’il produit ? Le public rentré chez lui s’est-il dit qu’il était odieux que l’on se soit opposé à la diffusion des images qu’il avait ou aurait pu capter ? Non, personne ce soir là, n’eut cette idée en tête. C’était pourtant il y a quelques heures à peine. Il y a un sens à la fois historique et fondamental attaché à cela. Et c’est tout le sujet qui nous concerne.

    Ceci pour répondre à ton propos sur le lien direct que tu établis, entre l’espace public d’une conférence et le Web. Car quand tu dis que ma démarche dénote une certaine naïveté et une incompréhension de la façon dont fonctionnent les nouveaux médias, je suis d’accord. Et je le revendique. Oui à ce jour, en février 2009, lorsque j’interviens publiquement, même à Lift, je ne viens pas avec le présupposé que le spectateur va nécessairement enregistrer, et que quand bien même il enregistrera puisque cela semble être devenu la règle, je ne pars pas de l’idée qu’enregistrer signifiera pour lui : diffuser. Je ne peux pas me faire à cette idée, car il y a là pour moi une double erreur, qui explique tout le malentendu de notre échange. Capter et diffuser sont deux choses qui n’ont rien à voir, autant qu’entendre et dire. C’est tout ce que je tiens à t’expliquer ici.

    Si je n’ai pas fait d’annonce publique avant mon intervention, à ce sujet, c’est parce que j’ai eu cette ultime naïveté de croire que si quelqu’un diffuse des images me concernant, il aura l’élégance de comprendre que je puisse lui demander de les retirer, si j’ai quelques raisons de ne pas être d’accord avec sa démarche.
    Si l’on élargit le débat, ce n’est pas une position fermée de ma part qui s’exprime, au sujet de la circulation des idées. Bien au contraire, je suis favorable à ce que le plus d’idées possibles circulent librement. Je comprends la logique fondamentale qui est dans le principe de la gratuité de ce geste. J’en ai autant besoin que toi, que tous. Je pense que plus de gens devraient avoir accès à plus de productions et d’ingrédients, parce que c’est ainsi que la création se fait. Parce que la possibilité de recyclage des signes est une propriété fondamentale du vivant. Je pense que les contenus connus de tous devraient être plus ouverts au remixage, sans qu’il soit jugé criminel de les réutiliser. Et qu’il semble tout aussi criminel d’associer à l’idée de crime ce besoin, qui est à la base de la création. Qu’il est donc impératif de se dire que le seul modèle économique et écologique viable dans ce domaine, est celui qui permet à la fois de faire circuler pour le plus grand nombre des oeuvres appartenant à la mémoire collective (présente et passée), et dans le même temps, de conserver les conditions d’une régénération de la création. Les deux à la fois, et non l’un contre l’autre, l’un ou l’autre. Nous avons du boulot à ce sujet. Mais en attendant, si tu ne mets aucune règle en place, si tu ne comprends pas que chacun a le droit de poser une limite sur ce qui le concerne, en particulier sur le droit à l’image et à la liberté de faire ce qu’il entend de ses idées au stade où elles se trouvent, alors tu fais tout le contraire, tu détruis toute possibilité de création.

    Rentrons dans le sujet. Je suis une sorte d’intellectuel des nouveaux médias, et je refuse depuis des années de me montrer sur des écrans, autrement que par mes écrits. Au passage : quelle plaie s’est de devoir se justifier de cela, quelle plaie c’est de devoir s’en défendre, de devoir ramer à ce point pour t’expliquer une telle position. Ma conception du monde est simple : il faudrait vraiment que j’aie quelque chose de très important à dire, pour accepter de remettre en question ce qui est la valeur fondamentale de mon existence : le droit à l’anonymat et en particulier à l’anonymat des images. De là où je suis, je suis stupéfait de voir se faire l’évolution que tu sembles décrire et surtout qu’on la pense inéluctable : comment en est-on arrivé à ce qui celui qui demande à ne pas être affiché sur la toile sans qu’on lui fasse la politesse de le consulter, ait à se justifier de le faire ? Comment a-t-on pu en arriver à ce que la norme soit devenue celle de l’exhibition ? Nous marchons sur la tête. Et je crois savoir un peu pourquoi.

