IUCAA, 14 Août 01
Contre toute attente, je me retrouve en Inde comme un poisson dans l’eau. Tout est revenu en un instant – et j’en suis ravie. La seule chose pénible est de me promener dans IUCAA sachant que bien des gens que j’appréciais et qui faisaient mon petit monde dans cet endroit n’y sont plus.
Contrairement à il y a deux ans, je me sens agréablement en contrôle de la situation. Je mange chez Nisha et Shinde, j’ai ma petite chambre toute simple et propre dans la résidence des étudiants, je sais où je vais, ce que je fais et qui je suis (ce qui, comparé à mon état il y a bientôt une petite éternité, n’est pas peu de chose).
Lors de ma première visite, j’aurais sans doute touvé ma présente chambre très fruste. Les fenêtres ne ferment pas à cause de l’humidité, les velcros des moustiquaires des fenêtres sont cuits, le lit est petit et dur, il y a un tapis d’une propreté douteuse à côté de celui-ci, et pour couronner le tout la moustiquaire fournie avec la chambre comportait des trous et était trop courte pour rester sagement rangée sous le matelas.
Mais à présent, rien de tout cela ne me gêne. Je remarque au contraire que les murs et les draps sont propres, qu’il y a des fenêtres qui pourraient se fermer, qu’il y a même des moustiquaires sur celles-ci, qu’un diffuseur anti-moustiques et une moustiquaire pour le lit sont gracieusement fournis par la maison, que le ventilateur tourne sans bruit, qu’il y a un “cooler”, que toutes les ampoules fonctionnent, que les WC sont européens et propres, qu’il y a un pommeau de douche et de l’eau chaude, un bureau, une table de nuit et même un balcon.
Autrement dit, je suis vraiment bien logée, et je me sens même capable de l’apprécier.
Quant à la moustiquaire, un peu d’insistante souriante mais ferme, suivie d’un petit baat-cit en hindi avec le garçon dépêché pour résoudre le problème ont suffi pour m’en obtenir une nouvelle.
Dans quelques jours, j’en suis sûre, j’aurai eu l’occasion de refaire le tour de mon territoire en ville (enfin, de ce qu’il en reste après un an de constructions et de destructions urbaines) et de m’habituer à ce nouvel IUCAA qui sera mon “chez moi” durant ces dix prochains jours.
Ma famille adoptive me manque, cependant – et me trouver ici ne fait que rendre ce manque plus présent.