Ce n’était pas vraiment son intention. Il voulait faire bien. Arriver quelque part. Il voulait son nom dans la tête des gens – ou peut-être sur une couverture de livre. Laisser une trace, c’est important.
Mais la vie a ses lois. Elles sont dures. Si on ne les écoute pas, on n’arrive nulle part.
Les années derrière sont vides, et il n’a que peu d’espoir pour celles qui viennent. Il ne veut pas porter tout ce poids. Il voudrait que les choses se fassent d’elle-mêmes.
Mais elles ne se font pas. Les années derrière le lui rappellent. Ni femme ni enfants, ni vrai métier, quelques amours ébauchées au passage.
Ce n’est que maintenant qu’il commence à s’en rendre compte. Sa vie n’appartient qu’à lui. Il en est le roi. Mais il ne veut pas de cette couronne. Elle est lourde et fatigante, parfois.
Ce n’était pas son intention d’en arriver là . En fait, ce qu’il a toujours voulu par-dessus tout, c’est de ne jamais en arriver là . Ne jamais avoir à regarder ce qu’il n’a pas fait, ce qui ne s’est pas passé. Ce qui ne se passera pas. Le chemin qui se ferme avant qu’il ait pu y mettre pied.
Elle marche dans sa vie comme la reine qu’elle est. Saluant la foule au passage, son regard s’attardant sur les champs et les villes qu’elle gouverne. La couronne pèse agréablement sur sa tête et ancre ses pieds dans le sol. C’est à elle, tout ça. Sa responsabilité, son œuvre, sa victoire.
Ce ne fut certes pas toujours facile. Il y eut des guerres, des famines, des tremblements de terre. Mais son peuple avait confiance en elle. Elle savait ce qu’il y avait à faire, et elle le faisait.
Elle a pris les décisions qui étaient les meilleures pour la marche du pays. Il a prospéré, produit du blé de l’or des arts des sciences, exporté ses richesses vers les pays voisins. En échange, les pays voisins lui fournissaient ce dont il manquait.
C’est le moment de partir, maintenant. Elle a accompli sa mission et pris soin de son pays. Sa vie, elle y était. Elle est fière de ce qu’elle a accompli et vécu. Cette vie était bonne, dit-elle. Et ce moment présent, lui aussi, est bon.