    Tu me diras : tu fais des conférences, tu t’exprimes déjà publiquement, ta démarche est donc contradictoire. Je voudrais en effet rappeler, que jusqu’à il y a peu de temps, faire une conférence c’était parler à des gens dans une salle. Or depuis peu, le principe de l’enregistrement s’est généralisé, et plus encore le principe de la diffusion en ligne, non seulement par les organisateurs, mais encore par le public. Or, sais-tu que quand tu t’exprimes publiquement, il y a une chose qui s’appelle un contexte qui est au minimum le co-auteur fondamental de ce que tu as énoncé ? Sais-tu que c’est ce contexte qui te fait parler, et auquel tu as d’abord des comptes à rendre ?

    Car admettons que j’acte d’emblée désormais que faisant une conférence, tout ce que j’ai dit sera publié en ligne, in extenso, d’office, dans l’esprit de reproduire mes propos. C’est-à-dire avec ce double présupposé qu’il existerait une continuité parfaite entre un espace public “A” de type fini, et un espace public “B” qui a cette drôle qualité d’être prétendument infini : le Web. Mais encore que j’accepte que toute “reproduction” de ce que j’ai dit, a valeur en soi, et peut exister en soi, dès lors qu’elle a été produite.

    Si j’admets cela, cela veut dire qu’en venant dans cette conférence, je ne parle plus au public présent, mais à tous les publics possibles. Mais qu’est-ce que parler à tous les publics possibles, si ce n’est, ne rien dire du tout ? Ce qui me gêne c’est que tout ceci, me rappelle furieusement le média contre lequel le Web prétend s’ériger en éclatant le dispositif de la représentation. Le nouveau média dont tu parles, j’appelle cela l’hypertélévision. Ce n’est pas la fin de la télévision telle que nous la connaissons, mais le début de son ère. C’est la télévision + la permanence de la diffusion des contenus. Suis-je naïf de m’ériger contre cela? Ou suis-je obsessionnellement attaché à une certaine culture de la liberté d’être écouté dans des conditions honnêtes, et non pas seulement de s’exprimer ?
    Je ne m’opposerai en rien à ce que tu rebondisses sur mes propos et que tu dises ce que tu en penses, que tu me cites, que tu me critiques. Tu serais alors comme moi auteur de ces dialogues, et les choses me paraîtront équitables. Seulement, si tu fais autrement, si tu bascules des “photos d’une partie de mes propos” (les idées ne se photographient jamais), et ce, sans aucune autre précaution, sans dire d’où je parlais, pourquoi, et à qui je m’adressais. Sans dire donc, et surtout, que c’est toi qui est l’auteur de cette reproduction, et que c’est toi qui doit en répondre, alors tu commets une agression contre le premier texte. Tu obliges l’auteur dont tu prétends te faire l’écho, à devoir se défendre de tout ce que l’on va projeter sur lui, qui ne le concerne pas, qui concerne l’illusion que tu as créée d’avoir retranscrit ses propos. Quand je vois tes slides, je peux prédire d’avance les 700 malentendus qu’ils vont générer. J’assume l’intégralité de mes idées, mais pas de me défendre systématiquement de ce qui est issue de la prétention de leur reproduction. Si aucun auteur ne s’est présenté entre les deux, pour assumer la propriété ou copropriété, du sens même de cette reproduction.
    C’est ici que se situe le gros du débat sur la redéfinition des frontières entre les différentes échelles de l’espace public, des identités, et de la propriété intellectuelle. Soit tu considères les nouveaux médias, comme des focales empilées à l’intérieur d’un nouveau zoom de la réalité, qui se juxtaposent sur le même axe (une conf = l’appareil photo = le Web), soit tu considères qu’empiler ces focales là, c’est revendiquer une vision spécifique de la représentation du monde. Or le point de vue que tu défends, lorsque tu décris un processus inéluctable de captation-publication généralisée de toute conférence publique dans le futur, est fondamentalement idéologique. Il va d’ailleurs contre tout ce que l’on sait à travers l’histoire, du statut de la re-présentation : ce que l’on sait, c’est qu’une re-présentation est toujours un acte d’auteur, certainement pas d’auditeur. Nul n’est censé ignorer qu’il n’existe aucune représentation fidèle d’un acte vécu. Toute représentation transforme le texte, et c’est tant mieux, du moment que cela est assumé comme tel et non présenté comme une “reproduction”, d’autant plus si le média de reproduction n’est pas le même que le média d’émission. Je te renvoie au minimum à cent ans d’histoire et de débat sur la représentation picturale, photographique et cinématographique, qui n’ont fait que mettre cela sur la table, après que les choses se soient posées dès les origines.
    Saches que tu te trompes si tu penses que tout orateur doit désormais se plier à la règle. Tu n’imagines pas dans l’histoire, le nombre d’orateurs qui ont échappé à la télévision de leur époque, et à la réinvention permanente du Panopticon. Qui y ont échappé, parce que leur travail même les amenait à savoir qu’il existe un mythe de la reproduction de la parole et des idées à l’identique. Parce qu’aucun média du monde n’a jamais su, et ne pourra jamais retranscrire le texte qu’est une personne. C’est exactement ce que voulait dire Platon lorsqu’il s’est érigé contre l’écrit et le manuscrit, que l’on s’apprêtait à voir comme le porte-texte de l’oralité.
    Alors il y a des tendances dans l’histoire, et bien sûr que le processus inéluctable auquel tu souscris nous propulse vers une nouvelle migration des symboles et un nouvel emboîtement des dispositifs de re-présentation. Mais cela ne se fera pas sans que les vieilles questions soient posées. Et en particulier, sans que ceux qui se trouvent aux charnières de la représentation, qui ont pour question principale, jusque dans leur chair, le souci d’un monde qui génère autre chose que de la violence par l’entremise et l’empilement des malentendus, ceux là, tu les trouveras comme des grains de sable naïfs entre les focales empilées.
    Si plus de gens savaient qu’il ne sert à rien de s’exhiber pour se croire exister, que cela n’arrange rien au fait que l’on soit ou pas, alors, ce débat n’aurait pas lieu en ces termes. Et surtout tu ne te serais pas sentie agressée par ma demande. Tu te dirais : “ah, il s’agit d’un de ces bizarres qui a une sorte de problème avec les images. Je ne le comprends pas, mais je le respecte. Lui aussi a le droit d’exister”.
    Je dis cela, parce que je pense, que le mythe du rapport direct entre la parole, les idées, et l’image qui prétend les redire, a décimé toute possibilité de s’écouter, de prendre le temps de se comprendre un peu plus loin que les apparences, ou de savoir mieux pourquoi on ne se comprenait pas. De comprendre aussi que les fulgurances de l’image qui prétendent capter et restituer le monde tel quel, ne sont pas grand chose à côté du travail long et souvent douloureux qu’il faut pour écouter les choses. En attendant, elles impressionnent les pellicules mentales que nous sommes, mais ne véhiculeront jamais les choses et les attitudes qui nous font replonger collectivement, au coeur des questions d’intérêt commun, et qu’il va nous falloir pourtant ré-empoigner dans ce qui semble être sinon, une sorte de nouveau siècle des mal-entendus.
    L’ironie de notre époque, est que les nouveaux médias prétendent s’ériger contre le pouvoir de la télévision. Et à travers ton acte, et celui de milliers de prises de parole sur le Web qui pensent en quelques phrases et images avoir reproduit ce qu’ils ont entendu, et faire une oeuvre généreuse, ils ne font que décupler le pouvoir de ce mythe de la représentation du monde. J’y vois une supertélévision en gestation, et cela me chatouille la barbe comme un morpion, cette réapparition là.
    Au final, je n’ai qu’une question à te poser. Qu’as-tu apprécié dans ce que j’ai dit ce jour là, et avec quoi n’as-tu pas été d’accord ? Ici peut commencer un échange. En attendant, tu avais édité deux slides sur le scénario final, qui pour moi jettent la confusion et ne permettent pas une seule seconde de comprendre ce que j’ai dit, pourquoi je l’ai dit, et à qui je l’ai dit. Maintenant, si tu décides non pas de retranscrire ces slides, ce qui pour moi n’aurait aucun sens, et m’appartiendrait me semble t-il, mais plutôt de les commenter, de dire ce que tu penses sur leur intégralité, ne compte pas sur moi pour te censurer. Car ce discours t’appartiendra, je le respecterai et je sais qu’il m’intéressera.
    Au moment où je t’écris ces choses, je vois qu’un article vient d’être publié ici. http://www.internetactu.net/2009/03/10/les-technologies-savent-elles-nous-parler-damour/#comment-980393
    Il se trouve que je ne suis pas tout à fait d’accord avec le compte rendu, et j’en suis grandement responsable car j’ai du parler vite. Par ailleurs, cela me gêne qu’il y ait une image. Cela me blesse même. Mais tu vois, j’ai accepté. Parce que je sais qu’il y a là une personne qui a pris en charge le propos, et aussi que tu as raison : une certaine guerre de l’image est perdue. Or on peut bien perdre cette guerre, mais certainement pas celle des illusions destructrices de la représentation. J’observe de mon point de vue, et qui n’engage certainement que moi, comment le mythe de la relation directe entre les idées et les images à travers la télévision et un certain principe de narration des médias, a très largement contribué à détruire la sève de nos démocraties. Et je ne compte pas m’arrêter là, dans le fait de lutter contre cette indigestion. Surtout si les nouveaux médias, font encore pire, en perpétuant cette confusion fatale entre la représentation et le réel, alors que leur dogme dominant prétend nous libérer de l’emprise des mass-média, lesquels sont directement issus de cette illusion. Nous avons là, un immense oeil qui s’allonge comme un nez, et nous sommes en train de nous mettre le doigt dedans.
    Ne prends surtout pas mal mes propos. Tu as bien vu que je m’appuie sur ta réaction, pour le moins agacée, mais que je comprends, pour expliquer des choses, que je dois bien expliquer. J’espère juste que tu auras accepté qu’une telle démarche peut exister, et que reproduire ce n’est rien d’autre que dire.
    En attendant, puisque c’est le fond du sujet, vive le libidon ! Il y a du pain sur la planche.
    Frank.

  2. Cher Frank, je t’invite à relire attentivement ta propre phrase : “je suis favorable à ce que le plus d’idées possibles circulent librement”. Le monde a changé, prendre la parole en public ici et maintenant est devenu prendre – potentiellement – la parole en ligne. Le plus sage me parait d’accepter cette réalité à laquelle ni toi, ni moi ne pouvons rien changer…

  3. On dirait presque une déclaration d’amour mal tournée, je crois qu’une bouteille à la mer vient d’être jetée.

    A mon avis le vrai fond du sujet c’est pas la libidon ou autres valeurs futures de l’amour. Le sujet c’est plutôt le titre de la conférence de Lift09 “Where did the future go?”. Un futur qui tend actuellement vers une propagation massive et incontrôlée des informations sur internet et d’autres médias.

    M. X (pour pas citer de nom sous peine de me faire censurer par M. X en question) donne une conférence à 800 personnes des médias du futur. Il est filmé et photographié sous différents angles, bon comme mauvais. Son discours et ses idées sont blogués avec des avis personnels des blogueurs, positifs comme négatifs.

    M. X peut il demander d’enlever des photos ou demander des changements de textes sur des sites personnels?

    En ce qui me concerne la réponse est non.

    J’avais juste envie de laisser ma trace en postant un commentaire. Trace que je laisse sur le blog de Stephanie. C’est chez elle, je m’y invite, elle m’invite à laisser une trace à travers un commentaire. Si elle veut effacer ma trace, la modifier, ou en faire ce qu’elle veut, cella ne me pose pas de problèmes vu que je suis sur son blog.

    ..:: karlitô ::..

  4. @ Baudouin: En quoi le monde a-t-il fondamentalement changé? Qu’une chose soit techniquement possible ne signifie pas qu’elle soit socialement acceptable et souhaitable. Cette soi-disant réalité selon laquelle prendre la parole en public ici et maintenant est devenu prendre la parole en ligne et, sous entendu s’adresser au monde entier, n’est rien d’autre qu’une monstruosité, un nouveau totalitarisme à combattre par tous celles et ceux qui parviennent à garder du recul face aux possibles d’aujourd’hui. je ne peux que conseiller de relire notamment Kundera… de toute urgence!

    Je suis choqué par cette confusion des limites, des frontières, par cette confusion entre ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre. Le monde des nouveaux médias ne situe pas en dehors de notre système de valeurs et de notre ordre juridique. Ce qui doit être accepté, ce n’est non pas cette réalité qui s’imposerait à nous, dont nous serions presque des victimes (consentantes), mais les valeurs qui fondent notre vie en communauté et les droits (de la personnalité, de la propriété intellectuelle) qui y sont associés.

  5. @Pascal M.
    “En quoi le monde a-t-il fondamentalement changé?”
    Il faut être aveugle, ou de mauvaise foi, pour ne pas admettre que l’ère numérique a profondément modifié la société et modifier de nombreuses approches.
    Je ne parle pas du fait que ça soit acceptable ou souhaitable là, c’est un tout autre débat. Mais le changement, acceptable ou non, est là. Le fait qu’on soit là, à débattre dans les commentaires d’un billet de blog à la suite d’un twitt que j’ai vu passer en est la preuve la plus flagrante.

    Le système de valeur, l’ordre juridique, ce sont des éléments qui se bâtissent sur des faits, qui s’adaptent au changement, et encadrent de nouvelles pratiquent. Les gens ont tendances à voir l’inverse et c’est triste. Si tout le monde se complaisait dans un conformisme complet au système de valeur actuelle et à l’ordre juridique ou autre, on vivrait dans un monde bien pauvre, intellectuellement, culturellement, scientifiquement, …

    Enfin, tu dis que le fait de confondre les limites et les frontières est un nouveau totalitarisme à combattre. Je te rétorquerai que les fondement d’un totalitarisme se situent en premier lieu dans la non-acceptation de l’opposition et la pensée unique. Abattre les frontières et permettre à tout à chacun de se faire son avis, son opinion et de débattre et justement une preuve d’ouverture.

  6. @ Mickaël H: non, je ne suis pas aveugle et je constate que la fracture entre le Nord et le Sud ne s’estompe pas, que les inégalités entre hommes et femmes ont hélas encore de beaux jours devant elles, que les tensions inter-religieuses sont vives, que la violence, même si elle évolue, ne diminue pas, qu’une part non négligeable de l’humanité passera encore une journée sans pouvoir manger à sa faim. Non, le monde n’a pas FONDAMENTALEMENT changé. Tu pourrais me rétorquer que je joue sur les mots mais ne pas percevoir la nuance entre des mutations superficielles et fondamentales, c’est encore une fois rester dans cette confusion que j’évoquais.

    Pour revenir au coeur du sujet, je n’arrive pas très bien à comprendre en quoi reproduire des éléments d’une conférence tenue dans un auditoire permet d’abattre les frontières et donne la possibilité à tout un chacun de se faire son avis, son opinion. En l’espèce, c’est exactement le contraire qui se produit. C’est parce que Franck a exprimé ses besoins singuliers, différents de la pensée unique numérique qui est en train de naître qu’il a créé une brèche et jeté les bases d’un débat que nous sommes en train de nourrir ici.

  7. Avertissement : je n’étais pas là.

    Si je n’ai pas fait d’annonce publique avant mon intervention, à ce sujet, c’est parce que j’ai eu cette ultime naïveté de croire que si quelqu’un diffuse des images me concernant, il aura l’élégance de comprendre que je puisse lui demander de les retirer, si j’ai quelques raisons de ne pas être d’accord avec sa démarche.”

    C’est, de ton long message, la seule chose que je ne comprends pas. Je souscris à tes arguments, je les trouve intéressants et je dirais même qu’ils m’ont obligée à réfléchir sur l’idée que le contexte est important. Mais alors, pourquoi ne pas tenter de faire passer ces idées, ces concepts et finalement, cette approche d’un web plus réfléchi lors de la conférence ?

    Je pense que ceux qui retranscrivent ce qu’ils ont entendu, que ce soit au sein d’un article réfléchi ou par le biais de notes qu’ils prennent, à différents niveaux, situent le propos dans un contexte. L’oreille est sélective et les notes que l’on prend sont aussi un peu le reflet de ce que l’on a compris ou trouvé intéressant, de ce qui a marqué. Je lis dans tes propos (peut-être à tort) une comparaison entre la “prise de notes” et “la prise en charge de ses propos” avec laquelle je ne suis pas d’accord. Stephanie ici a pris le temps de noter et de partager des bribes (ses bribes) de ce qu’elle a entendu, de ce qu’elle a vécu. Sa démarche est-elle si différente de celle de celui qui prend le temps de se fendre d’un billet plus construit ? Je ne crois pas. Je ne crois pas, en fait qu’il existe de vraie possibilité de sortir les choses de leur contexte complètement. Le contexte est polymorphe, il n’est pas toujours perçu comme on le souhaiterait. Je ne crois pas non plus que Stephanie se défausse (et ce malgré son “je ne fais que prendre des notes”) d’une quelconque “prise en charge” de ses propos. Après tout, c’est son blog et il reflète des morceaux de vie qui l’ont touchée, de près ou de loin.

    Mais pour revenir à mon propos, je pense que ta naïveté a pu, dans ce cas, blesser. Peut-être qu’une simple introduction sur l’importance que tu attaches au “contexte” lors de la “rediffusion” de tes propos aurait évité cette cassure et permis d’engager un dialogue a priori, plutôt qu’a posteriori. Je trouve qu’il aurait été au moins aussi élégant de prévenir lors de la conférence de l’importance que tu attaches à cette mise en contexte que d’attendre cette élégance de ceux qui n’ont pas souscrit à tes attentes et à qui tu demandes de retirer leurs images.

  8. J’ai beau être un pirate, comme quelques millions de français en ce moment, le droit à l’image est, dans une République, un droit. Et un droit, ça ne se discute pas, ça se respecte. C’est pour cela que les torchons de la presse people, nouveaux médias ou non, sont régulièrement condamnés pour ne pas le respecter. Franck Beau a le droit d’être “un de ces bizarres qui a une sorte de problème avec les images” (c’est lui qui le dit, hein), même sur le blog de Stephanie Booth. Il n’y a là ni incompréhension ni naïveté. Comprendre les nouveaux médias, c’est bien comprendre qu’ils n’échappent pas aux droits de l’individu. Et la véritable naïveté, c’est l’oublier.

    PS : en revanche, Franck Beau a le droit — et sûrement la capacité — d’être plus synthétique. 😉

  9. Si elle est mal tournée, c’est que ce n’est pas une déclaration d’amour. Quant à Stéphanie, oui je l’aime, parce que je n’ai aucune raison de ne pas l’aimer. Cela vaut pour vous aussi.

    Plus d’idées doivent circuler, mais rien ne circule sans contraintes. Les contraintes ont bougé. Il faut juste les renégocier. Croire les annuler, c’est comme penser que son corps sera bien plus souple et agile sans squelette. Cela relève de l’aberration.

    J’ai par ailleurs accepté d’intervenir à condition que cette conférence ne soit pas diffusée en ligne. Quant à l’annonce publique que j’aurais dû faire, j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer une fois sur ce sujet lors d’une conférence, et cela m’a valu d’être interrogé sur ce sujet, dans la conférence suivante, comme si c’est la seule chose que j’avais dite : “ah bon vous ne voulez pas être photographié, mais pourquoi ?” Que répondre à part : “eh bien pourquoi pas ?”.
    En bref, j’ai dû vouloir tenter autre chose ce coup là.

    Par ailleurs, dire cela en public, c’est dure. Cela vous te passer pour un bizarre, alors tu ne fais que revendiquer un droit fondamental, qui vient d’être bousculé par une pensée unique de la circulation généralisée. “Ah vous ne voulez pas être à vu par la terre entière, mais pourquoi ?”. Quelles souffrances et quelles humiliations il faut avoir vécu pour penser ainsi. Travaillons-les.

    Je reconnais par ailleurs cette incroyable chose : je n’avais pas entériné jusque là que capter et diffuser tel quel, était la même chose pour la génération blogger. Je ne peux pas le faire. Je ne le ferai pas. Et c’est ce dont nous parlons.

    Tous vos arguments sont valables, et posent le débat, mais peut-on se mettre d’accord sur l’idée qu’un discours vers un public X et un discours vers un public X+infini, ce n’est pas la même chose.

    Celui qui répond oui, ne croit pas un instant à la pensée, et rejette l’intégralité de l’histoire de celle-ci. Si c’est le cas, qu’il le défende plus loin, que l’on voit quel raisonnement vertueux cela cache. Il est propable qu’il y en ait un.

    En attendant, regardez la manière dont la langue de bois a envahi notre société, pour qui prétend parler pour tous ou au non de tous. Une gigantesque marmelade cisaillée par l’anticipation de toutes les attaques possibles faites à un discours, par ceux qui sont devenus les spécialistes de la parole vers tous.

    Ne posons pas le débat, alors que ce glissement s’opère en ce moment même. Vous verrez alors ce que sera l’espace de la conférence dans quelques années : un plateau de télévision. Glissons ensuite sur les cours magistraux, les cours à l’université, puis les soirées entre amis. Et vous aurez une extension du formatage de toute forme d’expression publique. Un anéantissement du fondement même de la liberté d’expression, qui je le rappelle, cela reste mon point de vue, n’existe pas sans ce co-auteur qu’est le contexte pour lequel un énoncé a été produit.

    J’ai fait une centaine de conférences dans ma vie. Jamais deux fois la même. Demandez-vous ce qu’est cette chose bizarre. Eh bien cette chose bizarre, c’est juste cent publics différents. Si j’avais voulu parler au Web, j’aurais fait cent fois la même.

    Pour moi le débat n’a pas à aller très loin : il suffit de considérer que pour les espaces d’expressions collectifs, en effet, l’orateur qui arrive avec un ticket rouge sur le front dit à son public qu’il ne souhaite pas que l’on affiche sa tête sur un mur visible de tous pour l’éternité. ue parler publiquement ne mérite pas cette peine. Celui qui arrive avec un ticket vert dit : “allez y, bloguez, flashez, tout est bien dans le meilleur des mondes”.

    Je m’étonne jusqu’à en avoir des doigts de pieds congelés que l’on ne trouve pas, qu’il s’agit là de la moindre des choses.

    Il s’agit d’un code social à redéfinir, là où nous en sommes. Ne le faites pas. Ne le faisons pas. Et vous verrez que la pensée, qui n’est rien d’autre qu’un risque lorsqu’elle cherche à émerger, disparaîtra un peu plus encore. Du moins, elle ira se cacher là où elle le peut.

    On ne parle qu’à des gens qui sont là. Le reste, j’appelle cela de la télévision. La télévision véhicule des choses. Mais elle est rongée par cette idée qu’il faut parler à tous, où à des catégories prédéfinies qui au fond ne sont que des grands nombres.

    Or ce que “tout le monde” entend, ce n’est que ce que chacun sait déjà. Cela doit exister, c’est fondamental, c’est notre commun. Il n’y a peut-être pas de débat là-dessus. Mais quand il devient nécessaire de faire passer des choses que chacun ne sait pas déjà, il faut procéder humblement. Il faut parler à des gens et pas à des nombres.

    A cette enseigne, reproduire tel quel un discours, qui plus est, un poil iconoclaste, ne suffit pas. Toute médiation est une transformation, le transformateur doit en premier lieu répondre d’elle.

    Si nous avançons là-dessus, je n’hésiterai pas à en dire davantage sur le sujet, à tenter d’expliquer plus concrètement ce qui est en jeu, à mon sens, et à céder tous les droits de reproduction et de déformation des idées à qui le souhaite, dès lors que l’on saura bien à chaque étape : qui parle.

    Merci de vos retours,
    frank

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